VertigO
La revue électronique en sciences de l’environnement
Volume 16, numéro 3, décembre 2016 Vulnérabilités environnementales : perspectives historiques Sous la direction de Charles-François Mathis, Stéphane Frioux, Michèle Dagenais et François Walter
Sommaire (26 articles)
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Vulnérabilités environnementales : perspectives historiques
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Le risque tsunami en Nouvelle-Calédonie : Évolutions des facteurs de vulnérabilités et de résiliences à Lifou en territoire coutumier kanak
Matthieu Le Duff, Pascal Dumas, Catherine Sabinot et Michel Allenbach
RésuméFR :
Le dernier tsunami meurtrier ayant impacté la Nouvelle-Calédonie eut lieu en mars 1875. Le sud de l’île de Lifou (île Loyauté) fut le plus concerné. Les tribus de Luengoni, Joj, Mu et Ahmelewedr (district de Lösi) concentrent les dégâts et victimes de la catastrophe. La nature de l’aléa sismique et tsunami en Nouvelle-Calédonie est bien connue, pourtant aucune étude ne s’est intéressée aux conditions de réalisation de cette catastrophe (1875), c’est-à-dire aux facteurs de vulnérabilités internes pouvant en expliquer l’ampleur. Car si l’aléa est ici d’origine naturelle, l’acte d’implantation et la structuration de la tribu dans cet espace sont quant à eux issus d’interactions sociales, politiques et culturelles s’inscrivant dans une dimension historique. Le choix radical fait à Mu, de déplacer la tribu est ainsi particulièrement intéressant à analyser du point de vue de la capacité de résilience des populations. De la même façon, la relation entre le risque et le territoire est ici fondamentale à considérer, car l’organisation socio-spatiale que l’on connait aujourd’hui est partiellement héritée de cet épisode. Au travers de cet article, nous souhaitons atteindre deux objectifs : d’une part, apporter un éclairage sur la situation de la Nouvelle-Calédonie face au risque tsunami et d’autre part, proposer des pistes de réflexion sur ce que pourrait être une politique de prévention territorialisée, reposant sur la prise en compte des concepts de vulnérabilité et de résilience, politique qui serait adaptée au contexte culturel local et répondrait aux enjeux humains posés par ce phénomène.
EN :
The last tsunami which has had an impact on the New Caledonia came in March 1875. The south of the Lifou island (Loyalty island) has been most concerned. The tribes of Luengoni Joj, Mu and Ahmelewedr (District of Lösi) focuses the damage and victims of the disaster. If we know the dynamics of seismic and tsunami hazards in New Caledonia, there is no study has yet been interested by conditions of achievements of this disaster (1875), that means, the internal vulnerability factors which explain the disaster. If the hazard comes from of a natural origin, the establishment and structuring of the tribe in this space are produced by social interactions, politics and culture which have to been considered in a historical dimension. The radical choice of moving the tribe of Mu is particularly interesting to analyze from the view of the population resilience. In the same way the relationship between risk and territory is essential to consider here because the socio-spatial organization that we know today is partly inherited from this episode. This paper had two objectives : firstly, to understand the New Caledonia’s tsunami risk situation, on the other, suggest ways of development for an integrated tsunami risk management, based on the concepts of vulnerability and resilience and by this way adapted to the local cultural context and able to respond of human challenges posed by this natural hazard.
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La construction des grands ensembles en France : émergence de nouvelles vulnérabilités environnementales
Gwenaëlle Legoullon
RésuméFR :
La société française a connu pendant les années 1945-1980 une transition brutale vers un nouveau modèle économique et social. Les villes ont été le réceptacle et le support de ces transformations. Les grands ensembles furent le miroir grossissant des fragilités structurelles engendrées par cette mutation. De ce fait ils constituent un lieu d’observation privilégié de l’apparition et du traitement des vulnérabilités sociales et environnementales liées aux transformations urbaines qui ont lieu depuis 1945. Différents secteurs de la population ont été profondément fragilisés par ce considérable effort de construction : ouvriers du bâtiment soumis à un nouvel environnement du travail du fait de l’industrialisation des chantiers, habitants confrontés aux déficiences des nouveaux logements et aux spécificités de la vie dans ces nouveaux quartiers, riverains bouleversés par la modification radicale de leur environnement... Nous traitons ici plus particulièrement des habitants des grands ensembles, en montrant comment des politiques de construction ont placé ces populations dans une situation de vulnérabilité sanitaire face à un environnement nouveau et, à certains égards, pathogène. L’origine de ce processus se trouve dans l’élaboration expérimentale de nouveaux procédés de construction après la Seconde Guerre mondiale. Les risques importants qu’ils présentent sont précocement identifiés et ont tôt fait l’objet de tentatives de remédiation. Néanmoins ils furent largement reconduits et massifiés à travers la construction des grands ensembles dans les années 1950 et 1960. Les dispositifs mis en place pour lutter contre ce qui fut d’emblée considéré comme des défauts structurels paraissent souvent tardifs, partiels et sous-dimensionnés.
EN :
The French society has experienced during the 1945-1980 période an abrupt transition to a new economic and social model. Cities have been the recipient and the way of these changes. The large housing estates were the magnifying mirror of the structural weaknesses caused by this change. That’s why they are a good place to observe the emergence and treatment of social and environmental vulnerabilities caused by urban transformations taking place since 1945. Different categories of the population have been deeply weakened by the considerable construction effort : workers of the building trade facing a new work environment due to the industrialization of the sites, people confronted with new housing deficiencies and specificities of life in these new neighborhoods, residents upset by the radical change in their environment ... We study especially the residents of the large housing estates, showing how construction public policies put those people toward a new and pathogenic environment. This process have its origine in the experimental development of new construction methods after the Second World War. Their important risks were early identified. In spite of these problems, the new construction methods are widely extended and massified through the construction of large housing estates in 1950’s and 1960’s. Very quickly politicians and city professionals saw that the people were exposed to significant physical and psychic risks. The remedial public policies often seem delayed, partial and undersized to face such structural big failures.
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Construction et évolution de la vulnérabilité dans la vallée de l’Escaut (France) et la vallée du Saint-Laurent (Québec), XVIIe – XIXe siècles
Laetitia Deudon
RésuméFR :
Les sociétés riveraines, par les différents aménagements qu’elles greffent aux cours d’eau ainsi que par leurs usages, bouleversent l’équilibre des hydrosystèmes. Les inondations constituent, dans ce contexte, une réponse du milieu face aux modifications de la morphologie fluviale et de l’hydrodynamique. À travers l’exemple de la vallée de l’Escaut (France) et de la vallée laurentienne (Québec), l’objectif de cet article est de déterminer, grâce à la démarche comparative, dans quelles mesures les sociétés contribuent à accentuer, voire à créer, leur propre vulnérabilité, en Europe comme en Amérique du Nord tout en cernant l’évolution et les temporalités de cette vulnérabilité au sein des deux espaces considérés entre les XVIIe et XIXe siècles. L’article aborde le rôle des équipements fluviaux et des modifications de tracés ainsi que l’influence de pratiques sociales dans l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des crues et par conséquent de la vulnérabilité. Ensuite, il s’agit de mesurer l’impact de ces transformations sur les hommes et leurs biens en milieu urbain, péri-urbain et rural. Enfin, l’accent est mis sur les moyens adoptés par les communautés et les autorités pour pallier le problème. Cela se traduit par des travaux de plus ou moins grande envergure pour, d’une part, limiter l’impact des inondations et, d’autre part, agir sur la cause même des catastrophes. À court terme, il s’agit pour ces sociétés plus ou moins résilientes d’opérer des réajustements sur les aménagements sources de crues, d’aménager des digues et des fossés pour contenir et écouler les eaux. À long terme, le but est de parvenir à maîtriser et gérer le réseau fluvial pour prévenir les inondations, mettre fin aux dégâts causés par celles-ci et mettre en valeur le territoire.
