Chroniques

Entretien avec Godefroy Desrosiers-Lauzon, professeur associé au Département d’histoire de l’UQAM Dans les coulisses de la science[Record]

  • Alain Adrien GRENIER

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  • Alain Adrien GRENIER
    Professeur, Département d’études urbaines et touristiques, Université du Québec à Montréal ; grenier.alain-adrien@uqam.ca

À l’occasion de son dossier spécial sur le tourisme résidentiel, Téoros propose à ses lecteurs un entretien avec Godefroy Desrosiers-Lauzon, professeur associé au Département d’histoire de l’Université du Québec À Montréal (UQAM). Godefroy Desrosiers-Lauzon détient un doctorat en histoire américaine de l’Université d’Ottawa (2008). Sa thèse, Florida’s Snowbirds– Spectacle, Mobility, and Community since 1945 (McGill-Queen’s University Press, 2011), a notamment remporté en 2012 le prix Charlton Tebeau de la Florida Historical Society. Il enseigne à titre de chargé de cours à l’Université d’Ottawa, à l’Université de Montréal ainsi qu’à l’UQAM. AG : Votre thèse connaît un grand succès. Comment avez-vous construit votre projet ? GDL : Je suis très heureux de l’accueil qu’a reçu ma thèse. La construction ? Tous les diplômés de maîtrise ou de doctorat ont une histoire à raconter sur leur choix de sujet. Il est tout à fait légitime que celui-ci soit le résultat d’une conversation ou d’un processus dialectique avec son superviseur ou sa directrice de recherche. Ça permet d’arriver à des choix de recherche qui ne sont pas ceux de nos directeurs. Dans mon cas, il faut se situer au début des années 1990. Nous marchions vers le référendum d’octobre 1995 et c’était difficile pour moi de ne pas orienter mes recherches sur le destin de la nation québécoise. Entre juin 1990 et le référendum, j’en ai mangé ! Après il fallait que je passe à autre chose. Inspiré par les cours de Paul-André Linteau, Jean-Claude Robert, Joanne Burgess et Jean-Marie Fecteau à l’UQAM, je m’intéresse alors à l’histoire de la ville. En parallèle, je m’oriente vers les États-Unis, pour m’éloigner un peu du Canada. Je rédige donc mon mémoire (maîtrise) sur l’histoire urbaine des États-Unis. C’est là que se dessine ce qui va être la thèse : en réaction à la « grande » politique nationale, une attention à l’infrapolitique – aux conditions de la vie des collectivités, milieux de vie, sociabilités, manières d’habiter. À l’Université d’Ottawa, je propose à mon superviseur, Donald Davis, de travailler sur la maison mobile. Il me répond qu’il serait plus intéressant de parler de conflits de classes sociales en plaçant mon objet à la rencontre de différents groupes sociaux, de différentes classes, cultures, ethnicités, etc. En cherchant des données statistiques sur les maisons mobiles, je tombe sur la Floride, là où il y en a le plus. Cela m’amène au phénomène du tourisme résidentiel hivernal, dans le Sud des États-Unis. AG : Malgré une approche historique, vous ne vous en tenez pas à l’histoire de la communauté québéco-canadienne en Floride.GDL : Non. D’autres le faisaient. Je voulais savoir ce qu’une communauté migrante induit dans son milieu d’accueil, et il fallait alors que je tienne compte de l’industrie touristique-résidentielle en général, et des relations entre les communautés migrantes à destination – francophones avec Anglo-Canadiens, avec Étatsuniens. Je voulais aussi savoir ce que la communauté migrante induit dans son pays d’origine, autrement dit : Que font les snowbirds au Québec ? Quel est leur impact sur le Québec ? Vous voyez alors les questions qui peuvent en découler : Que font les Anglais de la Costa Del Sol à l’Angleterre ? Quel est l’impact de la diaspora italienne sur l’Italie ? Qu’est-ce qui advient d’un territoire qui se vide pour aller en alimenter un autre ? Ces questions ne sont pas exclusives au tourisme. C’est un sujet qui est richement informé de géographie et de sociologie. J’ai choisi d’étudier des questions sociologiques suivant une approche historique en employant une méthode de recherche inspirée de l’ethnologie. AG : En quoi consiste cette méthode ?AG : En tourisme, …

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