VertigO
La revue électronique en sciences de l’environnement
Volume 17, numéro 1, mai 2017 Tensions sur l’espace agricole : quand les enjeux fonciers réinterrogent le rapport entre propriété et usage Sous la direction de Alain Gueringer, Coline Perrin et Carole Barthes
Sommaire (20 articles)
-
Tensions sur l’espace agricole : quand les enjeux fonciers réinterrogent le rapport entre propriété et usage
-
Droit foncier et pastoralisme, entre propriété et territoire
Olivier Barrière et Cécile Bes
RésuméFR :
À partir de situations françaises, nous nous interrogeons sur la place du système pastoral dans le territoire et dans le droit à travers ce qui définit le « foncier pastoral ». Comment ce foncier est-il traité, à travers l’histoire, par le droit positif ? De quelle manière les politiques publiques prennent-elles en compte ce droit sur le fonds préposé au pastoralisme ? Ces interrogations aboutissent à un constat. Aller plus loin consiste à s’intéresser au régime du foncier pastoral et à sa mise en oeuvre alliant relation de propriété et relation de territorialité. En effet, la façon dont le droit se saisit de l’espace pastoral permet de se poser la question du régime foncier (le rapport juridique à la terre) face à celle de l’identité territoriale (ce qui fait territoire). Le paradigme qui sous-tend chacune d’elle n’est pas toujours le même d’où des tensions voire des confrontations entre ces deux rapports au foncier. La prise en compte à la fois de la réalité du régime de propriété foncière et de celle de la « mise en territoire » du système pastoral débouche sur une transversalité entre les deux paradigmes qui se pose particulièrement depuis l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO du site Causses-Cévennes pour ses paysages agropastoraux. Le passage à l’échelle locale du caractère patrimonial ne se décrète pas et cette inscription se présente comme une occasion pour les acteurs locaux de formaliser des valeurs territoriales autour du pastoralisme. Aussi, des innovations endogènes au territoire sont récemment promues par ces acteurs dans un processus d’expérimentation au sein de la Communauté de Communes « Causses Aigoual Cévennes Terres solidaires ». L’enjeu est de mettre en lumière la pluralité des rapports à la terre, propriété individuelle ou territoire commun, la marge des possibles qui ne se limite pas à l’ontologie de l’appropriation.
EN :
Based on French situations we question the place of the pastoral system in the territory and in the law through what defines "pastoral land."How land tenure is dealt with, throughout History, by positive law? How public policies take into account land rights related to pastoralism? These questions lead to a finding. Going further leads us to focus on pastoral land tenure and its implementation combining ownership relationship and territorial relationship. Indeed, the way law grabs pastoral space allows us to question land tenure (legal relationship to land) within the matter of territorial identity (making territory). The paradigm that underlies each of them is not always the same causing tensions or confrontations related to two ways of thinking land.Consideration of both land ownership and reality of "land territory" of the pastoral system leads us to a cross between two paradigms. This question gets particularly acute in the context of the World Heritage listing UNESCO of Causses-Cévennes site for its agro-pastoral landscapes. The switch to local heritage character can not be decreed and this UNESCO inscription lays as an opportunity for local actors to formalize land values around pastoralism. Also, endogenous innovations are being recently promoted by local actors in a process of experimentation within the Community of Communes "Causses Aigoual Cévennes Terres Solidaires" (solidarity Lands). The challenge is to highlight the plurality of relationship to land, private property or common territory, that is not limited to the ontology of ownership.
-
Productions d’inégalités d’accès à la ressource foncière et politiques de préservation du foncier : une approche comparative
Mélanie Requier-Desjardins et Gisèle Vianey
RésuméFR :
À partir de résultats de travaux de terrain réalisés en France, en Algérie et au Cameroun, cet article analyse comment des actions, des mesures et des normes visant à freiner la dégradation des terres en zones arides et semi-arides et à contrer l’étalement urbain dans des contextes de forte pression foncière génèrent des inégalités et des exclusions sociales. Pour l’étude, des méthodologies et des disciplines différenciées sont mobilisées : une évaluation économique en Algérie, un diagnostic socio-économique au Cameroun et une analyse des pratiques sociales et agricoles sous-tendant les régimes fonciers locaux en France. Les résultats présentent un ensemble de points communs du point de vue de l’histoire de la ressource foncière et montrent que les effets de ces projets et mesures s’opposent aux objectifs attendus.
EN :
This article is based on the results of three field works carried out in France, Algeria and Cameroon. It analyzes how actions and measures undertaken to reverse the process of land degradation in arid and semi-arid areas and to limit urban pressure on land generate inequalities and social exclusion. Different disciplines and methods are used : an economic evaluation in Algeria, a socio-economic diagnosis in Cameroon and the analysis of social and agricultural practices underlying local land tenure in France. The presented results show that the effects of these projects and actions lead mainly to opposite results compared to the expected objectives, both in terms of tenure and social impacts.
-
Promouvoir l’agriculture dans le projet de territoire pour faciliter la mise à disposition du foncier : le cas de la châtaigneraie ardéchoise
Camille Demené et Odile Audibert
RésuméFR :
Dans un contexte de rareté croissante du foncier, la question de la mise à disposition de parcelles agricoles est toujours épineuse. Le bail rural, soumis au statut du fermage et hérité des politiques de modernisation de l’agriculture de l’après-guerre, en reste aujourd’hui l’outil essentiel. Conçu pour satisfaire aux exigences de l’activité agricole et de sa modernisation, le bail connait toutefois aujourd’hui une certaine disgrâce aux yeux des propriétaires, qui craignent d’y voir disparaître leurs droits à disposer librement de leur foncier. Dans ce contexte, notre contribution s’interroge sur la légitimité actuelle du bail rural et sur le possible renouvellement des modalités de mise à disposition du foncier. Nous faisons l’hypothèse que celle-ci est facilitée dès lors qu’un projet de mise en valeur agricole est partagé entre les parties – propriétaires et agriculteurs. S’il doit avant tout contribuer à une reconnaissance commune des enjeux et à une meilleure acceptation du bail, ce projet partagé peut également ouvrir la voie à des formes originales, notamment collectives, de mise à disposition du foncier. Nous étayerons notre proposition par l’analyse des actions conduites dans le cadre du programme de reconquête de la châtaigneraie, production agricole emblématique des Monts d’Ardèche. Nous y soulignerons l’importance de l’adhésion, à différentes échelles – du territoire à la parcelle - des acteurs à un projet agricole fédérateur, pour améliorer les conditions de mise à disposition du foncier.
