Windsor Yearbook of Access to Justice
Recueil annuel de Windsor d'accès à la justice
Volume 36, 2019
Sommaire (15 articles)
SPECIAL SECTION: CORPORATE SOCIAL RESPONSIBILITY
SPECIAL SECTION: ARTICLES
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Green Illusions: Governing CSR Aesthetics
Benjamin J. Richardson
p. 3–35
RésuméEN :
This article makes a novel argument that governance of corporate environmental activities should recognize that the business corporation is an aesthetic phenomenon, including the environmental practices and communications undertaken in the name of “corporate social responsibility” [CSR]. Corporate identities and CSR practices are aesthetically projected through logos, trademarks, websites, the presentation of products and services, stylish offices, company uniforms, and other aesthetic artefacts. This corporate “branding” dovetails with the broader aestheticization of our pervasive media and consumer culture. Aesthetics has particular salience in CSR for influencing, and sometimes misleading, public opinion about corporate environmental performance. Consequently, in disciplining unscrupulous corporate behaviour, governance methods must be more responsive to such aesthetic characteristics. The green illusions of business communications create difficulties for regulation, which is better suited to disciplining discrete misleading statements about retailed products or trademarks rather than tackling the broader aesthetic character of business and the marketplace. The article suggests that non-state actors who are more sensitive to aesthetics can help to fill some of this governance void. The “counter-aesthetic” strategies of social and environmental activist groups can inject a subversive narrative that can help to unmask these green illusions. Although the history of such tactics suggests they probably have only a modest effect in challenging corporate deception, the law can assist by protecting public spaces from corporate marketing and sponsorship.
FR :
Cet article présente une argumentation novatrice selon laquelle la gouvernance des activités pro-environnementales des entreprises devrait reconnaître que la société commerciale est un phénomène esthétique, notamment au chapitre des pratiques et opérations de communication environnementales mises en œuvre au nom de la « responsabilité sociale de l’entreprise ». L’identité de l’entreprise et ses pratiques en matière de responsabilité sociale sont projetées esthétiquement dans les logos, les marques déposées, les sites internet, dans la présentation des produits et services proposés, dans des bureaux aménagés avec style, les uniformes de ses employés et d’autres objets de facture esthétique. Cette stratégie de marque s’inscrit dans l’esthétisation générale de la culture médiatique et de consommation envahissante qui est la nôtre. En matière de responsabilité sociale de l’entreprise, l’esthétique a une importance particulière parce qu’elle sert à influencer et parfois à berner l’opinion publique quant au bilan environnemental d’une entreprise. En conséquence, pour corriger une conduite peu scrupuleuse de l’entreprise, les méthodes de gouvernance doivent être mieux adaptées à ce type de caractéristiques esthétiques. Les vertes illusions des communications d’entreprise compliquent la réglementation, qui convient mieux pour sanctionner les discrètes affirmations trompeuses portant sur les produits vendus au détail ou sur les marques déposées que pour s’attaquer au caractère esthétique général des affaires et du marché. L’article laisse entendre que les acteurs non étatiques dotés d’une sensibilité supérieure à l’esthétique peuvent contribuer à combler un peu ce vide de gouvernance. Les stratégies de « contre-esthétique » des groupes militants sociaux et écologistes peuvent introduire un discours subversif qui aide à démasquer ces vertes illusions. Bien que l’histoire de telles tactiques donne à penser qu’elles n’ont probablement qu’un effet limité sur la remise en cause de la tromperie des entreprises, le droit peut offrir un soutien en protégeant les espaces publics contre le marketing et la commandite d’entreprise.
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Dominium and The Empire of Laws
Fenner L. Stewart
p. 36–62
RésuméEN :
Civic republicanism endorses a freedom ideology that can support the corporate social responsibility movement [CSR] in some of the challenges it faces. This article is a call for CSR to embrace this normative guidance as a superior alternative to mainstream liberalism. Part I is the introduction. Part II discusses the institutional changes that gave rise to CSR’s present incarnation. Part III builds upon this discussion, explaining how corporate risk management strategies pose a threat to CSR’s persuasive authority today. It then considers CSR’s options for enhancing governance when such persuasive authority is not available. It determines that inspiring integrity – above all else – is integral to success and that, in turn, the removal of moral distance is key to inspiring such integrity. It also notes that whether a form of coercive authority exists or not to back a governance mechanism, the removal of moral distance will be key to its effectiveness. Part IV notes that efforts to remove moral distance have been attempted since the 1970s, but time has proven that business actors have been resilient to meaningful change. It argues that this failure to reduce moral distance is, in part, the result of mainstream liberalism, which continues to nullify such efforts to make business actors feel more accountable for the impacts of their decision-making. It then explores liberalism, detangling the meaning of possibly the most contested, and normatively powerful, concept from the twentieth century to the present. Part V explains civic republicanism. It then explores civic republicanism’s conceptual proximity to liberalism. Part VI makes the case for why civic republicanism ought to amend the liberal message, recasting the rights and responsibilities of both imperium (that is, the authority of the sovereign) and dominium (that is, the private authority usually emanating from property and contract) within society. Part VII concludes with a short reflection on the ground covered.
