Volume 48, numéro 1 (142), automne 2022 Madeleine Gagnon Sous la direction de Louis-Daniel Godin et Laurance Ouellet Tremblay
Sommaire (15 articles)
Dossier
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PRÉSENTATION : Madeleine Gagnon ou l’art de bien se tenir
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HOMMAGES À MADELEINE GAGNON
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« J’AURAI L’ESPRIT DU DOUTE JUSQU’À LA FIN » : entretien avec Madeleine Gagnon
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POÈMES DU TEMPS PERDU
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« ÉCRIRE SANS MOURIR »
Julian Ballester et Louis-Daniel Godin
p. 39–58
RésuméFR :
Cet article se penche sur le travail de l’écriture de Gagnon, envisagé dans sa dimension subjective où se trouve mis à découvert le vide qui habite toute parole. S’y trouvent analysés les textes théoriques de Gagnon publiés au sein de périodiques et son premier texte poétique, où la quête d’atteindre ce vide – que Gagnon décline à travers l’image de « l’interstice signifiant » – est manifeste, voire explicitée : le recueil Antre (1978). Il s’agit dès lors de cerner, avec les écrits de Gagnon et en déployant certaines notions psychanalytiques qui impulsent son écriture (jouissance, réel, pulsion de mort), la nature de cet interstice, de même que ses potentialités poétiques et politiques. Car l’écriture, chez Gagnon, est à la fois ce qui permet d’explorer cet interstice et de ne pas y sombrer, un tel lieu étant conçu comme un espace de disparition, où les repères sont amenés à être dissous, mais aussi, et par là même, comme un espace à investir. L’article s’intéresse également aux conséquences institutionnelles de cette proposition poétique de Gagnon, dans son propre parcours et au sein de certains discours critiques ayant suivi ses publications.
EN :
This article focuses on Gagnon’s writing process, viewed from its subjective dimension where the gaps intrinsic to all speech are exposed. It analyses Gagnon’s theoretical texts published in periodicals and her first poetic text, where the quest to enter this void - which Gagnon describes through the image of the “signifying interstice” - is evident, even explained: the Antre collection (1978). Hence, it is a question of defining the nature of these intervening spaces as well as their poetic and political potential through the writings of Gagnon and by applying certain psychoanalytic notions that drive her writing (jouissance, reality, death wish). For Gagnon, writing is that which allows an exploration of this void without sinking into it, such a location having been conceived as a space in which to disappear, where points of reference are introduced in order to be dissolved, and at the same time, as a space in which to invest. The article also examines institutional consequences of Gagnon’s poetic proposition on her own journey and on certain critical discourse subsequent to her publications.
ES :
Este artículo examina la escritura de Gagnon en su dimensión subjetiva, que revela el vacío que habita toda palabra. En él se analizan los textos teóricos de Gagnon publicados en periódicos y su primer texto poético, en el que la búsqueda de alcanzar ese vacío -que Gagnon revela mediante la imagen del "intersticio significante"- se pone de manifiesto, incluso se explícita: la recopilación Antre (Antro) (1978), Se trata por lo tanto de identificar, a partir de los escritos de Gagnon y de ciertas nociones psicoanalíticas que animan su escritura (el goce, lo real, la pulsión de muerte), la naturaleza de este intersticio, así como su potencial poético y político. Para Gagnon, la escritura es lo que permite explorar este intersticio y, a la vez, el medio de evitar hundirse en él, un lugar concebido como un espacio de desaparición, donde las referencias están destinadas a disolverse, pero también, y por la misma razón, como un espacio en el que hay que enfocarse. El artículo aborda también las consecuencias institucionales de esta propuesta poética de Gagnon, en su propia trayectoria y en ciertos discursos críticos que han seguido a sus publicaciones.
