C’est sans doute l’intérêt croissant porté à la notion de cellule souche neurale et l’absence d’outils permettant de calculer le renouvellement de nos cellules in vivo, qui a donné à Jonas Frisen cette idée originale de dater, comme le font les anthropologues ou les archéologues, la naissance de nos cellules avec du carbone 14 [1]. Mais si l’archéologue exploite la relative constance du niveau de 14C sur terre depuis la nuit des temps et la demi-vie extrêmement longue de cet élément (5 730 ans) pour dater rétrospectivement tout matériel biologique ancien, l’équipe suédoise a au contraire mis à profit l’augmentation importante et transitoire de ce niveau après l’utilisation des armes nucléaires sur deux décennies. Ces grandes quantités de 14C ont été distribuées de façon homogène dans l’atmosphère tout autour du globe dans les années 50 et 60 et décroissent d’environ 50 % tous les 11 ans depuis 1963. Peut-on utiliser ce pic aberrant pour dater rétrospectivement la naissance des cellules d’un organe ? Avant de répondre à cette question, l’équipe a vérifié que le niveau de 14C génomique trouvé dans des cellules jeunes, comme des cellules nucléées du sang, correspondait bien au niveau atmosphérique de 14C à la même période. Quinze millions de cellules suffisent pour déterminer le taux de 14C et la précision de la méthode a été estimée à 2 ans. Les auteurs ont alors mesuré l’âge des cellules de différents organes adultes. Ils ont ainsi pu conclure que la moyenne d’âge des cellules intestinales non épithéliales ou des cellules musculaires d’individus d’environ 35 ans était de 15 ans, celle des cellules cérébelleuses de la matière grise correspond à l’âge de l’individu, alors que les cellules de la matière grise du cortex occipital sont plus jeunes. La limitation de cette approche est qu’elle reflète une moyenne des multiples types cellulaires d’un organe. Une étude à l’échelon cellulaire serait donc plus instructive. Les auteurs ont donc appliqué la même stratégie sur des noyaux purifiés de neurones du cortex occipital et démontré que le niveau de 14C de l’ADN correspond au niveau atmosphérique à la naissance des individus étudiés. Ces résultats suggèrent donc que la neurogenèse n’a pas ou très peu lieu chez l’adulte dans cette région du cerveau. Cette approche pourrait s’avérer prometteuse pour étudier le renouvellement cellulaire dans différentes pathologies. Son seul point noir : le niveau de 14C atmosphérique étant désormais très bas, la méthode deviendra inapplicable pour des individus nés après 2000 ! Vue l’ingéniosité du personnage, Jonas, qui n’avait guère plus de 20 ans en l’an 2000, trouvera bien une autre solution que celle de la reprise des essais nucléaires ! L'hépatite C en trois chiffres : 170 millions d'individus touchés dans le monde, 300 000 morts par an et un quart des patients porteurs d'infection chronique à VHC (virus de l’hépatite C) développant une fibrose hépatique. Il existe cependant une grande variabilité individuelle dans cette progression de la fibrose vers la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire. Comment identifier les facteurs de susceptibilité génétique impliqués dans cette variabilité ? Une équipe allemande s'est attelée à cette question en identifiant deux locus de traits quantitatifs (QTL) impliqués dans la susceptibilité au développement d'une fibrose du foie par croisements de lignées congéniques de souris [2]. Le principe de l'approche a consisté à identifier des lignées de souris « susceptibles » et des lignées « résistantes » à la fibrose hépatique induite par le tétrachlorure de carbone (Ccl4), puis à croiser ces deux types de lignées entre elles. On définit ensuite l'haplotype des souris obtenues en balisant l'intégralité de …
Appendices
Références
- 1. Spalding K, et al. Cell 2005 ; 122 : 133-43.
- 2. Hillebrandt S, et al. Gastroenterology 2002 ; 123 : 2041-51.
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- 5. The Guardian. Genetic scientist leaves UK for Spain. 15 septembre 2005.
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