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Épidémies et pandémies : éclairages anthropologiquesEpidemics and Pandemics: Anthropological InsightsEpidemias y pandemias: perspectivas antropológicas[Notice]

  • Ève Dubé et
  • Fabienne Labbé

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  • Ève Dubé
    Département d’anthropologie, Université Laval, Pavillon Charles-De Koninck, 1030, avenue des Sciences-Humaines, Québec (Québec) G1V 0A6, Canada
    Eve.dube@ant.ulaval.ca

  • Fabienne Labbé
    Centre de recherche du CHU de Québec — Université Laval, Axe Santé des populations et pratiques optimales en santé, Hôpital du Saint-Sacrement, 1050, chemin Sainte-Foy, Québec (Québec) G1S 4L8, Canada
    fabiennelabbe@crchudequebec.ulaval.ca

Trois ans se sont écoulés depuis la découverte du premier cas de SARS‑CoV‑2 en décembre 2019, à l’origine de la maladie à coronavirus 2019 (la COVID‑19), et la déclaration de la pandémie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en mars 2020. Alors que la crise semble aujourd’hui se résorber, le bilan est effarant. En date du 27 janvier 2023, plus de 665 millions de personnes ont été officiellement infectées par la COVID‑19, dont plus de 6,5 millions qui en seraient décédées. Entre le 26 et le 27 janvier 2023, près de 180 000 nouveaux cas d’infection auraient été enregistrés dans le monde (WHO Coronavirus [COVID-19] Dashboard), ce qui montre que si la situation semble s’améliorer, l’infection n’est pas pour autant chose du passé. Alors qu’un recul demeure nécessaire pour appréhender dans toute leur complexité les causes et les conséquences de cette crise sanitaire majeure, la pandémie a sans conteste révélé et exacerbé une myriade d’enjeux et de réalités. La rapidité avec laquelle la COVID‑19 s’est répandue sur le globe nous a rappelé, s’il en était besoin, l’unité spatiale et temporelle grandissante de notre monde. L’hypothèse principale concernant l’origine de la maladie — une maladie vraisemblablement d’origine zoonotique, c’est-à-dire transmise à l’être humain à partir d’un réservoir animal — a à nouveau mis notre relation aux animaux et à la nature sous les projecteurs et nous force à nous questionner sur nos modes de production et de consommation et sur les impacts à venir des changements climatiques (Laugrand 2020 ; voir également Keck et Lynteris 2018). En l’absence de traitement ou de vaccin efficace durant les premières vagues de la pandémie, la majorité des pays ont implanté des mesures inédites destinées à freiner la propagation du virus (par exemple l’interdiction des déplacements, la fermeture des écoles, des commerces et des services, l’instauration de couvre-feu, l’imposition de « passeports sanitaires », etc.). Ces mesures ont grandement perturbé l’économie mondiale, les activités professionnelles et les relations sociales, et ont suscité de l’incertitude (Dousset 2020) ainsi qu’une foule d’émotions (stupeur, peur, angoisse, lassitude). Ces mesures ont également rencontré de la résistance (pensons aux nombreuses manifestations contre le port du masque et le « passeport vaccinal » qui ont eu lieu à travers le globe), mettant ainsi en exergue la perte de confiance de nombreux individus dans les institutions telles que l’État, la science et les médias (Hornsey, Lobera et Díaz-Catalán 2020 ; Fassin 2021 ; voir également Lindenbaum 2001 ; Massé et al. 2011). La COVID‑19 a aussi confirmé ce que d’autres épidémies nous avaient appris par le passé, notamment que les maladies infectieuses se propagent dans les lignes de faille de la société ; les personnes les plus touchées par ces maladies, ainsi que par les mesures mises en oeuvre pour y répondre, sont celles qui sont déjà victimes d’inégalités sociales. La pandémie a par ailleurs mis en lumière des phénomènes nouveaux ou ayant suscité jusqu’ici moins d’attention en anthropologie. Jamais auparavant n’avions-nous ainsi autant parlé d’hésitation à la vaccination, concept utilisé pour référer au fait qu’une partie de la population entretient des craintes importantes par rapport à la vaccination, craintes qui peuvent mener à refuser un ou des vaccins recommandés ou à retarder la vaccination (Dubé et al. 2013, voir également Dubé et al., ce numéro). La rapidité du développement de vaccins efficaces contre la COVID‑19 et notamment de vaccins employant une technologie peu utilisée auparavant, les vaccins à ARN messager, ont entre autres suscité beaucoup de questionnements et de préoccupations, tout comme d’ailleurs les stratégies de priorisation de la vaccination (une forme de triage) adoptées par …

Parties annexes