EN :
Faced with growing land scarcity, making agricultural land available remains a complex issue. The rural lease contract, created in France during post-war agriculture modernization policies, remains an essential tool for that. Designed to fulfill the requirements of farming modernization and intensification, this contract is however often rejected by landowners, afraid of losing their free will about their property. This paper questions the legitimacy of this type of contract in the current context, towards new modalities or arrangements for making land available. We postulate that developing a territorial agricultural project, shared both by farmers and landowners, stimulates the latter to make their land available for farming. Such project may actually contribute to a better recognition of main issues at stake and to a better acceptance of contract’s terms and conditions. We illustrate our paper with the case of a program conducted in Ardèche (France) to promote renovation of old chestnut’s orchards. We underline especially the importance of constructing this shared project at different scales, from the territory to the agricultural plot, to improve acceptance and conditions of land availability.
-
Le pas-de-porte en agriculture, marqueur de la dérégulation foncière et de la financiarisation des exploitations
Stéphanie Barral, William Loveluck et Samuel Pinaud
RésuméFR :
Le pas-de-porte est une pratique sanctionnée par le droit rural depuis 1946 qui consiste pour le locataire d’une terre agricole à payer un droit d’entrée au locataire sortant et éventuellement au propriétaire de la terre. Si des travaux d’économistes montrent en quoi cette pratique traduit l’existence d’une tension entre logique familiale et logique entrepreneuriale dans la politique agricole française et la gestion des exploitations agricoles, il manque des études empiriques qui mettent en évidence les modalités concrètes de son inscription dans l’économie des exploitations agricoles ainsi que les rapports de force qu’elle charrie afin d’en penser les formes de régulation possibles. C’est l’objet de cet article. Dans un premier temps, il présente les racines historiques de cette pratique et la transformation de sa signification dans le cadre d’une économie agricole de plus en plus capitalistique. Dans un second temps, il décrit la relation tripartite entre locataires entrant et sortant et propriétaire, puis analyse le rôle des acteurs intermédiaires des transactions foncières tels que les conseillers de gestion et les experts agricoles dans le calcul de la valeur du pas-de-porte et dans son intégration à la comptabilité des exploitations. Finalement, l’article montre que l’évolution des statuts juridiques vers des formes sociétaires traduit un mouvement de financiarisation des exploitations, au sein duquel le pas-de-porte est mieux valorisé et plus difficile à réguler. Les récentes évolutions de la politique des structures révèlent la difficulté du législateur à encadrer le mouvement de financiarisation à l’oeuvre.
EN :
Since 1946 and the integration of land lease in the French rural law, the « pas-de-porte », which consists in paying an entrance fee in order to access to land rent to the previous farmer, and eventually to the land owner, became illegal. Economic approaches show how this custom derives from a tension between familial logics and entrepreneurial logics inherent to the French agricultural politic and to farms’ management. We lack empirical studies though, that allow understanding the power relations at stake and the way this illegal fee is integrated in the accountability of farms, in order to consider regulation matters. This article aims to fill this gap. First, it presents the historical roots of this « pas-de-porte » and the transformation of its economic meaning within a more and more capitalistic context. Second, it describes the three-party relations that takes place between the landowner, the former and the new tenants ; it also analyses the role of middlemen such as « experts agricoles » and management consultants in the calculation of the value of the transaction and its integration in the accountability of the farms. Finally, the article shows how the evolution of the legal status towards corporations accounts for a more general evolution of financialisation of farms within which the pas-de-porte has greater value and is harder to regulate. The recent evolutions of the land policy reveal how hard it becomes to frame this financialisation movement.
-
Marché foncier et évolution des usages et des valeurs de la terre agricole à Regueb (Tunisie)
Mathilde Fautras
RésuméFR :
À l’instar de nombreux autres pays, le gouvernement tunisien a entrepris depuis plusieurs décennies l’individualisation de la gestion du foncier agricole. Le régime des terres tribales en indivision, qui était prédominant dans le centre et le sud du pays, a été remplacé par un régime de propriété privée individuelle. Ceci a eu des effets importants sur les espaces ruraux : mutation des systèmes agraires et développement d’un marché foncier localisé, comme dans la région de Regueb, où les transactions impliquent des protagonistes allochtones depuis les années 1990. Il s’agit de comprendre ce processus de marchandisation de la terre, en analysant le « système local d’acteurs » du marché foncier, ainsi que les liens existant avec l’évolution des usages et valeurs de la terre agricole. Cette recherche se fonde sur une enquête de terrain effectuée entre 2012 et 2014 dans la région de Regueb. Elle montre comment les logiques capitalistes contribuent à recomposer cet espace rural et à fragiliser les droits fonciers des paysans. Cette fragilisation est en partie portée par des entrepreneurs et des spéculateurs aguerris, qui maîtrisent les rouages de ce système, et dont certains ont une longue histoire d’appropriation foncière dans l’arrière-pays de Sfax. En même temps, les logiques capitalistes demeurent mêlées à des logiques sociales endogènes, où l’économique ne surdétermine pas la vie sociale. La marginalisation socio-économique d’une partie des paysans, à laquelle nous assistons aujourd’hui, résulte ainsi à la fois de rapports de domination économiques et politiques, et de facteurs matériels et immatériels endogènes freinant l’expansion du capitalisme.