FR :
Le républicanisme civique souscrit à une idéologie de liberté qui peut soutenir le mouvement en faveur de la responsabilité sociale de l’entreprise dans certaines difficultés qu’il affronte. Cet article exhorte le mouvement en question à adopter cette orientation normative, présenté comme une avenue supérieure au libéralisme traditionnel. La deuxième partie de l’article traite des changements institutionnels qui ont donné naissance à l’actuelle incarnation du mouvement en faveur de la responsabilité sociale de l’entreprise. La troisième partie de l’article approfondit le débat en expliquant comment les stratégies de gestion des risques des entreprises constituent de nos jours une menace pour la force de persuasion du mouvement en faveur de la responsabilité sociale de l’entreprise. On se penche ensuite sur les options qui s’offrent au mouvement pour renforcer la gouvernance lorsqu’il est privé de pouvoir de persuasion. On conclut qu’insuffler le désir d’intégrité – par-dessus tout – est capital pour la réussite et que l’abolition de la distance morale est, pour sa part, la clé du désir d’intégrité. En outre, qu’un mécanisme de gouvernance soit soutenu ou non par une autorité coercitive, l’abolition de la distance morale sera la clé de l’utilité de ce mécanisme, souligne-t-on. Dans la quatrième partie de l’article, on fait remarquer qu’on tente depuis les années 70 d’abolir la distance morale mais le temps a démontré que les acteurs des milieux d’affaires résistent à un véritable changement. L’auteur soutient que l’échec de ces tentatives est en partie le résultat du libéralisme traditionnel, qui continue de rendre vains les efforts visant à donner aux acteurs des milieux d’affaires le sens de leur responsabilité dans les répercussions de leurs décisions. L’auteur se penche ensuite sur le libéralisme pour démêler la signification de ce qui est peut-être le concept le plus contesté et le plus puissant sur le plan normatif depuis le XXe siècle jusqu’à ce jour. Dans la cinquième partie de l’article, il explique ce qu’est le républicanisme civique, puis on se penche sur la proximité de ce concept avec le libéralisme. Dans la sixième partie, il fait valoir pourquoi le républicanisme civique devrait corriger le message libéral et redéfinir les droits et responsabilités qui se rattachent à l’imperium (le pouvoir du souverain) et au dominium (le pouvoir privé émanant habituellement de la propriété et d’un contrat) dans la société. La septième partie conclut l’article par une brève réflexion sur la matière couverte.
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The Impact of Whistleblowing Awards Programs on Corporate Governance
Janet Austin et Sulette Lombard
p. 63–83
RésuméEN :
Since the introduction of a whistle-blower awards program by the US Securities and Exchange Commission in 2010, securities regulators in other countries, including Canada, have adopted, or are considering adopting, similar programs. For example, in 2016, the Ontario Securities Commission adopted its own whistle-blower award program. Although the primary main reason for these programs is to encourage the reporting of securities violations to the regulator, they could also have an impact on corporate governance. This is because the implementation of such a program may prod companies to design, and then instigate, a more effective internal whistle-blowing system. A truly successful internal whistle-blowing system can enable a company to detect and correct potential wrongdoing before it causes significant harm. This article closely examines this connection between whistle-blowing award programs, companies’ compliance and risk management systems, and how a whistle-blowing award program might well result in more effective internal whistle-blowing systems without the need for a regulator to resort to the imposition of prescriptive rules. As such, this article reflects upon how whistle-blower award programs fit within new governance regulatory theory that challenges traditional “command-and-control-type”regulation in favour of an outcome-driven approach.
FR :
Depuis que la US Securities and Exchange Commission a introduit un programme de primes de dénonciation d’abus en 2010, les organismes de surveillance des valeurs mobilières d’autres pays, dont le Canada, se sont dotés ou envisagent de se doter de programmes semblables. Ainsi, la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario s’est dotée du sien en 2016. Certes, ces programmes ont pour principale raison d’être d’encourager la dénonciation des violations relatives aux valeurs mobilières auprès des organismes de surveillance mais ils peuvent également avoir un effet sur la gouvernance d’entreprise. C’est que la mise en œuvre d’un programme de cet ordre peut inciter les entreprises à concevoir et à mettre en place un meilleur système interne de dénonciation des abus. Lorsqu’il fonctionne bien, ce genre de système peut permettre à une entreprise de détecter les éventuels actes illicites et de prendre des mesures correctives avant que des dégâts importants ne soient faits. Dans cet article, les auteures se penchent sur le lien entre les programmes de primes de dénonciation d’abus, la conformité des entreprises et les systèmes de gestion des risques d’une part et sur la façon dont ces programmes permettent d’améliorer les systèmes internes de dénonciation d’abus sans qu’un organisme de surveillance ait à imposer des règles normatives. À ce titre, cet article est une réflexion sur la manière dont les programmes de primes de dénonciation d’abus s’imbriquent dans la nouvelle théorie de réglementation de la gouvernance, qui remet en question la méthode de « commandement et contrôle » et privilégie une démarche axée sur le résultat.
