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Frank Neveu, Dictionnaire des sciences du langage. Paris, Armand Colin, 2004, 316 p.Yves Alpe, Alain Beitone, Christine Dollo, Jean-Renaud Lambert et Sandrine Parayre (dir.), Lexique de sociologie. Paris, Dalloz, 2005, 329 p.Guido Bolaffi, Rafaele Bracalenti, Peter Braham et Sandro Gindro (dir.), Dictionary of Race, Ethnicity and Culture. Londres, Sage, 2003, 355 p.[Notice]

  • Jean-Nicolas de Surmont

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  • Jean-Nicolas de Surmont
    Université de Paris IV
    B.P. 48
    1050 Bruxelles 5
    Belgique

Nombre de dictionnaires paraissent chaque année en toutes langues. Qu’ils soient nommés lexique, vocabulaire ou dictionnaire, il s’agit de dictionnaires thématiques qui ont la fonction d’un glossaire. Ici, nous allons nous intéresser à trois de ces ouvrages parus chez des éditeurs qui n’ont pas l’habitude de publier des dictionnaires : le Lexique de sociologie (2005), chez Dalloz ; le Dictionnaire des sciences du langage (2004) de Franck Neveu, chez Armand Colin et enfin le Dictionary of Race, Ethnicity and Culture (2004), chez Sage Publications. Mis à part le dictionnaire publié chez Sage qui est la traduction d’une édition italienne de 1993 (deuxième édition en italien en 2004), les deux autres dictionnaires en sont à leur première publication. Le dictionnaire de Sage (dorénavant DREC) s’inscrit dans la tradition dictionnairique de Sage, alors que ceux d’Armand Colin (DSDL) et de Dalloz (LS) sont des projets plus isolés. Le LS semble faire bonne figure aux côtés du Lexique juridique qui paraît chez le même éditeur depuis 35 ans et qui a fait l’objet de 15 rééditions. Il adopte en effet la même organisation de l’information, à savoir la mise en caractère rouge à même le corps des définitions des concepts qui possèdent une entrée ailleurs, l’indication de renvoi analogique par une flèche rouge. Une nomenclature de quelques centaines de termes est complétée par un index des auteurs. Certains des concepts sont définis selon l’usage qu’en font des sociologues précis. C’est le cas de groupe social (selon l’acception de George Gurvitch) ou groupes primaires (selon l’acception de Charles Horton Cooley). D’autres concepts sont le fait d’un sociologue et ne sont pas des syntagmes libres comme les précédents, par exemple l’habitus de Pierre Bourdieu. Bourdieu apparaît d’ailleurs, avec trois penseurs reconnus comme les pères de la sociologie moderne : Karl Marx, Max Weber et Emile Durkheim, comme l’auteur le plus cité, devançant de loin Claude Lévi-Strauss, Jean-Claude Passeron et Alain Touraine dont les travaux sociologiques sont pourtant très connus. On l’aura compris, ce petit lexique qui compile 800 définitions n’a pas vocation d’encyclopédie puisque même des sociologues réputés dans la francophonie comme Claude Javeau et Fernand Dumont ne sont pas cités une seule fois. D’autres termes comme « Définition de la situation » sont définis en tenant compte de l’usage de plusieurs sociologues. Quant à « Démocratisation de l’enseignement », on y présente plutôt les différents points de vue sur cette situation. Malheureusement, on ne fait pas référence précisément aux ouvrages des auteurs qui sont cités. Seul les ouvrages principaux des auteurs faisant l’objet d’une entrée sont cités à la fin de l’article et apparaissent en gras parmi la liste des auteurs cités à la fin de l’ouvrage. Comme dans son homologue le Lexique juridique, on remarquera que le LS fait surtout référence à une situation sociale et historique française, à ses institutions et à ses sociologues – il est d’ailleurs dommage que les dictionnaires thématiques français ne s’ouvrent pas d’avantage au reste de la francophonie. Cela dit, comme ses qualités sont la maniabilité et son esprit synthétique, il se destine sans doute au même public que le Lexique juridique, c’est-à-dire aux étudiants au début de leurs études supérieures. Le DREC est de facture tout à fait différente. Les articles sont plus développés, ce qui justifie par conséquent qu’ils soient tous signés. Ils sont complétés d’une bibliographie essentiellement anglo-saxonne, mais l’éclectisme des sujets traités va de pair avec l’hétérogénéité de provenance des auteurs cités. On s’étonnera par exemple de ne pas y voir figurer Bourdieu bien qu’il ne s’agisse pas précisément d’un dictionnaire de sociologie. L’index onomastique ne témoigne pas d’un déséquilibre particulier. …