DossierPrésentation

L’enseignement de l’art dramatique au Québec : convergences et divergences des pratiques pédagogiques[Record]

  • Francine Chaîné and
  • Carole Marceau

Durant les quarante dernières années, plusieurs auteurs se sont penchés sur la question de l’enseignement de l’expression dramatique ou de l’art dramatique en milieu scolaire. La revue de la littérature permet de dégager différents thèmes dominants dont certains sont toujours d’actualité et ont de toute évidence marqué l’évolution des programmes de formation en enseignement de l’art dramatique dans les universités québécoises. Il est d’ailleurs intéressant de constater en quoi ces écrits ont influencé l’évolution de la discipline et en particulier les trois programmes de formation en art dramatique du ministère de l’Éducation du Québec (MEQ, 1971-1972, 1983, 2001-2006-2007). Dans un premier temps, nous dresserons un portrait de cette évolution au regard du questionnement de chercheurs universitaires, ce qui permettra de constater à quel point les recherches semblent être déterminées ou orientées par ces programmes. Par la suite, nous verrons en quoi ceux-ci ont un impact sur la formation des maîtres. Finalement, nous ferons un bref rappel du dernier numéro de L’Annuaire théâtral (1994) portant sur l’art dramatique à l’école, ce qui fait le pont entre hier et aujourd’hui pour nous conduire vers le présent numéro et les articles qui le constituent. Au Québec, l’expression dramatique apparaît de façon officielle dans les programmes d’études du secondaire en 1971, puis au primaire en 1972. L’expression dramatique, selon Gisèle Barret, « est une approche pédagogique par l’action, une pédagogie du vécu, de la situation, de la mouvance, de la créativité, du ludique et de l’interaction » (Barret, 1984a : 27). Elle vise au départ à « créer une atmosphère ludique où, par une série de propositions indirectes, il devient facile pour l’enfant d’entrer en jeu et en relation avec les autres participants du groupe » (Maréchal, 1993 : 73). C’est donc une pédagogie « englobante » qui s’inspire des participants et qui évolue selon le contexte d’enseignement. L’expression dramatique se définit alors comme Cependant, Gisèle Barret, qui participe au comité ministériel chargé de l’élaboration de ces premiers programmes, précise que l’expression dramatique, bien qu’elle puisse « s’exercer n’importe où, n’importe quand, sous n’importe quel objectif […], requiert une animation de qualité » (Barret, 1984a : 28). De ce fait, intéressée par la didactique et le perfectionnement des enseignants, elle crée à l’Université de Montréal les programmes d’enseignement de l’expression dramatique (Certificat, M.Ed., M.A. et Ph.D.). Ceux-ci ont comme principal objectif d’amener l’étudiant à travailler sur son identité de formateur. Durant près de dix ans, l’expression dramatique a réussi à mettre de l’avant « une action relativement officielle, reconnue, diversifiée, représentée à bien des niveaux du curriculum éducatif, avec une structure de soutien et une recherche universitaire qui est, sans doute, l’une des plus développées à l’échelle internationale » (Barret, 1984b : 542). Cependant, certains reprocheront à ce premier programme d’être trop près du développement personnel et trop loin de la formation artistique. De ce programme et de l’apport des chercheurs universitaires, on retient sans nul doute la pédagogie de la situation développée par Barret, qui encore de nos jours inspire les formateurs (Barret, 1986). À la fin des années 1970, les orientations ministérielles changent et des chercheurs universitaires en profitent pour remettre en question les objectifs du programme d’expression dramatique dans les écoles. Selon eux, dont notamment Hélène Beauchamp, « certains enseignants et directeurs confondent l’expression dramatique avec le cours de catéchèse ou, alors, avec le cours de bonnes manières » (Beauchamp, 1979 : 262). Pour cette professeure du Département de théâtre de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), passer de l’expression dramatique, qui favorise davantage le développement personnel, à l’enseignement d’un art à l’école – dont l’art dramatique qui permettra aux jeunes …

Appendices