EN :
Riparian societies, by the different facilities they grafted to streams as well as their uses, upset the balance of water systems. Flooding is, in this context, a response of the natural environment to changes in river morphology and hydrodynamics. Through the example of the Scheldt Valley (France) and the St. Lawrence Valley (Quebec), the objective of this article is to define, using a comparative approach, to what extent societies contribute, to enhance or even create their own vulnerability, in Europe and North America while identifying the evolution of this vulnerability in the two areas considered between the seventeenth and the nineteenth centuries. This article addresses the role of river equipment and riverbed metamorphoses and the influence of social practices in the increased frequency and intensity of floods and therefore vulnerability. Then it comes to measuring the impact of these changes on people and their property in urban, peri-urban and rural spaces. Finally, the emphasis is on the means adopted by communities and authorities to overcome the problem. This translates works of greater or lesser extent, on the one hand, to limit the impact of floods and, secondly, act on the root cause of disasters. In the short term, it is it is to these more or less resilient societies to make such adjustments on the amenities sources of flooding, develop dikes and ditches to contain and dispose of the water. A long term goal is to achieve mastering and managing the river system to prevent flooding, for putting the damage caused by them and develop the territory.
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Une vulnérabilité délibérément acceptée par les pouvoirs publics ? Extraction du charbon et inondations dans la vallée de la Haine, 1880-1940
Kevin Troch
RésuméFR :
L’impact des activités extractives sur l’environnement, notamment au niveau de l’eau, constitue une question d’actualité importante. Pourtant, les études historiques sur les vulnérabilités environnementales engendrées par les activités minières sont rares. Cet article entend apporter un éclairage historique sur la question de la vulnérabilité au risque d’inondation dans le bassin houiller du Couchant de Mons. Le cas de la vallée de la Haine est à ce titre intéressant, car l’influence des travaux miniers sur le régime de l’eau y est ancienne, mais c’est à partir des années 1880 que le problème devient crucial pour le devenir de la région. La vallée subit de nombreuses inondations entre les années 1880 et les années 1940 durant la période d’extraction intensive du charbon. Rapidement, les charbonnages sont accusés d’engendrer ces inondations ou du moins, d’en augmenter le ressenti, à cause des affaissements miniers créés par leurs travaux souterrains. L’extraction intensive du charbon durant ces six décennies serait à l’origine de la vulnérabilité de la vallée au risque d’inondation dont les effets se font encore sentir actuellement. Pourtant, les charbonnages ne participent à aucun travail d’aménagement des cours d’eau afin d’empêcher leur débordement. L’État belge accepte même d’endosser la charge des travaux d’amélioration des cours d’eau de la vallée et de la gestion du démergement des parties affaissées sans impliquer les charbonnages. Comment expliquer cette « disjonction des responsabilités » dans le domaine de la vulnérabilité de la vallée de Haine au risque d’inondation ? Cet article entend montrer comment les charbonnages de la vallée de la Haine ont réussi à convaincre le gouvernement que les affaissements miniers causés par leurs travaux ne jouent pas un rôle important dans les inondations frappant la région et à se dédouaner de leur responsabilité, principalement à travers les actions de la commission de la Haine, un groupe d’étude et de pression institué par les charbonnages du Couchant de Mons et du Centre à la suite des inondations catastrophiques des hivers 1924-1925 et 1925-1926.
EN :
The environmental impacts of mining, especially regarding water, are a highly topical issue. However, historical studies on environmental vulnerabilities caused by mining industries are lacking. This article seeks to provide a historical highlight on the vulnerability to flooding in the Couchant de Mons coal basin. The Haine valley case is interesting because the effects of mining works on the water regime are old but it is from the 1880s onwards that the problem became crucial for the future of the region. The valley has undergone many floods between the 1880s and the 1940s, which is the period of intensive extraction of coal. Quickly, the collieries are accused of engendering these floods, or, at least, increasing their effects, because of the mining subsidence created by mining underground works. The intensive extraction of coal for six decades is the cause of the vulnerability of the valley to flood risk. These effects are still perceptible now. Yet, collieries were not involved in rivers landscaping projects. The Belgian State accepted even to carry on the burden of rivers landscaping works and the management of collapsed areas without involving the collieries at all. How to explain this “disjunction of responsibility” in the risk management to flooding in the Haine valley ? The purpose of this article is to understand how collieries have managed to convince government that subsidence engendered by their works doesn’t play the main role in the floods hitting the Borinage, mainly by studying the acts and discourses of the Committee of the Haine, a pressure group created by the collieries in 1925 following the disastrous floods of winters 1924-1926.
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La vulnérabilité de la forêt provençale face aux incendies : naissance d’une notion (fin XIXe siècle)
Martine Chalvet
RésuméFR :
Au XIXe siècle, la notion de vulnérabilité environnementale n’est pas encore définie. Pourtant, l’idée de vulnérabilité des forêts face aux incendies en Provence commence à apparaître. L’article cherche à comprendre pourquoi et comment, les incendies sont perçus comme « un fléau » dans le nouveau contexte économique et technique de l’exploitation des lièges et de la gemme. Dans les années 1860, cette nouvelle perception des incendies entraîne la mise en place de groupes de pression efficaces. Les notables provençaux, comme Charles de Ribbe, et l’administration des Eaux et Forêts, dirigée par Henri Faré, se battent pour obtenir l’élaboration d’une politique publique et la reconnaissance d’une spécificité régionale des Maures et de l’Esterel, désormais appelés « la région du feu ». Dans le contexte scientifique et libéral de la fin du XIXe siècle, que recouvre véritablement cette nouvelle idée de vulnérabilité ? Quels acteurs construisent ce nouveau discours ? Quelles politiques et quelles législations sont proposées ? Et avec quel succès ?
EN :
In the nineteenth century, the word vulnerability, when applied to forest, did not exist yet. Nevertheless, the notion of vulnerability to fire of the Provence forests was in the making. At the time, a new economic and technical context of the exploitation of cork and pine resin was emerging, and the paper clarifies why and how fires were regarded from then on as “disasters”. This new perception paved the way for the creation of interest pressure groups led by Charles de Ribbe and Henri Faré. They lobbied in order to obtain the elaboration and implementation of public policies and the recognition of a regional specificity of the Maures and the Esterel ranges, which were called “the region of fires” at the time. In the liberal and scientific context of the late nineteenth century, what was the meaning of vulnerability ? Who shaped this new discourse ? What types of policies and regulations were proposed ? Were they successful ?
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Modernité, anachronisme et ambivalence des risques et catastrophes naturelles à travers l’approche géohistorique
Nancy Meschinet De Richemond
RésuméFR :
Les données historiques permettent de poser le problème de la prise en compte des risques naturels dans la gestion d’un territoire d’une manière originale. Le contexte culturel et historique de production des documents anciens portant sur les catastrophes naturelles demande à être interprété afin de préciser les évolutions qualitatives de ce qui ne s’appelle pas encore la vulnérabilité. Réduire la diversité historique des procédures d’aides aux sinistrés à une « indemnisation » peut être pédagogique, mais illustre un processus « d’épistémisation » (Chouquer, 2008) : la procédure d’aide peut facilement se réduire à sa dimension financière, aspect souvent considéré comme le plus important aujourd’hui. Mais ce n’était pas le cas au XVIIIe siècle en France. Le contexte, largement implicite, au sein duquel ces aides sont mises en place doit être précisé et interprété. L’approche géohistorique des risques est non seulement intéressante en soi pour détecter stéréotypes et anachronismes, mais permet également de réinterroger les pratiques contemporaines de gestion. Prendre en compte la diversité des faits et des représentations permet alors de s’interroger sur la dimension positive et créatrice du risque et de la catastrophe. Cette ambivalence du risque et de la crise est souvent revendiquée par les sinistrés comme créatrice de lien social à travers une gestion empirique et globale. Tout en voulant redonner sa place à une dimension positive des vulnérabilités, la notion de résilience n’empêche-t-elle pas l’intégration de cette dimension créatrice en contribuant à renforcer le cadre de pensée moderne fondé sur la coupure et l’hyperspécialisation ?