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The Global Social Enterprise Lawmaking Phenomenon: State Initiatives on Purpose, Capital, and Taxation
Carol Liao, Elsir U. Tawfik et Pat Teichreb
p. 84–114
RésuméEN :
New laws designed to foster and govern social enterprises are propagating throughout the world. Beyond American initiatives, relatively little has been written to date on the global contagion of lawmaking to address the burgeoning field of social enterprise. Increased corporate lobbying to transplant American “benefit” corporation legislation into other countries, with little sensitivity towards existing legal ecosystems in those nations, has generated an urgency to broaden the literature and unearth the wide range of social enterprise law initiatives occurring across the globe. This article identifies over 40 state initiatives across 30 countries to distinguish this international movement. Critical thematic issues are identified from the available data, in hopes of shifting the focus away from private American interests in non-US countries and adding new knowledge to the development of social enterprise law and policies in the years ahead. This article begins by detailing various ways in which states have defined the purpose of social enterprise and social enterprise-type businesses, including how jurisdictions have experimented between state-run certifications and separate corporate legal structures to meet growing demands from particular sectors and stakeholders. We find that most jurisdictions require social enterprises to have a specific social purpose designed to serve the targeted needs of specific sectors, marginalized groups, and/or vulnerable communities. Next, we examine how new state legislation has sought to ease or restrict capital access for these social enterprises. Finally, we provide a detailed overview of various tax initiatives explored by states to promote and foster social enterprises. We suggest that lawmakers proceed with caution in the development of social enterprise laws, particularly when they are in response to private interest groups, and engage in fulsome discussions on the range of available legal methods to foster social enterprise within their jurisdictions.
FR :
Partout dans le monde sont créées des lois conçues pour promouvoir et régir les entreprises à vocation sociale. Outre des initiatives américaines, on a relativement peu écrit sur la fièvre, mondialement contagieuse, d’édiction de lois dans le domaine en plein essor des entreprises à vocation sociale. En raison d’un lobbyisme d’entreprise accru en faveur d’une transposition à l’étranger de lois américaines régissant les organisations d’intérêt public, transposition peu soucieuse des systèmes juridiques existants dans ces pays, il est urgent d’enrichir la documentation écrite et de mettre au jour le vaste ensemble d’initiatives législatives mises en œuvre partout dans le monde en matière d’entreprises à vocation sociale. Pour définir la nature de ce mouvement international, cet article présente plus de 40 initiatives d’État mises en œuvre dans 30 pays. À partir des données disponibles, les auteurs cernent les enjeux thématiques capitaux dans l’espoir de détourner l’attention des intérêts américains privés à l’extérieur des États-Unis et d’apporter de nouvelles connaissances en matière d’élaboration de lois et de mesures régissant les entreprises à vocation sociale dans l’avenir. Cet article commence par une description détaillée des diverses définitions que les États donnent du but des entreprises à vocation sociale et de celles qui ont une vocation semblable, notamment des expériences menées par les administrations, qui ont choisi tantôt un système d’homologation régi par l’État, tantôt des structures juridiques organisationnelles distinctes pour répondre aux exigences croissantes de secteurs et d’intervenants particuliers. On conclut que la plupart des administrations demandent aux entreprises à vocation sociale d’avoir un but social précis, défini en fonction des besoins ciblés de secteurs, de populations vulnérables ou de groupes marginalisés particuliers. On examine ensuite comment les nouvelles lois nationales tentent de faciliter ou de restreindre l’accès des entreprises à vocation sociale aux capitaux. Enfin, on donne un aperçu détaillé de diverses initiatives fiscales étudiées par les États pour promouvoir les entreprises à vocation sociale. Il est suggéré aux législateurs d’être prudents dans l’élaboration de lois régissant les entreprises à vocation sociale, surtout lorsqu’ils le font en réaction à des groupes d’intérêts privés, et de prendre part à des débats approfondis sur les moyens légaux à leur disposition pour promouvoir les entreprises à vocation sociale dans leur territoire administratif.
GENERAL SECTION: ARTICLES
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Intersectionality: A Means for Addressing the Needs of Children with Mental Health Issues who are Engaged with the Family Law and Criminal Justice Systems?
Jennifer Bergman
p. 115–137
RésuméEN :
Huge numbers of children in Canada suffer from mental health issues, yet only a fraction gets needed supports and services. Left untreated, childhood mental illnesses carry serious consequences for children, families, and society as a whole. This public health crisis is significantly more pronounced for children who are engaged with the family law (child welfare) and youth criminal justice systems (“crossover youth”). Crossover youth face multiplicative challenges, including disproportionate rates of mental health issues. In this article, I explore how the failure to provide crossover youth with needed supports and services, and the related dire consequences suffered by these children and society more generally (e.g. deteriorating mental health, repeated engagement in the criminal justice system) is tied to the failure in the family law (child welfare) and youth criminal justice systems to recognize the effects of the intersection of the various challenges and disadvantages (e.g. poverty, racism, instability) experienced by these children. I describe the paradigm of intersectionality, and argue that the adoption of an intersectional approach by the family law (child welfare) and youth criminal justice systems is imperative in order for the legal system to meet its mandate and protect and promote the well-being of these vulnerable children.