EN :
As in many other countries, the Tunisian government has been initiating a politics of individualization of the agricultural land management for several decades. The regime of tribal communal land, which was predominant in the centre and the south of the country, has been replaced by a regime of individual private ownership. This change has induced important impacts on the rural areas : agrarian changes and the development of a located land market, as in the region of Regueb, where the transactions involve foreign-born protagonists since the 1990s. The aim of this article is to understand the process of land commodification, by analysing the land market “local system of actors”, and the relationships between this system and the evolution of the uses and the values of a land. This article is based on a fieldwork research carried out between 2012 and 2014 in the region of Regueb. It shows how the capitalist logics contribute to the recomposition of this rural area and to weakening of the land rights of the peasants. This weakening is partially caused by some experienced entrepreneurs and speculators, who better know the inner workings of this capitalist system, including some people having a long story of land appropriation in the Sfax hinterland. At the same time, the capitalist logics remain mixed to endogenous social logics, where the economic dimension doesn’t strongly determine the social life. The current social and economic marginalization of a part of the peasants results both from economic and politic domination relationships, and from endogenous material and immaterial factors which slow down the expansion of capitalism.
-
Mobiliser la propriété publique en faveur de l’agriculture périurbaine ? Le cas de la région de Montpellier (France)
Coline Perrin
RésuméFR :
Cet article explore le rôle que pourraient jouer les propriétés publiques dans le maintien ou le redéveloppement de l’agriculture périurbaine. Il s’appuie sur une analyse de la structure spatiale des propriétés publiques et des acquisitions publiques et sur des entretiens semi-directifs conduits dans la région urbaine de Montpellier. Les résultats montrent que les propriétés publiques représentent une emprise spatiale considérable, mais que moins de la moitié des surfaces a un intérêt pour l’agriculture en raison de leur morcellement, de la nature des terrains ou des perspectives d’urbanisation. L’agriculture est marginale dans les stratégies foncières des acteurs publics et parapublics, dont les acquisitions et la gestion foncières sont rarement coordonnées sur un même territoire. Toutefois, quelques communes et intercommunalités développent des stratégies de préservation du foncier agricole. D’autres acteurs publics se tournent vers l’agriculture pour entretenir les terres en leur possession. Ils montrent ainsi que les propriétés publiques peuvent être un levier pour maintenir ou redévelopper l’agriculture en périurbain.
EN :
This paper explores the potential role of public properties in the maintenance or redevelopment of urban agriculture. It is based on a spatial analyzis of public properties, public acquisitions and on in-depth interviews in Montpellier city region. The results show that the public properties represent a considerable spatial extent, but less than half of the surfaces has an interest for agriculture due to land fragmentation, the specific features of land or urbanization perspectives. Agriculture remains marginal in public land strategies. Public and parapublic land acquisition and management are rarely coordinated. However, some local authorities develop strategies for farmland protection. Other public bodies turn to agriculture to maintain the land in their possession. They show that public properties could thus become a lever to maintain or redevelop agriculture on the urban fringe.
-
L’urbanisation, facteur de développement ou d’exclusion de l’agriculture familiale en périphérie des villes : le cas de la ville de Meknès, Maroc
Élodie Valette et Patrick Dugué
RésuméFR :
Des facteurs variés tels que les politiques publiques en faveur du relogement des populations démunies, la promotion de la privatisation des droits fonciers agricoles, ainsi que plus généralement la croissance économique ont favorisé l’étalement urbain dans les principales villes du Maghreb dont Meknès au Maroc. Cette urbanisation s’intensifie au détriment des terres à fort potentiel agronomique malgré les lois pour la préservation des terres agricoles. À Meknès, les agriculteurs familiaux situés en périphérie urbaine ont fourni la grande majorité du foncier constructible. Cet article présente la diversité des stratégies foncières de ces agriculteurs qui témoignent de la prise en compte de la nouvelle donne foncière, ainsi que des capacités de résistance ou de négociation des acteurs. Pour une majorité des agriculteurs propriétaires de leurs parcelles, la vente des terres a permis des investissements dans différents secteurs (transport, commerce…), mais aussi dans l’agriculture, in situ ou via l’achat de terres loin de la ville. Une minorité a préféré conserver ses terres afin d’éviter la vente à des intermédiaires et s’inscrit dans une stratégie d’attente spéculative. Par contre pour les agriculteurs exploitant des terres collectives sans droit de propriété privée, les stratégies sont de défense ou de conflit, dans un contexte où leurs capacités de négociation des prix ou de refus de la cession sont quasi nulles. De façon plus générale, ces processus spéculatifs favorisent l’achat des terres de l’ensemble de la plaine par des investisseurs et des néo-agriculteurs en zone périurbaine comme en zone rurale. L’accroissement du prix de la terre fertile en zone périurbaine entraine celui du prix des terres de même qualité en zone rurale et donc fragilise l’agriculture familiale au Maroc qui n’est plus en mesure de s’opposer aux investisseurs et grands propriétaires terriens sur un marché foncier de plus en plus spéculatif.
EN :
Various factors such as relocation of poor populations policies, promotion of land rights privatization, and, more generally, economic growth fostered urban sprawl in main Maghreb cities, including Meknès, Morocco. This urbanization increases at the expense of high potential agricultural land, despite preservation laws for agricultural land. In Meknes, family farmers settled in city outskirts provided most of building land. This article presents the diversity of land tenure strategies adopted by these farmers. It shows that they take into account the new actors game, as well as actors’ resistance or negotiation skills. For a majority of farmers who owned their plots, selling land allowed to invest in various sectors (transport, trade, etc.); sometimes they have invested in agriculture too, in situ or through purchasing of land away from the city. A minority preferred to keep their land to avoid sale to intermediaries and adopt a speculative strategy. Instead, farmers using collective land without private property rights, have only defense or conflict strategies; they are in a context where their ability to negotiate prices or refuse the transfer is virtually nil. More generally, these speculative processes favor land purchase throughout the plain by investors and neo-farmers in both peri-urban and rural areas. Increase of fertile land price in the periurban zone induces a similar increase for similar land in rural areas; thus it weakens family farming in Morocco as this category of farmers cannot oppose investors and large landowners.
