Recensions

Massicotte, Julien (dir.) (2021), Saisir le présent, penser l’avenir : réflexions sur l’Acadie contemporaine, Québec, Presses de l’Université Laval, 2021, coll. « CEFAN », 140 p.[Notice]

  • Michelle Landry

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  • Michelle Landry
    Université de Moncton

La collection de la CEFAN aux Presses de l’Université Laval constitue une importante mine de travaux portant sur les francophonies canadiennes. Découlant souvent de colloques, il s’y publie, à l’intérieur de ces ouvrages collectifs, des études basées sur des données originales, mais aussi des textes analytiques ou de réflexion plus souples. L’ouvrage, qui est concis, présente seulement six textes en plus de l’introduction. Le travail éditorial a fait preuve de souplesse, ayant permis des textes sous forme d’essai et d’autres formes de textes analytiques et quelques études plus classiques. Nous accueillons favorablement cette souplesse, car certains textes contribuent réellement à la réflexion et à l’analyse de l’Acadie, mais seraient plus difficilement publiés dans des revues scientifiques. L’introduction cerne bien les enjeux identitaires et les formes collectives qui en découlent, permettant ainsi de comprendre la complexité de ces questions en Acadie et de justifier cet ouvrage sur « penser l’avenir » de l’Acadie. À la suite de l’introduction, l’ouvrage s’ouvre sur un essai de Gérard Bouchard portant sur le processus de mythification de l’Acadie, c’est-à-dire neuf conditions qui permettraient aux sociétés de prendre forme par la mise en place de fondements symboliques. Il souligne que le cas acadien est paradoxal, puisque le processus de mythification tel que le prédirait son modèle « est défectueux sur plusieurs points », alors que la dynamique identitaire acadienne persiste avec force. Il avance donc que la densité identitaire acadienne se maintient par un certain nombre de piliers culturels. À partir d’un regard extérieur, Bouchard schématise plusieurs processus mémoriels et identitaires qui permettent, malgré l’imprécision, de réfléchir dans une perspective culturelle aux facteurs de maintien des groupes minoritaires. Les textes de Forgues et de Magord qui suivent mettent notamment de l’avant les processus d’individuation menaçant la capacité des Acadiens et des Acadiennes d’agir collectivement. Éric Forgues discute de gouvernance communautaire, ici comprise comme la représentation et la coordination de l’action collective par le réseau associatif des minorités francophones. Il reprend principalement les réflexions de Joseph Yvon Thériault sur les logiques d’organisation et d’institution et sur la question du politique en Acadie, en se référant à un article de Gino LeBlanc sur cette dernière question. Il avance que l’évolution de la gouvernance communautaire de l’Acadie du Nouveau-Brunswick annonce une approche utilitaire et marchande entraînant l’effritement de la consistance politique des communautés francophones en situation minoritaire au Canada. Cette trajectoire découlerait, entre autres, du modelage des réseaux de gouvernance par le ministère du Patrimoine canadien. Le troisième texte, d’André Magord, est un essai qui cherche à mettre en évidence certains processus politiques et identitaires façonnant la singularité acadienne. Il souligne les transformations sociétales qui ont marqué les communautés acadiennes et qu’il considère comme des tendances lourdes, auxquelles il propose des directions à prendre pour y remédier. Le positionnement prospectif de Magord se situe à la fois du point de vue sociétal et du point de vue de l’avancement des connaissances. En citant les travaux de quelques chercheurs, il avance plusieurs avenues de recherche qu’il serait nécessaire d’aborder dans un avenir proche. Le texte de Sylvie Morin amène en quelque sorte une illustration tangible de certains phénomènes abordés par Forgues. Se plaçant à la fois dans le rôle de la chercheuse en psychologie sociale et de la militante, elle discute des divers espaces temporels qui influent sur les organismes acadiens, en particulier le Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick. Elle explique que l’influence de l’actualité et le mode de financement par projet, imposé par les bailleurs de fonds gouvernementaux, ne permettent guère de se projeter sur un temps long. Elle avance, par ailleurs, que l’engagement généré par les médias sociaux ne …

Parties annexes