PrésentationLa mobilité du religieux à l’ère de la globalisation[Notice]

  • Deirdre Meintel et
  • Marie Nathalie LeBlanc

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  • Deirdre Meintel
    Département d’anthropologie
    Université de Montréal
    C. P. 6128, Succursale Centre-ville
    Université de Montréal
    Montréal (Québec) H3T 3J7
    Canada

  • Marie Nathalie LeBlanc
    Département de sociologie et d’anthropologie
    Université Concordia
    1455, de Maisonneuve Ouest
    Montréal (Québec) H3G 1M8
    Canada

Les transformations religieuses dans le contexte contemporain de la globalisation ont été l’objet de plusieurs publications récentes. Parmi les plus importantes, on trouve notamment les livres de Bastian, Champion et Rousselet (2001) et de Poewe (1994), ainsi qu’un numéro spécial de la revue Ethnologie française portant sur « Les nouveaux mouvements religieux » (2000). Ces travaux étudient la nouvelle donne du religieux en abordant plus spécifiquement la revitalisation et la reconfiguration des dynamiques religieuses qui se manifestent actuellement à travers la planète, et qui remettent en question la thèse de la sécularisation associée à la modernisation. S’inscrivant dans la continuité de ces travaux, ce numéro spécial est centré sur le thème de la mobilité du religieux. Dans son essai, François Laplantine offre une mise en contexte, tout en esquissant les contours de la problématique plus générale de l’étude anthropologique de la religion à notre époque. D’autres auteurs examinent la mobilité religieuse en fonction des déplacements géographiques des acteurs et des courants religieux, impliquant ainsi une mobilité des pratiques et des symboles religieux (Aubrée, Bava, Le Gall et Mary). Au-delà de ces déplacements à travers les frontières géographiques, certaines contributions abordent aussi la question des espaces identitaires déterritorialisés et de la mobilité de l’imaginaire religieux (LeBlanc, Meintel et Mary). De fait, ce numéro spécial étend l’analyse de la globalisation à de nouveaux questionnements portant sur l’individualisation des référents religieux, le rôle de l’émotivité (Champion et Hervieu-Léger 1990) et celui de la religiosité dans la reconstruction de la mémoire sociale et des notions du temps. Nous partageons l’avis de certains auteurs, dont Friedman (1997), selon lequel la globalisation est en fait un processus très ancien, quoique occulté au regard des chercheurs jusqu’à récemment (Meintel 2002). Il reste que la mobilité des personnes et des symboles prend des formes nouvelles et s’effectue à un rythme sans précédent. Entre autres choses, l’utilisation des médias de masse encourage la transmission à distance du religieux et multiplie les effets des contacts interpersonnels. Comme Marion Aubrée l’indique dans le cas du néo-pentecôtisme brésilien parmi les populations immigrées en Europe de l’Ouest, il ne s’agit pas uniquement de prosélytisme mais aussi de l’encadrement de personnes déjà converties. Le prosélytisme et la conversion acquièrent donc de nouveaux rôles dans le contexte de la globalisation, du fait des espaces identitaires qu’ils créent et des stratégies qu’élaborent les guides religieux et les fidèles (LeBlanc, Aubrée). Les contributions à ce numéro démontrent que la mobilité des religions peut suivre celle des gens dans les migrations (Le Gall), mais qu’elle peut aussi devenir elle-même génératrice de mobilité (Mary, Bava). Historiquement, l’exil a souvent été causé par les persécutions religieuses. La religion peut aussi transformer l’expérience migratoire (Le Gall, Bava). Selon Bava, « la condition de migrant génère des nouveaux modes d’investissements religieux ». Ainsi, la religion renforce les liens transnationaux en créant des sites et des moments privilégiés pour les déplacements des migrants vers le pays d’origine (voir aussi Charbit et al. 1997 ; Meintel 2000). Enfin, les migrations transnationales de notre époque offrent une perspective idéale pour étudier la religion dans la mesure où le religieux se revendique à travers la mobilité dans l’espace. Les pratiques religieuses des migrants ne sont ni les répliques exactes de celles du pays d’origine, ni des constructions complètement nouvelles (Bava, Le Gall). Elles se construisent à la fois en relation avec le lieu d’origine et la société d’immigration, mais aussi à partir des « entre-lieux » qui articulent les liens transnationaux. Dans la perspective du mouvement géographique du religieux et de son lien avec la migration internationale, l’impact des religions « venues d’ailleurs » sur les …

Parties annexes