Revue des revues

Études théâtrales, no 59 (2014)Jeu, nos 150, 151, 152, 153 (2014)Spirale, no 245 (2013)Voix et images, no 115 (2014)[Record]

  • Sara Thibault

L’inquiétude quant à l’avenir du théâtre québécois; la présence des médias au théâtre; les représentations de la Terreur et celles de la mort : voilà autant de sujets qui ont fait l’objet de dossiers dans les revues de langue française depuis l’été 2013. Dans le numéro 245 de la revue Spirale, Gilbert David et Yves Jubinville poursuivent une réflexion sur le théâtre québécois entreprise en 2007, au moment des Seconds États généraux du théâtre professionnel. C’est à une véritable table ronde sur l’état présent du théâtre québécois que nous convient David et Jubinville, qui souhaiteraient voir la création contemporaine évoluer dans de meilleures conditions. Le numéro 245 vise à aller au-delà du diagnostic de sous-financement du théâtre québécois afin de faire ressortir les autres facteurs qui pourraient expliquer l’état critique dans lequel se trouvent les individus et les organismes du milieu. Il présente également un état des lieux de l’institution théâtrale au Québec, afin de prendre acte des tensions et des contradictions qui la touchent. Dans son article, Gilbert David déplore le sous-financement généralisé des conseils des arts municipal, provincial et fédéral. David s’inquiète de la crise de croissance qui frappe l’institution théâtrale : on compte 50 à 70 nouveaux comédiens chaque année et le nombre de producteurs et de compagnies qui demandent leur part de fonds publics augmente. L’auteur soulève aussi que le statut juridique des théâtres les plus subventionnés pose problème, notamment en ce qui a trait à leur gouvernance. Les directions artistiques se renouvellent peu et le théâtre de création est marginalisé au profit d’un théâtre de divertissement. Dans un entretien mené par Gilbert David, Sylvain Bélanger s’exprime sur son nouveau rôle de directeur artistique du Théâtre d’Aujourd’hui. Il affirme que, contrairement à la réalité des années 1970, le répertoire québécois est bien représenté dans les programmations des différents théâtres. Bélanger propose donc de prolonger le mandat du Théâtre d’Aujourd’hui pour lui ajouter une mission « historico-socio-politique ». Il exprime sa volonté d’inscrire la dramaturgie québécoise dans la société, afin qu’elle participe à un projet culturel ancré dans l’Histoire. De son côté, Hervé Guay traite des journaux hebdomadaires des années 1990 et souligne leur rôle important en ce qui a trait à faire connaître les artistes de théâtre. Leur accordant parfois jusqu’à quatre articles par publication, le journal Voir a contribué à faire connaître nombre d’acteurs, de scénographes, de metteurs en scène et de « nouveaux visages » de la relève. Au tournant des années 2000, presque tous les hebdomadaires ont cessé leurs activités. Seul Voir a survécu, mais le journal a modifié son mandat afin d’accorder plus de place au théâtre établi et à la culture marchande. Les quotidiens ont continué de donner de la visibilité à la critique théâtrale dans leurs pages quoique celle-ci soit aujourd’hui restreinte. Guay rappelle aussi que, sauf à leurs débuts, la radio et la télévision ont toujours été réfractaires au théâtre. Seule l’émission La bande des six (1989-1992) a connu un certain succès, davantage grâce aux chroniqueurs vedettes que pour la profondeur des analyses. La Soirée des Masques, diffusée de 1994 à 2007, n’a pour sa part jamais réussi à trouver son public. Guay termine son article en s’attardant à l’impact d’Internet et des réseaux sociaux sur le théâtre, sorte de réflexion préliminaire sur ce qui fera l’objet de deux dossiers de revues publiés en 2014 et dont il sera question plus loin dans le présent article. Dans son texte, Roxanne Martin se penche sur la promotion web, un outil particulièrement utile pour les compagnies moins fortunées. Bien que presque toutes les compagnies théâtrales aient maintenant leur site Internet, …