FR :
Un nombre effarant d’enfants du Canada souffrent de problèmes de santé mentale; pourtant, peu d’entre eux reçoivent le soutien et les services dont ils ont besoin. Malheureusement, les problèmes de santé mentale non traités dès l’enfance entraînent de très graves conséquences pour les enfants, les familles et l’ensemble de la société. La crise de santé publique que nous vivons actuellement est beaucoup plus prononcée pour les enfants qui sont suivis tant par le système de justice familiale (protection de l’enfance) que par celui de la justice pénale pour les adolescents (« crossover youth » ou « jeunes sous double autorité »). Les jeunes sous double autorité font face à de nombreux défis, dont des taux démesurés de problèmes de santé mentale. Dans cet article, j’explore les liens entre, d’une part, les graves conséquences qui découlent, pour ces enfants et pour l’ensemble de la société, de l’omission d’offrir à ces jeunes les services et le soutien dont ils ont besoin (p. ex. détérioration de la santé mentale, démêlés répétés avec le système de justice pénale) et, d’autre part, l’absence de reconnaissance, au sein des systèmes de justice familiale (protection de l’enfance) et de justice pénale pour les adolescents, de la corrélation entre les différents défis et problèmes auxquels ces enfants doivent faire face (pauvreté, racisme, instabilité). Je décris le paradigme de l’intersectionnalité et je soutiens que l’adoption d’une approche intersectorielle par les systèmes de justice familiale (protection de l’enfance) et de justice pénale pour les adolescents est impérative afin que notre système de droit accomplisse sa mission et protège et favorise le bien-être de ces enfants vulnérables.
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Discrimination and the Private Law in Canada: Reflections on Spence v. BMO Trust Co.
Jane Thomson
p. 138–163
RésuméEN :
Discrimination has long been identified as detrimental to the basic functioning of multicultural countries like Canada. While governments have adopted constitutional law and passed human rights legislation to combat and control discrimination, these laws are inapplicable to a significant portion of Canadian law. Areas of private law, such as wills and trusts are therefore more vulnerable to use by individuals seeking to perpetuate discrimination.
The main way that courts in Canada have dealt with this issue is through the use of the doctrine of public policy. As early as the 19th century, private law provisions viewed as restraining another’s freedom of religion or perpetuating discrimination on grounds such as race, ethnicity, or sexual orientation have been found contrary to public policy by Canadian courts and voided accordingly.
While the uniquely Canadian jurisprudence in this area continues to evolve, until quite recently, its trajectory appeared to be one of expansion. However, the latest appellate level decision in this area,Spence v. BMO Trust Co., appears to have changed the course of this jurisprudence. In Spence, the Ontario Court of Appeal found that certain testamentary clauses, no matter how discriminatory in nature, can never be subject to a public policy review.
This article argues that while the result of Spence was likely correct on its particular facts, the reasoning of that decision goes too far in its attempt to limit the doctrine’s applicability with respect to discrimination in the private law. Parts of the decision in Spence ignore the key message of past decisions in this area concerning the danger of uncensored discrimination in Canadian society.
While reasonable people may disagree on the outcome of any given public policy inquiry, a point that should attract consensus is that the private law should never be an unexamined and impenetrable shelter for discrimination. However, Spence effectively creates an area of the private law immune to legal scrutiny by precluding the use of the common law doctrine that has been used to directly confront and censure discrimination in Canadian private law.
FR :
Il est reconnu depuis longtemps que la discrimination nuit au fonctionnement de base des pays multiculturels comme le Canada. Bien que les gouvernements aient adopté des principes de droit constitutionnel et des lois sur les droits de la personne afin d’exercer un contrôle sur la discrimination et de la combattre, ces lois sont inapplicables à une partie importante du droit canadien. En conséquence, certains aspects du droit privé, comme ce qui touche les testaments et les fiducies, sont davantage susceptibles d’être utilisés par des personnes qui cherchent à perpétuer la discrimination.
Au cours des années, les tribunaux canadiens ont examiné cette question principalement sous l’angle de la doctrine d’intérêt public. Dès le XIXe siècle, ils ont jugé en effet que certaines règles du droit privé qui restreignaient la liberté de religion ou perpétuaient la discrimination fondée sur des motifs comme la race, l’ethnicité ou l’orientation sexuelle allaient à l’encontre de l’intérêt public, et ils ont déclaré ces règles inopérantes.
Bien que la jurisprudence spécifique au Canada dans ce domaine continue d’évoluer, sa trajectoire semblait, jusqu’à récemment, en être une d’expansion. Cependant, par suite de la plus récente décision rendue par une juridiction d’appel dans ce domaine, Spence c. BMO Trust Co., cette trajectoire semble avoir été modifiée. En effet, dans l’arrêt Spence, la Cour d’appel de l’Ontario a jugé que certaines clauses testamentaires ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’une révision fondée sur l’intérêt public, si discriminatoires soient-elles.