EN :
Historical data allows to raise the problem of natural hazard consideration in territorial management in an original way. The cultural and historical context of the production of old documents about natural disasters must be interpreted to clarify the qualitative evolutions of what is not yet called the vulnerability. Reduce the historical diversity of disaster victims aids procedures to a « compensation » may be educational but illustrates an « épistémisation » process (Chouquer, 2008) : aids procedures can easily be reduced to its financial side, as it is usually the most important today. But it was not the same during the XVIIIth century in France. The historical overwhelmingly implicit context, within which these aids are organized must be specified and constructed. The geohistorical approach of risk is not only interesting in itself to detect stereotypes and anachronisms, but also allows to re-question the contemporary practices of hazard management. To make allowance for the diversity of facts and representations allows then to wonder about the positive and creative side of hazard and disaster. This ambivalence of risk and disaster is often claimed by the victims as the creator of social cohesion through an empirical and global management. While wanting to restore a positive side of the vulnerabilities, the resilience notion may prevent the integration of this creative side by contributing to strengthen the modern framework thinking established on division and high specialization ?
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Les enjeux de l’après : vulnérabilité et résilience à l’épreuve des politiques de la catastrophe au 20e siècle
Giacomo Parrinello
RésuméFR :
L’avènement d’une catastrophe expose la vulnérabilité et la résilience d’une communauté. Pour la même raison, la catastrophe représente une fenêtre d’opportunité pour modifier ces conditions. Mais est-ce vraiment le cas? Est-ce que les catastrophes sont suivies par un changement des conditions de vulnérabilité qui l’ont générée ou des facteurs de résilience qui en ont mitigé les effets? À quelles conditions et comment? Cet article cherche à répondre à ces questions à travers l’étude historique des transformations en aval des catastrophes. Nous concentrerons l’analyse sur les désastres séismiques, qui constituent le terrain d’expertise principal de l’auteur, mais avec l’ambition de proposer des éléments de réflexion qui puissent s’adapter à d’autres typologies de catastrophes naturelles. Sur la base d’une comparaison entre le tremblement de terre de Messine de 1908 et celui de la vallée du Belice (Italie) de 1968, mais aussi en référence à d’autres cas, cet article dégagera certains facteurs clés pour comprendre les modifications que les politiques des catastrophes peuvent apporter sur les éléments qui rendent possible la catastrophe ainsi que sur les facteurs qui permettent – une fois la catastrophe survenue – de s’en remettre. L’article se concentre notamment sur trois aspects: le lien entre interprétations du désastre et politiques de protection; les conséquences à long terme des choix de l’urgence; les dispositifs de mémoire institutionnelle. À travers ces trois étapes, l’article démontre comment la modification ou non des conditions de vulnérabilité et résilience est liée aux tensions et conflits entre plusieurs acteurs et intentionnalités qui ne sont pas forcément liés aux politiques de protection et produisent, sur le temps long, des conséquences imprévues.
EN :
The occurrence of a disaster exposes the vulnerability and resilience of the affected community. For the same reason, disasters represent windows of opportunity to modify these conditions. But is it really so? Is a disaster followed by a modification of the conditions of vulnerability that caused it or of the factors of resilience that mitigated its effects? And if so, at which conditions and how? This article tackles those questions via the historical analysis of post-disaster transformations. It focuses on seismic disasters, which are the main area of expertise of the author, but hopes to offer reflections that speak also to other kind of disasters. The analysis is grounded on a comparison between the 1908 Messina earthquake and the 1968 Belice Valley (Italy) earthquake, but makes reference also to other disasters. Based on this empirical evidence, the article sheds light on how post-disaster politics can transform those factors that contributed to the disaster as well as factors that can contribute to overcome it. The article focuses notably on three themes: the nexus between disaster interpretations and prevention policies; the long term consequences of emergence choices; the structures of institutional memory. These three themes illustrate how the modifications or the persistence of conditions of vulnerability and resilience depended on tensions and conflicts among multiple actors and their conflicting intentions. These intentions often do not correspond to those of disaster prevention and can produce, over the long term, unexpected consequences.
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Les paysages volcaniques vésuviens : un laboratoire des notions de risque, vulnérabilité, résilience
Antonella Tufano
RésuméFR :
Les territoires volcaniques ont donné lieu à des observations scientifiques, des descriptions littéraires et des représentations artistiques qui –depuis plusieurs siècles- ont montré comment la notion de risque pouvait faire l’objet d’une construction culturelle. La lentille d’observation qui permet de replacer la catastrophe, ses effets et le sentiment d’incertitude qu’elle suscite dans une perspective rationnelle est la notion de paysage, en tant que construction culturelle qui élimine les éléments surnaturels pour laisser libre cours à l’observation du phénomène naturel catastrophique.
Tout particulièrement, dans le cas du Vésuve, au XVIIIe siècle, se met en place un prisme d’observation multiple, mais convergent vers la place et le rôle de l’homme dans ce contexte. Afin de renforcer ces discours, les ouvrages scientifiques s’accompagnent souvent de représentations volcaniques à l’esthétique spectaculaire : la destruction est ainsi transcendée dans une image sublime qui peut également être observée comme une première forme de médiatisation du risque et de la catastrophe qui pourrait légitimer son acceptabilité sociale. À ce registre s’ajoute celui de la responsabilité humaine. Dans la dernière partie, à travers l’ouverture à d’autres cas d’étude, il sera possible de constater une permanence vésuvienne, en tant que modèle qui a marqué l’imaginaire et aussi comme base des variations offertes par les autres volcans et les autres comportements : gestion du risque ou intégration de la résilience pour construire des paysages volcaniques renouvelés par l’esthétique environnementale.
EN :
The scientific observations made on the volcanic territories as well as their representations show how territories subjects to risk can become cultural artefacts. These volcanic landscapes offer the possibility of observing differently the disaster, its effects and the uncertainties which the rationality cannot accept. At the same time, the cultural approach of volcanoes eliminates the supernatural elements and facilitate the scientific observation. Vesuvius is an example of this cultural construction which invites to reconsider the place and the role of the man in these contexts at risk.
This paper deals with the scientific works of the XVIIIth century and their illustrations opening to an esthetics which sublimates the destruction. These pictures seem to be the ancestors of the mediatization of the risk and put in the foreground the themes of the human responsibility and the social acceptability. After the appearance of the other volcanic landscapes in the world, Vesuvius remains a forward-looking laboratory of observation for alternative manners to manage volcanoes. Indeed, the resistance of the inhabitants invites to consider differently the management of the resilient volcano’s landscape. So, the resilient turn gives birth to new volcanic landscapes and their environmental esthetics corresponds to a new way of taking care of territories at risk.
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Changements climatiques, changements du littoral et évolution de la vulnérabilité côtière au fil du temps : comparaison de territoires français, canadien et sénégalais
Sebastian Weissenberger, Mélinda Noblet, Steve Plante, Omer Chouinard, Julie Guillemot, Mélanie Aubé, Catherine Meur-Férec, Élisabeth Michel-Guillou, Ndickou Gaye, Alioune Kane, Coura Kane, Awa Niang et Aichetou Seck
RésuméFR :
La vulnérabilité des zones côtière aux impacts des changements climatiques et aux aléas météo-marins (tempêtes, inondations, etc.) résulte conjointement de dynamiques liées au milieu naturel et à l’élément humain et social qui façonnent le système socio-écologique. Pour tenir compte de cette dualité, des approches théoriques ont été développées, telles que le couple exposition/sensibilité dans le développement d’indices de vulnérabilité climatique ou le couple aléa/enjeux dans le domaine de la gestion du risque. Souvent, ces approches ne s’appliquent que de manière instantanée et n’intègrent pas, entre autres, l’historique du territoire et l’évolution temporelle de la vulnérabilité. Nous nous intéressons ici à la dimension historique de la vulnérabilité, c’est à dire comment l’aménagement et l’utilisation du territoire ont contribué à créer une vulnérabilité. Nous décrirons comment la vulnérabilité aux changements climatiques de certains territoires côtiers en France, au Sénégal et dans l’Est du Canada est déterminée par l’évolution de l’aménagement du territoire, lui-même fonction de facteurs démographiques, économiques, environnementaux, sociaux et culturels qui se sont mis en place sur différentes échelles de temps, séculaires pour certains, récentes pour d’autres. Nous constatons que différentes trajectoires historiques, p. ex. le développement du tourisme côtier, l’ouverture du territoire à travers des nouveaux modes de transport, l’évolution d’activités économiques côtières comme la pêche, ou encore les changements démographiques résultant de conditions climatiques difficiles dans l’hinterland peuvent rendre un territoire sensible aux impacts des changements climatiques et des aléas météo-marins. La synergie entre ces différentes transformations du territoire côtier et les changements climatiques actuels et attendus, donne le portrait d’une vulnérabilité en constante transformation.
