Volume 39, numéro 1, 2015 Les Inuit au Labrador méridional The Inuit in southern Labrador Sous la direction de Lisa K. Rankin, Marianne P. Stopp et Amanda Crompton
Sommaire (14 articles)
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Introduction: les Inuit au Labrador méridional / Introduction: The Inuit in southern Labrador
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Bretons, Basques, and Inuit in Labrador and northern Newfoundland: The control of maritime resources in the 16th and 17th centuries
Peter E. Pope
p. 15–36
RésuméEN :
Early Euro-Inuit contacts in Atlantic Canada raise a complex issue in the ethnohistory of resource exploitation. In the 16th century, Breton, Norman, and Basque crews developed a seasonal salt-cod fishery on the coasts of northern Newfoundland and southern Labrador, in about the same period that the Inuit moved southwards along the Labrador coast. The Basques also exploited the Strait of Belle Isle, between Newfoundland and Labrador, for shore-based whaling. Sometime before 1620, Europeans then appear to have withdrawn from Labrador until about 1680, when Canadian merchants based in Quebec began to exploit the Strait for salmon and seals, while French migratory crews edged northwards again from Newfoundland. European withdrawal from Labrador largely coincided with a long-running guerrilla war, waged by the Inuit against Breton and Basque fishermen exploiting Newfoundland’s Great Northern Peninsula. The chronological coincidence suggests that the movement of Inuit into southern Labrador by the end of the 16th century may well have motivated Europeans to avoid this coast through much of the 17th century. French attitudes to the Labrador Inuit can be contextualized by comparison with contemporary understandings of Euro-Inuit relations elsewhere. Inuit attitudes to Europeans are harder to assess but recognition of their struggle for access to resources is a step towards an appreciation of historical Inuit agency.
FR :
Sur la côte atlantique du Canada, les premiers contacts entre Européens et Inuit soulèvent un problème complexe de l’ethnohistoire de l’exploitation des ressources. Au XVIe siècle, les équipages bretons, normands et basques ont développé une industrie saisonnière de pêche et de salaison de la morue sur les côtes du nord de Terre-Neuve et du sud du Labrador, autour de la même période où les Inuit se déplaçaient vers le sud, le long de la côte du Labrador. Les Basques exploitaient également le détroit de Belle Isle, entre Terre-Neuve et le Labrador, pour chasser la baleine à partir du rivage. À un certain moment, avant 1620, les Européens paraissent s’être retirés du Labrador jusque vers 1680, époque où les marchands canadiens de Québec ont commencé à exploiter les saumons et les phoques du détroit, tandis que les équipages saisonniers français effectuaient à nouveau des poussées vers le nord à partir de Terre-Neuve. Le retrait des Européens du Labrador coïncide dans une large mesure avec une longue guérilla menée par les Inuit contre les pêcheurs bretons et basques qui exploitaient la Grande Péninsule du Nord de Terre-Neuve. La coïncidence chronologique laisse penser que le déplacement des Inuit vers le sud du Labrador à la fin du XVIe siècle pourrait bien avoir incité les Européens à éviter cette côte durant la plus grande partie du XVIIe siècle. On peut contextualiser les attitudes des Français envers les Inuit du Labrador en les comparant avec des façons contemporaines d’envisager les relations entre Européens et Inuit dans d’autres lieux. Il est plus difficile de cerner les attitudes des Inuit envers les Européens, mais le fait d’admettre qu’ils luttaient pour avoir accès aux ressources constitue une avancée pour reconnaître l’agir des Inuit dans l’histoire.
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The Inuit archaeology of the Quebec Lower North Shore
William W. Fitzhugh
p. 37–62
RésuméEN :
This paper summarizes a decade of archaeological research demonstrating evidence for periods of year-round Inuit occupation of the Quebec Lower North Shore in the late 17th and early 18th centuries. Excavations at several winter villages replicate settlement patterns at sod house sites in central Labrador, including continuation of a traditional Inuit subsistence and domestic economy while incorporating European materials and artifacts. Finds at the Hare Harbour site on Petit Mécatina Island suggest active Inuit collaboration with a European (probably Basque) whaling and fishing station. The Hare Harbour site is a unique early instance of Inuit-European economic and social enterprise. In the early 1700s the Inuit occupation of the Quebec Lower North Shore came to an abrupt end due to economic competition and hostilities with European and Indian groups that forced Inuit to abandon the coast and retreat north to the core area of Inuit settlement on the central Labrador coast.