Dans cet article, l’auteure soutient que, même si le résultat obtenu dans l’arrêt Spence était probablement correct au vu des faits particuliers de l’affaire, le raisonnement qui sous-tend la décision va trop loin dans la mesure où il a pour effet de restreindre l’applicabilité de la doctrine en ce qui a trait à la discrimination en droit privé. Certaines parties de l’arrêt Spence ignorent le message clé des décisions antérieures concernant le danger que présente la discrimination non censurée dans la société canadienne.
S’il est possible que des personnes raisonnables n’acceptent pas le résultat d’une enquête menée dans l’intérêt public, l’idée que le droit privé ne saurait en aucun cas constituer un abri impénétrable pour ceux qui se livrent à des pratiques discriminatoires devrait faire consensus. Cependant, l’arrêt Spence a pour effet de permettre qu’un aspect du droit privé échappe à un examen juridique en empêchant l’application de la doctrine de common law qui a été utilisée pour combattre et censurer directement la discrimination en droit privé canadien.
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Legal Technology and the Future of Women in Law
Kayal Munisami
p. 164–183
RésuméEN :
Much has been written about how automation will change the legal profession as a whole, less so about how automation might affect women in legal practice. This paper briefly maps the likely changes that legal tech (legal technology) will bring to the provision of legal services, and explores how these changes might affect the barriers to advancement that women face in the profession. It determines that, while the use of legal tech may improve women’s work/life balance and overall job satisfaction by bringing about more flexible working hours, positive changes to the billing hours’ system, and fairer hiring and promotion mechanisms, an unfettered inclusion of legal tech might lead to increased working hours for less wages, increased competition for case files among associates, and the perpetuation of existing gender biases when using algorithms in the hiring and promotion process. Finally, the paper makes several recommendations on how law societies, bar associations and other relevant regulatory bodies could ensure that legal tech promotes rather than hinders Equality & Diversity in the legal profession. It proposes that: (1) detailed data on men and women lawyers should be collected to better inform equality and diversity policies; (2) law firms should be required to report on their progress in pursuing equality and diversity; (3) management techniques to promote work/life balance and more flexible pricing systems should be encouraged; (4) female entrepreneurship in legal tech should be promoted; and, (5) technological due process procedures should be required when using algorithms in law firm management to ensure fairness, accuracy and accountability.
FR :
Les effets de l’automatisation sur l’ensemble du milieu juridique ont déjà fait couler beaucoup d’encre, mais il n’en est pas de même pour les effets de l’automatisation sur les femmes qui exercent une profession juridique. Dans ce document, l’auteure résume les changements que la technologie juridique entraînera vraisemblablement dans la prestation des services juridiques et explore la façon dont ces changements pourraient avoir une incidence sur les obstacles à l’avancement auxquels se heurtent les femmes qui exercent une profession juridique. Selon l’auteure, bien que l’utilisation de la technologie juridique puisse améliorer la conciliation entre le travail et la vie personnelle pour les femmes et le degré de satisfaction qu’elles éprouvent à l’égard de leur travail en favorisant un horaire de travail plus flexible, des changements positifs au système d’heures de facturation et des mécanismes de promotion et d’embauche plus équitables, elle pourrait aussi mener, si elle ne fait pas l’objet de contrôles, à une hausse des heures de travail pour un salaire moindre, à une concurrence plus féroce entre les associés quant au partage des dossiers, et à la perpétuation du sexisme existant lors de l’utilisation d’algorithmes dans le cadre du processus d’embauche et de promotion. L’auteure formule plusieurs recommandations sur les mesures que les barreaux, les associations d’avocats et d’autres organismes de réglementation pourraient prendre pour veiller à ce que la technologie juridique favorise l’égalité et la diversité au sein de la profession juridique plutôt que de leur faire obstacle. Ainsi, l’auteur propose : 1) que des données détaillées sur les avocates et les avocats soient recueillies afin que des politiques plus éclairées soient adoptées en matière d’égalité et de diversité; 2) que les cabinets d’avocats soient tenus de présenter des rapports sur les mesures qu’ils prennent pour favoriser l’égalité et la diversité; 3) que l’on encourage l’utilisation de techniques de gestion visant à promouvoir un meilleur équilibre entre le travail et la vie personnelle et l’établissement de systèmes de tarification plus souples; 4) que l’on favorise l’entreprenariat féminin en matière de technologie juridique; 5) que l’on exige l’utilisation de méthodes axées sur l’équité technologique lors de l’emploi d’algorithmes dans le cadre de la gestion des cabinets d’avocats afin d’assurer l’équité, la précision et l’imputabilité.
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Improving Access to Justice: Do Contingency Fees Really Work?
Allan C. Hutchinson
p. 184–192
RésuméEN :
While not touted as a universal panacea for access problems, contingency fees have received general praise as an important and justice-improving initiative. By back-loading the payment of legal fees, the assumption is that the interests of clients and litigants will be better served. I challenge that received wisdom. While the rise of contingency fee agreements between lawyers and clients has increased the number of people who can afford lawyers and make successful claims, the more challenging issue is whether that increase is being achieved at too high a price to clients and litigants – while more people are able to bring a case, which they could not otherwise have done, they will be receiving far less than they might actually be entitled to. In short, do contingency fees work as much or more to the advantage of lawyers than clients? I suggest not.