EN :
The vulnerability of coastal zones to the impacts of climate change and risks is the result of the synergy of natural and human impacts on the natural environment, which together create a vulnerable socio-ecological system. In order to account for that duality, theoretical approaches such as the exposition/sensitivity or risk/hazard couples have been developed for the evaluation of climate vulnerability indices or in risk management. Often, these approaches are only implemented in a punctual manner and do not integrate the historical evolution of the territory and of its vulnerability. Here, we address the historical dimension of vulnerability, that is how the planning, use and vocation of the territories have contributed to create vulnerability. We will describe how the climate vulnerability of certain territories in France, Senegal and Atlantic Canada is determined by the evolution of land use, of demographic, economic, environmental, social and cultural aspects that evolve on different time scales, secular in some cases, more recent in others. It can be observed that different historical trajectories, e.g. the development of coastal tourism, the opening of the territory through new transport means, the evolution of coastal activities such as fishing or demographic change resulting from adverse climatic conditions in the hinterland can make a territory vulnerable to the impacts of climate change and hazards. The synergy between these different transformations of the coastal zone and the new element of climate change draw the portrait of a constantly evolving vulnerability.
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Vulnérabilité et adaptation des sociétés littorales aux aléas météo-marins entre Guérande et l'île de Ré, France (XIVe - XVIIIe siècle)
Emmanuelle Athimon, Mohamed Maanan, Thierry Sauzeau et Jean-Luc Sarrazin
RésuméFR :
Cette recherche se propose d'explorer la notion de vulnérabilité des sociétés littorales médiévales et modernes de l'Ouest de la France face aux crises engendrées par des événements exceptionnels. Le cadre spatio-temporel de l'étude est localisé en France, de la presqu'île guérandaise à l'île de Ré, entre le xive et le xviiie siècle. Cette zone littorale sensible, voire éminemment fragile par endroits, est régulièrement battue par des vents violents et subit des submersions épisodiques susceptibles d'engendrer des ruptures d'équilibre. Interroger la notion de vulnérabilité socio-spatiale dans une perspective historique a en premier lieu exigé d'identifier les aléas. Le choix fut fait de s'intéresser principalement à ceux liés au vent (tempêtes) et à la mer (submersions). L'étude des impacts de ces phénomènes sur les sociétés, ainsi que l'analyse de leurs réactions a ensuite permis d'aborder en simultané la vulnérabilité et les formes d'adaptation des populations littorales anciennes, en particulier à travers la mise en mémoire, la conscience du risque, le développement de la prévention, etc. Penser la notion de vulnérabilité sur le temps long contraint l'historien à se positionner à la croisée entre facteurs naturels, perceptions mentales, aménagements et décisions politiques.
EN :
The space-time frame of the study is located in France, from the Guérande peninsula to the island of Ré, between the fourteenth and the eighteenth century. Sensitive and brittle, this area is regularly battered by violent winds. It also undergoes episodic sea flooding that can cause ruptures of balance. This research offers to query the notion of social and territorial vulnerability to the crises caused by exceptional events in history. On this purpose, we firstly examined and identified the hazards. The choice was made to mainly focus on those related to the wind (storms) and the sea (coastal flooding). We then studied the impacts of these phenomena on medieval and modern coastal societies and analyzed their perceptions and reactions. This approach allowed to simultaneously address and consider the vulnerability and the adaptability of ancient coastal populations, especially through the memory storage process, the risk awareness, the development of prevention, etc. Thinking the concept of vulnerability in a long time consideration forces the historian to position himself at the crossroads between natural factors, mental perceptions, territory management and political decisions.
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Espèces végétales exotiques et vulnérabilité environnementale : un débat ancien ? Le cas de la Belgique (fin XVIIIe siècle-années 1950)
Odile De Bruyn
RésuméFR :
La perte de biodiversité végétale est assurément un facteur de vulnérabilité environnementale. Parmi les éléments très divers pouvant être à l’origine de ce phénomène (pollution, changement climatique, aménagement du territoire, guerre…), il en est un dont l’impact paraît moins évident de prime abord, dans la mesure où il est lui-même d’ordre végétal : il s’agit de la plantation d’espèces exotiques dans les parcs, les jardins et les milieux forestiers. Ces quarante dernières années furent marquées par un important questionnement sur la dangerosité que pouvaient constituer ces plantes (qu’elles soient invasives ou non) pour l’environnement. Mais qu’en était-il avant l’apparition toute récente des notions de biodiversité et de vulnérabilité environnementale ? Le présent article tente de répondre à cette question et de faire l’histoire des débats suscités en Belgique par l’introduction des espèces végétales exotiques, ce depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à l’après-guerre. Nous examinerons les principaux acteurs des différentes opinions avancées et nous nous interrogerons sur leur catégorie professionnelle et leur milieu d’appartenance. Nous chercherons également à savoir si l’éventualité d’une fragilisation de l’environnement par les végétaux non indigènes était au centre de leurs préoccupations ou non.
EN :
A decline in vegetal biodiversity is undoubtedly of paramount importance when one has to assess the environmental vulnerability of a specific biotope. Among other well-known menacing factors such as pollution, climate change, land management and war, there is one ingredient that might seem at first sight less discernible, given its vegetal origin: it is the plantation of alien species in parks, gardens and forested settings. For the last forty years, the distressing effects of alien plants on the environment, whether these were invasive species or not, have been the focus of a fiercely debated question among the scientific community. But what of the past when concepts such as biodiversity or environmental vulnerability were as alien to society as the exotic plants burghers and aristocrats were avidly buying from abroad? In this paper we will try to answer this question. Furthermore, we will show how the introduction of these exotic species caused debates in Belgium from the end of the 18th century to the years following World War II. Considering the main actors of these debates, we will ask ourselves about their arguments as well as their professional backgrounds and social milieu. Finally, we will also assess the part that environmental vulnerability did play in their broader ideas about Nature.
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Les barrages qui cachent l’eau : l'oubli des vulnérabilités aux inondations lors de l’aménagement de la Dordogne (1917-1935)
Alexis Metzger et Jamie Linton
RésuméFR :
De nombreux barrages-réservoirs ont été construits sur la Dordogne au cours du XXe siècle. Plusieurs études ont été publiées avant leur construction et il est frappant de constater l’absence de mentions du risque inondation alors que les vulnérabilités des habitants aux inondations à l’aval de ces ouvrages ont considérablement changé depuis leur construction. Cet article tente de comprendre pourquoi ces vulnérabilités ont été oubliées dans les projets d’aménagement des chutes d’eau de la Dordogne en s’appuyant sur des documents d’archives historiques. Il permet ainsi d’offrir un regard rétrospectif sur des vulnérabilités criantes de nos jours.
EN :
A series of large hydro-electrical dams was built on the Dordogne River over the course of the twentieth century. Given the historical prevalence of floods in the basin, it is striking to find virtually no mention of flood risk or vulnerability in the technical studies and documentation that preceded construction of dams between the two World Wars. Drawing from local archival research, this article attempts to understand why flood risk and vulnerability was forgotten, or ignored, in the development of these projects. It gives us some retrospective insight into vulnerabilities that are very much present today.
