Résumés
Résumé
Comme l’affirme Martin Jay, les Lumières sont sans doute généralement « ocularocentristes » : la vue y est privilégiée et la vision est conçue comme le modèle de toute perception et de la connaissance en général. Diderot peut sembler participer à ce mouvement, par son intérêt marqué pour les arts visuels ou encore par l’importance qu’il accorde à la pantomime et au tableau au théâtre. Mais en fait, le philosophe n’a cessé de faire la critique de l’hégémonie de la vue pour penser l’expérience selon un autre modèle, un modèle tactile, qui suppose un contact physique entre le sujet et l’objet. Dans son Salon de 1763, puis dans Le rêve de d’Alembert, Diderot choisit une sculpture pour illustrer sa conception du rapport esthétique. Le Pygmalion et Galatée de Falconet est chaque fois l’occasion pour lui d’affirmer la continuité du sujet et du monde, du marbre et de la chair.
Abstract
The Enlightenment can be generally considered, as Martin Jay has shown, ‘ocularcentric’: preference is given to sight, and vision is conceived as the model of all and any perception and knowledge. Diderot, because of his strong interest for the visual arts or of the importance he gives to pantomine and to the tableau in theater, can seem at first to partake to this movement. But in fact, the philosopher repeatedly criticizes the hegemony of vision, and instead suggested to conceive experience according to another model, a tactile model that supposes physical contact between subject and object. In his Salon de 1763 and in Le rêve de d’Alembert, Diderot picks a sculpture to illustrate his conception of the aesthetic relation. Falconet’s Pygmalion et Galatée is, in both texts, the occasion for Diderot to reaffirm the continuity between subject and world, between marble and flesh.