Recensions

Patrice Bergeron, Patrick François, Yves Guérette, Gilles Routhier, Martin Yelle, Une Église en sortie. Relecture d’une expérience missionnaire auprès des jeunes. Montréal, Les Éditions Novalis ; Namur, Éditions jésuites, 2018, 155 p.[Record]

  • Michel Nolin

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  • Michel Nolin
    Institut de pastorale des Dominicains, Montréal

Cet ouvrage nous raconte « la sortie » et les découvertes faites en chemin, « lorsqu’elle [Église] se désengourdit un peu » (p. 16). Voilà véritablement un guide que je qualifierais de pratique destiné à ceux et celles qui désirent tenter l’aventure proposée par le pape François dans Evangelii Gaudium, no 24, de se métamorphoser en une Église « en sortie » et de devenir des disciples missionnaires ! Les auteurs ont pris l’invitation du pape François au sérieux et se sont mis en route ensemble en compagnie d’acteurs pastoraux au nombre de 22, qui ont accepté de se laisser interpeller par ce diagnostic troublant : « […] les jeunes sont absents de leurs activités, ou presque ». De ce constat dramatique est née une recherche-action visant à répondre à l’invitation du pape François en « [tentant] de faire du neuf » (p. 15). C’est ainsi « qu’ils ont pris la route et risqué la sortie, sans que leurs craintes disparaissent complètement. […] ils ont même découvert comment devenir une “Église en sortie” » (ibid.) En plus de l’introduction, l’ouvrage comporte cinq chapitres : a) « Se mettre en route », b) « Risquer la route », c) « Déroutés », d) « La route lieu de l’Église », e) « Toujours sur la route ». Il se termine par une conclusion et une annexe qui relate le témoignage de quelques participants. Le titre de chacun de ces chapitres évoque le chemin parcouru et instaure une dynamique nous propulsant au coeur de la recherche, non pas comme des observateurs passifs sur le bord de la route regardant « passer la parade », mais comme des lecteurs dynamiques qui sont invités, eux aussi, à prendre la route avec les auteurs et les participants. On peut déceler chez les auteurs le désir de nous faire saisir de l’intérieur ce qui s’est vécu durant la recherche-action qui s’est échelonnée sur trois ans. C’est ainsi qu’en acceptant de prendre la route avec eux nous risquons, chemin faisant, d’être transformés nous aussi. Dans le premier chapitre, « Se mettre en route » (G. Routhier), nous comprenons combien il est parfois difficile de changer nos habitudes pastorales afin d’aller vers l’inconnu : « Ils [les intervenants en pastorale jeunesse] doivent eux aussi devenir des chercheurs et ne pas se satisfaire des choses apprises » (p. 20). Prendre la route n’est pas chose simple, quelle route ? Les participants décident de « prendre la route des jeunes » (p. 28), car pour eux c’est « la route de l’Église » (p. 29). Ainsi, à l’exemple des disciples de Jésus, ils seront « formés sur la route et c’est là, encore aujourd’hui que le Christ nous rejoindra pour nous former » (ibid.) Dans le deuxième chapitre, « Risquer la route » (P. François et M. Yelle), les participants mettent cette sortie en oeuvre. Elle devra cependant respecter le rythme de chacun d’eux. Le démarrage est timide et le but est de leur permettre « d’expérimenter une manière nouvelle d’habiter la route des jeunes » (p. 43). Plusieurs types de marcheurs apparaissent : le voyageur sédentaire, l’aventurier organisé, le touriste observateur et le routier d’expérience. Au bout de cette première sortie, un retour de mission se fait, une première réflexion s’amorce qui conduit les participants à constater que « la “sortie” ne va pas de soi » et que lors du second cycle, s’appuyant sur l’expérience vécue, ils reconnaissent l’importance de se déplacer, mais aussi que ce mouvement requiert « une posture de réceptivité dans laquelle opérer cette action » (p. 53). Dans …