Volume 46, numéro 1 (136), automne 2020 Espace démocratique de la littérature québécoise contemporaine Sous la direction de Stéphane Inkel et Julien Lefort-Favreau
Sommaire (11 articles)
Dossier
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ESPACE DÉMOCRATIQUE DE LA LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE CONTEMPORAINE
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ENTRETIEN AVEC PIERRE NEPVEU
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L’ÉCRITURE ET LE PHÉNOMÈNE POPULISTE : figures d’intercesseurs et frontières antagoniques chez Lise Tremblay, Maude Veilleux et Erika Soucy
Stéphane Inkel
p. 23–41
RésuméFR :
La littérature québécoise contemporaine, comme celle d’ailleurs, prolonge en son sein nombre de litiges non résolus. Cet article voudrait soutenir qu’il existe aujourd’hui ce que la théorie politique appelle un « moment populiste », que la littérature cherche à cerner et à harnacher pour en déployer la logique propre. Si la philosophe Chantal Mouffe insiste sur la nécessité de garder la conflictualité fondamentale des rapports humains à l’intérieur des limites de l’espace démocratique, elle souligne également l’importance de « l’investissement libidinal » dans les processus d’identifications politiques. Dressant une véritable cartographie des frontières sociales et politiques, l’oeuvre de Lise Tremblay nous servira de guide dans l’interrogation de ces espaces conflictuels. Il s’agira ensuite d’analyser les figures d’intercesseur que cette oeuvre, de même que certaines oeuvres de Maude Veilleux et d’Erika Soucy, mettent en scène afin de brouiller, voire in-déterminer, la ligne de partage constitutive des identités sociales et politiques. Des oeuvres capables d’interroger, depuis cette place intermédiaire, ambivalente et bien souvent inconfortable, le principe d’identification à l’oeuvre au sein des communautés représentées.
EN :
Contemporary Québec literature, like other literatures, carries within itself a number of unresolved disputes. This article argues that there is today what political theory calls a “populist moment,” which literature is attempting to grasp and harness in order to display its specific logic. While philosopher Chantal Mouffe insists on the necessity of keeping human relations, which are fundamentally conflictual, within the limits of the democratic space, she also emphasizes the importance of “libidinal investment” in processes of political identification. The work of Lise Tremblay, which provides a genuine cartography of social and political boundaries, guides us through our questioning of conflictual spaces. Then, we analyze the figures of the intercessor presented in Tremblay’s work, and in some of the works of Maude Veilleux and Erika Soucy, as a way of blurring or making indeterminate the dividing line that is constitutive of social and political identities. From an intermediate, ambivalent, and often uncomfortable place, these works are able to question the principle of identification at work within the communities that are represented.
ES :
La literatura quebequense contemporánea, al igual que la de otras partes, prolonga en su seno un gran número de litigios sin resolver. La finalidad de este artículo es sostener que existe hoy en día lo que la teoría política denomina un ‘momento populista’, que la literatura trata de delimitar y ataviar para sacarle su propia lógica. Si bien la filósofa Chantal Mouffe insiste en la necesidad de guardar la conflictividad fundamental de las relaciones humanas dentro de los límites del espacio democrático, también hace hincapié en la importancia de la ‘inversión libidinal’ en los procesos de identificaciones políticas. Elaborando una verdadera cartografía de las fronteras sociales y políticas, la obra de Lise Tremblay nos servirá de guía en la interrogación de estos espacios conflictivos. Más adelante, se tratará de analizar las figuras de intercesor que dicha obra, así como algunas obras de Maude Veilleux y Erika Soucy, escenifican con el fin de confundir, incluso in-determinar, la línea de reparto constitutiva de las identidades sociales y políticas. Son unas obras capaces de interrogar, desde este lugar intermediario, ambivalente y con frecuencia incómodo, el principio de identificación en marcha en el seno de las comunidades representadas.
