Le paysage sonoreConcevoir un patrimoine du son ?[Notice]

  • Karoline Schirmer

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  • Karoline Schirmer
    Universität Stuttgart

Le paysage sonore urbain est devenu un objet de recherche avec le compositeur et musicologue canadien R. Murray Schafer. Son résultat de recherche sur les effets néfastes du bruit sur les personnes a été intensément observé dans le monde de la musique. Mais les aspects sonores et acoustiques ne sont pas devenus des facteurs qui entrent en considération dans la conception de processus créateur. L'architecture moderne et l'urbanisme sont visuellement pensés et communiqués par les médias visuels : dessins, plans et modèles 3D. Ce que les musiciens, musicologues et acousticiens savent sur la psychologie perceptive et la psychoacoustique reste ignoré par la plupart des architectes et des urbanistes. L'expérience sonore de l'espace et l'influence de l'acoustique spatiale sur le son et, inversement, l'influence du son sur l'expérience de l'acoustique spatiale pourraient être utilisées pour façonner le paysage sonore urbain. La plus grande partie de notre espace urbain n'est pas construit avec les aspects acoustiques à l'esprit, sauf certains espaces qui sont spécialement conçus pour l'écoute (salles de concert, théâtres etc.). De plus, la technologie moderne avec tous ses conforts est une source essentielle de l'ambiance sonore de la ville postindustrielle. Le bruit est devenu un problème de la modernité. Mais l'intensité du son n'est pas le seul aspect de l'environnement sonore urbain. Il est un domaine complexe qui se caractérise par trois éléments fondamentaux : la géométrie de l'espace, les matériaux et les objets sonores. Un de ces objets sonores est l'être humain lui-même. On se déplace dans cet espace, on perçoit et on crée des ondes sonores. La géométrie de l'espace change constamment en marchant à travers la ville. L'environnement urbain évolue en permanence avec les processus de développement et de transformation dans le cours du temps. L'homme doit s'adapter à cet environnement sonore changeant dans le temps et dans l’espace. Le son dense de la ville moderne avec ses bruits industriels a atteint une dimension jamais connu auparavant. La réaction humaine est la construction de barrières du son, la construction d'un monde acoustique privé avec l'aide de baladeur numérique ou d'une évasion dans les parcs. Le but central de ce projet est la description d’une valeur patrimoniale de l’environnement sonore. Par contraste avec le modèle de Schafer je prendrai en considération que, en premier lieu, le paysage sonore urbain ne désigne pas seulement le son désagréable (bruit) ; et en second lieu, qu’il y a des outils et des moyens pour utiliser, manipuler et former le son urbain afin d’esthétiser l’environnement. Par conséquent, je voudrais traiter les questions suivantes de savoir comment est-ce que les villes modernes sont caractérisées par les aspects acoustiques, et comment est-ce que nous pouvons agir et façonner l'environnement sonore. Ensuite, j’évaluerai ce qui constitue la valeur propre d’un paysage sonore, et finalement, je tenterai de définir les critères selon lesquelles on pourra protéger quelques éléments significatifs d’un paysage sonore. Tous ceux capables d’entendre connaissent l’effet émotif de la musique de film. La peur monte en nous quand nous entendons les trémolos des instruments à cordes graves. Même si l’image qui se présente sur l’écran n’a rien d’effrayant, ce sentiment naît en nous par l’arrière-plan musical. Mais il n’y a pas que la peur qui peut être produite par la musique de film. C’est en particulier dans les films d’amour ou dans les roadmovie, qu’à l’aide de la musique, on nous transmet tout un éventail d’ambiances et de sentiments positifs. Le niveau sonore du film est donc capable d’ajouter à la profondeur visuelle une profondeur sémantique ou de changer de façon significative l’interprétation des images. Les musicologues sont bien conscients de cette capacité …

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