FR :
Cet article récapitule une décennie de recherches archéologiques qui démontrent l’occupation permanente de la Basse-Côte-Nord du Québec par les Inuit à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècles. Les résultats des fouilles de plusieurs villages occupés l’hiver ont démontré des modes d’établissement dans des maisons de tourbe similaires à ceux du centre du Labrador, incluant une continuation du mode de subsistance et de l’économie domestique inuit traditionnels incorporant des matériaux et artéfacts européens. À l’île du Petit Mécatina, le site de Hare Harbour suggère une collaboration inuit avec une station européenne (probablement basque) de chasse à la baleine et de pêche. Le site de Hare Harbour constitue un exemple unique d’une des premières entreprises socioéconomiques inuit-européennes. Au début des années 1700, l’occupation inuit de la Basse-Côte-Nord s’arrêta brusquement à la suite d’une concurrence économique et d’hostilités avec des Européens et des groupes amérindiens. Les Inuit furent alors contraints d’abandonner la côte et de se retrancher vers le nord, leur territoire d’origine sur la côte centrale du Labrador.
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Faceted Inuit-European contact in southern Labrador
Marianne P. Stopp
p. 63–89
RésuméEN :
Archaeological evidence from three sites excavated or tested between 2009 and 2013 is shown to be valuable for interpreting the diverse nature of the early Inuit-European contact zone in southern Labrador. Beginning in the late 17th century, French and then English archival records for the region describe relations with Inuit that were motivated by trade but that repeatedly devolved into violence. Indeed, if only the historical records were available we would learn little of the range of Inuit responses to colonialism other than its context of aggression. The archaeological data, in contrast, decolonize this history and point to a more nuanced contact landscape than suggested by the written records, with clues to varied cultural intersections, and Inuit resilience and persistence.
FR :
Nous présentons ici les découvertes archéologiques effectuées dans trois sites fouillés ou sondés entre 2009 et 2013 et nous montrons leur intérêt pour l’interprétation de la nature diverse des premiers contacts entre Inuit et Européens dans la zone de contact du sud du Labrador. À partir de la fin du XVIIe siècle, les documents français puis anglais portant sur cette région décrivent, en parlant des Inuit, des relations qui étaient motivées par la traite mais qui tournaient régulièrement à la violence. De fait, si nous ne disposions que des documents d’archives, nous ne pourrions pas apprendre grand-chose de léventail des réponses apportées par les Inuit au colonialisme en-dehors de ce contexte d’agression. En contraste, les données archéologiques décolonisent l’histoire et montrent un paysage de contacts plus nuancé que ne le suggèrent les écrits des archives, avec des indices qui mènent à diverses intersections culturelles et qui montrent également la résilience et la ténacité des Inuit.
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Identity markers: Interpreting sod-house occupation in Sandwich Bay, Labrador
Lisa K. Rankin
p. 91–116
RésuméEN :
Documentary evidence suggests that Inuit were present in the Strait of Belle Isle by the late 16th century, yet the archaeological evidence for Inuit settlement in southern Labrador is sparse. Inuit sites are difficult to recognize south of Nunatsiavut, where 19th-century Inuit-Métis families and seasonal Newfoundland fishers occupied settlements that leave similar archaeological surface-traces. In 2009 a SSHRC-funded Community-University Research Alliance was initiated to examine Inuit history in southern Labrador. One of the primary goals of the research was to develop archaeological criteria to distinguish between these ethnically distinct settlements. This paper presents the results from several seasons of research in Sandwich Bay, Labrador. It uses data from community interviews, archaeological surveys, and excavations at four Inuit settlements, one Inuit-Métis house, and one Newfoundland fishery camp to help resolve the issue of site ethnicity for the area immediately south of Hamilton Inlet. Site location and house and site features are used to increase confidence in Inuit site classification and to provide strategies for targeted test-excavations elsewhere in southern Labrador and on the Quebec North Shore. The results of the research also allow for a better understanding of the nature and extent of Inuit occupation in Sandwich Bay.