FR :
Bien qu’ils ne soient pas considérés comme une panacée aux problèmes d’accès, les honoraires conditionnels sont généralement reconnus comme une initiative importante qui permet d’améliorer la justice. Le fait d’assujettir le paiement des honoraires juridiques à certaines conditions est considéré comme une mesure permettant de mieux protéger les intérêts des clients et des parties aux litiges. Je conteste cette perception. Malgré le fait que la hausse des accords d’honoraires conditionnels entre les avocats et les clients a permis à un plus grand nombre de personnes de retenir les services d’un avocat et de faire valoir avec succès leurs revendications, il faut se demander si le prix que paient les clients et les parties n’est pas en définitive trop élevé : bien qu’un plus grand nombre de personnes soient en mesure d’engager des poursuites, ce qu’elles n’auraient pu faire autrement, elles recevront beaucoup moins que ce à quoi elles pourraient avoir droit en réalité. En d’autres termes, les honoraires conditionnels sont-ils aussi avantageux ou plus avantageux pour les avocats que pour les clients ? Je fais valoir que ce n’est pas le cas.
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Access To Justice, Moral Distance And Changing Demands On Law
Roger Cotterrell
p. 193–209
RésuméEN :
This paper reflects theoretically on the concept of access to justice – focusing in turn on each of its limbs – the idea of justice and that of access. ‘Justice’ is considered here not philosophically but socio-legally in terms of a spectrum of types of justice-demands made in relation to law. The idea of ‘access’ is analysed by drawing on socio-legal theory concerned with the remoteness of lawmakers from citizens. The aim is to put the concept of access to justice into a wide theoretical context that highlights changing demands on law and new socio-legal conditions – especially those associated with contemporary multiculturalism and the increasingly significant transnational dimensions of law. The paper argues that these demands and conditions make such a wide view timely and necessary. It proposes that an analysis of relations of law and solidarity taken from Durkheimian sociology can help in clarifying the possibilities and limits of state receptiveness to access to justice demands.
FR :
Dans ce document, l’auteur expose ses réflexions théoriques sur le concept de l’accès à la justice en examinant à tour de rôle chacun de ses volets : l’idée de la justice et celle de l’accès. La « justice » est examinée ici non pas sur le plan philosophique, mais sur le plan sociojuridique en termes de spectre de types de justice ou de pressions exercées sur le système de droit. Quant à l’idée de l’« accès », l’auteur l’examine en s’inspirant de la théorie sociojuridique concernant le décalage entre le législateur et le citoyen. L’objectif est de présenter le concept de l’accès à la justice dans un vaste contexte théorique qui fait ressortir l’évolution des pressions exercées sur le droit et les nouvelles conditions sociojuridiques – notamment celles qui sont associées au multiculturalisme contemporain et aux dimensions transnationales de plus en plus importantes du droit. De l’avis de l’auteur, cette vaste perspective s’impose aujourd’hui en raison de l’ensemble de ces pressions et conditions. Qui plus est, une analyse des relations entre le droit et la solidarité, inspirée de la sociologie durkheimienne, pourrait permettre de mieux comprendre les possibilités et les limites de la réceptivité de l’État face aux pressions liées à l’accès à la justice.
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Navigating Power and Claiming Justice: Tenant Experiences at Saskatchewan’s Housing Law Tribunal
Sarah Buhler et Rachel Tang
p. 210–230
RésuméEN :
This article discusses a qualitative interview project where twenty tenants shared their experiences about having hearings at the Office of Residential Tenancies [the ORT], Saskatchewan’s housing law tribunal. The interviews provide insights into housing problems faced by tenants, their experiences with self-representation at the ORT, and their reflections about the outcomes of their cases. We analyze how tenants prepared for their hearings, their experiences of the hearing process, and their perceptions of fairness throughout the process. We then discuss participants’ assessments of whether they received “justice” at the ORT. The interviews illuminate the ways that the same patterns of power and inequality that produce housing problems in the first place persist but are also occasionally interrupted and exposed in the housing tribunal process. They show also that tenants use the ORT to make important claims about justice and to resist landlord power in the face of larger patterns of inequality and exploitation.
FR :
Cet article porte sur un projet d’entrevues qualitatives dans le cadre duquel vingt locataires ont partagé leurs expériences au sujet de leur audience devant l’Office of Residential Tenancies [ORT] (bureau de location à usage d’habitation), le tribunal du logement de la Saskatchewan. Les entrevues donnent un aperçu des problèmes de logement auxquels les locataires font face, de l’expérience qu’ils ont vécue lorsqu’ils se sont représentés eux-mêmes devant l’ORT, et de leurs réflexions au sujet de l’issue de leur affaire. Nous analysons la façon dont les locataires se sont préparés en vue de leur audience, l’expérience qu’ils ont vécue durant l’audience, et leurs perceptions quant à l’équité du processus. Nous abordons ensuite les évaluations des participants quant à la mesure dans laquelle ils ont obtenu justice devant l’ORT. Les entrevues permettent de constater que les mêmes inégalités et déséquilibres de pouvoir qui sont à l’origine des problèmes de logement persistent, mais peuvent aussi être interrompus et exposés à l’occasion au cours du processus du tribunal du logement. Elles montrent également que les locataires se tournent vers l’ORT pour formuler d’importantes revendications liées à la justice et pour contester le pouvoir des propriétaires malgré les inégalités et l’exploitation croissantes observées.