-
Les titres fonciers autour de Bamako : modes d’accès et impacts sur les usages
Fatoumata Camara
RésuméFR :
Dans les communes environnantes de Bamako, les ressources naturelles, particulièrement les terres agricoles, sont soumises à une forte pression. Celle-ci se manifeste par une augmentation croissante du nombre de titres fonciers (TF) pendant ces dernières années. Les communes périurbaines de Bamako comptaient en décembre 2010 43 694 TF avec une superficie de 56 164 hectares, 83 ares et 59 centiares. L’augmentation significative des TF profite peu ou pas à la production agricole. Les usages de la terre étant constamment modifiés, les terres acquises par les nouveaux acquéreurs (les Bamakois) sont utilisées dans la plupart des cas comme un moyen de thésaurisation foncière pour de futurs terrains d’habitations. C’est ainsi qu’environ 70 % des TF ont vocation d’habitation. L’approvisionnement des populations bamakoises en céréales et légumes, que les paysans assuraient tant bien que mal, se détériore, anéantissant les effets bénéfiques d’une sécurisation foncière par voie d’immatriculation.
EN :
In the surrounding areas -communes- of Bamako, natural resources, especially agricultural lands, are submitted to a strong pressure. This is manifested by a steady growth of Land Titles -land ownership Certificates- in recent years. The out-of-town communities -suburban areas- of Bamako accounted, on December, 2010 43 694 Land Titles -Land ownership Certificates- with an area of 56 164 hectares, 83 acres and 59 cent-acres. The significant increase of Land Titles –Land ownership Certificates_ benefits little or no to the agricultural production. The land uses are constantly being changed ; lands acquired by the new owners (citizens of Bamako) are used in most cases as a means of hoarding land for future residential land. Thus, about 70 % of Land Titles- Land ownership Certificates- is devoted to housing. The cereals and vegetables supplying of Bamako populations, that farmers difficultly provided, is destroying, and by suddenly annihilated the beneficial effects of a land secure through registration.
Section courante
-
Du « développement durable » à la « ville durable » : quels débats aujourd’hui ? Regards croisés à partir de la littérature francophone et anglophone
Philippe Hamman, Virginie Anquetin et Céline Monicolle
RésuméFR :
Cet article interroge le répertoire de la « ville durable » via une analyse bibliométrique à partir d’un corpus de 18 revues scientifiques, francophones et anglophones. Si parler de « ville durable » est aujourd’hui devenu incontournable, pour les décideurs, les praticiens comme les chercheurs, on se trouve face à une fracture : ce registre est reconnu par les uns pour sa portée pratique, modifiant les façons de « faire la ville », autant que critiqué par d’autres comme un outillage de légitimation et la continuité d’une pensée de la croissance (à l’image du « développement durable »). Peut-on dépasser une telle lecture binaire pour en savoir plus sur cet énoncé protéiforme ? Une analyse statistique et textuelle a été conduite avec le logiciel libre IRaMuTeQ, dégageant des univers de cooccurrence lexicale. Elle montre que les incarnations de la « ville durable » s’organisent autour de quatre principales figures, à la fois en tension et en évolution, à travers une diversité d’aires culturelles : la « ville verte », la « ville des courtes distances », la « ville juste » et la « ville participative ». Ceci permet de réincarner des processus, des acteurs et des enjeux, derrière les mises en énoncés, comme miroirs de la fabrique urbaine actuelle. La « ville durable » apparaît au final comme un registre proprement politique, loin de toute évidence unique ou en surplomb, économique ou environnemental, qui s’imposerait d’elle-même.
EN :
This paper analyzes the repertoire of the “sustainable city” by conducting a comparative review of a corpus of eighteen French and English-language journals. While the term “sustainable city” has become ubiquitous in the discourse of policy-makers, practitioners and scholars, it is unclear what it actually means. Some use this language for its practical scope and impact in the making of urban policies ; others criticize it as a tool for legitimizing or promoting growth-oriented policies (the same as “sustainable development”). This article aims at going beyond this duality. Statistical and lexical analyses using the IRaMuTeQ software are performed to examine the plural meanings given to the “sustainable city” by evidencing lexical co-occurrences. Changing and often contradictory figures are identified across a wide variety of cultural areas : the “green city”, the “city of short distances”, the “just city” and the “participatory city”. This allows us to re-embody processes, actors and issues behind the discourse and look at them as mirrors of the contemporary making of the city. Ultimately, we find the “sustainable city” to be a genuinely political repertoire – not the expression of a self-evident, overarching economic or environmental impetus.
-
Quantifier les usages de l’eau : une clarification terminologique et conceptuelle pour lever les confusions
Martin Calianno, Emmanuel Reynard, Marianne Milano et Arnaud Buchs
RésuméFR :
Cet article met en évidence les confusions existantes relatives aux termes employés dans les travaux sur les usages de l’eau : besoins, demandes, apports, consommation, prélèvements. Nous proposons un cadre terminologique adapté aux enjeux de la quantification de ces termes, nécessaire au suivi de la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE). Une revue de la littérature permet d’abord d’identifier les termes synonymes de l’usage de l’eau et leurs diverses interprétations. Ensuite, une proposition de terminologie est élaborée autour du concept du cycle d’usage de l’eau, dont la schématisation permet d’illustrer les particularités de chaque terme. Les résultats montrent que les confusions apparaissent principalement au niveau de l’usage même de l’eau, pour lequel les termes associés (besoin, demande, apport et consommation) sont souvent mobilisés de manière imprécise, voire indifférenciée. Les nuances permettant de distinguer ces notions sont décrites via un schéma général de cycle d’usage de l’eau, dont la demande est le moteur principal. Les particularités propres à certains usages sont ensuite schématisées : approvisionnement en eau potable (AEP), irrigation et usages environnementaux. Cette réflexion a été menée conjointement par un géologue, un géographe, une hydrologue et un économiste, ce qui permet d’entretenir le débat sur la terminologie des usages de l’eau et de proposer un essai de synthèse, tel un préalable nécessaire à toute recherche interdisciplinaire sur les « usages de l’eau ».
