Résumés
Résumé
Le projet de Tenosique-Boca del Cerro consiste en un important complexe de barrages qui viendrait mettre en valeur le potentiel hydroélectrique de l’Usumacinta, sixième fleuve latino-américain en terme de débit, et berceau de la civilisation Maya et de la plus grande forêt équatoriale au nord de l’Amazone. Entre un potentiel économique fort (ressources pétrolières et forestières, potentiel hydroélectrique), un aspect patrimonial essentiel (sites archéologiques, conservation de la forêt) et une tension politique importante (frontière cruciale et mal contrôlée, guérilla zapatiste, relations diplomatiques tendues entre les deux pays), le projet de Tenosique-Boca del Cerro est au coeur des enjeux et des contradictions qui caractérisent la région. Haut lieu territorial, la question des modes de gouvernance et de l’application des principes du développement durable qui s’y appliquent est essentielle, car elle aborde celle, plus large, de la démocratisation du Mexique et du Guatemala. Abordé sous un angle géographique, le projet est ici envisagé sous l’angle des logiques territoriales qui sous-tendent le débat qui l’entourent depuis sa première version, dans les années 1960 : en 2008, et pour la cinquième fois, le Mexique annonce une reprise du processus et annonçait une mise en service en 2017.
Mots-clés :
- territoire,
- barrage,
- hydroélectricité,
- gouvernance,
- conflit,
- environnement
Abstract
The Usumacinta watershed, the 6th largest river and second tropical rainforest in Latin America, as well as the cradle of the Mayan civilization. Thanks to the building of five large dams, the important project of Tenosique-Boca del Cerro aims to develop the hydroelectric potential of the mesoamerican region, an area of numerous and contradictory stakes, and high potential of conflict: economically (oil, forest and water ressources), environmentally (patrimony and conservation), as well as a strong political and territorial conflict (out of control border, zapatist guerilla, tense diplomatic relations). As a territorial pivot, this project implies some essential questions, such as the governance of this process in a context of relative democratization, as well as the difficulty of the implementation of Sustainable Development principles. This article gives a geographical approach of these issues, by analysing the territorial logics and strategies witch have been used for 50 years about these potential dams: in 2008, for the fifth time, the mexican government anounced a revival of the project.
Keywords:
- territory,
- hydroelectricity,
- dams,
- governance,
- conflict,
- environment
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Parties annexes
Remerciements
Au Pr. Frédéric Lasserre, ainsi qu’à Messieurs Valéry Gond (CIRAD, France) et Martin Hébert (Université Laval), de même qu’au fonds de soutien au doctorat de l’Université Laval.
Notes
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[1]
La définition d’un grand barrage comporte plusieurs critères définis pas la Commission Internationale des Grands Barrages (CIGB) : la hauteur de l’ouvrage et la taille du réservoir. On considère alors comme entrant dans cette catégorie les constructions de plus de 15m de haut, et celles, entre 5 et 15m, dont le réservoir est supérieur à 3 millions de m3
-
[2]
La construction d’un barrage hydroélectrique présente des similitudes dans ses différentes réalisations et ses différents contextes (le fait est généralisable); elle est décidée et planifiée de manière exogène au territoire qu’elle affecte (extériorité); elle est imposée de manière univoque (coercition); elle jouit d’une épaisseur historique (l’histoire des grands barrages s’inscrit dans celle des grands chantiers hydrauliques depuis 5000 ans).
-
[3]
Les deux pays sont en froid diplomatique depuis 1882, année où le Guatemala abandonne ses revendications territoriales sur l’État du Chiapas et où la frontière définitive est définie.
-
[4]
Le Plan Puebla-Panama (PPP) est un processus d’intégration régionale de la région mésoaméricaine (qui correspond à la zone du Sud et Sud-Est mexicain et aux pays d’Amérique centrale) qui fut proposé par le président mexicain Vicente Fox en 2001. Il trouve sa continuité aujourd’hui dans le Proyecto Mesoamérica ( http://www.proyectomesoamerica.org/ )
-
[5]
Le SIEPAC s’appuie sur une interconnexion des systèmes de distribution, ainsi que sur une augmentation des capacités de production reposant sur la construction de plusieurs barrages hydroélectriques, dont au moins deux au Chiapas (complexe de Tenosique et projet de Copainalá).
-
[6]
De réelles études prospectives sur l’impact de ce projet n’ont pas été menées pour sa totalité: seul le site principal de Tenosique, le plus en aval, a fait l’objet d’un calcul de zones potentiellement inondées. Pour lui seul, cette superficie passerait de 56 000 ha dans le scénario maximal à 1679 dans celui revu à la baisse (Amezcua et al., 2007).
-
[7]
Ministère de l’environnement et des ressources naturelles (SEMARNAT) et Conseil national des aires naturelles protégées (CONANP)
-
[8]
Mouvement mexicain des victimes des barrages et de défense des fleuves (MAPDER), Front Petenero contre les barrages (FPR)
Bibliographie
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