Résumés
Résumé
Comme c’est le cas chez plusieurs de ses contemporains, Victor-Lévy Beaulieu met en question le rapport québécois à l’histoire, en particulier par l’entremise du rêve d’une oeuvre qui permettrait enfin de faire accéder le Québec à celle-ci. Ce « Livre », La grande tribu que Beaulieu promet depuis plus de trente ans sans jamais l’achever, s’avérerait la figure par excellence de ce temps en arrêt propre à l’historicité québécoise. L’auteur analyse ici les traces du Livre dans certains des romans les plus déterminants de Victor-Lévy Beaulieu et les conséquences qui découlent d’une telle écriture. Aux figures de l’historicisme qui conduisent à des contradictions, sera opposée la logique du messianisme comme principe de lisibilité. Ce messianisme, juif, est à distinguer du « messianisme canadien-français » sur lequel ironise Beaulieu dans Don Quichotte de la démanche (1974) et Satan Belhumeur (1981).
Abstract
Like many of his contemporaries, Victor-Lévy Beaulieu has produced work that radically challenges the Québécois relation to history, particularly through his dream of a work that would finally enable Québec to accede to history. This Book—La Grande Tribu, which Beaulieu has been promising for over thirty years but has never finished—is the embodiment of the arrested time that is a specific feature of Québec’s historicity. Analysis focuses on traces of the Book in some of the author’s most determining novels, and on the consequences of its suspended writing. To the figures of historicism leading the work to the worst contradictions are opposed, here, the logic of messianism as principle of legibility – a Jewish messianism, to be distinguished from the “French Canadian messianism” that is treated ironically in novels Don Quichotte de la démanche and Satan Belhumeur.