EN :
This paper aims to highlight existing confusion over the terms used in assessments on water uses : needs, demands, supply, consumption, withdrawals. We suggest a terminological framework adapted to the challenges of water uses quantification, necessary to monitor integrated water resources management (IWRM). A state-of-the-art first draws an overview of synonyms of water use and their different interpretations. A proposal of consistent terminology is then provided based on the water use cycle concept, in order to illustrate the specificities of each term. Results show that confusions mainly arise at the water use stage itself, for which several different terms are used (need, demand, supply and consumption). Differences that distinguish these notions are described on a generic scheme of the water use cycle, where demand is the central notion. Features related to specific water uses are then presented through this cycle : drinking water, irrigation and environmental uses. A geologist, geographer, hydrologist and economist jointly conducted this reflection, thus feeding the debate on water uses’ terminology and synthesizing on what is meant by "water use" in an interdisciplinary manner.
-
Analyse du traitement médiatique du silure glane (Silurus glanis), une espèce au centre de controverses
Jean-Marie Bodt, Frédéric Santoul et Muriel Lefebvre
RésuméFR :
La présence du silure glane (Silurus glanis) dans les rivières françaises est l’objet d’une importante couverture médiatique. Ces articles de presse portent en partie sur l’aspect indésirable de l’espèce : elle serait invasive et perturberait l’équilibre des écosystèmes aquatiques. Cependant, les premières recherches scientifiques sur la question (Valadou, 2007 ; Proteau et al., 2008) tendent à nuancer ces affirmations. Le silure se retrouve dès lors au centre de controverses. Afin de rendre compte de la couverture de ces débats, nous avons analysé le traitement médiatique du silure glane dans des quotidiens nationaux et locaux sur la période 2003-2015. En déployant une méthodologie d’analyse lexicale quantitative, nous avons dégagé différents univers de sens, révélateurs des débats qui entourent le silure. Ensuite, par le biais d’une exploration qualitative des textes, nous avons relevé les manières de désigner le silure et son action sur les milieux aquatiques. Nous avons alors montré que des représentations négatives continuaient d’être véhiculées par les récits médiatiques. En effet, bien que l’on puisse constater une évolution des discours journalistiques, les débats se poursuivent sur l’ensemble de la période étudiée. En dépit des constats empiriques du domaine scientifique, certains acteurs persistent à imputer les désordres écologiques aux populations de silures. Cette focalisation sur les espèces envahissantes est alors le témoin d’une incrimination qui se base principalement sur leur caractère allochtone.
EN :
The introduction of the European catfish (Silurus glanis) in French rivers is frequently covered by the media. In these articles, one of the main issues is the undesirable aspect of this species : it would be invasive and would disrupt the balance of aquatic ecosystems. However, the first scientific research on the issue (Valadou., 2007 ; Proteau et al., 2008) tends to dispute these statements. Since then, the catfish finds itself at the center of controversies. To explore the content of these debates, we analyzed the media coverage of catfish in national and local newspapers from 2003 to 2015. By applying lexical data mining, we identified different lexical unities, revealing debates surrounding catfish. Then, through a qualitative exploration of the texts, we listed the different ways to designate catfish and its impact on aquatic environments. We show that negative representations continued to be covered by media stories. Indeed, although we can observe an evolution of journalistic discourse, debate continues over the entire period. Despite the empirical findings of science, some stakeholders continue to accuse the amount of catfish of ecological disorders. This focus on invasive species shows how judgement is mainly based on the alien character of the species.
-
La variabilité spatio-temporelle des inondations dans le Fossé rhénan à la lumière de l’évolution de la vulnérabilité
Brice Martin, Florie Giacona, Benjamin Furst, Charlotte Edelblutte, Nicolas Holleville, Lauriane With, Carine Heitz, Rüdiger Glaser, Iso Himmelsbach, Johannes Schonbein et Annette Boesmeier
RésuméFR :
En janvier 1910, les cours d’eau du Fossé rhénan (France, Suisse, Allemagne) connaissaient une crue spectaculaire, mais avec des résultats variables spatialement. Les dommages ont été bien plus importants en rive gauche du Rhin (Alsace), du fait d’une différence de vulnérabilité liée aux retards pris dans les travaux de rectifications des cours d’eau. Cet exemple est particulièrement significatif de la nécessité de contextualisation des inondations historiques afin de proposer une interprétation juste des variations spatiales et temporelles. Car l’information sur les événements anciens est tributaire de la production de sources, elle – même largement conditionnée par l’endommagement. La chronologie des inondations historiques doit donc être interprétée avant tout comme une chronologie de l’évolution de la vulnérabilité des enjeux exposés aux crues, et/ou des changements dans l’occupation des sols. Dans cette publication s’appuyant sur une chronologie des inondations dans le Fossé rhénan (France, Allemagne, Suisse) entre 1800 et 2015 extraite de la base de données TRANSRISK, on se propose d’analyser les variations spatiales et temporelles de l’intensité des inondations à la lumière des changements dans l’occupation des sols et de l’évolution de la vulnérabilité qui en découle. Ceci à travers une démarche géohistorique, privilégiant contextualisation, approche multiscalaire et comparative, notamment transfrontalière (France — Allemagne). On s’interrogera, pour finir, sur les conséquences de l’évolution des inondations en termes de culture du risque et sur les moyens de la (re)construire et de la partager.