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VILLES DÉTRUITES, ESPOIRS RUINÉS : lecture du vivre-ensemble dans trois romans québécois contemporains
Martine-Emmanuelle Lapointe
p. 43–54
RésuméFR :
Cet article porte sur la ruine du vivre-ensemble dans trois romans québécois qui déjouent les conventions du réalisme littéraire. Oscar De Profundis de Catherine Mavrikakis (2016), Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin (2016) et Tu aimeras ce que tu as tué de Kevin Lambert (2017) ancrent leurs personnages dans des lieux ruinés et mortifères où le vivre-ensemble emprunte une forme spectrale relevant d’une mythologie d’un autre temps. Les gueux du Montréal postapocalyptique de Mavrikakis et les habitants du village enneigé de Guay-Poliquin, s’ils se rassemblent et unissent temporairement leurs forces, le font sous l’influence de jeux d’alliances opportunistes, voués non pas à la défense d’un projet social, mais bien à la survie de quelques individus triés sur le volet. Dans le roman de Kevin Lambert, les lieux urbains sont transfigurés, transformés en pièges parfois mortels, coupables d’infanticides qui illustrent de manière radicale la ruine des solidarités communautaires. Je m’attacherai en somme à la manière dont les lieux romanesques font signe vers les ruines d’un certain idéal, voire d’un fantasme politique, « marqué lui-même par un certain usage du temps, l’usage de la promesse » (Rancière, Aux bords du politique, p. 23).
EN :
This article looks at the collapse of vivre-ensemble, “living together,” in three Québec novels that sidestep the conventions of literary realism. Oscar De Profundis by Catherine Mavrikakis (2016), Le poids de la neige by Christian Guay-Poliquin (2016) and Tu aimeras ce que tu as tué by Kevin Lambert (2017) anchor their characters in ruined and death-dealing locations where coexistence takes on a spectral form related to the mythology of another era. The marginalized characters of Mavrikakis’s post-apocalyptic Montréal and the inhabitants of Guay-Poliquin’s snowy village may come together and temporarily join forces, but they do so under the influence of opportunistic alliances aimed not at defending a social project, but at ensuring the survival of a few selected individuals. In Kevin Lambert’s novel, transfigured urban sites are made into sometimes deadly traps; guilty of infanticide, they radically illustrate the ruin of community solidarities. In short, I focus on the way in which places in the novels indicate the ruins of an ideal, or perhaps of a political fantasy “marked itself by a certain use of time, the use of the promise” (Rancière, Aux bords du politique, p. 23).
ES :
Este artículo trata sobre la ruina de la convivencia en tres novelas quebequenses que desbaratan las convenciones del realismo literario. Oscar De Profundis, de Catherine Mavrikakis (2016), Le poids de la neige (El peso de la nieve), de Christian Guay-Poliquin (2016), y Tu aimeras ce que tu as tué (Amarás lo que mataste), de Kevin Lambert (2017) anclan a sus personajes en lugares arruinados y mortíferos donde la convivencia adopta una forma espectral que pertenece a una mitología de otra época. Los vagabundos del Montreal pos-apocalíptico de Mavrikakis y los habitantes del pueblo nevado de Guay-Poliquin, si bien se parecen y unen temporalmente sus fuerzas, lo hacen bajo la influencia de juegos de alianzas oportunistas, destinados no a la defensa de un proyecto social, sino más bien a la supervivencia de algunos individuos escogidos con cuidado. En la novela de Kevin Lambert, los lugares urbanos están transfigurados, transformados en trampas a veces mortales, culpables de infanticidios que ilustran de forma radical la ruina de las solidaridades comunitarias. En resumen, me limitaré a la manera en que los lugares novelescos se dirigen hacia las ruinas de cierto ideal, incluso de un fantasma político, “también caracterizado por cierto uso del tiempo, el uso de la promesa” (Rancière, Aux bords du politique, p. 23).
