FR :

Que dire aux enfants concernant la mort, le deuil, la souffrance ? Faudrait-il se taire, feindre de les ignorer ou changer de sujet ? Nous proposons ici la littérature de jeunesse pour introduire ces thèmes très difficiles dans la classe. Dans les contes, les romans, les poèmes destinés à l’enfance, on en parle abondamment, simplement, justement. On en rit, on en pleure, on s’en moque... On en parle sincèrement! Quels livres choisir ? Comment les présenter ? Ce sont de courtes, mais combien grandes questions auxquelles nous nous intéressons dans cet article.

EN :

What should we say to children about death, mourning and suffering? When they ask about death, should we keep silent or change the topic? Here, we propose literature to introduce these very difficult themes in the classroom. Childhood tales, novels and poems can be used to broach this theme in a just yet simply way. One laughs, one cries, one mocks... but so sincerely! What book should one choose? How should it be presented? These important questions will be examined in this article.

FR :

Ce texte présente quelques réflexions sur la vie et la mort en lien avec l’enseignement et avec l’apprentissage. On dit souvent que les enfants ignorent la mort. Et parfois qu’il faut leur éviter la confrontation avec la mort. Et encore que, de toute façon, ils n’en peuvent rien comprendre vraiment. Pourtant, nombre de jeunes enfants s’expriment sur la mort avec calme. Il faut apprendre à accueillir leurs paroles et même à la susciter.

EN :

This paper presents some reflections on life and death in relation to teaching and learning. It is often said that children ignore death and, at times, we should avoid speaking to them about it since they won’t understand. Nevertheless, many youngsters can feel at peace with death. Parents and teachers should learn to listen to them and even to help them talk about it.

FR :

Outre la famille, l’école est le principal milieu de vie des jeunes de cinq à 16 ans, et le milieu de travail de bon nombre d’adultes. Comme dans tous les milieux de vie, des événements tragiques y surviennent sous diverses formes, laissant les uns et les autres désemparés, démunis, atterrés. Dans de telles situations, que doit-on faire ? Que doit-on dire ? Toutes les personnes touchées, élèves, enseignants, membres de la direction, personnels de soutien et parents pressentent qu’il faut en parler, qu’on ne peut garder son émotion pour soi. Mais comment aborder le thème de la mort avec les enfants et les adolescents ? Doit-on le faire en classe ou hors des heures de classe ? Comment le faire ? Peut-on organiser un rituel pour faciliter le deuil à l’école ? Va-t-on faire souffrir les enfants plus que nécessaire en discutant de la mort avec eux ? Toutes ces questions et bien d’autres, que se posent enseignants, parents et directions d’école sont légitimes et méritent, par conséquent, qu’on y réfléchisse.

EN :

Outside the family, school is the environment for children and youths between the ages of 5 to 16 years and the work place for many adults. As in all aspects of life, death or tragic events may occur at school. In such a situation, what should one do? What should one say to the students? Every one feels a sense of loss or disquiet and that something should be done yet no one knows exactly what to do. How should we bridge this subject to children and adolescents? Is this an appropriate discourse for the classroom or should it be done outside the classroom? Should one organize a ritual at school to help with the process of mourning? Will the children suffer unnecessarily if death is discussed? These questions are important and deserve some reflections.

FR :

L’enfant et l’adolescent accordent une signification toute particulière aux relations sociales qu’ils entretiennent avec leurs amis. Les liens qui se tissent entre eux sont étroits et intenses. Lorsque la mort survient parmi l’un des leurs, ils ne peuvent qu’être fortement ébranlés. Cet article examine des facteurs devant être considérés lors du décès d’un ami. Il rend compte également des éléments devant être considérés lors de cette difficile épreuve.

EN :

Children and adolescents give particular meanings to the social relationships they maintain with their friends. The bonds which are woven between them are tight and intense. When death occurs among one of them, it is only natural that they will be shaken strongly. This article examines factors that should be considered when an event such as death occurs.

FR :

La fusillade survenue en avril 1999 au Columbine High School de Littleton, au Colorado, au cours de laquelle deux adolescents ont abattu 13 personnes, a suscité l’horreur et l’inquiétude dans tous les États-Unis. Sitôt la tragédie connue, les médias d’information ont tenté d’expliquer les motifs des deux tireurs : on a affirmé qu’ils étaient membres d’une organisation redoutable, la trench coat mafia, qu’ils étaient racistes, goths, membres d’une secte satanique, qu’ils refusaient leur homosexualité... Toutes ces rumeurs, abondamment diffusées, devaient par la suite être démenties. En y regardant de près, on constate comment ces fausses informations visaient, au détriment des faits qui n’expliquent rien, à donner un sens à l’événement. C’est particulièrement évident lorsque l’on considère les récits fictifs qui se sont développés autour de deux des victimes et qui en ont fait des martyres qui auraient donné leur vie pour déclencher une révolution spirituelle parmi la jeunesse américaine. Ces récits illustrent bien comment la quête de sens prévaut souvent sur la quête de la vérité et comment, au-delà de leurs prétentions à l’objectivité et à la rigueur, les médias d’information assument une fonction symbolique essentielle et contribuent largement à l’élaboration des mythologies éphémères du monde contemporain.