EN :
In january 1910, a major flood occurred involving all the rivers of the Rhine Graben (France, Germany, Switzerland), but with huge differencies in the spatial results : damages were much more higher on the left side of the Rhine (Alsace), because of the delay in rivers corrections, generating different vulnerabilities. This example shows the necessity of the contextualization of historic floods in time and space. Because the informations concerning floods are linked with sources and the sources are linked with damages. Flood chronology appears much more as a chronology of the vulnerability to flood and of the landuse changes. This paper based on a flood chronology from 1800 to 2015 extracted from the TRANSRISK database (1480-2015), propose to analyse temporal and spatial variations of flood intensity, in relation with landuse changes and vulnerability evolution, using a geohistorical, transnational and comparing approach. At the end, we will also study the consequences of flood evolution on risk culture, and how to rebuild and share it.
-
Diagnostic préventif de la vulnérabilité des constructions résidentielles pour leurs occupants face au risque de submersion marine appliqué à l’île de Noirmoutier (Vendée, France)
Axel Creach, Sophie Pardo et Denis Mercier
RésuméFR :
En février 2010, la tempête Xynthia génère une submersion marine sur les côtes atlantiques françaises, à l’origine de 41 noyades. Les retours d’expérience pointent la configuration et la localisation des constructions résidentielles comme facteur aggravant de la vulnérabilité humaine. Face à ce constat, l’État décide la destruction des constructions les plus dangereuses. Néanmoins, cette politique des « zones noires » n’a été appliquée que sur les territoires les plus impactés par Xynthia. Or, il existe d’autres secteurs vulnérables à la submersion marine en France. Ce travail propose de mener un diagnostic préventif de la vulnérabilité des constructions résidentielles pour leurs occupants sur l’île de Noirmoutier. Peu touchée par Xynthia, l’île présente une configuration propice à la submersion marine et a déjà été durement touchée par le passé. À partir de la méthode de l’indice V.I.E., les résultats montrent une inégale exposition des communes pour un événement de type Xynthia. 46 % des constructions résidentielles de l’île seraient exposées en cas d’inondation avec des disparités selon les communes, la part du bâti exposé allant de 28 % à 76 %. Toutefois, les communes qui comptent la part la plus importante de constructions les plus vulnérables pour leurs occupants sont celles où l’urbanisation est proche des digues. S’il faut relativiser la vulnérabilité de l’île de Noirmoutier vis-à-vis de La Faute-sur-Mer (29 décès lors de Xynthia), cela confirme le rôle des digues comme facteur aggravant de la vulnérabilité. Ce diagnostic ouvre la réflexion sur l’adaptation afin de prévenir les conséquences d’un futur évènement de submersion marine sur l’île.
EN :
Storm Xynthia (2010) was responsible for the death by drowning of 41 people along the French Atlantic coast. Review of the event highlighted how housing buildings increase human vulnerability. Consecutively, French government decided to demolish the most dangerous houses. Nevertheless, it was applied only on the Xynthia’s most impacted areas. However, other vulnerable territories to coastal floods are identified along French coast. The assumption of this work is to provide a preventive diagnosis of vulnerability of housing building for people on Noirmoutier Island. This territory has similar features than those impacted by Storm Xynthia and was severally struck by coastal floods event in the past. Using V.I.E. index methodology, results show that the four towns of the island are not equally exposed to coastal flood. 46 % of housing buildings of the island could potentially be flooded but there are differences between towns from 28 % to 76 %. But towns which have the most important part of dangerous buildings are the one where urbanization is close to dikes. All in all, Noirmoutier Island is less vulnerable than La Faute-sur-Mer (29 deaths during Xynthia) but it confirms that closeness to dikes increase vulnerability. This diagnosis is a way to promote adaptation measures in order to prevent consequences of future coastal floods on the island.
-
L’attachement aux lieux dans les conflits liés à l’environnement sur le littoral : une ressource pour leur régulation
Anne Cadoret
RésuméFR :
Cette contribution vise à identifier les territorialités multiples jouant un rôle dans les mécanismes de conflits liés à l’environnement en caractérisant les signes visibles de l’attachement au(x) lieu(x), observé dans diverses études menées dans des espaces littoraux français. Il ressort de notre analyse que l’attachement au lieu peut se révéler par la vivacité des réactions d’opposition, la constitution de collectifs d’opposition, la violence d’actes de contestation, l’inscription matérielle des revendications, l’emploi d’adjectifs possessifs dans les argumentaires. Ces marqueurs d’attachement au lieu révèlent des territorialités qu’il est important de considérer dans les processus de régulation notamment parce que leur non-prise en compte conduit très généralement, dans les cas étudiés, à une radicalisation des oppositions.
EN :
This contribution aims to identify multiple territorialities and their roles in environmental antagonistic dynamics and characterize the signs of place attachement that we observed in various studies on French coastal zone. Our research shows that place attachment can be revealed by an hypersensitivity of individuals or groups and the intensity of their reactions, the structuring of collectives, violence of acts of opposition, signs in the public spaces, the use of possessive adjectives in stakeholders arguments. These signs of place attachment reveal territorialities which are important to consider for conflict regulation because their lack of consideration very frequently lead, in our case studies, to a radicalisation of the conflict.
-
Un accord pour la biodiversité marine : le cas du parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis
Sophie Lafon
RésuméFR :
La conservation marine est devenue un enjeu mondial. Les aires marines protégées sont maintenant un instrument au coeur des débats. Dans cette étude, est analysé le dialogue qui prit place durant la création du parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis dans le sud-ouest de la France en avril 2015. Cette étude analyse les différentes étapes de la concertation réalisée en amont de la création du parc marin et observe l’appropriation des enjeux (notamment environnementaux) par les participants. Cette étude montre que cette concertation permet l’appropriation des enjeux environnementaux grâce à la co-construction de connaissances socio-économiques et environnementales notamment autour de la question des ressources halieutiques. L’analyse des entretiens auprès des participants permet d’identifier également comment les différentes tensions advenues pendant le processus ont contribué à préparer la décision.
