Thematic Section: Dignity, Conviviality, and Moral Contests of BelongingSection thématique : Dignité, convivialité et contestations morales d’appartenance

Introduction au numéro thématiqueDignité, convivialité et contestations morales d’appartenance[Notice]

  • Maisa C. Taha

…plus d’informations

Ce numéro thématique est publié à un moment opportun pour réfléchir à la dignité, à la convivialité et aux contestations morales d’appartenance. Si le précurseur After Empire : Melancholia or Convivial Culture ? de Paul Gilroy (2004) a inscrit un espoir critique pour le multiculturalisme au milieu de la guerre contre le terrorisme, les études réunies ici explorent la différence dans une époque post-multiculturelle, en tenant compte de la façon dont la polarisation matérielle et politique force les questions d’identité sur la raison morale. Cela signifie que nous écrivons également sur la convivialité dans le sillage de la formulation influente de Steven Vertovec (2007) de la « super-diversité », trouvant dans cette complexification bien méritée une occasion de comprendre la diversité comme étant à la fois proliférante (dépassant les catégories de race, d’ethnicité ou de genre) et entrelacée avec les délibérations sur l’action bonne ou juste. Nous examinons les sites de flux idéologiques et pas seulement démographiques, en faisant ressortir les négociations des participants sur les contours variables et saillants de la vie quotidienne chargée de valeurs. En plaçant la dignité et l’appartenance aux côtés de la convivialité au centre de l’étude, ce numéro thématique étoffe les termes non spécifiés dans des contextes d’évaluations changeantes de la différence. Les questions suivantes ont inspiré notre travail : Lorsque s’entendre signifie faire face à des échelles de valeur sociale qui se heurtent, à quoi ressemble la dignité ? Comment les répertoires de revendication de la dignité se croisent-ils avec les représentations de l’identité, de la subjectivité, de la citoyenneté et de l’appartenance ? Comment les pratiques quotidiennes liées à la convivialité incorporent-elles ou élèvent-elles les menaces de dignité ou les revendications d’appartenance ? Comment les revendications de dignité peuvent-elles signaler des stratégies moralement adaptables lorsque les droits formels ou les reconnaissances institutionnelles sont closes ? Les analyses en réponse à ces questions font pression, à l’heure actuelle, de manière urgente, alors que le retranchement de l’antagonisme idéologique transforme si souvent les autres en ennemis. Dans ce que Fukuyama (2018) a appelé une « politique du ressentiment », la compétition pour la légitimité morale éclipse les délibérations sur l’inégalité systémique. Avec les jugements moraux sur soi et sur les autres au premier plan de la vie contemporaine, les rencontres en face à face et les actes itératifs de la vie en compagnie des autres deviennent des occasions de défendre, de contester ou de faire avancer les revendications sur la façon dont le monde devrait être. Les « il faut » qui motivent le discours et l’interaction entre des acteurs issus de diverses expériences mettent en évidence, à leur tour, les dimensions linguistique et corporelle des revendications de dignité dans le cadre des négociations sur le lien social et l’acceptation. Ces luttes déontiques soulignent l’importance des positions interactionnelles des participants (Kockelman 2004 ; Ochs et Schieffelin 1989), des stratégies affectives et des investissements émotionnels (Ahmed 2015), ainsi que des positions sexuées, raciales ou religieuses au sein de communautés où de facto, les frontières et les imaginaires changent. « Vivre avec/ensemble », comme le suggèrent les racines latines de la convivialité (com + vivere), implique des modes de relation qui peuvent invoquer mais non satisfaire les idéaux d’égalité et de respect interpersonnels (Radice 2016). Dans la littérature en expansion qui poursuit ce raisonnement, la convivialité a constitué une analytique séduisante, généralement utilisée pour retracer la dynamique interpersonnelle et spatiale de la coprésence entre des groupes de citadins assez clairement définis. Toutefois, l’examen paradigmatique de la convivialité amazonienne par Joanna Overing et Alan Passes (2000), The Anthropology of Love and Anger, montre …

Parties annexes