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LES FINS DU FÉMININ : notes sur les textes de Madeleine Gagnon
Laurence Pelletier
p. 59–75
RésuméFR :
Cet article porte son attention sur les textes essayistiques de Madeleine Gagnon afin de rendre compte d’un sujet du féminisme confronté à sa propre fin. Retraçant, à travers son oeuvre, les affiliations poétiques et rhétoriques de Gagnon à un féminisme dit de « deuxième vague », l’autrice tend à situer et à circonscrire l’effet, sur son écriture, du changement de paradigme que provoque l’avènement d’un féminisme de « troisième vague ». Elle considère les textes à l’aune d’une histoire des idées mobilisée par le concept de la « fin du féminin », limite conceptuelle qui met Gagnon face aux considérations de finalité et de finitude. Cette limite s’avère déterminante pour son écriture. Paradoxalement, le « féminin » se révèle à la fois vecteur d’absence, de disparition, de mort et principe créatif, en ceci qu’il est la condition même de l’écriture de Gagnon.
EN :
This article examines essays written by Madeleine Gagnon in order to reflect on the subject of feminism confronted with its own demise. Retracing, through her work, the poetic and rhetorical affiliations of Gagnon with a feminism of the so-called “second wave,” the author attempts to locate and define the effect on Gagnon’s writing of the paradigm shift that provokes the advent of a “third wave.” The texts are considered in terms of the history of ideas mobilized by the notion of the “end of the feminine,” a conceptual boundary that brings Gagnon face-to-face with issues of finality and finiteness. This boundary turns out to be a determining factor in her writing. Paradoxically, the “feminine” reveals itself to be both a vector of absence, disappearance, and death, as well as a creative principle, in that it is the very condition of Gagnon’s writing.
ES :
Este artículo se centra en los textos ensayísticos de Madeleine Gagnon para abordar un tema del feminismo enfrentado a su propio fin. Tras rastrear, a través de sus obras, las filiaciones poéticas y retóricas de Gagnon con el llamado feminismo de la "segunda ola", la autora trata de situar y circunscribir el efecto que tuvo en su escritura el cambio de paradigma provocado por la llegada del feminismo de la "tercera ola". Considera los textos a la luz de una historia de ideas movilizada por el concepto del "fin de lo femenino", límite conceptual que enfrenta a Gagnon con consideraciones de finalidad y finitud. Este límite aparece como decisivo para su escritura. Paradójicamente, lo "femenino" es a la vez un vector de ausencia, de desaparición, de muerte y principio creativo, ya que es la condición misma de la escritura de Gagnon.
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L’ÉCRITURE DES PIERRES
Denise Brassard
p. 77–95
RésuméFR :
Pourvue d’une grande cohérence, l’oeuvre poétique de Madeleine Gagnon s’élabore à la faveur d’une gravitation autour de quelques motifs fondateurs et structurants, tels que l’eau et les pierres. Alors que sa démarche poétique est polarisée par la figure de la mère, Paul Chanel Malenfant fait l’hypothèse que la pierre y convoquerait le père. Pour être juste, cette hypothèse ne mesure pas l’importance que le motif revêt sur le plan formel, alors qu’il travaille, module, voire transforme la poétique. Cet article propose d’observer comment, de Pensées du poème à Rêve de pierre, l’écriture des pierres permet d’articuler lecture et écriture, pensée abstraite et tellurisme de l’expérience-femme, et de donner voix à un sujet qui transcende les catégories du féminin et du masculin en renversant les rapports de filiation.
EN :
Exhibiting remarkable coherence, the poetic oeuvre of Madeleine Gagnon is crafted around a gravitational pull towards certain fundamental and structural motifs, such as water and stones. Although her poetic approach is polarized by the mother figure, Paul Chanel Malenfant hypothesizes that the stone would summon the father. To be accurate, this hypothesis does not take into account the importance that the motif takes on in terms of form when, in fact it works, shapes and even transforms the poetics. This article seeks to observe, how, from Pensées du poème to Rêve de pierre, the writing of stones makes it possible to link reading and writing, abstract thought and tellurism of the female experience, and to give voice to a subject that transcends feminine and masculine categories by reversing filial relationships.