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ÉTHIQUE DE LA FICTION : la fabrication de la preuve chez François Blais et Catherine Leroux
Cassie Bérard et Marie-Pier Lafontaine
p. 55–67
RésuméFR :
Cet article réfléchit, grâce à une analyse du traitement narratif de la violence envers les femmes dans le recueil Madame Victoria de Catherine Leroux et le récit Un livre sur Mélanie Cabay de François Blais, à la part de responsabilité des créatrices et créateurs quant à la question éthique et politique, et plus particulièrement à la manière dont cette part est envisagée sur un mode fictionnel. Nous y constatons que la responsabilité de la création implique une véritable prise en charge démocratique de la dimension judiciaire — sous forme d’enquête personnelle — pour interroger la force des autorités ainsi que leur défaite. Cette prise en charge implique une ambiguïsation de la narration, vers une contestation de l’autorité, et donne lieu à une éthique de la fiction.
EN :
Through analysis of the narrative treatment of violence against women in Catherine Leroux’s work of fiction Madame Victoria and François Blais’s narrative Un livre sur Mélanie Cabay, this article explores creators’ share of responsibility in relation to its ethical and political aspect, paying specific attention to the way this responsibility is enacted in a fictional mode. We find that the responsibility of creation implies democratically taking charge of the judicial dimension, through personal investigation, in order to question the power of authorities as well as their defeat. Taking charge in this way involves the crafting of an ambiguous narrative that will tend to challenge authority, and it gives rise to an ethics of fiction.
ES :
En este artículo se reflexiona, gracias a un análisis de la forma de narrar la violencia contra las mujeres en la obra Madame Victoria, de Catherine Leroux, y el relato Un livre sur Mélanie Cabay (Un libro sobre Mélanie Cabay), de François Blais, sobre la parte de responsabilidad de las creadoras y los creadores en lo que se refiere al tema ético y político, y más particularmente sobre la forma en que se considera dicha parte en un modo ficcional. Observamos que la responsabilidad de la creación implica verdaderamente el hacerse cargo democráticamente de la dimensión judicial -en forma de encuesta personal- para evaluar la fuerza de las autoridades, así como su fracaso. Hacerse cargo implica una ambigüización de la narración, hacia una protesta contra la autoridad, y da lugar a una ética de la ficción.
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ENTRE CATASTROPHISME ET EUPHORIE : L’ÉVASION D’ARTHUR OU LA COMMUNE D’HOCHELAGA DE SIMON LEDUC
Louis-Daniel Godin
p. 69–83
RésuméFR :
Ne reconnaissant plus spontanément la légitimité d’un tiers au nom duquel sacrifier une part de leur jouissance, les individus accéderaient plus difficilement à l’ordre symbolique, autrement dit à la subjectivation, à la socialisation, voire à la solidarité : c’est l’analyse du contemporain partagée par Jean-Pierre Lebrun et Dany-Robert Dufour, dans une perspective qui allie la psychanalyse et la philosophie politique. À partir de cette prémisse, il s’agira dans cet article d’analyser le roman de Simon Leduc, L’évasion d’Arthur ou la commune d’Hochelaga, en présentant la logique selon laquelle cette tension entre l’autorité et la démocratie, entre le passé et le présent, se déploie. Prenant le parti de l’ironie, le roman explore la conflictualité propre à cette tension, sans la résoudre. La présente analyse soutient que l’écriture — celle qui est mise en scène, mais aussi celle que le texte suppose — se présente comme une résolution partielle, donnant à lire le texte comme un espace démocratique où le langage fait figure et fonction de tiers.
EN :
When individuals no longer spontaneously recognize the legitimacy of a third party on whose behalf they might sacrifice some part of their jouissance, it appears they might find it more difficult to accede to the symbolic order, or to accede, in other words, to subjectivization, socialization, and perhaps solidarity. Such is the analysis of contemporary reality shared by Jean-Pierre Lebrun and Dany-Robert Dufour in a perspective that combines psychoanalysis and political philosophy. Starting from this premise, the purpose of this article is to analyze Simon Leduc’s novel L’évasion d’Arthur ou la commune d’Hochelaga, presenting the logic according to which the tension between authority and democracy, the past and the present, is deployed. Choosing an ironic approach, the novel explores, but does not resolve, the conflictual quality inherent to this tension. The analysis suggests that writing – the writing that is performed, but also the writing that is implied by the text – is presented as a partial resolution, offering the text to be read as a democratic space where language appears and acts as a third party.