FR :
Les preuves écrites suggèrent que les Inuit étaient présents dans le détroit de Belle Isle à la fin du XVIe siècle, mais les vestiges archéologiques de l’occupation inuit du Labrador méridional sont rares. Les sites inuit sont difficiles à reconnaître au sud du Nunatsiavut où, au XIXe siècle, les familles de Métis inuit et les pêcheurs saisonniers de Terre-Neuve occupaient des établissements laissant des traces archéologiques similaires en surface. En 2009, une Alliance de recherche universités-communautés financée par le CRSH a été lancée pour étudier l’histoire des Inuit au Labrador méridional. Un des principaux objectifs de la recherche était de déterminer des critères archéologiques afin de distinguer ces établissements ethniquement différents. Cet article présente les résultats de plusieurs saisons de recherche dans la baie Sandwich, Labrador. Il utilise des données recueillies par des entrevues communautaires, des reconnaissances archéologiques et des fouilles dans quatre établissements inuit, une maison de Métis inuit et un camp de pêcheurs de Terre-Neuve, pour aider à résoudre la question de l’ethnicité des sites dans la région immédiatement au sud de Hamilton Inlet. On emploie ici l’emplacement des sites et les caractéristiques des maisons et des sites pour aider à résoudre la classification de sites inuit et pour fournir des stratégies de sondages ailleurs dans le sud du Labrador méridional et la Côte-Nord du Québec. Les résultats de la recherche nous permettent également de mieux comprendre la nature et l’étendue de l’occupation inuit dans la baie Sandwich.
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“They have gone back to their country”: French landscapes and Inuit encounters in 18th century southern Labrador
Amanda Crompton
p. 117–140
RésuméEN :
Although French and Basque fishing and whaling crews had been coming to southern Labrador since the early sixteenth century, colonization in a more permanent form would not begin until the late 17th and early 18th centuries. Emerging as an outgrowth of similar colonial efforts along Quebec’s Lower North Shore, colonization of Labrador was driven by Canadian interests and administered by colonial officials in Québec. However, the simple possession of Labrador landscapes was not equivalent to their successful exploitation. Detailed study of one land grant in Red Bay-St. Modet demonstrates how tenuous the possession of lands in Labrador could be, whether challenges came from French rivals or from Inuit raids. This article uses historical, cartographic, and archaeological evidence to discuss how the French established, contested, and used Labrador land concessions, and explores how Inuit reacted to the increasing encroachments of the French.
FR :
Même si les équipages français et basques de pêche et de chasse à la baleine se rendaient au Labrador méridional depuis le début du XVIe siècle, la colonisation sous une forme plus permanente n’a pas commencé avant la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècles. Faisant figure d’excroissance des efforts coloniaux le long de la Basse-Côte-Nord du Québec, la colonisation du Labrador a été motivée par des intérêts canadiens et régie par les administrateurs coloniaux de Québec. Toutefois, le simple fait de posséder des territoires au Labrador ne signifiait pas la réussite de leur exploitation. L’analyse détaillée d’une concession allant de la baie Rouge (aujourd’hui Red Bay) à Saint-Modet montre à quel point la possession de terres au Labrador était précaire, que les difficultés aient été causées par des concurrents français ou par des attaques d’Inuit. Cet article utilise des données historiques, cartographiques et archéologiques pour discuter des moyens par lesquels les Français ont établi, disputé et utilisé leurs concessions, ainsi que de la manière dont les Inuit ont réagi à la fréquence croissante des intrusions françaises.
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Missionaries, merchants, and Inuit entrepreneurs: An examination of trade relations along the Labrador coast
Amelia Fay
p. 141–164
RésuméEN :
The study of Inuit-European contact in Labrador has often divided the coast into north and south, creating a dichotomy that ignores Inuit mobility and emphasizes the arrival and placement of Europeans along the coast. This has caused some researchers to focus too heavily on missionary trade involvement in the north while ignoring merchant activity in the south, and vice versa. This paper seeks to provide further evidence in support of Inuit entrepreneurs as catalysts for the abundance and diversity of European-made trade goods along the coast, rather than the missionaries or merchants themselves. This study presents an analysis of four Inuit dwellings dating from the mid-18th through early 19th centuries, both pre- and post- missionary arrival, from two distinct regions: Nain and Hamilton Inlet. The results show no significant difference in the quantity of trade goods between the two regions, either before or after the arrival of Moravian missionaries. There may have been another factor at work: influential Inuit traders who were a key component of the trade network, who likely rose to entrepreneurial status prior to the arrival of missionaries, and who continued to move items along the coast thereafter. Thus, the increasing European presence did not largely affect the trade network that had emerged by the early 18th century, aside from providing the Inuit population with access to additional resources and more options.
