ChroniquesFormation des maîtres

La rédaction scientifique à plusieurs mains : retombées sur les plans affectif et cognitif d’une démarche d’encadrement de futures chercheuses[Notice]

  • Anila Fejzo,
  • Kathleen Whissell-Turner et
  • Rihab Saidane

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  • Anila Fejzo
    UQAM (Canada)

  • Kathleen Whissell-Turner
    UQAM (Canada)

  • Rihab Saidane
    UQAM (Canada)

Tout processus d’écriture est une tâche complexe où le chercheur est appelé à résoudre des problèmes propres à chaque composante de ce processus, à savoir le contexte de la tâche, les ressources cognitives et matérielles, la planification, la mise en texte, la révision et la publication (Hayes et Flower, 1980). Or, les défis se révèlent plus importants, sur les plans cognitif et affectif, quand il s’agit de la rédaction scientifique. En effet, si on considère par exemple le contexte de la tâche, l’intention de l’auteur d’un article scientifique est de produire de nouvelles connaissances, ou de proposer une compréhension améliorée d’un objet d’étude, que ce soit un concept, un phénomène, ou une théorie. Pour y parvenir, le chercheur doit constamment actualiser ses connaissances sur ledit objet d’étude, suivre le débat scientifique le concernant, proposer une nouvelle hypothèse et apporter des arguments convaincants ou des données rigoureusement recueillies pour l’appuyer. Les nombreux défis liés à la rédaction scientifique expliqueraient des difficultés qu’éprouvent les étudiants à cet égard (Carter et Laurs, 2018). Pour les pallier, différentes stratégies d’encadrement sont proposées dans la littérature afin de les soutenir (Sword, 2018). Parmi ces stratégies, trois ont retenu notre attention en vue de les intégrer dans une démarche d’encadrement de futurs chercheurs lors de la rédaction scientifique. La première consiste à inviter les futurs chercheurs à observer un scripteur chevronné pendant son processus de rédaction (Silvia, 2018).  La mise en place de cette stratégie implique des discussions durant lesquelles le scripteur expérimenté partage avec ses étudiants tous les détails de son processus rédactionnel que Sword (2018) appelle stratégie de partage d’expérience (stratégie 2). Celle-ci se révèle particulièrement bénéfique pour les futurs chercheurs quand ils observent différents chercheurs rédiger un article scientifique. Finalement, l’encadrement des futurs chercheurs dans la rédaction scientifique s’avère plus efficace quand ils sont impliqués activement dans le processus de rédaction, notamment en leur demandant de rétroagir sur les différentes versions du manuscrit (Nielsen et Rocco, 2002) (stratégie 3). La démarche d’encadrement impliquant une direction de recherche (1re auteure) et deux étudiantes (2e et 3e auteures) a été mise en place en 2018. Elle est décrite en détail dans la chronique Rédiger à plusieurs mains : l’encadrement des futurs chercheurs dans la rédaction d’un article scientifique (Fejzo et al., 2022) publiée au numéro précédent de cette revue. Dans le cadre de cet écrit, nous rapportons les retombées de cette démarche, sur les plans cognitif et affectif, chez les futures chercheuses. L’apprentissage le plus saillant réalisé par les futures chercheuses lors de la démarche d’encadrement était la compréhension du caractère itératif du processus de rédaction. Elles ont lu, relu et commenté diverses versions du manuscrit révisé après chaque rencontre. Des manipulations telles que l’ajout, la suppression, le remplacement et le déplacement des paragraphes ont eu lieu à plusieurs reprises tout au long du processus. Cette implication dans le processus leur a ainsi fait comprendre qu’elles ne sont pas les seules à devoir reprendre la rédaction d’un écrit, notamment d’un chapitre de la thèse. De plus, les discussions avec la première auteure durant lesquelles elle partageait les réflexions qui ont orienté la rédaction de chaque section du manuscrit et le retour sur les rétroactions des étudiantes leur ont permis d’avoir une idée plus concrète des défis de la rédaction d’un article scientifique, et ce, sur le plan du contenu et de la forme. Par ailleurs, les futures chercheures ont pris connaissance de divers outils susceptibles de les aider lors de la rédaction d’un article scientifique tels que des banques d’expressions propres à la rédaction scientifique en français et en anglais ou …

Parties annexes