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La vulnérabilité d’un territoire, un héritage complexe à révéler : démonstration à travers l’étude géohistorique du risque d’inondation en Val d’Orléans (France)
Sylvain Dournel
RésuméFR :
Le présent article se focalise sur l’optimisation des politiques de prévention du risque d’inondation en Val d’Orléans. Sur cette plaine comme sur l’ensemble du Val de Loire, la conscience du risque d’inondation n’est pas acquise pour une majorité d’habitants ni même pour certains acteurs locaux. Pourtant, un imposant dispositif de défense contre les crues du fleuve, appelé levées, édifié dès le XVIe siècle, témoigne de la récurrence initiale des épisodes de hautes eaux. Ces digues ont eu aussi pour effet de freiner les communications entre le fleuve et le val, de confiner le lit mineur et d’en complexifier les accès. Cette situation est problématique, car les crues majeures, bien que rares et irrégulières, ont souvent démontré l’inefficacité des levées. Toutefois, les périodes d’accalmie hydraulique ont donné à l’homme le sentiment illusoire de maîtriser le risque. La dernière accalmie, effective depuis 1907, a fait place à une urbanisation soutenue de l’ouest du Val d’Orléans, exposant désormais 48 000 personnes aux crues majeures. Dans cette conjoncture, la vulnérabilité est traitée comme un héritage qu’il s’agit non seulement de révéler face à la complexité de la situation présente, mais encore d’affirmer dans le but de réactiver une mémoire voire une culture locale du risque d’inondation. Ce travail, accordant une place importante au temps long, recourt à la géographie historique et à la géohistoire pour cerner le mécanisme et la construction de la vulnérabilité du Val d’Orléans aux crues de Loire.
EN :
The present paper focuses on the optimization of flood risk prevention policies in Val d’Orléans. On that plain and in the whole Val de Loire, the consciousness of flood risk is not shared for most inhabitants and not even for some local actors. Nevertheless an impressive defense plan against the river flood, called levees, erected at the 16th century, testifies the initial recurrence of floods. These embankments also had the effect to slow down the communications between the river and the valley, to confine the river bed and to make its access more complex. This is an issue because the levees have often proven their unefficiency during the main floods, yet unusual and irregular. However, lull periods have made people wrongly think that they could overpower the risk. The last lull since 1907 has come with a large urban sprawl in the western part of the Val d’Orléans, such that 48 000 people are exposed to major floods. In this complex situation, vulnerability is here treated as a legacy that should be not only revealed but also asserted in order to revive a memory and even a local culture of flood risk. This work gives importance to longer time and hence resorts to historical geography and to geohistory to determine the flood mechanisms and the constructions of vulnerability of the Val d’Orléans.
Section courante
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La mise en oeuvre de la politique Trame verte et bleue en zone rurale aux échelles infrarégionales. L’exemple de la basse vallée du Salat (Midi-Pyrénées, France)
Mathilde Canard, Jean-Marc Antoine et Sylvie Guillerme
RésuméFR :
La politique Trame verte et bleue, instituée en 2007 en France par le Grenelle de l’environnement, a pour objectif la préservation de la biodiversité par le maintien des continuités écologiques, et ce au-delà des zones protégées, dans les espaces de « biodiversité ordinaire ». La Trame verte et bleue doit être déployée aux différents niveaux territoriaux selon le principe de subsidiarité. Cet article s’intéresse à la mise en oeuvre de cette politique en zone rurale et aux échelles infrarégionales. À travers le cas d’étude de la basse vallée du Salat (Occitanie, France), nous interrogeons l’appropriation de la Trame verte et bleue par les différentes catégories d’acteurs, de l’échelle des territoires de projets jusqu’au niveau local, par l’analyse des discours d’acteurs (structures professionnelles, élus locaux, agriculteurs, particuliers, associations locales). Dans un premier temps, cet article montre que les structures territoriales abordent la Trame verte et bleue par le prisme d’enjeux qui ne sont pas nécessairement centrés sur la préservation de la biodiversité, amenant à des stratégies adaptées sur les territoires. À l’échelle locale, on constate que la Trame verte et bleue est mal connue, et souvent mal comprise par les acteurs. Nous mettons également en lumière les différents leviers que mobilisent les structures territoriales en charge de la Trame verte et bleue pour agir localement, sur les espaces publics et privés. Finalement, il apparaît que l’entrée paysagère choisie par certains opérateurs pour mettre en oeuvre la TVB permet de mobiliser les acteurs locaux et d’infléchir leurs pratiques.
EN :
The Green and Blue corridors policy (called Trame Verte et Bleue [TVB] in French), implemented in 2007 in France after the Grenelle Environment Forum, aims to preserve biodiversity by maintaining ecological continuities. Beyond the protected areas, it concerns also the areas of "ordinary biodiversity". Green and Blue corridors have to be deployed at the various territorial levels according to the principle of subsidiarity. This article focuses on the implementation of this policy in rural areas and at sub-regional levels. The case study of the lower valley of the Salat river (Occitanie region, France) is presented. It questions the appropriation of the Green and Blue corridors policy at different scales - from the project areas level up to the local level - through an analysis of the stakeholders discourse (professional bodies, local elected officials, farmers, individuals, local associations). First, this article shows that the territorial structures address the Green and Blue corridors policy through the prism of issues that are not necessarily focused on the preservation of biodiversity, leading to appropriate strategies in the territories. At the local scale, we see that the Green and Blue corridors policy is not well known and often misunderstood by the stakeholders. We also highlight the different levers used by territorial structures in charge of the Green and Blue corridors implementation to act locally, on public and private areas. Finally, it appears that the landscape entry chosen by some operators to implement this policy helps mobilize local stakeholders and influence their practices.
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Géohistoire du territoire forestier de l’Avesnois : observer le présent, connaître le passé pour anticiper le futur (France)
Marie Delcourte-Debarre
RésuméFR :
La démarche de recherche appliquée choisie pour ce travail, centrée sur les politiques de reboisement, nécessite le recours à des outils particuliers, afin de rendre lisibles les données anciennes utilisées. La méthode SyMoGIH (Système modulaire de gestion de l’information historique) permet une analyse à différentes échelles (territoire, écopaysage, lieu), tout en intégrant les disparités spatiales et temporelles qui composent chaque élément géographique de l’Avesnois. Par cette méthode, le discours historique est spatialisé tout en étant borné temporellement. Elle permet d’aboutir à une analyse géohistorique du territoire choisi.
EN :
Local management, as Afforestation policy, needs theoretical thesis. Ancient maps were converted into workable data using the SyMoGIH method (Modular System for Historical Data Management). It offers the possibility to work at different scales (territory, landscape, place). Every geographical part of the Avesnois National Park corresponds to a specific space and time data. This method produces an historical analysis for every location of the Park at different times. This method allows to end in an geo-historical analysis of the chosen territory.
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Les mégaprojets hydriques de l’ouest étasunien : histoire d’État(s) et gestion des ressources naturelles
Joan Cortinas, Murielle Coeurdray, Brian O’Neill et Franck Poupeau
RésuméFR :
Cet article propose une approche originale de l’histoire des politiques hydriques dans l’Ouest des États-Unis. En reconstituant la genèse et la mise en oeuvre des mégaprojets (barrages, canaux, etc.) depuis le XXe siècle, il montre que ces politiques ne peuvent pas plus se résumer à une succession de protestations de populations locales soucieuses de préserver leur environnement ni à l’hégémonie incontestée des élites nationales et locales. Cette histoire met en avant le rôle joué par une architecture institutionnelle complexe et s’attache en particulier aux profils socio-professionnels des protagonistes influents dans le champ administratif où s’élaborent les politiques hydriques. De ce point de vue, l’histoire des politiques hydriques apparaît comme intimement liée au développement de l’État américain. Sa reconstitution a utilisé une pluralité de sources (revue de la littérature, collecte d’informations et de données secondaires, archives des protagonistes des conflits, littérature grise) ; elle s’appuie aussi sur des informations collectées à partir d’entretiens menés avec les responsables, anciens ou actuels, d’institutions publiques ou privées liés à la gestion de l’eau en Arizona.
