Gouvernance autochtone et développementRéactions des membres des communautés[Notice]

  • Simone Poliandri

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  • Simone Poliandri
    Université d’État de Bridgewater, Massachussetts

En cette ère de réconciliation et de défis inédits – mentionnons, par exemple, le rapport qui a fait date, ainsi que les recommandations, de la Commission de vérité et réconciliation au Canada (Niezen 2013 ; TRCC 2015) ; l’effort conjoint des Aborigènes et de Parks Australia d’interdire l’Uluru au tourisme en 2019 (Everingham, Peters et Higgins Desbiolles 2021) ; l’actuelle pandémie de Covid-19 qui a provoqué autant de crises dans les communautés autochtones, comme celle des Dimé (Navajo) aux États-Unis ou des Yanomami au Brésil, que dans les communautés non autochtones à travers le monde (voir, entre autres, Smith 2021 ; Wang 2021) ; et les menaces que font peser depuis des décennies l’extraction des énergies fossiles sur la santé des autochtones et leurs droits fonciers, en Équateur comme en Alaska (voir, entre autres, Berry 1975 ; Coates 1991 ; Coyne et Hopfinger 2011 ; Herrmann 2019 ; Postero et Tockman 2020) –, les diverses manières dont les autochtones conçoivent le gouvernement, les programmes sociaux communautaires et le développement économique ont inévitablement pris de nouvelles formes dans lesquelles fusionnent la perpétuation culturelle et les changement stratégiques ou contraints. Nonobstant les opportunités et les défis communs auxquels sont confrontés tous les peuples autochtones du monde, l’histoire idiosyncratique de chaque communauté autochtone, de même que le contexte social, politique et économique particulier à chacune, ont permis de les aborder de façon individualisée à chaque fois, pour réviser périodiquement leur gouvernance et leurs pratiques de développement. Cette idée du caractère unique dans un contexte local a été approfondie par des chercheurs tels que Benjamin Gregg (2020), qui est allé jusqu’à remettre en question l’applicabilité du terme autochtone sur une grande échelle, au niveau international – remettant du même coup en doute l’efficacité d’instruments de protection tels que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (Nations Unies 2007). Gregg concevait plutôt l’État, et son instrument politique correspondant, « l’État des droits autochtones » (2020 : 106, passim), comme l’unique contexte légal et politique au sein duquel les droits autochtones, qui sont toujours internes et jamais internationaux, puissent être reconnus au niveau constitutionnel en fonction du type d’État et de l’histoire unique, ainsi que du statut, des peuples autochtones au niveau local. Le point de vue de Gregg contredit les notions plus répandues voulant que les peuples autochtones et l’autochtonie soient des acteurs valables, sinon nécessaires, de l’arène internationale décolonisée (voir, entre autres, Lightfoot 2016 ; Sarson 2019 ; Simpson 2014 ; Tucker 2013). Sémantique à part, les cultures et les pratiques autochtones contemporaines d’autogouvernance sont issues de divers aspects du vécu autochtone, tout en s’entrecroisant avec ce dernier, et cela comprend l’identité (voir, parmi beaucoup d’autres, Alfred 2009 ; Poliandri 2011), la conservation à l’identique ou le changement des chefferies coutumières et des pratiques politiques locales (voir, entre autres, Hania et Graben 2019 ; Nas, Nurlinah et Haryanto 2019), le développement économique (voir, entre autres, Hotte et al. 2018), les relations avec les États, les organismes politiques internationaux et les grandes entreprises (voir, entre autres, Chase 2019 ; Shadian 2017, 2018), le développement durable et la préservation des ressources (voir, entre autres, Artelle et al. 2019 ; Diver et al. 2019 ; Lee et al. 2019), la nationalité autochtone et la construction nationale autochtone (voir, entre autres, Cornelle 2015 ; Poliandri 2016 ; Seelau et Seelau 2014), les migrations et l’activisme, sans ordre d’importance particulier si l’on considère tous ces éléments d’un point de vue général. Ces dynamiques, qui se sont créées en réaction à, et/ou en collaboration avec, des organismes politiques non autochtones internationaux, nationaux, régionaux ou …

Parties annexes