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Propriétés inattendues de l’échangeur anionique du globule rougeLa leçon des poissonsUnexpected properties of red blood cell anion exchangerThe fish lesson[Record]

  • Hélène Guizouarn,
  • Sonia Martial and
  • Franck Borgese

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  • Hélène Guizouarn
    Laboratoire de physiologie des membranes cellulaires,
    FRE2721 CNRS-Université de Nice. Bâtiment de sciences-naturelles,
    28, avenue Valrose,
    06108 Nice Cedex 2,
    France.
    Helene.GUIZOUARN@unice.fr

  • Sonia Martial
    Laboratoire de physiologie des membranes cellulaires,
    FRE2721 CNRS-Université de Nice. Bâtiment de sciences-naturelles,
    28, avenue Valrose,
    06108 Nice Cedex 2,
    France.

  • Franck Borgese
    Laboratoire de physiologie des membranes cellulaires,
    FRE2721 CNRS-Université de Nice. Bâtiment de sciences-naturelles,
    28, avenue Valrose,
    06108 Nice Cedex 2,
    France.

Bien qu'étudié depuis plus de 50 ans, l'échangeur anionique (ou AE, anion exchanger) Cl-/HCO3- encore appelé bande 3 dans les globules rouges, est toujours capable de nous surprendre. Cette protéine de 911 acides aminés chez l'homme, qui est la principale protéine membranaire dans les globules rouges fait partie de la famille des AE1 codés par le gène slc4a1 que l'on retrouve dans tout le règne animal. L'AE1 catalyse l'échange électroneutre d'un ion chlorure et d'un ion bicarbonate de part et d'autre de la membrane plasmique. Son abondance dans la membrane érythrocytaire permet une diffusion très rapide des ions bicarbonates à travers la membrane cellulaire. Ce phénomène contribue à la respiration en augmentant considérablement la capacité sanguine de transport du CO2 qui, diffusant dans les globules rouges, est hydraté et transformé en ions bicarbonate rapidement expulsés contre des chlorures [1, 2]. Par ailleurs, cette protéine joue un rôle structural important dans les érythrocytes en se fixant à diverses protéines du cytosquelette, elle intervient aussi dans le métabolisme érythrocytaire en interagissant avec l'enzyme glucose-6-phospho-déshydrogénase et joue également un rôle de signal de reconnaissance grâce aux motifs antigéniques qu'elle expose à la surface érythrocytaire [3]. Deux études indépendantes, l'une sur la régulation de volume cellulaire des globules rouges de truite et l'autre sur la perméabilité membranaire des hématies de patients souffrant d'anémies hémolytiques héréditaires, ont permis de démasquer une fonction de transport des cations tout à fait inattendue pour un AE1. Nous avons montré il y a plusieurs années que, contrairement aux bandes 3 de mammifères, la bande 3 des globules rouges de truite était capable d'adopter une conformation canal anionique permettant le transport à travers la membrane plasmique de solutés tels le Na, le K mais aussi la taurine, principal acide aminé contenu dans ces cellules [4, 5]. Cette conformation est induite par la dilution des électrolytes intracellulaires lors d'une entrée d'eau importante dans la cellule [6]. À ce jour, la bande 3 des globules rouges de truite était le seul membre de la famille des AE1 capable de transporter des cations dans une situation physiologique particulière, le gonflement hypo-osmotique. Compte tenu des similitudes importantes dans le domaine transmembranaire des AE1, siège des propriétés de transport de la protéine, on pouvait envisager que les AE1 d'autres espèces soient également capables de transporter des cations dans certaines situations. Une collaboration entre médecins et chercheurs nous a permis de valider cette hypothèse. Dans certains cas d'anémies hémolytiques héréditaires, on observe que les gradients des ions Na et K de part et d'autre de la membrane des érythrocytes se dissipent lorsque ces cellules sont stockées au froid [7,8]. Le milieu intracellulaire perd du K de façon passive. Les données de cinétique isotopique réalisées sur les globules rouges de ces malades suggèrent que la fuite des cations emprunte une voie de perméabilité présentant la même pharmacologie que celle de l'échangeur Cl-/HCO3-. Par ailleurs, l'analyse génétique des différents pédigrés révèle une mutation dans l'exon 17 du gène slc4a1 codant pour la bande 3. Le séquençage complet du gène chez les individus représentatifs a permis de localiser 5 mutations ponctuelles différentes conduisant aux mutations faux-sens suivantes sur la protéine : Ser731Pro ; His734Arg ; Leu687Pro ; Asp705Tyr et Arg760Gln. à l'exception de cette dernière mutation connue sous le nom de Bande 3 Prague [9], aucune des autres mutations n'était connue. Ces mutations n’induisent pas un déficit important de bande 3 dans la membrane plasmique mais elles réduisent considérablement la capacité de transport d'anions de la protéine. La connaissance des propriétés de transport de la bande 3 de …

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