EN :

On April 20^th 1999, two students shot and killed thirteen people including fellow students, at Columbine High School, in Littleton, Colorado, causing horror and concern throughout the United States. As soon as the shooting occurred, the media tried to explain the shooters motives: they were part of a broad and dangerous organization - the “trench coat mafia”, members of a satanic cult, racists, that they could not accept their homosexuality, and more. These explanations were later falsified by the inquiry. Yet, false information about the killings were more than mere journalism mistakes. They served an important purpose; trying to make sense of a terrible event that facts alone could not explain. This is shown by the fictitious event of two young girls becoming martyrs, having given their lives for their belief in God and sparking a spiritual revolution among young Americans. Such stories show how the quest for meaning usually prevails on the quest for truth and how the media play an important role in the construction of contemporary myths.

FR :

Faut-il éduquer les enfants à la mort ? L’article qui suit suggère de poser la question directement aux intéressés. Mais si on considère que l’évolution du concept de la mort, surtout dans sa dimension existentielle, passe par la relation à la naturalisation de la mort, à l’ambivalence corporelle et à l’ambivalence relationnelle, avant que l’on puisse aborder de front la relation à la mort en soi, la question mérite alors d’être reformulée : faut-il éduquer les enfants à la relation à la mort ?

Les activités éducatives proposées s’inspirent de quatre (4) thèmes liés aux relations à la mort : naturaliser la mort, accepter le corps mortel, apprendre à vivre les pertes relationnelles, admettre la mort dans la vie. Le sondage effectué auprès des élèves montre des réactions très favorables à l’introduction de ces thèmes dans leur cadre éducatif. Cela devrait questionner l’attitude tabouisante de l’adulte.

EN :

Should we educate children about death? The following article suggests asking the children directly. In considering that the evolution of the concept of death, specially in its existential dimension, goes through the normalization of death, through the relation to corporal ambivalence and through the relation to relational ambivalence before tackling directly the relation to death in itself. The question begs to be asked slightly differently: should we educate children about their relation towards death.

The proposed educational activites are rooted in four themes of relation towards death: normalizing death, accepting the mortal body, learning to live with relationship loss and admitting the presence of death in life.

The survey among children shows very positive responses to the presence of those themes in their educational environment. That should raise questions with the taboo perpetuating attitude of adults.

FR :

Lorsqu’il faut parler de la mort à l’école, l’enseignant ne sait pas toujours comment répondre aux questions de l’élève. Pour réaliser ma recherche sur le terrain (en 1999), j’ai mis en place neuf groupes en « recherche-formation existentielle » sur le thème de la mort avec des enfants âgés de 6 à 12 ans, à Paris et en région parisienne. Cette recherche visait à mettre en oeuvre avec les professionnels de l’éducation, une fois par semaine (pendant 1 à 2 mois), un groupe d’expression sur la mort. Les activités étaient multiples. Au cours de mon étude, les enfants ont eu l’occasion de résoudre des problèmes relatifs au deuil et à la perte et d’apprivoiser la mort.

EN :

Teachers do not always know how to respond to the pupil’s questions about death. To carry out my field research in 1999, I organized nine groups in “existentiel action research” on the topic of death among children aged 6 to 12, in Paris and environs. The project included professionals from the education sector, and involved weekly discussion groups during a 1-2 months period, on expressing death. The aim was to prepare students to learn to grieve before an event occurs. I observed that children were able to resolve issues on loss or a bereavement and became more familiar with death.

FR :

Une prise de conscience de l’importance de savoir vivre la mort et le deuil tous ensemble dans les établissements d’enseignement est en voie de se réaliser actuellement tant du côté des personnels de ces établissements que de celui des responsables d’académie. Actuellement des formations se mettent en place assez largement à travers la France en vue de réaliser un protocole d’intervention en cas de survenue d’une situation de deuil dans l’établissement, en particulier par suicide. Mais un tel travail nécessite d’acquérir des connaissances sur les conceptions de la mort et le déroulement du deuil chez les enfants et les adolescents.

EN :

An awakening of the importance of death and mourning at school is in the process of becoming a reality, both by the principal and teachers and by those who are in charge of curriculum development. At present, people are being trained throughout France in order to intervene in case a student dies particularly by suicide. However such work necessitates the acquisition of knowledge on issues surrounding death and mourning among children and adolescents.

FR :

Nous pensons que les enseignants du primaire peuvent être formés pour prendre en main une situation de deuil dans la classe. Cela ne signifie certes pas que l’enseignant doive assumer les fonctions du psychologue, de l’infirmière, du prêtre ou du travailleur social. Sa pratique professionnelle le tient très occupé et il ne saurait s’improviser spécialiste du deuil. En revanche, quand survient un accident grave ou le décès d’un élève ou d’un membre de l’équipe-école, l’enseignant est assurément le mieux placé pour accueillir et traiter les premières réactions des élèves. Dans cet article, nous présentons des connaissances utiles à un enseignant désirant mieux comprendre le deuil dans l’enfance, et quelques pistes d’intervention.

