Résumés
Résumé
La plupart des recueils de poèmes de Michael Delisle reviennent régulièrement à la question de la médiocrité, de la maladresse envers le monde, les autres et plus encore : envers les mots. « Tous les ratages sont bons pour la littérature », écrit-il dans Chose vocale. C’est cette conscience de l’approximation, de l’« inhabileté fatale » (André Frénaud) — qui est à la fois celle du sujet et du lecteur — face au poème que cet article se propose d’interroger. Cette posture poétique repose selon l’auteure sur une humilité ressentie comme nécessaire à l’avènement de la parole par le sujet, et elle en étudie les différentes formes à travers plusieurs recueils. Suivant les réflexions que Pierre Nepveu a consacrées à Saint-Denys Garneau dans « La prose du poème », elle analyse par analogie dans quelle mesure cette humilité naît d’un certain prosaïsme qui n’est pas sans emprunter au versant fictif de l’oeuvre. Un temps de la réflexion est donc consacré à l’intrusion du récit et de la fiction dans le poème. Enfin, ces quelques incursions du côté de la fiction permettent de cerner ce qui s’apparente à une esthétique de la pauvreté et de l’imperfection.
Abstract
Michael Delisle’s collections of poetry often focus on mediocrity and awkwardness, displayed in relation to the world, to others and above all to words. As he says in Chose vocale, “Tous les ratages sont bons pour la littérature.” This sense of approximation, of “inhabileté fatale” (André Frénaud)—the fatal clumsiness of both subject and reader with regard to the poem—is examined in this article. The author argues that Delisle’s poetic posture is based on a form of humility that is experienced by the subject as necessary for speech to arise, and examines the various forms taken by this posture in several of his collections of poetry. Basing herself on Pierre Nepveu’s reflections on Saint-Denys Garneau in “La prose du poème,” she analyzes to what extent Delisle’s humility is related to an orientation towards prose, connected to the fictional side of his work, and this leads her to examine the intrusion of narrative and fiction in the poems. These incursions into fictional territory allow the reader to identify something that looks like an aesthetic of poverty and imperfection.
Resumen
La mayor parte de los libros de poemas de Michael Delisle vuelven con regularidad a la cuestión de la mediocridad, la torpeza para con el mundo y para los demás, y aún más: hacia las palabras. “Todos los fracasos sirven para la literatura”, escribe en Chose vocale (Cosa vocal). Lo que este artículo se propone interrogar es esa conciencia de la aproximación, de la ‘inhabilidad fatal’ (André Frénaud) –que es a la vez la del sujeto y la del lector– ante el poema. Afirmaremos que esta postura poética está basada en una humildad sentida por el sujeto como necesaria para el advenimiento de la palabra y estudiaremos sus diferentes formas a través de varios libros de poemas. Según las reflexiones que Pierre Nepveu dedicó a Saint-Denys Garneau en “La prose du poème” (La prosa del poema), analizaremos por analogía en qué medida esta humildad nace de cierto prosaísmo que no deja de extraer de la vertiente ficticia de la obra. Por lo tanto, se dedicará un momento de la reflexión a la intrusión del relato y de la ficción en el poema. Por último, estas escasas incursiones del lado de la ficción permitirán destacar lo que se parece a una estética de la pobreza y la imperfección.