Résumés
Résumé
Dans le liminaire de Parole tenue, Yves Préfontaine désigne son oeuvre à la fois comme un monolithe et un chorus lyrique où s'assortissent les livres, à l'unisson. Le motif du bloc ainsi que l'effroi des dynamismes pulvérulents mis en texte dans le poème entérinent, au plan thématique, le programme formel. Fidèle à l'invite du poète, Paul Chanel Malenfant propose donc ici, balisée par la chronologie, une « saisie en bloc ». Il démontre comment cette poésie, placée sous le signe des désastres (cosmique, national, existentiel...), assume sa tension dramatique par le recours à une double opération matérielle : le décorum langagier et l'effraction verbale. Ces dispositifs, simultanés voire réversibles, oblitèrent ou décalquent l'état de discontinuité de l'univers sinistré. Ils exhibent aussi cette hantise de la viduité que Préfontaine partage avec Mallarmé et dont l'oeuvre semble avoir irrigué, par effet intertextuel, le parcours de Parole tenue. Chez Préfontaine, l'incantation obsédante du rien constitue une résistance à cette « parole de rien » : langue maternelle du « pays sans parole ».
Abstract
In the opening of Parole tenue, Yves Préfontaine designates his work as both a monolith and a lyrical chorus in which books gather in unison. The motif of the block, and the fear of pulverulent dynamisms that acquires textual form in the poem, validate the formal program on a thematic level. In this article, faithful to the poet's invitation, Paul Chanel Malenfant proposes a reading, structured by chronology, of the work as a block. He shows that this poetry, located under the sign of disasters (cosmic, national, existential, etc.), enacts its dramatic tension through a double material operation: linguistic decorum and verbal breach. These mechanisms, simultaneous or even reversible, obliterate or trace the discontinuity of the devastated universe. They also exhibit the haunting sense of emptiness that Préfontaine shares with Mallarmé, whose work seems to have irrigated the path of Parole tenue through intertextual effect. For Préfontaine, the obsessive incantation of nothingness is a form of resistance to the "word of nothingness" that is the native language of the "country without speech".
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