ES :
La elaboración de la obra poética de Madeleine Gagnon, provista de una gran coherencia, gravita alrededor de una serie de motivos fundadores y estructurantes, como el agua y las piedras. Mientras que su poética se polariza en torno a la figura de la madre, Paul Chanel Malenfant plantea la hipótesis de que la piedra representa al padre. Para ser justos, esta hipótesis no mide la importancia que reviste el motivo en el aspecto formal, ya que trabaja, modula e incluso transforma la poética. Este artículo propone observar cómo, desde Pensées du poème (Pensamientos del poema) hasta Rêve de Pierre (Sueño de piedra), la escritura de las piedras permite articular la lectura y escritura, pensamiento abstracto y telurismo de la experiencia-mujer, y poner en palabras un tema que trasciende las categorías de lo femenino y lo masculino invirtiendo las relaciones de filiación.
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« J’AI RÊVÉ CETTE NUIT LE PLUS BEAU POÈME DU MONDE » : la tribu et le livre
Luc Bonenfant
p. 97–114
RésuméFR :
Cet article explore l’hypothèse que Le deuil du soleil, en se construisant sur un manque sans cesse affirmé, s’offre comme une réponse forte aux propositions théoriques et esthétiques de Mallarmé. Abordant d’abord la question du temps, l’article s’intéresse ensuite au dispositif du nom propre ainsi qu’à la manière dont la couleur et la chromaticité influent sur la petite musique de cet ouvrage qu’on qualifiera finalement de « poème critique », forme par laquelle Gagnon réengage les enjeux historiques du Livre de manière à y privilégier la Loi des pairs à celle du père. Généreux et sororal, le poème critique qu’est Le deuil du soleil offre une remédiation d’enjeux largement occultés dans la pensée du Livre (soit la contribution des femmes et des humbles au domaine des Lettres) pour ainsi mieux sceller ce que Gagnon nomme elle-même le « destin de cette écriture des morts ».
EN :
This article explores the hypothesis that Le deuil du soleil, by building on an incessantly affirmed lack, acts as a strong response to Mallarmé’s theoretical and aesthetic propositions. The article begins by addressing the question of time. It then focuses on the device of the family name as well as the manner in which colour and chromaticity influence the little musicality of this work, a work that could be, in the end, described as “poem as critique.” Poem as critique is a form through which Gagnon re-engages historical issues concerning the Book in a way that privileges the Law of peers over that of the father. Generous and sisterly, Le deuil du soleil as poetic critique offers a reconsideration of the widely ignored stakes in the Book’s thinking (namely the contribution of women and ordinary people to the world of letters) in order to thus better seal that which Gagnon herself calls “the fate of this writing of the dead.”
ES :
Este artículo explora la hipótesis de que Le deuil du soleil (El duelo del sol), al basarse en una carencia afirmada sin cesar, ofrece una respuesta contundente a las propuestas teóricas y estéticas de Mallarmé. Partiendo de la cuestión del tiempo, el artículo se interesa a continuación en el dispositivo del nombre propio y la manera en que el color y la cromaticidad influyen en la pequeña música de esta obra, que finalmente se calificará de "poema crítico", forma en la que Gagnon retoma los desafíos históricos del Libro, privilegiando la Ley de los pares por encima de la del padre. Generoso y sororal, el poema crítico Le deuil du soleil (El duelo del sol) ofrece un correctivo a desafíos que han quedado en gran medida oscurecidos en el pensamiento del Libro (como la contribución de las mujeres y de los humildes al campo de las Letras), sellando así lo que la propia Gagnon llama el "destino de esta escritura de los muertos".
