Résumés
Résumé
Dans les manuels d’histoire littéraire québécois, le roman urbain se résume souvent à deux oeuvres : Au pied de la pente douce (1944) de Roger Lemelin et Bonheur d’occasion (1945) de Gabrielle Roy. Cet article jette un regard sur la production romanesque des dix années qui précèdent ces oeuvres, et l’étude de cette période révèle que l’action de très nombreux romans a lieu en ville. Apparaissant sous la plume d’écrivains souvent prolifiques (Adrienne Maillet, Geneviève de La Tour Fondue, etc.), la ville se décline dans des romans aux thématiques et aux styles très variés. Un fil conducteur apparaît toutefois dans ceux-ci : la bourgeoisie. La majorité des romans urbains peignent en effet le portrait de cette classe sociale et cherchent à traduire ses aspirations, ses goûts, sa langue. L’urbanité de ces romans découle en bonne partie des milieux qu’ils mettent en scène : les romanciers décrivent les lieux — bien souvent les quartiers huppés — habités par la bourgeoisie. En examinant l’arrière-plan des romans urbains bourgeois, il devient possible de mieux comprendre la spécificité des oeuvres de Lemelin et de Roy, qui décrivent surtout les quartiers Saint-Sauveur et Saint-Henri. Leur originalité ne réside pas seulement dans leur urbanité, mais également dans leur intérêt pour la classe populaire, très peu mise en scène dans le roman québécois jusqu’alors.
Abstract
In Quebec literary history textbooks, the urban novel is often reduced to two works: Au pied de la pente douce (1944) by Roger Lemelin and Bonheur d’occasion (1945) by Gabrielle Roy. This article looks at the novelistic production of the ten years preceding these two novels. Study of this period shows that the action of a very large number of novels is set in the city. Appearing in the works of often prolific writers (Adrienne Maillet, Geneviève de La Tour Fondue, etc.), the city is portrayed in novels of great thematic and stylistic diversity. However, these novels do have one thing in common: the bourgeoisie. The majority of the urban novels depict this social class and seek to express its aspirations, tastes, and language. The novels’ urbanity is largely derived from the social environments they present: the novelists describe the places, which are often wealthy neighbourhoods, where the bourgeoisie lives. Looking at the background of the bourgeois urban novels helps us understand the specificity of the works of Lemelin and Roy, who chiefly describe the neighbourhoods of Saint-Sauveur and Saint-Henri. Their originality resides not only in their urbanity, but in their interest in the popular class, which had very rarely been represented in Quebec novels until that point.
Resumen
En los manuales de historia literaria quebequense, la novela urbana se limita con frecuencia a dos obras: Au pied de la pente douce (A los pies de la pendiente suave), de Roger Lemelin (1944), y Bonheur d’occasion (Felicidad ocasional), de Gabrielle Roy (1945). Este artículo echa una mirada a la producción novelesca de los diez años que precedieron a estas obras, y el estudio de dicho periodo revela que la acción de numerosas novelas transcurre en la ciudad. Bajo la pluma de escritores, muchos de los cuales son prolíficos (Adrienne Maillet, Geneviève de La Tour Fondue, etc.), aparece la ciudad en novelas con temáticas y estilos muy variados. No obstante, hay un hilo conductor que se manifiesta en ellos: la burguesía. En efecto, la mayor parte de las novelas urbanas retratan esta clase social e intentan interpretar sus aspiraciones, sus gustos, su idioma. La urbanidad de estas novelas se deriva en buena parte de los medios que escenifican: los novelistas describen los lugares –con frecuencia los distritos de lujo– donde vive la burguesía. Al examinar el segundo plano de las novelas urbanas burguesas, se puede entender mejor la especificidad de las obras de Lemelin y Roy, que describen sobre todo los distritos de Saint-Sauveur y Saint-Henri. Su originalidad no estriba solo en su urbanidad, sino también en su interés por la clase popular, muy poco escenificada hasta entonces en la novela quebequense.