ChroniquesLes études québécoises à l’étranger

Les « études de littérature québécoise » en Allemagne et en Autriche : une discipline à l’épreuve de la diversité

  • Doris Eibl

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  • Doris Eibl
    Université d’Innsbruck

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Couverture de Fictions québécoises de l’ailleurs, Volume 48, numéro 2 (143), hiver 2023, p. 7-156, Voix et Images

En tant qu’invités d’honneur de la Foire du livre de Francfort en 2020 et en 2021, le Canada et ses littératures furent, deux années de suite, sous les projecteurs du monde littéraire germanophone et international. Le fait que la Foire du livre de Francfort 2020 ait été victime, comme beaucoup d’autres événements, de la pandémie de COVID-19 et qu’elle ait dû être transférée dans l’espace virtuel fut à la fois un grand défi à tous points de vue et une chance : il est probable – mais ce n’est là qu’une supposition de ma part – que le fleuron commercial du marché du livre germanophone ait ainsi atteint un public plus large et plus diversifié encore qu’habituellement. Pour la littérature francophone du Canada, généralement peu visible sur le marché du livre allemand, ce fut peut-être l’occasion parfaite – davantage encore que pour la littérature anglophone du Canada – de se faire connaître auprès de potentiels lecteurs germanophones. Et c’est ainsi, comme je me plais à l’imaginer, que le slogan choisi par l’invité d’honneur, à savoir « Singular Plurality/Singulier pluriel », rendit justice non seulement à la variété des produits qu’il vantait et à l’identité ou à l’image nationale préconisée, mais aussi, nolens volens, à un public possiblement plus diversifié que jamais. Sur la page Web créée spécialement pour la Foire du livre de Francfort, Caroline Fortin, la présidente de « Canada FBM2020-2021 », a expliqué le choix du slogan comme suit : L’appel au zeitgeist ne s’arrêta pas, cependant, à l’évocation de la diversité désirée et vécue de manière si exemplaire au Canada, notamment à travers la place éminente accordée aux littératures autochtones, migrantes ou encore LGBTQ+. Dans le pavillon virtuel, les visiteurs et visiteuses furent interpellé·e·s en particulier par l’évocation d’éléments naturels à forte charge symbolique, à savoir « l’eau », « le minéral » et « le végétal », tous associés, de manière pourtant assez diffuse, à la (sur)vie sociale, voire à la (sur)vie tout court. À ces « éléments » furent attribuées des significations métaphoriques, reliant la diversité des cultures, des imaginaires et des littératures à l’eau ; la résilience et la solidité des communautés assurées par les langues et les cultures au minéral ; et « le dédale organique » des écritures au végétal. Non moins significatifs pour l’humain, y informa-t-on les visiteurs et visiteuses, seraient, d’un côté, le « nous », se nourrissant de la poésie qualifiée d’« âme de la nation » tout en étant invariablement intrépide et transgressive ; puis également « l’horizon » que ce « nous » dépasserait « pour de plus amples perspectives. Les limites s’estompent, les possibles croissent. Pour la suite du monde ». Quoi qu’il en soit, dans ce pavillon virtuel et face à ces attributions et définitions à la fois fluides et fermes, quelque peu énigmatiques et souvent contradictoires quant aux messages qu’elles tentaient de faire passer, une nouvelle perspective s’ouvrit à moi. Je repensai à la « Neue Unübersichtlichkeit » (« nouvelle impossibilité d’une vision synoptique ») récemment évoquée par Hans-Jürgen Lüsebrink pour qualifier les dynamiques actuelles au sein des études québécoises. Au regard des discours développés dans le pavillon virtuel du Canada à Francfort, il me sembla que son diagnostic ne se limitait pas à la seule recherche universitaire ! Pour décrire sommairement un champ qui, à l’heure actuelle, défie le cadre traditionnel des area studies par ses allures « multivectorielles », Hans-Jürgen Lüsebrink a recours à la notion de « Neue Unübersichtlichkeit » de Jürgen Habermas, un concept dont ce dernier se servit, dès 1984-1985, pour désigner les processus de transformation dans les …

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