Comptes rendus

Renaud Santerre (dir.), Pintendre 1900-2000. Un siècle d’histoire. Cap-Saint-Ignace, La Plume d’Oie, 2000, 652 p., tableaux, cartes, photos. [Notice]

  • Paul Charest

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  • Paul Charest
    Département d’anthropologie
    Université Laval
    Sainte-Foy (Québec) G1K 7P4
    Canada

La monographie de paroisse ou de village est un genre littéraire qui est souvent l’apanage d’historiens amateurs, de religieux ou de retraités disposant de temps libres. On y trouve généralement, de façon plus ou moins ordonnée, des tonnes d’informations factuelles, fréquemment sous forme de longues listes, sur l’histoire religieuse, scolaire ou politique de la communauté dont est presque toujours issu l’auteur. Dans cet ouvrage sur Pintendre, rédigé en collaboration, notre collègue Renaud Santerre renouvelle le genre par des études beaucoup plus approfondies sur la démographie et l’économie de cette municipalité en pleine expansion démographique, accompagnées de généalogies complètes des principales familles souches. Il faut dire qu’il s’était fait la main en publiant en 1994 une monographie du même genre sur son village natal, Squatec, dans la vallée du Témiscouata (Santerre 1994) et qu’il a bénéficié de cette expérience pour améliorer la formule. Pintendre (anciennement Saint-Louis de Pintendre) est une petite municipalité industrielle et commerciale de plus de 6 000 habitants, située dans le comté de Lévis sur la rive Sud du fleuve Saint-Laurent et voisine de la ville du même nom. Comme pour Squatec, l’auteur principal y est rattaché par un lien particulier qui est celui de propriétaire non résident d’une terre. Aujourd’hui, on y exploite une carrière de sable, ce qui explique un très intéressant passage de la monographie intitulé « Les “mines” de sable » qui soulève des questions de fond sur le développement économique, les problèmes de zonage et l’aménagement spatial à plus long terme de la municipalité. Cet ouvrage comprend en fait deux volumes dans un, chacune de ses deux parties (« Monographie de Pintendre » et « Album des familles, des entreprises et des organismes de Pintendre ») ayant pu être publiée séparément. La première partie — la plus intéressante pour les anthropologues et autres spécialistes des sciences humaines — comprend neuf chapitres, mais les deux derniers (« Recensement fédéral de 1901 » et « Généalogies des principales familles de Pintendre ») peuvent être considérés comme des annexes en raison du matériel factuel qu’ils contiennent. Les chapitres qui ont le plus retenu mon attention par la qualité de leur contenu, de leurs analyses et de leur écriture sont les trois premiers, rédigés soit en collaboration, pour le premier, soit individuellement pour les deux autres, par l’auteur principal et historien. Ils traitent dans l’ordre du « Cadre historique et géographique », de l’évolution démographique rapide et de la transformation économique de la municipalité. L’élaboration du cadre historique s’articule autour de la notion de « communauté distincte » empruntée à l’anthropologue Jennie Keith Ross et met l’accent sur la création d’« aires villageoises » autour des moulins desservant les agriculteurs des alentours et le développement de « collectivités locales » à partir de celles-ci (p. 35). Ainsi, en périphérie de la paroisse de Saint-Joseph-de-la-Pointe-Lévy, se sont constitués des pôles économiques et démographiques qui ont donné naissance à d’autres paroisses, en particulier celle de Saint-Louis-de-Gonzague-de-Pintendre, fondée en 1900 et dont le centenaire est à l’origine de la publication de ce volume commémoratif. Comme l’indique l’avant-propos rédigé par l’auteur de ce collectif, sa préparation s’est échelonnée sur pas moins de cinq ans et a impliqué de nombreux collaborateurs travaillant sous la supervision d’un « comité du livre » composé de quatre personnes, toutes anthropologues diplômées de l’Université. Plusieurs étudiants et étudiantes en anthropologie ont aussi collaboré à la collecte et au traitement de données, soit dans le cadre de travaux pratiques crédités, soit dans celui d’un travail d’été rémunéré. Il s’agit là d’une initiative particulièrement intéressante et bénéfique pour la formation de jeunes anthropologues. Quatre autres personnes ont contribué …

Parties annexes