Recensions hors thème

Chine-États-Unis. Quels défis ?, de Gilles Vandal et Serge Granger, Outremont, Athéna Éditions, 2014, 333 p.[Record]

  • Frédéric Mayer

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L’ouvrage des deux professeurs de l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, Gilles Vandal et Serge Granger, a pour trame la montée en puissance de l’économie chinoise, l’avancement des capacités militaires du pays, ainsi que la nouvelle politique étrangère américaine qui fait de l’Asie son pivot. Le livre porte principalement sur les relations internationales chinoises, bien que le titre ne semble pas, a priori, laisser entendre cette orientation. Toutefois, force est de reconnaître que les États-Unis sont omniprésents dans le paysage international et que la politique étrangère avancée par le président Barack Obama place le pays dans tous les aspects de la sphère d’influence internationale chinoise. Cette réalité, effectivement, justifie amplement le titre du livre. Après une judicieuse révision des aspects historiques entourant la situation chinoise depuis la Seconde Guerre mondiale, le texte poursuit avec l’émergence économique de la Chine, son rôle dans le plus récent cycle de mondialisation, la réalité économique interne de la Chine, ainsi que son rôle dans la crise financière de 2008. Les auteurs abordent également la position de la Chine sur les droits de la personne, ses difficultés à composer avec le contrôle de la pollution, sa montée en puissance militaire et son émergence en tant que puissance régionale. Vandal et Granger démontrent comment la Chine parvient à remodeler l’ordre international, tout en étant confrontée à l’importance du rôle des Américains dans la sphère internationale et plus particulièrement en Asie-Pacifique. Les auteurs cherchent à vérifier l’hypothèse selon laquelle la Chine pourrait dépasser les États-Unis et faire du vingt et unième siècle celui de la Chine. Cette démarche s’inscrit dans le prolongement du débat initié par Paul Kennedy en 1987 sur le déclin des grandes puissances. Vandal et Granger relèvent que la montée de la Chine comme puissance régionale ne s’est pas faite au détriment des États-Unis et que leur collaboration est de loin plus avantageuse. Ils notent au passage que la puissance économique chinoise est toujours grandement appuyée sur l’exportation, mais que cela nécessite des importations qui grèvent lourdement la balance commerciale chinoise. Pour soutenir sa progression, la Chine devra développer sa classe moyenne, ce qui reste encore à venir mais qui entraînera, du même coup, une montée des coûts de production. L’issue de cette spirale réside dans la capacité d’innover, ce que le pays n’a pas encore démontré qu’il était en mesure de faire. Si la Chine fait de grands efforts pour développer une économie de marché et ainsi introduire davantage de concurrence entre les entreprises pour stimuler l’innovation, les entreprises publiques restent beaucoup plus profitables et forment toujours l’épine dorsale de l’économie chinoise. Les auteurs soutiennent qu’en faisant de l’Asie le pivot de sa politique étrangère, le gouvernement américain cherche non pas à endiguer la Chine, mais à mettre l’accent sur ses relations avec les pays d’Asie dans l’objectif qu’aucun pays ne puisse rendre la région hors de contrôle. Si en 2002 la Chine a officiellement annoncé qu’elle voulait développer son soft power, les États-Unis annoncent maintenant qu’ils prendront une approche de smart power, une utilisation balancée de soft et de hard power. Les Américains veulent donc miser sur leur diplomatie pour créer des partenariats dans la région Asie-Pacifique dans le but d’assurer une sécurité régionale. Toutefois, les auteurs avancent que la Chine n’est pas en reste, elle tisse également son réseau de relations, en commençant par les États limitrophes. La relation entre la Chine et la Corée du Nord est bien connue, même si l’influence de la première sur son turbulent voisin n’est pas toujours aussi évidente, surtout depuis l’arrivée du jeune Kim Jong Un à la …

Appendices