EN :
Marine conservation is now an international issue. Protected marine areas are now a tool strongly discussed. In this study, the process of dialogue which took place during the creation of a recent park, the Pertuis and Gironde natural park in southwest France is analysed, in April 2015. Our research analyzes the different steps in the talk relating to the implementation of the marine park, and observes the appropriation of issues (especially environmental issues) by participants. This paper demonstrates that the dialogue process allows the co-construction of knowledge socio-économic and environnemental, especially for fish resources. The research identifies how the different sources of friction throughout the process contributed to the decision.
-
Conserver la faune sauvage de la péninsule malaise : de la Malaya britannique à la Malaisie indépendante
Mathieu Guérin
RésuméFR :
Les sources historiques montrent que la remarquable biodiversité de la péninsule malaise et les espèces menacées qu’elle abrite ont été préservées en partie grâce aux actions de conservation prises pendant la période coloniale, poursuivies et développées après l’indépendance. Sous l’impulsion de quelques coloniaux, tel l’amateur de grande chasse Theodore Hubback, les États de la péninsule malaise sous domination britannique ont adopté des législations de protection de la faune sauvage, créé des parcs et réserves, notamment le parc national King George V, et mis en place un département de protection de la vie sauvage. Ce dernier était en charge du contrôle des animaux considérés comme nuisibles, de l’application des lois, de la gestion des parcs et de la conservation des espèces. Les game warden britanniques étaient aidés par des Malaisiens engagés qui ont pris la relève après l’indépendance, malgré un manque criant de moyens. La Malayan Nature Society, créée en 1940 par le chief game warden fédéral, a aidé le département dans sa tâche. Jusqu’au début des années 1970, cette association était avant tout un club d’expatriés, mais certains parmi ses rares membres malaisiens sont devenus très influents dans la Malaisie indépendante. Elle s’est ainsi trouvée au coeur de réseaux qui permettaient de mettre les militants de la conservation, les scientifiques, les experts internationaux et les agents du département de la vie sauvage en contact avec les décideurs politiques. La Malaisie a ainsi pu poursuivre les programmes conçus sous domination britannique et développer ses propres politiques de conservation.
EN :
Peninsular Malaysia hosts a remarkable biodiversity and has succeeded in maintaining sustainable populations of endangered species. Historical sources show that this achievement was made possible thanks to a conservation apparatus set up during the British colonial period, which continued and developed further after Independence. Under the pressure of colonists interested in wildlife conservation, such as big game hunter Theodore Hubback, the Malay States under British rule drafted protection laws, established parks and reserves -- including the King George V National Park -- and set up a Game Department charged with pest control, law enforcement, parks management and wildlife conservation. The British Game Wardens were backed by concerned Malaysians who were able to take over after Independence despite the lack of means allocated to wildlife protection. The Malayan Nature Society, founded in 1940 by the federal Chief Game Warden, assisted the Game Department in its task. While the Society remained a British club up to the early 1970s, some of its few Malaysian members became very influential in independent Malaysia. After Independence, the Society was at the centre of a network that connected conservationists, scientists, Game Wardens and decision makers. It was this network of institutions and individuals that allowed Malaysia not only to pursue the conservation agenda set by the British, but also to draw its own conservation policy.
-
Expérimentation d’une évaluation des impacts sur la santé comme vecteur d’un apprentissage collectif des liens entre santé, développement durable et urbanisme
Anne-Laure Legendre, Benjamin Combes, Johan Verstraeten et Yorghos Remvikos
RésuméFR :
L’évaluation des impacts sur la santé (EIS), démarche promue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est généralement présentée comme un outil d’aide à la décision pour des politiques ou projets favorables à la santé. Mais l’EIS se distingue d’autres formes d’évaluation des politiques par l’affichage de certaines valeurs, comme la démocratie, l’équité et le développement durable. Elle se définit aussi par son caractère transversal lié à la diversité des déterminants de la santé qu’elle conduit à mobiliser. Au-delà de l’accompagnement des choix politiques, nous avons cherché à explorer la capacité d’une démarche EIS à générer un apprentissage collectif auprès de ses participants. Nous avons interrogé sa faculté à favoriser l’émergence d’une culture commune autour de la santé et de ses déterminants dans le domaine de l’urbanisme. Profitant de l’expérimentation d’une EIS sur un vaste projet d’aménagement dans l’Ouest Parisien, nous avons proposé de conduire le processus de manière ouverte en impliquant les agents des services et en visant l’appropriation globale du projet, avec la santé comme nouvelle clé de lecture. Les acteurs, issus de sept directions de la municipalité, ont été mobilisés tout au long de la démarche et sur des séances de travail collectif. En partant des input des évaluateurs en charge de l'EIS, leur participation a permis de réaliser une grille d’évaluation multicritères croisant les déterminants de la santé avec les enjeux du développement durable, de procéder à l’évaluation du projet d'aménagement (phase d'évaluation de l'EIS) puis de porter des réflexions croisées au travers d’une séance de délibération sur l’ensemble du projet d’aménagement. À la fin du processus EIS, une enquête a été conduite auprès de ces participants, afin de recueillir leur perception de la démarche et ce qu’ils en ont retiré. Celle-ci semble conforter la pertinence d'une approche participative de l'EIS pour susciter un engagement des acteurs dans la réflexion et leur permettre d’élargir le regard à des thématiques hors de leur champ de compétences habituel. La démarche EIS, ouverte aux agents et les réflexions collectives qu’elle a générées, a été perçue comme un levier pour objectiver et fédérer des avis sur des enjeux généralement peu (ou pas) pris en compte par les aménageurs et apporter de la cohérence à des problématiques souvent diluées par une approche trop segmentée.