FR :
Dans l’étude des contacts entre Inuit et Européens au Labrador, la côte a souvent été divisée entre ses parties nord et sud, et cette dichotomie rendait aveugle à la mobilité des Inuit tout en conférant plus d’importance à l’arrivée et à l’implantation des Européens le long de la côte. Cette situation a fait en sorte que certains chercheurs ont trop mis l’accent sur l’implication des missionnaires dans la traite dans le nord tout en ignorant les activités commerciales dans le sud, et inversement. Cet article cherche à fournir de nouvelles données pour appuyer l’idée que ce sont les entrepreneurs inuit qui ont été les catalyseurs, le long de la côte, de l’abondance et de la diversité des marchandises fabriquées en Europe, plutôt que les missionnaires ou les commerçants eux-mêmes. Cet article présente l’analyse de quatre habitations inuit datant du milieu du XVIIIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle, soit antérieures et postérieures à l’arrivée des missionnaires, dans deux régions distinctes, Nain et Hamilton Inlet. Les résultats montrent qu’il n’existe aucune différence significative dans la quantité des marchandises de traite entre les deux régions, que ce soit avant ou après l’arrivée des missionnaires moraves. Cela indique qu’il y avait un autre facteur à l’oeuvre, corroborant l’idée que les traiteurs inuit influents ont été un élément clé des réseaux commerciaux car il est probable qu’ils avaient atteint le statut d’entrepreneurs avant l’arrivée des missionnaires et qu’ils ont continué à transporter des marchandises le long de la côte après cela. Par conséquent, le réseau commercial apparu au début du XVIIIe siècle n’a pas souffert, semble-t-il, de l’accroissement de la présence européenne, celle-ci donnant en outre à la population inuit un accès à des ressources supplémentaires et à davantage d’options.
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Labrador Inuit and their arrow shafts
Greg Mitchell
p. 165–188
RésuméEN :
From the 16th to 18th centuries, Labrador Inuit seem to have valued softwoods (from coniferous tree boles) for the manufacture of arrows and darts used in hunting and warfare. Microscopic examination of Inuit arrow shafts from the Twin Island 3 site (EkBc-07) in Red Bay shows that balsam fir (Abies balsamea) was the preferred species for these purposes in the 16th century. Balsam fir is found in abundance in the inner bays of southern Labrador and was easily accessible to Inuit. However, archival sources indicate that by the 18th century Labrador Inuit desired another species of softwood for arrow and dart shafts, one that grew only on the island of Newfoundland. I propose that the sought-after species was one, or both, of the two pine species growing in central Newfoundland (Pinus strobus or Pinus resinosa). Procurement of pine wood from Newfoundland would add another dimension to the established mobility and trading patterns of Inuit in southern Labrador. Conflicts with Europeans during the 16th through 18th centuries in the Strait of Belle Isle and the Petit Nord (on Newfoundland’s Great Northern Peninsula) may, in part, have been a result of the disruption in these travel and harvesting patterns. I suggest that iron products and wooden shallops (boats) from southern Labrador and northern Newfoundland were not the only “southern” commodities actively sought by Inuit during the early stages of European occupation; central Newfoundland’s pine wood was also important for manufacture of arrow shafts.