ES :
Al no reconocer más espontáneamente la legitimidad de un tercero en nombre que quien sacrificar una parte de su disfrute, los individuos acceden con mayor dificultad al orden simbólico o, dicho de otro modo, a la subjectivación, la socialización, incluso la solidaridad: éste es el análisis de lo contemporáneo compartido por Jean-Pierre Lebrun y Dany-Robert Dufour, en una perspectiva que aúna el psicoanálisis y la filosofía política. A partir de esta premisa, en este artículo se tratará de analizar la novela de Simon Leduc, La evasión de Arthur o La comuna de Hochelaga, al presentar la lógica según la cual se despliega esta tensión entre el autor y la democracia, entre el pasado y el presente. Optando por la ironía, la novela explora la conflictualidad propia de esta tensión, sin resolverla. En el presente análisis se sostiene que la escritura –la que se escenifica, pero también aquélla que el texto supone- se presenta como una resolución parcial, sugiriendo que se lea el texto como un espacio democrático en el cual el lenguaje figura y funciona como tercero.
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LES ESTHÉTIQUES DÉMOCRATIQUES EN QUESTION : représentation du travail et mémoire ouvrière dans La mémoire du papier et Querelle de Roberval
Rachel Nadon
p. 85–102
RésuméFR :
Partant du constat, dans le discours critique, d’une « absence » de roman à propos de la réalité économique, je fais l’hypothèse que ce type de roman, s’il constitue historiquement une « littérature du cliché », se modifie avec la publication d’un certain nombre de récits au tournant de la décennie 2010. J’explore dans un premier temps les différentes dénominations de ce « genre » de roman à partir des résultats de recherches dans les revues et les journaux numérisés de BAnQ. Je suggère que le « roman social » est une catégorie opérante bien que non dominante pour accueillir, selon la formule de Nelly Wolf, les « esthétiques démocratiques ». Dans un deuxième temps, je propose une analyse sociocritique de deux « romans sociaux » : La mémoire du papier de Nicolas Tremblay (2016) et Querelle de Roberval de Kevin Lambert (2018). En analysant les représentations du travail et de la mémoire ouvrière que proposent ces romans, je montre qu’ils investissent le stéréotype lié au « roman social » tout en le renouvelant, l’un par le genre fantastique, l’autre par une représentation dialectique de la sexualité homosexuelle.
EN :
Based on the recognition, in critical discourse, of an “absence” of novels dealing with economic reality, my hypothesis is that this type of novel, historically forming a “literature of cliché,” was modified by the publication of a certain number of narratives at the turn of the 2010 decade. I start by exploring the various designations of this novelistic “genre,” using the results of searches in BAnQ’s digitized periodicals and newspapers. I suggest that the “social novel” is an operative, though not a dominant, category in which to inscribe what Nelly Wolf refers to as “democratic aesthetics.” I then provide a sociocritical analysis of two “social novels”: La mémoire du papier by Nicolas Tremblay (2016) and Querelle de Roberval by Kevin Lambert (2018). My analysis of the representations of labour and workers’ memory in these novels shows that they invest the stereotype associated with the “social novel” while also renewing it – in one case by using the fantastic genre, in the other through a dialectical representation of homosexual sexuality.