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L’égalité réelle et la mise en oeuvre intégrale du principe de Jordan
Anne Levesque
p. 231–248
RésuméFR :
Cet article porte sur les problèmes et les retards dans la mise à œuvre du principe de Jordan au sein du gouvernement du Canada. Premièrement, l’article passe en survol les allégations de discrimination mises de l’avant par Assemblée des Premières Nations et la Société de soutien à l’enfance et aux familles des Premières Nations dans leur plainte de droits de la personne contre le Canada en ce qui a trait aux conflits de compétence et du manque de coordination entre les différents paliers et ministères de gouvernements et leur impact néfaste sur les enfants des Premières Nations. Deuxièmement, il résume la décision initiale du Tribunal canadien des droits de la personne [TCDP], rendue en janvier 2016, concernant le principe de Jordan. En troisième lieu, l’article examine les problèmes et les retards liés à la mise en œuvre de la décision du TCDP. Quatrièmement, il aborde en détail l’ordonnance de mai 2017 du TCDP obligeant le Canada de prendre des mesures concrètes pour se conformer à sa décision initiale. Dans la cinquième partie, l’article avance la thèse selon laquelle, qu’afin de véritablement assurer l’égalité réelle dans la société canadienne, le Canada doit être plus proactif dans l’identification et la remédiation de ses pratiques discriminatoires. En l’occurrence, la mise en œuvre du « Plan l’Ourson Spirit » au sein du gouvernement canadien offre une voie prometteuse vers la fin des iniquités dans la prestation de services publics pour les enfants des Premières Nations.
EN :
This paper deals with the problems and delays that have occurred in the implementation of Jordan’s Principle within the Government of Canada. The paper first provides an overview of the allegations of discrimination made by the Assembly of First Nations and the First Nations Child and Family Caring Society in their human rights complaint against Canada regarding the jurisdictional disputes and lack of coordination between the various levels of government and between government departments and the harmful impact they have on First Nations children. It then summarizes the initial decision of the Canadian Human Rights Commission [CHRC] in January 2016 concerning Jordan’s Principle. The problems and delays associated with implementation of the CHRC decision are examined, and the May 2017 CHRC order compelling Canada to take concrete measures to comply with its initial decision is reviewed in detail. The final part of the paper advances the position that in order to genuinely ensure substantive equality in Canadian society, Canada must be more proactive in identifying and remedying its discriminatory practices. In this case, putting the Spirit Bear Plan into effect within the Canadian government offers a promising way forward for ending injustices in the delivery of public services for First Nations children.
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The Prospects for Customary Law in Transitional Justice: The Case of Fiji
Joanna R. Quinn
p. 249–262
RésuméEN :
The use of customary law shows real promise in addressing the challenges that arise when confronting the legacies of past human rights abuses and atrocities. Unlike typical transitional justice mechanisms like trials, truth commissions, and reparations programs, customary practices are community-based and well-known to the people who use them. Indeed, customary practices could be used in transitional societies in place of “foreign” practices to bring about the same objectives. This paper considers the role that customary law plays in Fiji. It further assesses the prospects for the use of customary, traditional law in situations where transitional justice is called for.
FR :
Le recours au droit coutumier semble prometteur pour relever les défis qui se posent au moment de confronter l’héritage des violations des droits de la personne et des atrocités commises par le passé. Contrairement aux mécanismes typiques de justice transitionnelle comme les procès, les commissions de la vérité et les programmes de réparation, les pratiques coutumières sont axées sur la communauté et bien connues des personnes qui y ont recours. En effet, les pratiques coutumières pourraient être utilisées dans les sociétés transitionnelles au lieu de pratiques « étrangères » pour réaliser les mêmes objectifs. Dans ce présent, nous nous penchons sur le rôle que joue le droit coutumier à Fidji. Nous y évaluons également la possibilité de recourir au droit coutumier traditionnel dans les situations qui se prêtent à la justice transitionnelle
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Where The Sidewalk Ends: The Governance Of Waterfront Toronto’s Sidewalk Labs Deal
Alexandra Flynn et Mariana Valverde
p. 263–283
RésuméEN :
In May 2020 Sidewalk Labs, the Google-affiliated ‘urban innovation’ company, announced that it was abandoning its ambition to build a ‘smart city’ on Toronto’s waterfront and thus ending its three-year relationship with Waterfront Toronto. This is thus a good time to look back and examine the whole process, with a view to drawing lessons both for the future of Canadian smart city projects and the future of public sector agencies with appointed boards. This article leaves to one side the gadgets and sensors that drew much attention to the proposed project, and instead focuses on the governance aspects, especially the role of the public ‘partner’ in the contemplated public-private partnership. We find that the multi-government agency, Waterfront Toronto, had transparency and accountability deficiencies, and failed to consistently defend the public interest from the beginning (the Request for Proposals issued in May of 2017). Because the public partner in the proposed ‘deal’ was not, as is usually the case in smart city projects, a municipal corporation, our research allows us to address an important question in administrative law, namely: what powers should administrative bodies outside of government have in crafting smart city policies?