EN :

We think that primary school teachers can be trained to help children mourn the loss of fellow classmates. This does not imply that teachers should assume the function of psychologists, nurses, priests or social workers. Teachers are already weighted by classroom duties and it cannot be expected that they become specialists of mourning. However, when a grave accident or death occurs among one of the pupils, the teacher is more likely to observe the first reactions to loss among them. In this article, we present useful information to the teacher desiring to understand mourning among children, and some reflections on ways of assisting.

FR :

Il y a de nombreuses questions sur la mort et la souffrance qui ne sont pas faciles à discuter dans la classe. À quel moment aborder ces questions dans le cheminement scolaire ? Comment s’y prendre ? À l’aide de quelles activités pédagogiques pouvons-nous sensibiliser des jeunes élèves à la souffrance, à la vieillesse, à la solitude, au suicide, au deuil ? Comment l’enseignant peut-il aborder en classe ces questions aussi délicates qu’essentielles ? Comment se servir du vécu des élèves pour les initier au thème de la mort ? On sait que ce thème délicat, dans le système scolaire, n’a jamais fait l’objet d’un enseignement rigoureux. Dans cet article nous nous demandons premièrement si la mort peut être l’objet d’un enseignement. Par la suite, nous proposons quelques courts textes de réflexion sur le thème de la mort et les enfants.

EN :

There are many questions on death and suffering that are not easy to discuss in the classroom. At what point should this subject be introduced? How should it be done? What pedagogical activities can we use to sensitize pupils about the subject of suffering, ageing, loneliness, suicide or mourning? How can the teacher approach such questions that are so delicate yet so essential? How can the lives of students be used to illustrate and initiate the theme of death? We know that this delicate theme has never been the object of rigorous teaching in the scholastic system. In this article we ask whether death can be the object of teaching. By following this same thought, we propose some short texts to reflect on the theme of death among children.

FR :

Des psychiatres ont constaté que les enfants s’éveillaient de plus en plus tôt aux notions de la sexualité et de la mort. Cependant, certains adultes pensent qu’il est paradoxal de parler de la mort avec des enfants qui commencent à s’ouvrir à la vie. Il sera tôt ou tard nécessaire de parler de la mort, et a fortiori de la vie, avec les enfants. Même si le thème de la mort fait partie des enseignements reçus à l’école à l’occasion des cours de français ou de sciences biologiques, il est rarement le sujet d’une réflexion approfondie. Les occasions d’approfondir le thème de la mort sont pourtant multiples, que ce soit en observant un animal mort ou en lisant un conte, ce qui permet aux enfants de s’impliquer globalement. Face à la mort et à la perte, l’important est de laisser les enfants exprimer leurs émotions par rapport au deuil et à la souffrance. Il est également nécessaire de répondre à leurs questions (et même de les stimuler), quitte à avouer parfois qu’on ne sait pas.

EN :

Psychiatrists state that children are becoming aware of universal notions such as sex and death at an increasingly early age. Yet, some adults feel that it is a contradiction to talk about death with children, since they are symbolic of life. It is precisely because they are full of life that they need to be introduced to the topic of death. Talking with children about death – and obviously about life as well – will become necessary at some point. Although to a rudimentary degree, death is part of the school curriculum, as in paleontology or literature, it is rarely given much reflection. There are many opportunities to explore death, whether it is the discovery of a dead animal or when reading a story, at a time when children are in rapt attention. When faced with death and bereavement, children should be allowed to express their grief. Their questions should always be answered or if timid, they should be encouraged to ask, even though we may have to admit at times, that we do not know the answer.

FR :

La vie après la mort tient une place centrale dans la religion islamique. L’affirmation de l’existence du Jour du Jugement et de la Résurrection est omniprésente dans le Coran. Elle représente en quelque sorte le point nodal du message prophétique. En effet, tout tend vers ce moment crucial du Jugement, qui donne sens à tous les gestes et toutes les pensées que le croyant a pu avoir de son vivant. En ce qui concerne les rites funéraires, il est intéressant de constater une certaine souplesse dans leur application. Seuls quelques-uns sont obligatoires, tous les autres ne sont que conseillés. De même, on remarque une variété des pratiques d’un bout à l’autre du monde musulman, et une liberté dans l’interprétation des textes. Ainsi, le degré d’obligation normative d’un rite ne correspond pas forcément avec son degré d’application par la population.

EN :

Life after death occupies a central place in the Islamic Religion. Affirmation of the existence of Judgment and Resurrection Day is omnipresent in the Koran. It represents, as it were, the nodal point of the prophetic message. Everything leans toward this crucial moment of Judgement, which imparts meaning to all deeds and all thoughts that the follower may have during his lifetime. As for funeral rites, it is interesting to note a certain flexibility in their application. Only a few are mandatory; all the rest are merely suggested. Likewise, one can find a variety of practices from one end of the Muslim World to the another as well as a freedom in how writings are interpreted. Thus, the extent of normative obligation of a rite does not necessarily correspond with the degree of how people apply it.