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Yvan Leanza, Camille Brisset et Colette Sabatier (dir.). Adaptation et socialisation des minorités culturelles en région. (Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2012. Pp. 243. Coll. « Intercultures ». ISBN 978-2-7637-9947-6).[Notice]

  • Claudia Prévost

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  • Claudia Prévost
    Université Laval

L’ouvrage Adaptation et socialisation des minorités culturelles en région est issu du colloque du même nom tenu en juin 2008 grâce au travail de collaboration entre l’Université Laval (Québec) et l’Université de Bordeaux (France). Dirigé par Yvan Leanza, Camille Brisset et Colette Sabatier, il regroupe les articles de 17 collaborateurs provenant du Québec et de la France. Les travaux présentés interrogent les processus d’adaptation et de socialisation des minorités culturelles qui vivent loin des grands centres urbains, c’est-à-dire « en région », ce qui répond d’ailleurs aux préoccupations annoncées en introduction par les directeurs de l’ouvrage. On reconnait l’originalité scientifique de cet ouvrage, entre autres dans l’acceptation assez large du concept de « minorité culturelle ». Il fait place non seulement aux minorités culturelles issues de l’immigration, mais également aux minorités historiques et linguistiques, soit les Premières Nations au Québec et les Basques en Aquitaine, ainsi qu’aux étudiants internationaux et aux enfants issus de l’adoption internationale. Ces deux derniers groupes, qui ont fait l’objet de peu d’études dans une telle perspective, participent pourtant de façon importante à la transformation à moyen et à long terme des « régions » qui les accueillent, du fait de leurs interactions quotidiennes avec les membres des communautés locales et de leur présence accrue au sein des établissements scolaires. Cet ouvrage collectif s’articule en quatre parties, « Théories », « Minorités culturelles en région », « Migrants en région », « Étudiants migrants en région », dans une logique qui permet au non-initié de s’approprier graduellement les différentes facettes de l’étude de la diversité en région, ici mises de l’avant. La première partie, « Théorie », est la plus brève et est constituée d’un seul chapitre. John W. Berry présente, dans une perspective historique, ses modèles d’adaptation écoculturelle et de transmission culturelle à travers l’exemple du développement de l’art Inuit, peuple autochtone vivant dans le Grand Nord canadien. Il explique comment l’adaptation ancestrale des Inuits aux exigences de l’environnement arctique leur a permis de développer des capacités perceptuelles et cognitives spécifiques qui sont à la source de l’originalité de l’art inuit. Par la suite, il démontre de quelle façon le développement du caractère mercantile de cet art traditionnel, découlant d’une initiative des autorités fédérales canadiennes à la fin des années 1940, a contribué au foisonnement de l’art sculptural inuit aujourd’hui très prisé. En grande partie théorique, la réflexion de ce chapitre sert au lecteur qui se dote ainsi d’une assise conceptuelle, influencée par le courant de la psychologie interculturelle, pour étudier les enjeux reliés aux minorités culturelles en région soulevés dans les parties suivantes. La deuxième partie, « Minorités culturelles en région », comporte trois chapitres où sont portés à l’avant-plan deux groupes culturels minoritaires qui partagent le fait d’une présence millénaire sur leurs territoires respectifs de part et d’autre de l’Atlantique : les Basques (en France et en Espagne) et les Premières Nations du Nord du Québec. Le chapitre 2, rédigé par Errarum Bachoc et Terexa Lekumberri, aborde la question du sentiment identitaire et des pratiques culturelles des Basques à partir des résultats d’une étude menée par l’Institut culturel basque (ICB) en 2005. Celle-ci visait à comprendre la façon dont les Basques vivent leur langue (l’euskera), leur identité, leur culture et leur conscience territoriale, selon qu’ils résident au nord ou au sud de la frontière franco-espagnole. Le chapitre 3, signé par Elorri Garat-Bidart, Sofia Hue et Colette Sabatier, poursuit la réflexion sur l’acquisition de l’identité culturelle chez les Basques, mais en examinant ce processus chez les enfants. Les auteurs présentent les résultats d’une recherche qui examine le développement des identités basque, française et européenne …

Parties annexes