In Canada, the comparatively limited Canadian scholarly work regarding urban law and governance has mainly focused on municipal governments themselves, and this scholarly void has contributed to the fact that the public is largely unaware of the numerous local bodies that oversee local matters beyond municipal governments. This paper hones into the details of the WT-Sidewalk Labs partnership to understand the powers and limitations of WT in assuming a governmental role in establishing and overseeing ‘smart city’ relationships. It ultimately argues that WT has not been – nor should it be – empowered to create a smart city along Toronto’s post-industrial waterfront. Such tasks, we argue, belong to democratic bodies like municipalities. An important contribution of this paper is to situate the evolving role of public authorities in the local governance literature and in the context of administrative law.
FR :
En 2017, Waterfront Toronto [WT] publiait une demande de propositions [DP] pour trouver un « partenaire financier en innovation », une entité qui concevrait un plan d’aménagement pour un petit site vacant du secteur riverain du centre-ville, Quayside, lequel était le suivant sur la liste d’aménagement de l’organisme. En tant qu’autorité publique à but particulier, WT a largement échappé aux critiques – jusqu’au moment d’annoncer que le marché avait été attribué à Sidewalk Labs, une société américaine affiliée à Google, qui a présenté les plans d’une vaste « ville intelligente » à Quayside. Le site n’avait pas été désigné pour cette vocation dans la DP. De plus, ni WT ni un quelconque ordre de gouvernement n’avait précisé de cadre applicable pour une ville intelligente.
Au Canada, les travaux d’érudition canadiens relativement limités concernant le droit de l’urbanisme et la gouvernance ont surtout mis l’accent sur les administrations municipales mêmes; ce vide sur le plan de la recherche a contribué au fait que le public ignore largement les nombreux organismes locaux qui supervisent les questions locales, au-delà des administrations municipales. L’attention du public s’étant largement concentrée sur la vie privée et le forage de données, les répercussions du projet préconisé sur le plan de la gouvernance ont largement échappé aux regards. Dans le présent article, nous nous penchons sur les détails du partenariat entre WT et Sidewalk Labs afin de comprendre les pouvoirs que possède WT et les limites auxquelles celle-ci est assujettie lorsqu’il s’agit d’assumer un rôle gouvernemental pour établir et surveiller des relations de « ville intelligente ». Les questions de la responsabilisation et de la transparence se posent aussi. Enfin, nous faisons valoir que WT n’a pas été – et ne devrait pas être – habilitée à créer une ville intelligente dans le secteur riverain postindustriel de Toronto. Selon nous, de telles tâches appartiennent à des organes démocratiques, comme les municipalités. Une contribution importante du présent article consiste à situer l’évolution du rôle des autorités publiques dans la littérature sur la gouvernance locale et dans le contexte du droit administratif.
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Caught By Private Law: A Review Of Visitors’ Jurisdiction In Canada
Adam Strombergsson-Denora
p. 284–304
RésuméEN :
Visitors, an office in charitable corporations that occupies the position of the Superior Court in all matters pertaining to the charity, are a forgotten area of law in Canada. This article resurrects the jurisdiction by explaining its utility for university corporations. Visitors are private courts of appeal from university decisions. They are empowered to adjudicate academic as well as legal disputes relating to relationships between the university, its officers, its professors, and its students. The article lays out the private law origins of the office and contrasts this approach with the administrative law model more recently in vogue. The administrative law approach to visitation has, over the course of the twentieth century, eroded the jurisdiction, yet it appears from Canadian practice that the jurisdiction remains eminently useful across the country. The article details just how the visitor’s office has been used in Canadian universities beginning in 1803 going up to 1992. In so doing, the office’s strong points as well as its weaknesses are discussed.
FR :
Le bureau d’inspection (« Visitors »), qui est un organe des sociétés à fin charitable exerçant les fonctions de la Cour supérieure dans tous les aspects liés à l’activité caritative, représente un aspect du droit qui est oublié au Canada. Dans cet article, l’auteur se penche sur cet organe en expliquant son utilité pour les sociétés universitaires. Les « bureaux d’inspection » sont des tribunaux d’appel privés chargés de réviser en appel les décisions universitaires. Ils ont le pouvoir de trancher les différends de nature tant scolaire que juridique qui concernent les relations entre l’université, ses dirigeants, ses professeurs et ses étudiants. L’auteur retrace dans son article les origines de l’organe en droit privé et le compare avec le modèle plus moderne du droit administratif. En raison de l’approche du droit administratif à l’égard de la fonction d’inspection, la compétence du bureau d’inspection a peu à peu été rongée au cours du XXe siècle. Pourtant, il appert de la pratique canadienne que cet organe demeure remarquablement utile dans l’ensemble du pays. Dans cet article, l’auteur décrit comment le bureau d’inspection a été utilisé dans les universités canadiennes depuis 1803, et jusqu’en 1992, en commentant au passage les points forts et les points faibles de l’organe.