Résumés
Résumé
Cet article vise à identifier, dans une perspective comparative, les retombées sociales et les contributions spécifiques des jardins communautaires et collectifs de la conurbation de Québec pour les communautés locales. Ces retombées ont été évaluées pour quatre dimensions (socio-économique, socio-environnementale, socio-spatiale et socio-politique) ayant été identifiées au préalable lors d’une recension des écrits pertinents. Une étude empirique combinant des visites sur le terrain, le recours à un questionnaire et des entretiens de groupe a permis de recueillir des données qualitatives et quantitatives liées à chacune de ces dimensions. L’analyse permet de conclure que malgré certaines particularités liées à leur mission respective, et contrairement aux représentations que l’on s’en fait généralement, les retombées sociales des jardins communautaires et des jardins collectifs de la région se rejoignent davantage qu’elles ne les distinguent. En conclusion, les auteurs invitent le mouvement pour le développement l’agriculture urbaine, en pleine expansion au Québec, à prendre acte de ces constats.
Mots-clés :
- agriculture urbaine,
- jardins communautaires,
- jardins collectifs,
- impacts sociaux,
- communauté,
- économie,
- environnement,
- spatialité,
- politique,
- Québec
Abstract
Based on an empirical study carried out in Quebec City and the vicinity, this article offers a comparative look at social impacts of community and collectives gardens for their local communities. Based on a review of pertinent research, four dimensions (socio-economic, socio-environmental, socio-spatial and socio-political) of the potential impacts of urban gardening were identified and put to test. Quantitative and qualitative data obtained through visits to garden sites, group interview and a questionnaire survey show that, contrary to the general belief, beyond specificities related to their respective mission, social impacts of community and collective gardens present more similarities than differences. According to the authors, this conclusion should be taken into account by the movement for the development of urban agriculture.
Keywords:
- urban agriculture,
- community gardens,
- collective gardens,
- social impacts,
- community,
- economy,
- environment,
- spatiality,
- politics,
- Quebec
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Parties annexes
Remerciements
La recherche ayant mené à la rédaction de cet article a reçu l’appui du Réseau québécois de recherche partenariale en économie sociale (RQRPES), financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), auquel le Centre de recherche et d’information pour le développement de l’économie solidaire de Québec (CRIDÉS), qui a réalisé la recherche, est associé. Le Centre interuniversitaire de recherches sur les innovations sociales (CRISES) a également contribué. Nous remercions les partenaires institutionnels de ce projet et les assistantes et assistants de recherche qui ont contribué à la collecte des données (Stéphanie Bégin, Fabienne Boursiquot, Raul Gil Guzman, Myriam Mallet, Marie-Ève Ross et Jérôme Thivierge). Enfin, nous exprimons notre gratitude aux membres des jardins ayant pris part à ce projet.
Notes
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[1]
Il s’agit de Geneviève Brien et Sophie Marcotte, de Moisson Québec, de Vincent Frenette, de La Chaudronnée des cuisines collectives et de Michel Desrosiers, du CSSSQ-Nord.
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[2]
La version électronique du répertoire illustré qui a découlé de cette démarche est accessible en ligne à l’adresse URL www.crides.org.
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[3]
Le nombre de jardins inclus dans ce tableau sont ceux pour lesquels des données issues des questionnaires ou des entretiens réalisés sur le terrain sont disponibles.
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[4]
Les pertes d’emploi dues aux fermetures d’entreprises avaient placé des centaines de personnes dans une situation économique précaire et on constatait alors l’amplification d’une « nouvelle pauvreté », qualifiée aussi d’exclusion sociale. Celle-ci est considérée comme étant le résultat de la conjugaison de facteurs structurels – la transformation du régime d’accumulation dominant dans les pays industrialisés depuis la fin du fordisme et du providentialisme (Wacquant, 1999) - et de processus de désaffiliation sociale (Castel, 1994) auxquels cette dynamique macroéconomique donne lieu. Elle a pour caractéristique que la fragilité économique des personnes s’y trouve doublée d’une perte de liens sociaux. Plusieurs jardins collectifs issus de cette période cherchaient à créer des alternatives constructives à l’aide alimentaire fournie par des organismes caritatifs, tout en contribuant à l’insertion sociale des personnes souffrant d’isolement social, à la formation de la main-d’oeuvre, à la réinsertion socioprofessionnelle et à la création d’emplois (Boulianne, 1999).
-
[5]
Les services d’entraide offre des services éducatifs, d’accompagnement ou de dépannage vestimentaire ou alimentaire, par exemple, aux populations défavorisées. Les Centres Jeunesse du Québec offrent pour leur part des services sociaux à des jeunes en difficulté.
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[6]
Nous n’avons cependant pas pu effectuer le test du chi2 pour vérifier si les différences observées étaient significatives sur le plan statistique, ne disposant pas de suffisamment de cas dans chacune des catégories d’analyse.
-
[7]
Le questionnaire a permis de se pencher sur la mission des jardins, à partir d’une question présentant une série d’énoncés avec lesquels les répondants devaient indiquer leur degré d’accord.
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[8]
La relocalisation en zone péri-urbaine de la South Central Farm de Los Angeles, le plus grand jardin communautaire ayant existé aux États-Unis, après son démantèlement en 2006, a par exemple permis aux personnes qui y avaient développé leurs savoirs et leurs habiletés en maraîchage à se regrouper au sein d’une coopérative, à élargir leur production et à la commercialiser en partie, sous la forme de paniers bio (sous le modèle de l’agriculture soutenue par la communauté) offerts aux citadins de leur quartier, celui-là même où le jardin communautaire avait vu le jour en 1992.
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