Introduction

La gestion du religieux - vers une gouvernance multi-niveaux ?[Notice]

  • Bérengère Massignon et
  • Sabrina Pastorelli

…plus d’informations

  • Bérengère Massignon
    GSRL/CNRS, Paris

  • Sabrina Pastorelli
    GSRL/CNRS, Paris

La Société Internationale de Sociologie des Religions (S.I.S.R.) a consacré la 29ème conférence en 2007 au thème « Sécularités et vitalités religieuses ». Dans la cadre de ce symposium nous avons organisé une session bilingue (anglais-français) sur la « La gestion du religieux : vers une gouvernance multi-niveaux ? ». Sociologues, politologues et juristes ont contribué à donner un caractère particulièrement transdisciplinaire à cette séance et nous remercions ici chaleureusement Pauline Côté et Matthias Koenig qui ont animé les discussions et les débats. L’objet de cette session était d’explorer comment la gestion du religieux s’articule au niveau local, national et international, tout en tenant compte des dimensions politiques, juridiques, administratives et symboliques. D’ici une attention toute particulière aux thèmes de la politique publique en matière religieuse, la gestion nationale et locale du religieux ; la régulation du religieux par les régimes fédéraux ; le poids des relations interétatiques et non étatiques sur les politiques nationales en la matière. La « question religieuse » revient sur l’agenda des gouvernements occidentaux, mais c’est une question renouvelée. Il ne s’agit plus des anciennes querelles qui concernaient les cultes historiques et la délimitation de leur rôle par rapport à la sphère étatique en expansion, tant sur le plan de la légitimité que sur le plan de la différentiation des sphères. En effet, l’appareil d’Etat a réussi à monopoliser des secteurs d’activités autrefois dévolus aux Eglises, comme l’éducation, la santé et le droit concernant les moeurs. Si la question religieuse revient, « c’est en tant que nouvelle question religieuse. […] Il ne s’agit plus aujourd’hui de régler une situation religieuse nationale, mais de gérer la globalisation religieuse ». Celle-ci induit une diversification de l’offre, une pluralisation accrue des scènes religieuses nationales et impose des nouveaux schémas d’intervention qui s’esquissent, se cherchent et s’inventent parfois en tension avec des réaffirmations identitaires nationales et locales. L’analyse de la politique publique religieuse constitue une approche intéressante et nouvelle dans le cadre de l’analyse de la politique publique, qui demeure encore une discipline relativement récente. Il s’agit d’étudier l’État dans son action dans la société, un État qui se présente comme un « ensemble hétérogène d’acteurs » en charge de différents problèmes et ayant de ceux-ci une connaissance toujours partielle et relative. Dans ce contexte incertain, fragmenté et incohérent, on attribue au chercheur le devoir de comprendre et d’analyser la politique publique en matière religieuse, dans ces diverses phases qui vont de l’émergence du problème social, à son inscription sur l’agenda politique, jusqu’à la production des solutions et la prise de décision et enfin la mise en oeuvre de cette politique publique. Les contributions ici réunies traitent des nouveaux modes de régulation publique et sociétale, induits par la prise en compte de la diversité religieuse grandissante. Dans ce contexte, on peut se demander si les politiques publiques dans ce domaine se différencient vraiment des politiques dites culturelles. Comme le montre bien Nicola Colaianni, le débat sur les racines chrétiennes de l’Europe ou la question du crucifix en Allemagne et en Italie, rentrent dans le cadre des demandes de visibilité religieuse dans l’espace public. Nonobstant ces demandes soient avancées par des groupes religieux ou pour des raisons religieuses, elles ne concernent pas forcement la liberté de religion, mais elles sont plutôt le résultat de la perception des aspects culturels de la religion et de la religion comme culture. Diverses études montrent comment dans une société mondialisée la liberté de religion est en train d’être de plus en plus conçue comme « liberté culturelle ». Dans ce contexte, alors que la liberté de religion constitue un droit civil de …

Parties annexes