FR :
L'extrême barbarie de la seconde guerre mondiale, et l'espoir d'une vie différente pour l'humanité, ont amené M. Merleau-Ponty à réfléchir sur le marxisme - théorique d'une part, stalinien d'autre part. Notre projet consiste à suivre son cheminement intellectuel à cet égard depuis ses premiers écrits politiques de '45 jusqu'en I960, quelques mois à peine avant sa mort subite survenue il y a exactement trente ans, en mai 1961. Mais en quoi est-il pertinent, à l'heure où un vent d'Histoire plane sur l'Est, de revenir sur des textes dont certains atteindront bientôt le demi-siècle ? C'est que l'auteur a vu clair avant presque tout le monde, de telle sorte qu'il réussit à identifier, inscrite dès l'origine dans son propre système, l'asphyxie inévitable du régime soviétique. Aussi, lire le Merleau-Ponty de ces années pas si lointaines, c'est lire à notre avis l'URSS de Gorbatchev et voir également s'épanouir la nouvelle Europe depuis Prague jusqu'à Sofia. C'est comprendre du même souffle - ce que n'eût point désavoué Marx - qu'on ne saurait bâillonner indéfiniment, enracinée dans le tissu de l'homme, la Volonté-de-liberté des peuples et des nations.
EN :
The extreme barbarity of the Second World War, and the hope for a different life for Humanity, lead Merleau-Ponty to reflect on marxism, theoretical as well as Stalinian. Our aim is to follow his intellectual progress on this subject since his first political writing, from 1945 until I960, that is, just a few months before his sudden death in may 1961. However, where is the relevance to come back to these fifty years old texts when History blows on eastern countries? Simply because Merleau-Ponty has foreseen the present situation almost before any other analyst, in such a way that he identified successfully the unavoidable asphyxia of the soviet regimen, as inscribed at the very outset of this political system. To read the Merleau-Ponty of these years, it is, do we think, to read the USSR of Gorbatchev, and to see also the new Euro pa to expand, from Prague to Sofia. It is also to understand, by the same occasion - and Marx would not have disavowed it -, that one cannot silence indefinitely the Will of liberty of people and nations which is routed in the nature of man.