EN :
Health Impact Assessments (HIA), promoted by WHO, are generally presented as a process supporting decision-making in favor of health. HIA differs from other forms of policy assessments as it relies on core values among which democracy, equity and sustainable development. It is also characterized by a cross-sectional approach based on the diversity of health determinants that are taken into account. Beyond decision-making, we explored the capacity of the HIA process to generate a collective (social) learning among participants. We questioned its ability to facilitate the emergence of a common culture on health, its determinants, and urban planning. Here we report on our experience of an HIA conducted on a large urban project in the west of Paris. We pursued an open approach allowing municipal agents to actively participate in the process, and learn about the project in general, using health as a new lens for the appraisal. The participants, originating from several departments, were involved in collective working sessions. Their contribution was sought for the elaboration of a set of assessment criteria, linking health determinants with the major issues of sustainable development, then focusing on the assessment of the urban project through a global deliberation. At the end of the HIA process, participants were asked to respond to a survey regarding their opinion on the whole process and the benefits they perceived. Responses seem in support of the relevance of our approach, favoring the participants’ engagement and allowing them to widen their perspectives, beyond their usual field of competences. The HIA process, which included municipal agents, and the discussion that was generated throughout, were perceived as a means to objectivize and federate opinions on issues that are not, or seldom, considered explicitly by urban planners.
-
Lieux et pratiques de la plongée sous-marine sur la côte marseillaise : pour une approche géographique intégrée de l’espace marin littoral
Samuel Robert et Théophile Plouvier
RésuméFR :
Activité récréative en pleine croissance sur de nombreux littoraux du monde, la plongée sous-marine est principalement connue grâce à des études conduites dans le cadre d’aires marines protégées (AMP). Les préoccupations de gestion imposent en effet de connaître les pratiques et leurs effets sur les milieux, mais aussi les retombées socio-économiques de l’activité et ainsi l’utilité sociale de la protection de l’environnement. Pourtant, comme pour de nombreuses autres activités récréatives en mer, les connaissances sur la plongée demeurent relativement lacunaires et sont souvent sujettes à caution. En outre, dans le cas de zones côtières complexes, l’espace des pratiques ne se confond pas systématiquement avec le périmètre d’une AMP lorsqu’elle existe. Il est alors pertinent d’appréhender cette activité au niveau du système territorial dans lequel elle s’insère. Tel est le propos de cet article qui s’intéresse au littoral de Marseille (France), l’un des berceaux mondiaux de la plongée. Juxtaposant un grand port de commerce avec divers périmètres de protection de l’espace marin littoral aux réglementations distinctes, ce littoral constitue une zone privilégiée pour cette activité. À partir d’une enquête auprès des principales structures d’encadrement de la plongée, une géographie des pratiques est alors révélée. Dans une perspective de démarche intégrée, elle est ensuite mise en discussion avec les périmètres de gestion et les quelques efforts d’organisation de l’activité sur l’ensemble du littoral.
EN :
Being a growing recreational activity on many coasts in the world, scuba diving is mainly known thanks to studies conducted in the frame of marine protected areas (MPAs). For management purposes indeed, it is necessary to know scuba diving practices and their ecological impact. But it is also important to report the socio-economic added value of this activity and thus the social utility of the environmental protection measures. Yet, as for many other recreational activities at sea, knowledge about scuba diving remain relatively incomplete and often unreliable. Furthermore, in the case of complex coastal zones, the geographical extent of the practices does not match systematically with the area of an MPA when it exists. It is therefore relevant to approach this activity at the level of the territorial system in which it occurs. This is the subject of this article which deals with the coast of Marseille (France), one of the world’s cradles of diving. Combining a large commercial port with various marine protected areas with distinct regulations, this coast is a prime but complex area for this activity. From a survey of key diving structures, a descriptive geography of scuba diving can then be revealed. It is then discussed with the management areas and the few efforts to organize the activity on the whole coast, from the integrated coastal area management perspective.
-
Les représentations sociales pour cerner l’évolution des conceptions de la forêt québécoise : une analyse autour du documentaire L’erreur boréale
Isabelle Paré
RésuméFR :
La multiplicité des façons d’aborder l’environnement se transpose nécessairement sur la forêt. Appréhender comment les gens conçoivent cette dernière est une opération plus complexe qu’il n’y paraît. Dans cette réalité multiple, flexible et sociale, la forêt convoque différents bagages et tout autant de savoirs à son propos. Alors que, partout dans le monde, les controverses sur sa gestion sont fréquentes, sa définition, complexe, doit être approchée avec nuances. Cette étude scrute, à l’aide des outils conceptuels que propose la théorie des représentations sociales, de quelles façons était conçue la forêt dans l’espace public et examine ce en quoi une controverse, le cas de la diffusion du documentaire militant L’erreur boréale, a alimenté la transformation de ces conceptions. Une approche méthodologique mixte combinant analyse de similitude et analyse thématique du contenu a permis de dégager les représentations sociales de la forêt, tel qu’elles étaient véhiculées dans le quotidien La Tribune, avant et après la diffusion de L’erreur boréale. L’analyse des RS avant la diffusion du film a permis d’en dégager une, la forêt généreuse. La controverse a entraîné l’émergence ou la transformation de 4 représentations sociales : la forêt précieuse, la forêt dure, mais généreuse, la forêt menacée et la forêt abstraite.
EN :
The multiplicity of ways to apprehend nature and the environment necessarily transpose to the understanding of forests. Nevertheless, understanding how people conceive the latter is more complex than it appears. In this multiple, flexible and social reality, forests convey different meanings, experiences, and knowledge. As controversies over the management of public forests are frequent, the complexities of forests understanding must be approached with nuances. This study examines in what ways forest is conceptualized in public discourses, using the analytical tools proposed by the theory of social representations (SR). It also sheds light on how a controversy, the case of the documentary L’erreur boréale (Forest Alert), fuelled the transformation of these conceptions. Using a sequential mixed method design combining a similarity analysis to a thematic content analysis, we uncover social representations of forest as they were conveyed in the daily newspaper La Tribune, both before and after the broadcasting of L’erreur boréale. Divergent conceptions of forest were found. Before the release of the film, the analysis revealed a single SR : the generous forest. The controversy has led to the emergence and transformation of four SR : the defenseless forest, the tough but generous forest, the threatened forest and the abstract forest.