Présentation

Dire le son (du théâtre)[Notice]

  • Jean-Marc Larrue et
  • Marie-Madeleine Mervant-Roux

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  • Jean-Marc Larrue
    Université de Montréal

  • Marie-Madeleine Mervant-Roux
    CNRS (UMR THALIM)

Les études sonores en théâtre n’ont pas dix ans et leur émergence, en tant que champ d’étude théorique, est indissociable des avancées de la réflexion intermédiale qui éclôt en Allemagne dans la deuxième moitié des années 1980. Alors qu’on reconnaît généralement aujourd’hui que le théâtre est une pratique intermédiale – ce serait même la pratique intermédiale par excellence selon Chiel Kattenbelt (2006 : 29-39) –, les études théâtrales ont tardé à s’ouvrir à cette autre façon d’envisager cet art. Il se sera donc écoulé près de vingt ans entre les premières tentatives de modélisation de la dynamique intermédiale et l’application de certains des concepts clés, qui en sont issus, à l’analyse de la représentation théâtrale et de sa fabrique. Nous évoquons, dans l’article qui ouvre ce dossier, quelques-unes des causes de ce retard et traçons, à grands traits, le rattrapage effectué depuis le milieu des années 2000 dans ce domaine. La publication de l’ouvrage collectif Intermediality in Theatre and Performance (Chapple et Kattenbelt, 2006), réalisé sous l’égide de la Fédération internationale pour la recherche théâtrale (FIRT-IFTR), marquait l’entrée de la théorie intermédiale dans le champ des études théâtrales. Les intermédialistes s’intéressent, pour dire les choses simplement, à la dynamique des rapports entre les technologies, les pratiques artistiques ou médiatiques et les milieux d’usagers; il était donc inévitable que le son, comme pratique médiatique fondamentale et fondatrice du théâtre, attire l’attention de ces chercheurs. L’un des premiers effets de l’approche intermédiale sur la nature et la conjoncture de la pratique scénique a mené à un constat aussi brutal que désarmant : la réalité sonore de la représentation théâtrale a été globalement ignorée par les penseurs de la pratique, critiques, historiens ou théoriciens. C’est à l’occasion du premier grand colloque international sur le théâtre et l’intermédialité, tenu en 2007, que ce trou béant de la réflexion théâtrale est apparu et que s’est imposée l’urgence de le combler. Dans les mois suivant cette rencontre s’est ainsi constitué un groupe international de recherche, « Le son du théâtre / Theatre Sound », à l’initiative de Jean-Marc Larrue (CRI, Montréal) et de Marie-Madeleine Mervant-Roux (CNRS, Paris). Formé d’une cinquantaine de chercheurs de différents pays, le groupe a tenu une série d’ateliers scientifiques, organisé deux importants colloques internationaux sur le son au théâtre (le premier à Paris en 2010, le second à Montréal en 2012), suscité la naissance de plusieurs séminaires et contribué à l’ouverture, dans le cadre du LabEx TransferS, d’un chantier international pour la constitution d’un glossaire multilingue du son – « Le son du théâtre : mots et concepts ». Le groupe a pu compter, dès le départ, sur l’appui de deux organismes de recherche en intermédialité : le Centre de recherche sur l’intermédialité (CRI, Université de Montréal) et le laboratoire ARIAS (Atelier de recherche sur l’intermédialité et les arts du spectacle) du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Paris. Les activités du groupe se sont d’abord structurées à partir d’un « Projet international de coopération scientifique » (PICS) sous le titre « Intermédialité et spectacle vivant : les technologies sonores et le théâtre (XIXe - XXIe siècles) » qui s’est étendu de 2009 à 2012. Le groupe a également bénéficié de l’appui financier du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Cette activité scientifique a donné lieu à de nombreuses publications, dont trois dossiers successifs publiés dans la revue Théâtre/Public en 2010 et 2011 – « Le son du théâtre I : le passé audible » (Larrue et Mervant-Roux [dir.], 2010), « Le son du théâtre II : dire l’acoustique » (Guinebault-Slamowicz, Larrue et Mervant-Roux [dir.], …

Parties annexes