Résumés
Résumé
Imprégnant toute l'oeuvre de Michel Tremblay, et en particulier les Chroniques du Plateau Mont-Royal, le fatalisme est considéré ici comme une attitude mi-philosophique mi-religieuse dont il s'agit de retracer et d'analyser les figures et les effets discursifs. Enté sur le merveilleux que la reprise du mythe des Moires institue tout au long du cycle romanesque, le fatalisme chez Tremblay ne consiste pas à présenter le destin des personnages comme nécessité, arrêté depuis toujours comme c'est le cas chez les Grecs, mais plutôt comme contingence et hasard impossibles à connaître et à prédire. Aussi, l'idée de destin n'opère pas seulement dans l'ordre des individualités, mais comporte une dimension collective qui renvoie à l'appartenance ethnico-nationale des personnages. Figurée sous l'espèce de déesses du tricot, l'idée de fatalité comporte également une dimension religieuse, sous laquelle s'organise un culte de la féminité. Enfin, le fatalisme induit une conception de l'écriture, qui fait de l'écrivain le principe d'un destin incontournable appliqué à ce qu'il raconte, assumant ainsi par sa fonction narrative la fatalité dont les Moires transformées en tricoteuses constituent les figures de représentation littéraire.
Abstract
Fatalism, present throughout the works of Michel Tremblay, and particularly in the Chroniques du Plateau Mont-Royal, is considered here as both a philosophical and a religious attitude whose discursive figures and effects will be identified and analysed. Based on supernatural that the renewal of Moires myth develops throughout the narrative cycle, fatalism in Tremblay's novels does not present character's fate as necessity, fixed forever as it is the case for the Greeks, but rather as contingency and chance that is impossible to know or to predict. Furthermore, the idea of fate is not confined to the realm of the individual but it has a collective dimension that refers to the characters' ethnical and national allegiance. Appearing allegorically as knitting goddesses, the idea of fate also operates on a religious dimension, that overlays a cult of feminity. Finally, fatalism infers a certain conception of writing, in which the writer applies the rule of destiny to that which he narrates, thus assuming himself the fatality that the Moires converted to knitters are the literary figures in Tremblay's novels.