Résumés
Abstract
This article engages with Canadian ‘right to shelter’ discourse, with a focus on shared assumptions that do crucial work but are sometimes unstated. It offers a ‘chrono-political’ framework to organize various claims made in the courtroom, in legal academic commentary, and by homeless people themselves. People sleeping outdoors have had noteworthy success in court, preventing immediate bodily peril. However, the ‘emergency’ temporality in those cases ultimately offers a limited politics. The author evaluates proposals from legal academics who therefore prescribe court orders that aim to transcend emergency protection: the state ought proactively to provide some minimal level of shelter to everyone, thereby conjoining the emergency temporality with a longer term ‘progressive’ temporality. However, it is argued that these proposals insufficiently formulate how judges understand their institutional role and the extent to which courtroom doctrine can redirect wider neoliberal trends. Regulative assumptions about ‘gradual improvement’ in the law must themselves be interrogated. As an antipode for the courtroom emergency temporality, a ‘dissensual’ temporality is explored, not as a ‘solution,’ but as an already operant politics, one not previously explored in legal academic commentary on the ‘right to shelter.’ Never to be romanticized, the tent city is nonetheless seen to enact what Jacques Rancière terms ‘dissensus,’ in which participants stage their equality in a way that calls into question the existing arrangement of political intelligibility. Amidst present constraints, dissensus discloses an expansive nonlinear temporality that channels egalitarian predecessors, taking feasible action in the present and attempting to prefigure a more equal future dwelling arrangement.
Résumé
Le présent article traite du discours canadien sur le « droit au logement », qui met l’accent sur les hypothèses partagées qui font un travail essentiel mais qui sont parfois inexprimées. Il offre un cadre « chrono-politique » permettant d’organiser diverses réclamations présentées en salle d’audience, dans les commentaires des professeurs de droit, ainsi que par les sans-abri eux-mêmes. Les personnes qui dorment dehors ont connu un succès remarquable devant les tribunaux, évitant ainsi des préjudices corporels immédiats. Cependant, la temporalité d’« urgence » dans ces affaires offre finalement un horizon politique limité. L’auteur évalue les propositions des professeurs de droit qui prescrivent donc des ordonnances judiciaires visant à transcender la protection d’urgence : l’État devrait fournir de façon proactive un certain niveau de logement minimal à tous, unissant ainsi la temporalité d’urgence à une temporalité « progressive » à plus long terme. Toutefois, il est soutenu que ces propositions exposent inadéquatement la façon dont les juges perçoivent leur rôle institutionnel et la mesure dans laquelle la doctrine de la salle d’audience peut réorienter des tendances néolibérales plus générales. Les hypothèses régulatrices au sujet d’une « amélioration graduelle » du droit doivent elles-mêmes être examinées. En tant qu’antipode de la temporalité d’urgence de la salle d’audience, une temporalité « dissensuelle » est étudiée, non pas comme « solution », mais comme politique déjà opérante, qui n’a pas encore été examinée dans les commentaires des professeurs de droit sur le « droit au logement ». Bien qu’il ne doive jamais être idéalisé, le village de tentes est néanmoins considéré comme mettant en œuvre ce que Jacques Rancière appelle la « dissension », dont les participants affichent leur égalité d’une manière qui remet en question l’arrangement existant de l’intelligibilité politique. Malgré les contraintes actuelles, la dissension révèle une vaste temporalité non linéaire, en canalisant les prédécesseurs égalitaires, en prenant des mesures réalisables dans le présent et en tentant de préfigurer un arrangement plus égal en matière de logement pour l’avenir.