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DE LA SORCELLERIE À L’UNIVERSITÉ : Madeleine Gagnon, la politique et la création littéraire
Kevin Lambert
p. 115–131
RésuméFR :
Cet article propose une interprétation de l’inconnaissable, un concept qui possède différents synonymes (sorcellerie, non-savoir, « continent noir », impensé, etc.) dans la pensée et l’oeuvre de Madeleine Gagnon, en retraçant d’abord la genèse de sa pensée théorique, puis en expliquant l’interprétation féministe qu’elle propose de cette notion avant de commenter sa dimension plus ouvertement sociale. L’inconnaissable trouve une place dans la conception de la création littéraire comme dans la pensée féministe de Madeleine Gagnon. La sorcellerie, le « continent noir », l’impensé sont des manières d’aménager un espace libre, un vide qui peut accueillir ce qui n’a pas (encore) eu lieu et qui aurait peut-être fané sous les lampes de ce qu’elle nomme la « raison raisonnante ». Pour une professeure de création, cette défense constante et passionnée de l’inconnu, de l’inédit, de l’indicible ménage aussi une place pour d’autres voix, les prochaines, celles qu’on peine encore à imaginer. C’est une manière, dans la théorie, d’aménager un vide nécessaire, hors de tout système, pour que d’autres puissent joindre la lumière tout en conservant leur part essentielle d’obscurité. Cette conception de l’écriture prend racine dans une interprétation féministe. Les femmes, pour avoir historiquement été décrites et définies par le discours patriarcal, incarnent selon l’auteure une identité négative. Leur résurgence dans le champ de la parole, écrit Gagnon, transforme ce qui était auparavant conçu comme la « raison », et déplace les anciennes oppositions entre affect et intellect, création et théorie, imagination et réalité. Son oeuvre porte les traces de ces déplacements féconds, et donne à lire « un théoriser qui serait un agencement non globalisant, despotique » (Louise Dupré). Madeleine Gagnon refuse en effet de donner une définition stable du « féminin », sans autre essence chez elle que cette négativité ontologique. Ce positionnement politique l’amène à rejeter le féminisme bourgeois et libéral, qui vise selon elle une accession au pouvoir sans changer les modalités de son exercice, prolongeant les anciennes disparités entre dominant·es et dominé·es.
EN :
This article offers an interpretation of the unknowable, a concept that has various synonyms (witchcraft, not-knowing, “dark continent,” inconceivable, etc.) in the thinking and work of Madeleine Gagnon, first by outlining the genesis of her theoretical thinking, and then by explaining her feminist interpretation of this idea, before commenting on its more overtly social dimension. The unknowable finds a place in the conception of literary creativity as it does in the feminist thinking of Madeleine Gagnon. Witchcraft, the “dark continent,” the inconceivable are ways of establishing a free space, a site that can welcome that which has not (yet) happened and which would have perhaps faded away under the glare of that which she calls “reasoning reason.” For a creative writing professor, this consistent and passionate defence of the unknown, the original, the unspeakable, also makes room for other voices, for those who come next, those whom we still struggle to imagine. It is a way, in theory, to create a necessary void, outside the system, so that others can share the spotlight while maintaining their essential share of obscurity. Such a writing concept is grounded in a feminist interpretation. Women, having been historically described and defined by patriarchal discourse, embody a negative identity, according to Gagnon. Their resurgence into the field of discourse, she writes, transforms that which was previously conceived as “reason,” and shifts the former tensions between affect and intellect, creativity and theory, imagination and reality. Her work bears traces of these productive shifts and invites a reading of “a theorizing that would be a non-generalizing, despotic construction” (Louise Dupré). Indeed, Madeleine Gagnon refuses to provide a stable definition of “feminine,” with no essence in her work other than this ontological negativity. Such political positioning leads her to reject bourgeois and liberal feminism, which, according to her, aims at an accession to power without changing the modalities of its practice, thus prolonging the old disparities between the dominant and the dominated.