EN :
This paper proposes a complementary approach to the existing works on the history of water policies in the West of the USA. We defend the idea that the history of Western Water is not fully explained by the hegemony of elites, nor is it the result of the conflicts between local populations and political power. Instead, we offer that water policies in the West are shaped by the interaction of a complex institutional architecture, as well as by the profile of the dominant actors in these institutions. Water policy history is extremely linked to the history of the USA’s State. The reconstruction of that history has been possible by using multiple sources (literature review, grey literature, main actors’ personal records, etc.). We also used data coming from the interviews with the actors, ancients and contemporary, from the many public and private institutions that are involved in water management in the USA.
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Construction de compromis autour d’une démarche d’accompagnement à la mise en place du plan d’aménagement de la pêcherie de la courbine en Mauritanie
Nicolas Becu, Amandine de Coninck, Moustapha Taleb Heidi, Cheikh Abdallahi Ould Inejih, Mathieu Dionnet, Jean Emmanuel Rougier, Elsa Leteurtre, Pablo N. Chavance et Moustapha Bouzouma
RésuméFR :
Cet article explore les mécanismes par lesquels s’élaborent des compromis lors de la mise en oeuvre de démarches de modélisation d’accompagnement. L’analyse se base sur l’application de cette démarche dans le cadre de la mise en place du Plan d’Aménagement des Pêcheries de courbine en Mauritanie. La mise au point de ce plan est une procédure réglementaire qui impose la concertation avec les acteurs de la pêche pour la définition de règles de gestion. Le processus de modélisation d’accompagnement a consisté en une série d’ateliers et de temps collectifs visant à co-construire une vision partagée du système de la filière courbine et de sa ressource. Il a impliqué des représentants de l’État, des professionnels (mareyeurs, capitaines-marins, propriétaires de navires) et des scientifiques. Pour analyser la construction de compromis, plusieurs campagnes d’interviews ont été réalisées et les principaux temps collectifs ont été observés et analysés. Les résultats montrent que l’apprentissage, le dévoilement, la modification des modes d’interaction entre participants et les catégorisations sont des mécanismes qui favorisent la constitution de compromis, tout en retenant l’hypothèse que les ateliers de simulation participative sont des moments privilégiés d’évolution des perceptions. L’article analyse également comment l’articulation entre le processus habituel d’élaboration des Plan d’Aménagement des Pêcheries en Mauritanie et la démarche de modélisation d’accompagnement, produit des arènes de dialogue entre décideurs, scientifiques et usagers, qui donnent un gage de qualité au processus de délibération et un levier pour favoriser l’acceptation du plan.
EN :
This article investigates the mechanisms which enable reaching a compromise during a companion modeling process. The study is based on the application of companion modeling during the implementation of the meager fishery development plan in Mauritania. The elaboration of fishery development plans is embedded in Mauritanian regulations and imposes consulting local stakeholders before enacting new management rules. The companion modeling process consisted in a set of workshops aiming at building a shared vision of the meager industry and its resources. State agents were involved in this process as well as professionals (wholesalers, ship owners and fishermen) and scientific experts. Several interview campaigns were undertaken to analyze the elaboration of compromises, and workshops were observed and analyzed. Based on the assumption that participatory simulation workshops are key moments, our results show that the mechanisms that favor reaching a compromise during a companion modeling process are : social learning, unveiling, modification of the way actors interact and actors’ categorization. This article also investigates the benefits of articulating the elaboration of a usual fishery development plan with a companion modeling process. The latter allows building dialog arena between all stakeholders of the fishing sector. By doing so, it ensures the quality of the deliberation process and favors the acceptance of the plan.
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Par-delà le changement climatique, les représentations du changement environnemental : le poids de la tension entre filière et territoire dans les secteurs pastoral et viticole en Aquitaine
Marion Charbonneau, Gaëlle Deletraz et Julien Rebotier
RésuméFR :
Face à la montée en puissance de la question climatique tant dans la sphère politique que scientifique, cette contribution s’intéresse au sens que recouvre le changement environnemental pour les acteurs du secteur agricole en s’appuyant sur le pastoralisme et la viticulture en Aquitaine (France). Partant de l’idée que les représentations du changement environnemental sont étroitement liées à la filière, au type de profession (producteur, technicien, agent administratif, etc.) ou à l’échelle d’action, elle confronte les discours des agents d’encadrement et des producteurs viticoles et pastoraux d’Aquitaine, afin d’identifier les différentes modalités d’appréciation. L’étude est basée sur une analyse manuelle et semi-automatique des discours collectés durant des sessions de focus-groupe. Grâce à des bases thématiques solides et à une présentation méthodologique très didactique, une forte perspective épistémologique permet de prendre du recul quant aux reconstructions a posteri du raisonnement, qui s’avèrent conventionnelles dans l’activité de recherche. Les résultats consolidés pointent l’importance accordée par tous les acteurs à la dimension réglementaire qui accompagne les problématiques environnementales, alors qu’au contraire la question climatique reste à la marge de leurs préoccupations, notamment dans le secteur pastoral. L’étude invite par ailleurs à questionner les formes et leviers de l’action publique dans le domaine agricole en montrant en quoi l’organisation des secteurs productifs (plus territorialisée – pastoralisme – ou plus verticale – viticulture) constitue un élément fondamental de compréhension des différences de représentations et de stratégies liées au changement environnemental.
EN :
In the face of growing concerns linked to climate issue in both the scientific and the political arenas, this contribution addresses the meaning and scope of environmental change for different actors involved in pastoral and wine production sectors in the Aquitaine region of France. It states that the representations of environmental change are closely linked to the specificities of agricultural sectors, the kind of professional activities (such as farming, technics, administration, among others), and the levels of intervention (from the European to the local scale). The paper compares the discourses of different actors in both production sectors. It builds on both computer-assisted and manual analysis of discourses collected during focus-groups. Drawing on a strong thematic research and a didactic presentation of the methodology, a critical epistemological statement allows addressing the apparently normal scientific demonstration process. The latter appears to be a current and conventional process in research activities, implying posterior rearrangements that are not always made visible. Results show at last how important the regulatory dimension of environmental change can be for all actors. Climatic aspects remain a marginal concern, especially in the pastoral sector. Additionally, the study critically engages with the main drivers through which public action is implemented in agriculture. Indeed, the paper stresses how relevant the organization of the productive sectors is (be it a local and place-based organization – pastoral sector ; or a more institutional and vertical one – wine production sector) in framing representations and strategies linked with environmental change.
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Régulation des émotions et valeurs : le cas des collectifs bio
Denise Van Dam, Jean Nizet, Michel Streith et Séverine Lagneaux
RésuméFR :
Cet article analyse les ressources cognitives, socioaffectives et valorielles que les membres dirigeants de quatre collectifs bio mobilisent pour dépasser les émotions négatives consécutives à un conflit ou un dysfonctionnement au sein de leur organisation. L’étude est menée en France et en Belgique. L’article invalide le rôle prépondérant du recadrage cognitif et montre l’importance des valeurs comme ressource mobilisée à la fois dans la stratégie « centrée sur l’émotion » et la stratégie centrée « sur la situation ». Les valeurs sont, de façon transversale, présentes dans tout l’épisode émotionnel, du déclenchement de l’émotion négative à son dépassement.
EN :
This article analyzes how the leading members of four collectives in organic farming mobilize cognitive, affective and value resources to overcome negative emotions that emerge from conflicts or dysfunctions within their organization. The study has been conducted in Belgium and in France. The research invalids the leading role of cognitive reframing and shows the importance of values both in the “emotion focused” strategy and in the “situation focused” strategy. Values are present in the whole emotional episode, from the triggering event of the negative emotion to the passing of the emotion.
