Résumés
Résumé
Jusqu'au tournant des années vingt, la censure se laisse assez aisément circonscrire; un censeur, en l'occurrence le clergé, domine presque tout le paysage culturel. Cependant, entre les années vingt et les années soixante, des mutations formidables amènent le clergé à composer avec l'État, un partenaire qui s'attaque entre autres au cinéma et aux Comic books, tandis que s'affirme progressivement un pouvoir laïc qui s'opposera résolument au contrôle de la pensée. Or, avant la Révolution tranquille, quelles ont été les phases de l'effritement du pouvoir ecclésiastique? Peut-on identifier l'émergence d'un nouveau discours, d'un nouvel ordre des choses? Mais surtout, où trouver un témoin fiable de la période entre 1920 et I960? C'est au moyen de l'étude de quelque 300 articles touchant la censure dans le journal Le Devoir que cet article tente de répondre à ces questions et, surtout, de proposer un cadre d'interprétation de cette période, fondé sur deux grands paradigmes, dogmatique et promotionnel.
Abstract
Until the early twenties, censorship was easily defined: one censor, the Church, dominated the cultural landscape almost entirely. However, from the 1920s to the 1960s, powerful mutations led the clergy to reach an agreement with the state — a formidable partner that took on movies and comic books, among other things — while a lay power resolutely opposed to thought control gradually asserted its power. Before the Quiet Revolution, then, what were the stages of the disintegration of Church power? Can we identify the emergence of a new discourse and a new social order? And can a reliable witness be found for the years from 1920 to I960? Through the study of some 300 articles on censorship published in a newspaper, Le Devoir, this article attempts to answer these questions and to suggest an interpretive framework for the 1920-1960 period based on two major paradigms: dogmatic and promotional.