ChroniquesIntervention éducative

Six étapes pour articuler les savoirs grammaticaux et les compétences de l’écrit[Notice]

  • François Vincent et
  • Florent Biao

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  • François Vincent
    Université du Québec en Outaouais (Canada)

  • Florent Biao
    Université du Québec à Chicoutimi (Canada)

La recherche en didactique du français langue d’enseignement met de l’avant une approche dite articulée, où l’interrelation entre la langue et le discours est volontairement explicitée par l’enseignant.e (Buela Bronckart et Garcia-Debanc, 2022). Elle s’oppose à une vision en silos, où chaque composante du français est envisagée distinctement, et où on souhaite que les transferts et réinvestissements s’effectuent sans explicitation. Cette vision en silo, bien que répandue, s’avère peu efficace. Par l’enseignement articulé, notamment en articulation lecture-écriture-grammaire (ALEG), on vise à ce que les élèves puissent développer des savoirs et savoir-faire grammaticaux, qu’ils et elles sachent mettre à profit ces derniers pour l’écriture et la lecture de textes, et qu’ainsi, ils et elles stimulent le développement d’un rapport positif à la grammaire, par une transformation de leurs conceptions. En contrepartie, la mise à profit des textes lus et écrits leur permet de construire une représentation du système langagier complexe et critique, où les règles et normes sont inévitablement contextualisées et discutées dans des situations authentiques. Prenons par exemple les règles de déplacement du complément de phrase. Un enseignement grammatical purement cloisonné consisterait à effectuer un possible rappel des groupes constituants de la phrase de base, à s’adonner à un enseignement des règles de ponctuation inhérente au déplacement du groupe et à faire une possible exercisation au sein d’exercices balisés par exécution de la règle apprise. Or, l’enseignement grammatical ainsi décontextualisé permet peu de transferts en situation de compétences, et si ceux-ci s’avéraient, de manière implicite, il en résulterait une maitrise permettant uniquement d’éviter les erreurs de ponctuation. En articulant, on peut aussi voir l’effet de tels déplacements à la lecture d’un texte, tant sur la compréhension que sur l’appréciation du style. L’ALEG permet également un réinvestissement comme scripteur, où de tels déplacements peuvent être réinvestis avec intention. Bref, c’est l’occasion d’établir des liens pertinents et bénéfiques entre le travail grammatical et celui autour de la lecture et de la production textuelle. Dans le cadre d’une recherche collaborative,nous avons développé un modèle d’accompagnement des équipes enseignantes visant à planifier des séquences didactiques d’articulation de la lecture, de l’écriture et de la grammaire (ALEG) autour d’oeuvres de littérature jeunesse. Nous vous en présentons ici succinctement les principales étapes. Un simple regard aux contenus de la progression des apprentissages peut rapidement décourager les enseignant.e.s d’accorder du temps à une séquence articulée, même si celle-ci peut varier dans la durée. En effet, l’élaboration d’une séquence implique une double maitrise : maitrise des connaissances déclaratives (objets d’enseignement) et maitrise des connaissances procédurales (planification : phases et processus). Toutefois, si on regarde ceci de plus près, on voit que plusieurs contenus sont interreliés, et qu’une même séquence « couvrira » plusieurs contenus d’apprentissage à l’étude. La séquence permet donc d’établir des liens d’une activité à l’autre et d’offrir une cohérence à l’ensemble des apprentissages. L’enseignement articulé vise également à développer des savoirs et savoir-faire qui seront plus signifiants et durables, et ainsi éviter des redites année après année. Finalement, l’ALEG oblige à se questionner sur les savoirs essentiels et sur l’intérêt de leur enseignement/apprentissage, ce qui mène inévitablement à une sélection réfléchie des apprentissages visés. L’ALEG n’est pas une fin en soi, et le fait d’y avoir recours doit être en relation avec une intention didactique précise. On peut par exemple vouloir amener les élèves à pouvoir utiliser explicitement les subordonnées relatives dans le cadre d’écriture de textes descriptifs, ou encore à savoir exploiter les organisateurs textuels afin de les amener à comprendre un texte explicatif. Cette intention didactique constitue ainsi le fil conducteur de l’ensemble des activités et oriente fortement le choix des textes et …

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