FR :
Du XVIe au XVIIIe siècle, il semble que les Inuit du Labrador aient prisé les bois tendres des troncs de conifères pour fabriquer les flèches de différentes tailles qu’ils utilisaient à la chasse et à la guerre. L’examen au microscope des hampes de flèches inuit du site Twin Island 3 (EkBc-07) de Red Bay montre que l’espèce de prédilection pour cette fonction, au XVIe siècle, était le sapin baumier, Abies balsamea. Le sapin baumier pousse en abondance dans les baies très échancrées du Labrador méridional et les Inuit pouvaient facilement s’en procurer. Cependant, des sources d’archives mentionnent qu’au XVIIIe siècle, les Inuit du Labrador désiraient d’autres espèces de bois tendres pour leurs flèches, bois qui ne poussaient que sur l’île de Terre-Neuve. J’émets l’hypothèse que les espèces recherchées étaient l’une ou l’autre des deux espèces de pins qui poussent au centre de Terre-Neuve (Pinus strobus ou Pinus resinosa), voire les deux. Le fait qu’ils se soient procurés du bois de pin à Terre-Neuve ajoute une nouvelle dimension à la mobilité et aux schémas commerciaux des Inuit dans le Labrador méridional. Les conflits avec les Européens au cours du XVIe siècle et jusqu’au XVIIIe siècle dans le détroit de Belle-Isle et le Petit-Nord (dans la Grande Péninsule du Nord de Terre-Neuve) pourraient en partie avoir résulté d’une perturbation de ces schémas de déplacement et de récolte. Je suggère que les objets en fer et les chaloupes en bois du sud du Labrador et du nord de Terre-Neuve n’étaient pas les seules marchandises «méridionales» que cherchaient à se procurer les Inuit durant les premiers stades de l’occupation européenne; le bois de pin du centre de Terre-Neuve était également important pour la fabrication des hampes de flèches.
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English-Inuit hostilities at Cape Charles (Labrador) in 1767
Hans J. Rollmann
p. 189–199
RésuméEN :
In 1767, three English fishers associated with Nicholas Darby’s fishing and trading enterprise in southern Labrador were killed by Inuit. In response to this violence, a contingent of British soldiers from newly established York Fort pursued the alleged perpetrators, killed several, and captured others. Among the captives was an Inuk woman named Mikak as well as the future first Moravian Inuk convert, the youth Karpik. The hostilities of 1767 cannot be fully explored merely by following the narrative of colonial authorities and traders. If the Moravian records are consulted, the notorious murder near Cape Charles in 1767 appears to have had a more complex causation than has hitherto been suggested, one that may include some European culpability in these events. Instead of the unprovoked murder of three Europeans by Inuit during a robbery, it may have been a violent act of self-defence to prevent the theft of Inuit trading goods by English fishers. Whatever the original motivation for the killings of Nicholas Darby’s men may have been, the 1767 melee remains an important historical event in Labrador, which occurred during a decade that saw British legal and administrative changes reshape European relations with Inuit and a lasting Moravian presence on Labrador’s north coast established.
FR :
En 1767, trois pêcheurs anglais associés à l’entreprise de pêche et de traite de Nicholas Darby, au sud du Labrador, furent tués par des Inuit. En riposte, un détachement de soldats britanniques du fort York nouvellement créé se lança à la poursuite des meurtriers présumés, en tua plusieurs et fit prisonniers les autres. Parmi ces derniers se trouvaient une inuk nommée Mikak, ainsi que le futur premier converti inuk de l’Église morave, l’adolescent Karpik. Pour comprendre les hostilités de 1767, on ne peut se contenter de suivre le récit des autorités coloniales et des traiteurs. Après consultation des archives moraves, le fameux assassinat des environs du cap Charles en 1767 semble avoir eu des causes plus complexes qu’on ne l’avait pensé jusqu’ici, l’une d’elles suggérant que les Européens auraient pu être quelque peu coupables dans cet évènement. Au lieu d’être le meurtre gratuit de trois Européens par des Inuit au cours d’un vol, il se pourrait qu’il se fût agi d’un acte de légitime défense des Inuit voulant empêcher les pêcheurs anglais de leur voler leurs marchandises de traite. Mais quel qu’ait été le motif à l’origine de la mort des hommes de Nicholas Darby, cet évènement de l’année 1767 a pris une importance historique au Labrador, d’autant plus qu’il s’est produit durant la décennie de l’implantation de la législation et de l’administration britanniques qui ont modifié les relations des Européens avec les Inuit, parallèlement à l’établissement d’une présence morave de longue durée sur la côte nord du Labrador.
