Résumés
Résumé
La démarche des premiers recueils de Gilles Cyr a souvent été comparée à celle du phénoménologue. On a vu dans Sol inapparent et Ce lieu un promeneur qui affrontait les éléments en se délestant de tout concept, pour les laisser apparaître dans la nudité de l’expérience perceptive. La présente étude, sans remettre en cause cette lecture, commence par la nuancer. Elle a surtout pour objet de montrer la distance que prennent les livres ultérieurs de Cyr face à toute tentative « grave » de « retour aux choses mêmes », car diverses torsions du discours y créent un nouveau rapport entre l’observation et la parole. Plutôt que le sujet cherchant à remonter aux sources de son être-au-monde, ces poèmes mettent en scène un quidam appelé à se dépatouiller dans un univers de forces sur lequel il a un point de vue limité, mais qui prend acte de cette situation et compose avec elle, non sans une bonne dose de scepticisme et d’ironie.
Abstract
The process embodied in Gilles Cyr’s early collections has often been compared to that of the phenomenologist. Sol inapparent and Ce lieu showed an observer who jettisoned every concept as he confronted the elements in the nakedness of the perceptive experience. This article seeks not to challenge this interpretation but to refine it and, particularly, to show how Cyr’s later works distance themselves from any “serious” attempt to “return to things themselves,” as various twists of discourse create a new relationship between observation and speech. Instead of presenting a subject attempting to go back to the sources of his being-in-the-world, these poems introduce an individual who is called on to get by in a universe of forces on which he has a limited point of view, and who acknowledges the situation and deals with it using a good dose of scepticism and irony.