PrésentationPoétique vivanteIntroductionLively PoeticsPresentaciónPoética viva[Notice]

  • Julie Laplante et
  • Marcus Sacrini

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  • Julie Laplante
    École d’études sociologiques et anthropologiques, Faculté des sciences sociales, Université d’Ottawa, 120 rue Université (10020), Ottawa (Ontario) K1N 6N5, Canada
    jlaplan2@uottawa.ca

  • Marcus Sacrini
    Département de philosophie, Faculté de philosophie, lettres et sciences humaines, Université de São Paulo, Av. Luciano Gualberto, 315, Cidade Universitária, 05508-900 - São Paulo, SP Brésil
    sacrini@usp.br

Effervescence de la légitimité accordée à l’expérience vécue en anthropologie ou dans-le-monde : comment comprendre l’intensification des tendances phénoménologiques chez les anthropologues aujourd’hui ? Après que Thomas Csordas eut amené le paradigme de l’embodiment au coeur de l’anthropologie dans les années 1990, c’est aujourd’hui le tour de Tim Ingold de raviver ce mouvement phénoménologique pour à nouveau plonger la recherche dans l’expérience en émergence. Sol trop fluide pour certains qui chercheront des assises, sol ferme pour d’autres qui y trouveront des lignes concrètes réelles à poursuivre. Ainsi pourrons-nous voir les fluctuations entre désir de revenir aux phénomènes tels qu’ils émergent et désir de retrouver structures universelles a priori. De l’anthropologie proprement phénoménologique à l’anthropologie dans son sens plus strict – mais puisant à un moment chez Heidegger, à d’autres moments chez Merleau-Ponty ou encore chez Deleuze et Guattari –, les « lignes de devenir » phénoménologiques en anthropologie sont nombreuses, pour emprunter une expression des deux derniers auteurs. Plusieurs anthropologues ont suivi ces parcours fluctuant entre phénoménologie et anthropologie, et il y a certes matière à repenser leurs entrelacements, et à se demander quelles peuvent être les implications des premières alors qu’elles se déroulent dans les pratiques des secondes, et inversement. Plus de vingt années se sont écoulées depuis la première tentative d’esquisser des lignes pour une anthropologie phénoménologique, tentative réalisée en 1996 par Michael D. Jackson dans Things as They Are... Ce travail a été repris par Katz et Csordas en 2003 dans un numéro spécial de la revue Ethnography intitulé « Phenomenological Ethnography in Sociology and Anthropology » ; il a été abordé de manière plus pointue par Knibbe et Versteeg (2008) autour des thèmes de la religion et de l’expérience ; par Duranti (2010) qui explore plus spécifiquement l’applicabilité de l’intersubjectivité de Husserl pour la pratique de l’anthropologie ; et par Desjarlais et Throop (2011) dans un examen plus général des approches phénoménologiques en anthropologie. Plus récemment, dans leur ouvrage Phenomenology in Anthropology…, Ram et Houston (2015) tentent à nouveau de préciser et de circonscrire une anthropologie phénoménologique en vue d’étendre son applicabilité. En suivant le flot des disciplines que l’anthropologie côtoie en plus du cours de la vie menant à toujours construire de nouvelles abstractions du monde, il est possible de comprendre, en partie du moins, les passages de l’anthropologie dans la phénoménologie, et inversement, comme des tentatives partagées de revenir aux « choses concrètes » et qui redonnent du même coup toute leur importance aux expériences de terrain telles qu’elles sont vécues (Jackson 2013 : 10). Ainsi, moment tant savant que populaire, il semble qu’un intérêt envers le « comment » de l’expérience soit « dans l’air du temps ». Sans vouloir circonscrire une sous-discipline, ce numéro d’Anthropologie et Sociétés vise à regarder comment phénoménologie(s) et anthropologie(s) divergent et convergent, comment elles se nourrissent les unes les autres, quelles sont leurs implications et apprentissages dans les pratiques et surtout par-delà, vise à voir en quoi elles contribuent à façonner le monde en même temps qu’elles sont façonnées par celui-ci. Si on retrace brièvement l’apparition de la phénoménologie en anthropologie, on aperçoit celle-ci pour la première fois de manière explicite dans les travaux d’Irving Hallowell (1955) qui s’inspire de la phénoménologie néo-kantienne d’Ernst Cassirer, d’un côté, et de celle d’Alfred Schutz, de l’autre. De manière plus implicite, Clifford Geertz (1973) puise dans la sociologie phénoménologique de Schutz (1940) qu’il lit comme une invitation à la description dense. Une proposition des plus élaborées en faveur d’une anthropologie phénoménologique proprement dite est par ailleurs présentée par Jackson (1996). En cela, il s’inspire de …

Parties annexes