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Culture, connaissance et réduction des risques de catastrophe : liens critiques pour une transformation sociétale durable
Juergen Weichselgartner, John Norton, Guillaume Chantry, Emilie Brévière, Patrick Pigeon et Bernard Guézo
RésuméFR :
Les politiques et les pratiques concernant la réduction des risques de catastrophe dépendent largement des spécificités socio-culturelles et des connaissances qu’en ont les individus. Bien que la culture et le savoir soient des facteurs essentiels pour réduire ces risques, ils sont rarement traités ensemble de façon systématique et approfondie, que ce soit dans les études ou les programmes d’actions. Nous soutenons qu’une exploitation plus approfondie des résultats de la recherche sur les systèmes de la culture et de la connaissance est de nature à améliorer considérablement l’efficacité des mesures décidées pour l’atténuation des catastrophes. Cet article aborde comment la culture et la connaissance contribuent à la réduction des risques de catastrophe et en décrit des défis majeurs. Il présente également une approche conceptuelle qui permet de saisir les différents niveaux qualitatifs de la compréhension : les faits, les données, l’information, la connaissance et la sagesse. Tout au long de l’article, nous mobilisons des exemples empruntés au Viet Nam afin d’illustrer des cas courants de pratiques culturelles, économiques et populaires qui prévalent sur les logiques institutionnelles en matière de réduction des risques de catastrophe. Ces pratiques révèlent les éléments qui provoquent la fragmentation du savoir. Orienter les objets de recherche vers des questions de connaissance culturelle et sociale conduirait à mieux saisir les processus structuraux qui favorisent la vulnérabilité face aux catastrophes, ainsi que les processus socio-culturels qui construisent notre compréhension des risques de catastrophe.
EN :
Disaster risk reduction policies and practices largely depend on the socio-cultural capacity and knowledge of people. Although culture and knowledge are critical issues for reducing disaster risks, both domains are seldom systematically addressed in-depth in disaster studies and policy programmes. We are convinced that tapping the rich portfolio of research on culture and knowledge systems will significantly improve the effectiveness of disaster mitigation. This article illustrates important aspects of culture and knowledge with regard to disaster risk reduction and outlines critical challenges. Subsequently, we present a conceptual approach for capturing different qualitative levels of understanding: facts, data, information, knowledge, and wisdom. Throughout the article, we use examples from Viet Nam to illustrate common cases of culture, economics, and popular practice prevailing over disaster risk reduction logic, as well as the barriers responsible for the fragmentation of knowledge. Shifting the research focus towards issues of culture and social knowledge would lead to a better apprehension and capture of the structural processes causing disaster vulnerability, as well as the social-cultural processes constructing our understanding of disaster risks.
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Marseille : une relecture de l’interface ville-port au prisme de l’habiter
Brigitte Bertoncello et Zoé Hagel
RésuméFR :
Dans la littérature sur le dialogue ville-port, l’habiter n’apparaît pas comme une préoccupation centrale. À Marseille, dynamique portuaire et renouvellement urbain (dont le projet Euroméditerranée) dessinent, le long des bassins Est du Grand port maritime, une interface hétérogène. Partant du point de vue des associations, nous avons souhaité interroger comment côté ville se vit la présence d’un port. Les enquêtes conduites (observations, entretiens) croisées avec l’analyse de documents produits par les acteurs montrent qu’habiter à proximité du port est décrit à partir de nuisances et de risques, de peurs et de l’absence de reconnaissance des populations existantes. S’intéresser à l’interface ville-port comme territoire vécu donne à voir des quartiers qui vivent au rythme des décisions d’un port ou de grands projets dont les populations résidentes sont déconnectées. L’appellation « quartiers arrière-port » fait dans ce cadre écho à un statut déprécié, voire relégué, face auquel les associations répondent par une réinterrogation du sens même des aménagements tant urbains que portuaires. Lieux de vie et ambiances deviennent alors des objets de luttes, à travers lesquels est posée la question de la co-existence et d’un « droit à l’habiter ».
EN :
In literature on the city-port dialogue, dwelling does not appear as a central concern. In Marseilles, the port momentum and urban renewal (including the Euroméditerranée Project) draw up along the eastern basins of the "Grand Port Maritime" a heterogeneous interface. From the point of view of associations, we wanted to question how the presence of a port is experienced on the land-side. The collected data demonstrate how the living environment is perceived through nuisances and risks, fears and lack of recognition of inhabitants. Investigating city-port interface as a living place also reveals how neighbourhoods depend on strategic harbour or urban projects out of touch with populations’ needs and experiences. The term of back-port neighbourhood, often used, sounds like being pushed aside or relagated. The associations seek to redefine the meaning of either urban or port development projects. Places to live and atmospheres become then objects of fights through which the question of co-existence and of a "right to dwelling" arises.
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Évaluations d’incidences Natura 2000 et sports de nature : un virage paradigmatique dans la conduite d’une action publique ?
Ludovic Falaix
RésuméFR :
À partir d’une observation participante accomplie en qualité de chargé de mission « sports de nature » au sein d’un département (2011-2013) et de conseiller technique et pédagogique du ministère de la Jeunesse et des Sports en services déconcentrés (2008-2010), cet article examine dans quelle mesure, en France, la mise en oeuvre opérationnelle d’une politique publique d’État sur le segment des sports de nature, introduite par le ministère des Sports dans le cadre de la loi modifiée sur le sport de 2000, semble faire l’objet d’une mutation paradigmatique depuis la promulgation du décret Natura 2000. Fondée sur une analyse cognitive de l’arsenal juridique ainsi que sur la capitalisation de matériaux issus d’une expérience professionnelle pensée dans une perspective ethnographique, cette recherche présente l’émiettement du rôle du ministère des Sports, pourtant à l’initiative de la définition du référentiel de politique publique qui préconise d’agir en faveur du « développement maitrisé » des sports de nature. Plus encore, l’émergence de ces dispositifs de préservation environnementale des sites de pratique sanctionne-t-elle une nouvelle doctrine dans les politiques publiques de développement des sports de nature ? Celle-ci se caractériserait, d’une part, par un retour de l’État sur les territoires et, d’autre part, par l’effritement de la reconnaissance d’une expertise profane forgée au cours des approches expérientielles des milieux naturels et revendiquée par le mouvement sportif et les pratiquants libres.
EN :
This study endeavours to investigate to what extent the operational implementation of a public policy as regards the outdoors sports seems to slip from the responsibility of the Ministry of Sport, to the benefit of the Ministry of Ecology, Sustainable Development and Energy, which has seized this authority on behalf of the environmental conservation of the sports practice areas. This study is based on the analysis of the legal documentation and demonstrates the dispersion of the prerogatives asserted by the Ministry of Sports, which nonetheless defined the frame of reference of the public policy that advises to support the “proficient development” of outdoors activities. Does the reinforcement of the environmental constraints, which are implied by the decree n° 2010-365 related to the evaluation of the impact of Natura 2000, speed the Ministry of Sport up into a legitimacy crisis in so far as the analysis of the impact of the practice of outdoors activities on the natural environment, that is apprehended as a coercion means to contain the spontaneous development of outdoors sports, does not come under the responsibility of the Ministry of Sports ?
