Comptes rendus

WALLOT, Jean-Pierre, dir., Le débat qui n’a pas eu lieu. La Commission Pepin-Robarts, quelque vingt ans après (Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2002), 148 p.[Notice]

  • René Castonguay

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  • René Castonguay
    Département des sciences humaines
    Université du Québec à Chicoutimi

Jean-Pierre Wallot nous présente ici une série de textes tirés du colloque La Commission Pepin-Robarts, quelque vingt ans après, organisé par le Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa en mars 2001. Ce colloque se voulait un retour sur le Groupe de travail sur l’unité canadienne, la Commission Pepin-Robarts, établi en 1977 par le premier ministre canadien de l’époque, Pierre Elliott Trudeau, en réponse à l’élection en 1976 d’un gouvernement souverainiste au Québec. Rappelons que les conclusions de cette Commission, chargée d’étudier « le mal canadien » pour revenir à l’expression depuis consacrée, ont été mises au rancart par ce même Pierre Elliott Trudeau dès 1978, alors qu’il présente son projet de réforme de la constitution canadienne avant d’entendre officiellement le rapport de la Commission ; cette dernière tend irrésistiblement vers la décentralisation alors que le premier ministre est un invétéré centralisateur. Résultat : le rapport de la Commission Pepin-Robarts, remis en 1979, est resté lettre morte. Vingt ans plus tard, et avec une situation constitutionnelle qui est loin d’être réglée au Canada, le colloque du CRCCF cherche à savoir si le contenu du rapport de la Commission est toujours d’actualité. Nous avons donc devant nous huit textes qui tentent d’aborder le contenu du rapport de la Commission Pepin-Robarts sous un angle actuel, cherchant à mesurer le degré de profondeur des conclusions des commissaires : André Burelle (« Un prophétisme à redécouvrir… ») veut nous démontrer que le rapport est non seulement encore actuel, mais qu’il devrait servir de base aux discussions à venir ; Fernand Harvey (« La Commission Pepin-Robarts, le Québec et la francophonie canadienne ») explique que « l’analyse des réactions suscitées par le rapport de la Commission montrera que l’intérêt du Québec et celui des francophones hors Québec étaient difficilement conciliables » ; Linda Cardinal et Marie-Ève Hudon (« La dualité linguistique au Canada : les réactions des minorités francophones hors-Québec… ») regardent plus directement la question des recommandations concernant la dualité linguistique et l’opposition des minorités francophones qui préfèrent le projet des langues officielles de Trudeau ; Bernard Bonin (« Identité canadienne, régions et vie économique ») se demande si la Commission a su identifier les véritables problèmes économiques canadiens et si ses conclusions auraient pu avoir une influence sur la vie économique des régions du pays ; Gérald-A. Beaudoin (« La philosophie « constitutionnelle » du rapport Pepin-Robarts »), un ancien commissaire, rappelle quelles étaient les propositions constitutionnelles de la Commission et les présente comme une base solide pour les discussions à venir ; John Richards (« La langue, toujours source de controverses ») se demande si les conclusions décentralisatrices de la Commission au sujet de la protection de la langue au Canada (surtout au Québec) étaient réalistes et souhaitables ; Alain-G. Gagnon (« La condition canadienne et les montées du nationalisme et du régionalisme ») nous démontre que le refus de Trudeau et généralement des dirigeants politiques canadiens de reconnaître la force des régionalismes au Canada a fait de ces régionalismes les forces les plus « rebelles » au pays ; Gilles Paquet (« Pepin-Robarts redux : socialité, régionalité et gouvernance ») analyse les conclusions de la Commission en ce qui concerne les problèmes de gouvernance au Canada et ses propositions en ce domaine. Globalement, l’ouvrage est porteur des bons et des mauvais côtés d’un tel résumé de colloque. Du côté positif, le contenu nous permet de rester à jour sur le sujet et nous oblige à faire notre propre réflexion sur l’actualité du rapport de la Commission Pepin-Robarts, surtout au moment où certains éléments du contenu ressurgissent dans la …