ES :
Partiendo de la constatación, en el discurso crítico, de una ‘ausencia’ de novela sobre el tema de la realidad económica, emito la hipótesis de que este tipo de novela, si bien constituye históricamente una ‘literatura de cliché’, se modifica con la publicación de cierto número de relatos al finalizar la década de 2010. En un primer momento, exploro las diversas denominaciones de este ‘tipo’ de novela a partir de los resultados de investigaciones en las revistas y los periódicos digitales de Banco y Archivos nacionales de Quebec (BAnQ). Sugiero que la ‘novela social’ es una categoría operante, aunque no dominante, para aceptar, según la fórmula de Nelly Wolf, las ‘estéticas democráticas’. En una segunda etapa, propongo un análisis sociocrítico de dos ‘novelas sociales’: La mémoire du papier (La memoria del papel), de Nicolas Tremblay (2016), y Querelle de Roberval (Pelea de Roberval), de Kevin Lambert (2018). Al analizar las representaciones del trabajo y la memoria obrera que proponen dichas novelas, demuestro que invierten el estereotipo ligado a la ‘novela social’, a la vez que la renuevan, una con el género fantástico y la otra con una representación dialéctica de la sexualidad homosexual.
Étude
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SANGLANTES TRILOGIES : l’écriture d’un contre-récit historique dans Volkswagen Blues de Jacques Poulin et L’amour, la fantasia d’Assia Djebar
Julia Galmiche-Essue
p. 105–119
RésuméFR :
À première vue, tout semble opposer Volkswagen Blues de Jacques Poulin (1984) et L’amour, la fantasia d’Assia Djebar (1985). Volkswagen Blues est avant tout fictionnel alors que L’amour, la fantasia est souvent décrit comme autobiographique, à la colonisation symbolique du Québécois répondant la colonisation réelle subie par l’Algérienne. Les deux oeuvres sont pourtant caractérisées par une triple fragmentation Histoire-fiction, écrit-oral, masculin-féminin, qui conceptualise dans l’espace romanesque la tension entre dominées et dominants. Au(x) il(s) de l’Histoire officielle fait écho le je féminin, la subjectivité du sujet parlant dans l’acte de langage permettant de remettre en cause un discours donné comme objectif. Cet article vise à analyser la manière dont la structure narrative adoptée permet de faire ressortir l’union de deux réalités en apparence opposées, celle des populations autochtones d’Amérique du Nord d’un côté et celle des Algériens de l’autre, mais aussi de comparer deux visions du monde antithétiques : masculin-féminin, synchronique-diachronique, textuelle-visuelle.
EN :
At first sight, everything seems to oppose Jacques Poulin’s Volkswagen Blues (1984) and Assia Djebar’s L’Amour, la fantasia (1985). Volkswagen Blues is above all fictional while L’Amour, la fantasia is often described as autobiographical; the symbolic colonization of the Québécois man is answered by the actual colonization experienced by the Algerian woman. The two works, however, are characterized by a triple fragmentation—History/fiction, written/spoken, and male/female—that conceptualizes, within the novelistic space, the tension between dominated women and dominant men. The he or masculine they of official History is echoed by the female I; the subjectivity of the subject speaking through an act of language provides a way of challenging a discourse presented as objective. This article attempts to analyze how the narrative structure highlights the union of two realities that seem to be opposed —those of Algerians and of Indigenous people of North America—and also to compare two antithetical visions of the world: male/female, synchronic/diachronic, textual/visual.
ES :
A primera vista, todo parece oponer Volkswagen Blues, de Jacques Poulin (1984), y L’Amour, la fantasia, de Assia Djebar (1985). Volkswagen Blues es ante todo ficcional, mientras que L’Amour, la fantasia se describe con frecuencia como autobiográfica; la colonización simbólica del quebequense corresponde a la colonización real sufrida por la argelina. No obstante, ambas obras se caracterizan por una triple fragmentación Historia-ficción, escrito-oral, masculino-femenino, que en el espacio conceptualiza la tensión entre dominadas y dominantes. Al(a los) él(ellos)) de la Historia oficial se hace eco el yo femenino, permitiendo que la subjetividad del sujeto hablante en el acto de lenguaje ponga en tela de juicio un discurso considerado como objetivo. La finalidad de este artículo es analizar la forma en que la estructura narrativa adoptada permite poner de relieve la unión de dos realidades aparentemente opuestas: la de las poblaciones indígenas de América del Norte, por un lado, y la de los argelinos por otra, pero también permite comparar dos visiones del mundo antitéticas: masculino-femenino, sincrónico-diacrónico, textual-visual.