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Doit-on s’inquiéter de l’usage d’additifs antibiotiques en élevage ? Évolution des questionnements liés à l’antibiorésistance animale
Tristan Berger
RésuméFR :
La propagation de souches de bactéries résistantes aux antibiotiques multiplie les situations d’impasse thérapeutique, et entraîne des dizaines de milliers de décès humains par an. Cette dramatique progression est essentiellement liée aux mauvais usages, tant chez l’homme que chez les animaux. Il a été graduellement démontré que les bactéries – humaines et animales – peuvent se transférer leurs résistances lorsqu’elles entrent en contact. L’antibiorésistance animale peut donc alimenter l’antibiorésistance humaine, et vice versa ; ainsi, un débat public est apparu. Dans ce contexte, l’objectif de cet article est d’analyser l’histoire, politique et scientifique, de l’antibiorésistance animale en Europe, des premières découvertes aux dernières décisions, à partir de travaux de microbiologie, de bactériologie, de sociologie des problèmes publics et d’anthropologie des connaissances. L’hypothèse initiale – d’un lien entre les premières mises aux agendas et les connaissances produites – est partiellement confirmée. Des relations entre des avancées scientifiques et des évolutions de la gestion politique des risques sont mises en relief, mais une agrégation d’acteurs – agriculteurs, vétérinaires, industriels pharmaceutiques – et un enchevêtrement de facteurs complexifient le problème. En somme, deux basculements majeurs ont été identifiés dans la politisation du problème – le rapport Swann et, plus indirectement, la crise de la « vache folle » –, suivis d’une diversification des modes de gestion des risques. La participation des acteurs est favorisée, et c’est à double tranchant : experts et décideurs se rapprochent des réalités de terrain, mais aussi de l’influence des acteurs.
EN :
Should we worry about the overuse of antibiotics in industrial animal farming ? As bacteria develop resistance to antibiotics, physicians today are faced with infections which are difficult to treat effectively, and which represent a serious public health threat. Resistance develops mainly from inappropriate use of antibiotics in humans or animals. You can actually find that one bacteria of human origin, which was never exposed to antibiotics, could pick up that resistance by having it transferred from another bacteria of animal origin that had been exposed to antibiotics. For this reason, the EU strictly regulated the uses of antibiotics in agriculture. Based on research in microbiology, bacteriology, sociology of public problems and science studies, this paper will study the story of antimicrobial resistance in animals discoveries. This paper will also examine the main factors underlying its politisation – the ‘Swann report’ and the ‘mad cow crisis’ – and the recent development of new policies. The governance promoted the participation of actors. It is double-sided. Experts and decision-makers are closest to the problem, but the influence exerted by interest groups is growing.
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Influence des pressions anthropiques sur la structure des populations de Pentadesma butyracea au Bénin
Aliou Dicko, Samadori Sorotori Honoré Biaou, Armand Kuyema Natta, Choukouratou Aboudou Salami Gado et M’Mouyohoum Kouagou
RésuméFR :
La présente étude examine l’influence des pressions anthropiques sur les caractéristiques structurales des populations de Pentadesma butyracea Sabine (Clusiaceae), une espèce ligneuse vulnérable et à but multiple. Au total 116 placeaux de 500 m² ont été installés de façon aléatoire, dont 68 dans la zone soudanienne et 48 dans la zone soudano-guinéenne, pour réaliser les mesures dendrométriques et inventaires floristiques. Les populations de P. butyracea ont été catégorisées suivant les pressions anthropiques auxquelles elles sont sujettes à l’aide d’une Analyse factorielle des correspondances (AFC). Trois groupes ont été discriminés : le groupe1 (populations de Penessoulou et de Kandi) est caractérisé par une forte pression due aux feux de végétation et aux activités agricoles ; le groupe 2 (populations de Manigri et de Ségbana) est caractérisé par des coupes fréquentes de bois, l’écorçage régulier de P. butyracea, l’élagage de P. butyracea et la pâture des animaux dans les galeries ; et le groupe 3 (populations de Natitingou, Toucountouna et Tchaourou) est caractérisé par un fort niveau de ramassage des fruits de P. butyracea et d’extraction de sable dans les galeries. La répartition par classes de diamètre donne des structures en cloche avec une dissymétrie gauche ou droite selon les types de pressions auxquelles les populations discriminées sont soumises. Pour une conservation des populations de P. butyracea, les forêts galeries très dégradées doivent faire l’objet de reboisement et des mesures de protection doivent être mises en oeuvre dans les populations peu dégradées.
EN :
The present study examined the influence of human activities on the structural characteristics of the populations of P. butyracea, a vulnerable multipurpose woody species. A total of 116 plots of 500 m² were randomly installed, 68 in the sudanian region and 48 in the sudano-guinean region, for dendrometric and floristic inventories. The populations of P. butyracea were categorized according to human pressures they are exposed to, using a Factorial Analysis of Correspondences. Three groups were discriminated : Group 1 (populations of Penessoulou and Kandi), characterized by a pressure from wild vegetation fires and agricultural activities ; Group 2 (populations of Manigri and Ségbana), characterized by illegal selective logging, abusive barking of P. butyracea, animal grazing ; and Group 3 (populations of Natitingou, Toucountouna and Tchaourou), characterized by excessive seeds collection and sand removal from the stream by humans. The diameter distribution structures were of left or right dissymmetry according to pressures types to which the discriminated groups are subjected. For a conservation of remnant populations of P. butyracea, the most degraded gallery forest stands should be reforested while protecting the least degraded ones.
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Logiques paysannes, production agricole et lutte contre les ravageurs des cultures à Salcedo dans les Andes équatoriennes : stratégies individuelles ou collectives ?
Nasser Rebaï, François Rebaudo, Julien Rebotier et Olivier Dangles
RésuméFR :
En Équateur, le débat sur l’avenir de l’agriculture familiale demeure important en raison de la vulnérabilité des communautés paysannes, en particulier dans la région andine, et d’une situation alimentaire encore préoccupante en milieu rural. Dans ce contexte, la lutte contre les ravageurs des cultures, identifiée par la FAO comme une priorité pour réduire efficacement l’insécurité alimentaire des agriculteurs dans les Suds, apparaît comme un défi de taille pour les communautés paysannes de la sierra équatorienne. Toutefois, le succès de cette lutte reste pour le moment limité en raison d’une faible coordination des pratiques agricoles entre agriculteurs. En s’appuyant sur un travail de terrain réalisé dans la province du Cotopaxi, cet article propose, en premier lieu, de mener une réflexion sur les déterminants du manque d’action collective contre les ravageurs des cultures. Puis, en second lieu, d’ouvrir une discussion sur le besoin d’une plus grande collaboration entre sciences du vivant et sciences sociales afin d’envisager des stratégies plus efficaces pour renforcer la coordination des agriculteurs dans la lutte contre les ravageurs des cultures, et d’améliorer ainsi leur sécurité alimentaire.
EN :
In Ecuador, the debate on the future of family farming is still very important because of the high vulnerability of peasant communities, particularly in the Andean region, and of the worrying food situation in rural areas. In this context, the fight against crop pests, identified by the FAO as a priority to reduce food insecurity of farmers in the South, appears to be a major challenge for farming communities of the Ecuadorian sierra. However, the success of this struggle still remains limited because of the weak coordination of the farmers. Based on fieldwork conducted in the province of Cotopaxi, this paper points out the determinants of the lack of collective action against crop pests as it opens a discussion on the need of a greater collaboration between environmental and social sciences in order to consider the most effective strategies to strengthen the farmers coordination in the fight against crop pests and to increase their food security.
ES :
En Ecuador, el debate sobre el futuro de la agricultura familiar sigue siendo importante por la vulnerabilidad de las comunidades campesinas, especialmente en la región andina, y por una situación alimentaria aún preocupante en las zonas rurales. En este contexto, la lucha contra las plagas, identificada por la FAO como una prioridad para reducir eficientemente la inseguridad alimentaria de los agricultores del Sur, resulta ser un reto importante para las comunidades campesinas de la sierra ecuatoriana. Sin embargo, el éxito de esta lucha es por el momento limitado por la falta de coordinación en las prácticas agrícolas por parte de los agricultores. A partir de un trabajo de campo realizado en la provincia de Cotopaxi, este artículo propone una reflexión sobre los factores determinantes de la falta de acción colectiva contra las plagas antes de abrir un debate sobre la necesidad de una mayor colaboración entre ciencias ambientales y ciencias sociales con el fin de pensar en nuevas estrategias más eficientes para mejorar la coordinación de los agricultores contra las plagas y para el aumento de su seguridad alimentaria.