ES :
Este artículo propone una interpretación de lo incognoscible, concepto que tiene varios sinónimos (brujería, no-saber, "continente negro", impensado, etc.) en el pensamiento y obra de Madeleine Gagnon, trazando primero la génesis de su pensamiento teórico, explicando luego la interpretación feminista que propone de esta noción antes de comentar su dimensión más abiertamente social. Lo incognoscible ocupa un lugar, tanto en la concepción de la creación literaria de Madeleine Gagnon, como en su pensamiento feminista. La brujería, el "continente negro", lo impensado, son formas de crear un espacio libre, un vacío que pueda albergar lo que (todavía) no ha tenido lugar y que podría haberse marchitado bajo luces de lo que ella denomina "razón que razona". Para una maestra de la creación, esta defensa constante y apasionada de lo desconocido, de lo inédito, de lo indecible, también deja espacio para otras voces, las próximas, las que aún nos cuesta imaginar. Es una forma, en teoría, de crear un vacío necesario, fuera de todo sistema, para que otros puedan unirse a la luz sin perder su parte esencial de oscuridad. Esta concepción de la escritura está enraizada en una interpretación feminista. Según la autora, las mujeres, al haber sido descritas y definidas históricamente por el discurso patriarcal, encarnan una identidad negativa. Su resurgimiento en el campo de la palabra, escribe Gagnon, transforma lo que antes se concebía como “razón” y desplaza las viejas oposiciones entre afecto e intelecto, creación y teoría, imaginación y realidad. Su obra muestra las huellas de estos fecundos desplazamientos, y su lectura revela "una teorización que sería un agenciamiento no globalizador y despótico" (Louise Dupré). En efecto, Madeleine Gagnon se niega a dar una definición estable de lo "femenino", que para ella no tiene otra esencia que esta negatividad ontológica. Esta postura política la lleva a rechazar el feminismo burgués y liberal, que en su opinión pretende acceder al poder sin cambiar las formas en que se ejerce, prolongando las viejas disparidades entre dominantes y dominados.
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BIBLIOGRAPHIE DE MADELEINE GAGNON
Étude
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AUX FRONTIÈRES DU GENRE FÉMININ : le récit de la honte dans Angéline de Montbrun de Laure Conan
Emmanuelle Tremblay
p. 157–171
RésuméFR :
Dans Angéline de Montbrun, Laure Conan offre à lire une réflexion existentielle qui, en raison de sa dimension émotionnelle ici mise en valeur, conserve sa pertinence pour penser les rapports d’appartenance au genre féminin. Dans le champ de l’exégèse conannienne, cette contribution vise à nuancer la lecture de la destinée du personnage d’Angéline dans le repli sur soi par un examen des représentations de la honte. L’approche adoptée s’inscrit dans le cadre plus général de la recherche actuelle qui se veut un apport à la théorisation des émotions. Elle permet de montrer comment la honte structure les moments clés du roman, tout en modulant les relations entre les personnages et les identités sexuelles. Les analyses s’attardent d’abord à l’affect de la honte qui, par le repli qu’il entraîne, marque la frontière d’une intégrité à préserver. Elles mettent ensuite en évidence que la « honte-signal » mobilise la quête pour donner une valeur positive non seulement au repli, mais également au pathos de la souffrance.
EN :
In Angéline de Montbrun, Laure Conan provides an existential reflection which, because of its emphasis on the emotional dimension, retains its relevance to notions of belonging to the feminine gender. Within the field of Conanian exegesis, this article aims to add nuance to the reading of the Angéline character’s destiny as she withdraws into herself by examining representations of shame. The approach taken falls into the more general framework of current research which seeks to contribute to emotion theories. It reveals how shame structures key moments in the novel, while modulating relationships among characters and sexual identities. The analyses focus first on the affect of shame which, through the withdrawal that it engenders, indicates the limits of an integrity that must be preserved. They then reveal that the “shame signal” triggers the quest to attribute a positive value not only to the withdrawal but also to the pathos of suffering.
ES :
En Angéline de Montbrun, Laure Conan ofrece una reflexión existencial que, en virtud de su dimensión emocional realzada aquí, conserva su pertinencia para pensar las relaciones de pertenencia al género femenino. En el ámbito de la exégesis conaniana, esta contribución pretende matizar la lectura del destino del personaje de Angéline en su repliegue sobre sí misma a través de un examen de las representaciones de la vergüenza. El enfoque adoptado se inscribe en un marco más general de la investigación actual que pretende contribuir a la teorización de las emociones. Muestra cómo la vergüenza estructura los momentos clave de la novela, modulando a la vez las relaciones entre los personajes y sus identidades sexuales. Los análisis se centran en primer lugar en el afecto de la vergüenza, que, por el retraimiento que conlleva, marca el límite de una integridad que debe preservarse. A continuación, ponen en evidencia que la "vergüenza-señal" moviliza la búsqueda para dar un valor positivo no sólo al retraimiento, sino también al patetismo del sufrimiento.