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L’héritage culturel inuit au Labrador méridional au XIXe siècle
Paul Charest
p. 201–224
RésuméFR :
Dans le cadre de cet article, la sous-aire culturelle du Labrador méridional comprend les régions du Sud-Labrador, du détroit de Belle-Isle et de la Basse-Côte-Nord du golfe du Saint-Laurent. Après avoir documenté la présence historique d’Inuit et de Métis euro-inuit dans cette région au XIXe siècle, l’héritage culturel inuit maintenu et transmis à cette période est exposé en huit thèmes: le mode de vie généraliste; le double habitat et la transhumance; le groupe résidentiel; la maison de tourbe; l’économie du phoque; l’économie commerciale; les moyens de transport; les vêtement et accessoires en peau de phoque. Cet héritage culturel inuit combiné à l’héritage amérindien et à l’héritage euro-canadien a contribué à façonner la culture métisse unique qui est celle du Labrador méridional.
EN :
For this paper, the southern Labrador sub-cultural area includes the regions of the south Labrador coast, the Strait of Belle Isle, and the Lower North Shore of the Gulf of St. Lawrence. Following a presentation of the historical presence of Inuit and Euro-Inuit Métis in this region in the 19th century, the Inuit cultural heritage is presented under eight headings: generalist way of life; alternating habitats and transhumance; residential group; sod house; seal economy; market economy; means of transportation; and sealskin clothing and accessories. Combined with the Amerindian and Euro-Canadian heritages, this Inuit cultural heritage has contributed to the making of the unique Métis culture of southern Labrador.
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Being and becoming Inuit in Labrador
John C. Kennedy
p. 225–242
RésuméEN :
Longitudinal research enables discussion of some of the consequences of Aboriginal organizations and identity politics for the Inuit and mixed Inuit-European peoples of Labrador. Newfoundland and Labrador Indians formed the province of Newfoundland and Labrador’s first Aboriginal organization, soon followed by a second, Inuit organization. The mixed Inuit-European “Settlers” (or Kablunângajuit) of northern Labrador initially preferred the Indian organization but were pressured to join and later would dominate the Inuit organization. Moreover, under the 2003 Inuit land claim, Kablunângajuit would legally be considered Inuit. Further south, people of similar mixed Inuit-European ancestry who long denied their Aboriginal roots would organize as Metis. Concurrent with the more than 40 years of identity politics, summarized by this paper, were major international and regional socio-economic changes that saw people move from local to distant work, creating new contexts for identity management. The paper shows how identity politics has changed relations of power and identity, has increased the numbers of people who are legally Inuit or aspire to be so, and, more generally, empowers Aboriginal people to shape their future.
FR :
La recherche longitudinale permet de discuter de certaines des conséquences qu’ont pu avoir les organisations autochtones et les politiques identitaires sur les populations inuit et métisse euro-inuit du Labrador. Les Amérindiens de Terre-Neuve et du Labrador ont constitué la première organisation autochtone de la province de Terre-Neuve-et-Labrador, bientôt suivis par une seconde organisation, celle des Inuit. Les «colons» métis euro-inuit (ou Kablunângajuit) du nord du Labrador préféraient à l’origine l’organisation amérindienne, mais ils subirent des pressions pour se joindre à l’organisation inuit qu’ils allaient plus tard dominer. En outre, d’après l’entente sur les revendications territoriales inuit de 2003, les Kablunângajuit peuvent être considérés comme Inuit sur le plan légal. Plus loin au sud, les gens d’ascendance similaire euro-inuit, qui ont longtemps nié leurs racines autochtones, s’organisaient en tant que Métis. Parallèlement aux 40 années et plus de politiques identitaires résumées dans cet article, de considérables changements socioéconomiques internationaux et régionaux ont poussé les gens qui travaillaient localement à partir travailler au loin, ce qui a créé de nouveaux contextes d’organisation de l’identité. Cet article montre en quoi les politiques identitaires ont modifié les relations de pouvoir et d’identité, ont fait augmenter le nombre des gens qui sont légalement inuit ou aspirent à l’être, et, sur un plan plus général, ont conféré aux Autochtones le pouvoir de façonner leur avenir.
Recensions / Book reviews
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KRUPNIK, Igor and Michael CHLENOV, 2013 Yupik Transitions: Change and Survival at Bering Strait, 1900-1960, Fairbanks, University of Alaska Press, 400 pages
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THOMPSON, Judy, 2013 Women’s Work, Women’s Art: Nineteenth Century Northern Athapaskan Clothing, Montreal and Kingston, McGill-Queen’s University Press, Gatineau, Canadian Museum of Civilization, 307 pages