Résumés
Résumé
La première partie de l’étude propose une analyse à l’échelle de l’ensemble du bassin du fleuve Sénégal s’étendant sur quatre pays (Sénégal, Mali, Mauritanie et Guinée-Bissau) et porte sur quatre impératifs du développement durable : institutionnel, économique, social et écologique. À cette échelle d’analyse, nos recherches montrent que les modes de gestion du fleuve présentent beaucoup d’impasses et ne peuvent être considérées comme durables. L’étude montre une opposition entre les institutions chargées de la gestion du fleuve comme l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal qui centralise les pouvoirs de décision d’une part et les communautés locales qui disposent d’une très faible marge de participation aux processus de prise de décision d’autre part. De même, la construction des grands barrages de Diama et de Manantali entraîne des résultats très controversés : l’amélioration de l’irrigation s’accompagne d’une dégradation des conditions écologiques. La deuxième partie de la recherche porte sur une échelle plus réduite, nationale et locale. L’étude met en exergue l’existence de plusieurs changements résultant essentiellement des effets induits depuis l’échelle supérieure régionale (grands barrages, outils de gestion environnementale, mesures juridiques et conventionnels instaurées par la bureaucratie régionale…). Ces changements, perceptibles sous différentes formes, défendent tous un objectif de durabilité.
Mots-clés:
- politiques publiques,
- développement durable,
- fleuve Sénégal,
- barrages,
- gouvernance,
- régionale,
- nationale,
- communautés locales,
- action publique
Abstract
This study, on institutional, economic, social and ecological aspects of sustainable development, is based on an analysis of the Senegal River watershed including four countries (Senegal, Mali, Mauritania and Guinea-Bissau). At regional analysis scale, our research shows the River’s management throws up many problems and could not be considered as sustainable. The study indicates an opposition between institutions or bureaucracy and local communities. The firsts manage the River and focus decision-making power, while the seconds are not really involved in decision-making processes. Furthermore, Diama and Manantali’s dams impacts show very controversial results : the irrigation’s improvement is accompanied by a deterioration of ecological conditions.
At National and Local levels, this study highlights several changes that result primarily from regional activities (dams, environmental management tools, conventional and legal measures introduced by national and regional bureaucracy...). These changes can be observed in different forms and are supported by local communities. These results defend altogether a sustainable development’s aim.
Keywords:
- sustainable development,
- public policy,
- Senegal River,
- dams,
- regional,
- national,
- governance,
- local communities
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Parties annexes
Remerciements
Je tiens à remercier le Ministère de l’Education du Sénégal, le Ministère Français de l’Équipement (PUCA) et le Ministère Français de l’Environnement et du Développement durable (MEDD). Cette recherche dans le bassin versant du fleuve Sénégal a été cofinancée par ces trois institutions dans le cadre de ma thèse de doctorat en géographie et ma participation au projet de recherche PUCA-MEDD réalisé par l’UMR PACTE (Grenoble 1), l’UMR LADYSS (Paris), le laboratoire CEDETE (Orléans), le laboratoire LERASS (Toulouse 3) et l’UMR SET (Pau).
Je remercie également Jérôme Lombard, chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement, les deux évaluateurs anonymes et le rédacteur en chef de la revue pour les commentaires qu’ils ont fournis pour l’amélioration du texte.
Notes
-
[1]
Ces propos sont recueillis auprès d’un Professeur de l’université de Saint-Louis lors d’une enquête réalisée en avril 2006.
-
[2]
Ensemble des travaux coordonnés entrepris dans le cadre de l’agriculture allant du défrichement du terrain et la semence jusqu’à la récolte. Les barrages, en augmentant la disponibilité de l’eau, permettent ainsi d’avoir plusieurs périodes de récoltes au cours d’une année et donc plusieurs campagnes agricoles.
-
[3]
Entretien auprès d’un responsable de la Direction générale de la SAED, à Saint-Louis en mars 2006.
-
[4]
Cet entretien a été réalisé auprès d’un spécialiste français du Typha en mission au PERACOD (Programme pour la promotion de l’électrification rurale et de l’approvisionnement durable en combustibles domestiques).
-
[5]
Ces données qualitatives sont recueillies auprès du spécialiste du Typha, précédemment cité, lors de son interview. Des données quantitatives appuyant ces propos n’ont cependant pas été trouvées.
-
[6]
Ces propos sont recueillis auprès d’un acteur local, un paysan du village de Mbann, qui nous livre ici sa perception et son point de vue sur les impacts de la prolifération du Typha sur ses terres et sa pratique culturale. Il n’a pas indiqué des arguments scientifiques qui pourraient expliquer le lien entre la présence du Typha et la salinisation des terres. Ce constat pose le problème et interpelle donc les pédologues ou les spécialistes de la pollution des sols dans cette région.
-
[7]
Cet entretien est réalisé auprès d’un agent technique de l’ANCAR en poste au village de Mbann.
-
[8]
GTZ : Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (sigle allemand).
-
[9]
Le modèle du CLCOP de Gandon est étudié lors des interviews réalisées dans ce village au cours du mois de février 2006.
-
[10]
Ce programme d’étude concerne la mise en place de dix projets de développement. Le choix de ces projets nécessite donc la mise au préalable d’un vaste programme d’étude à l’échelle de la communauté rurale, financé et piloté par le CLCOP. La méthode utilisée repose sur : des enquêtes participatives sur l’ensemble du terroir effectuées par des OP appartenant au CLCOP et des consultants ; l’établissement et la planification des programmes prioritaires réalisés par des membres du CLCOP et des consultants ; enfin, l’élaboration définitive des projets retenus avec l’aide de consultants privés.
-
[11]
Leur collaboration systématique pendant la phase de défrichement et la taille relativement petite des parcelles qu’elles aménagent (Cf. Figure 3) se justifient par l’ampleur de la difficulté de défricher les terrains colonisés par le Typha.
-
[12]
Une explication plus savante fournie par un technicien de l’ANCAR, en mission sur le terrain, justifie scientifiquement ces associations par le fait que les plantes sont en compétition pour trois facteurs : l’eau, la lumière et les éléments minéraux. Les femmes apportent donc aux plantes qu’elles cultivent de l’eau puisée du lac et des éléments minéraux par le compostage. Il leur faut donc jouer sur le troisième facteur qui est la lumière en associant des plantes à durée de cycle de développement suffisamment différente pour éviter leurs compétitions par rapport à cette ressource ou de jouer sur le besoin en lumière des plantes (la surface foliaire des plantes associées).
-
[13]
Soit 781 035 996 USD (date du taux de change : le 15 novembre 2006)
-
[14]
Ces informations sont recueillies auprès du Chef de Division Exploitation de la SOGED et du Chef de la section Génie Civil du barrage de Diama en janvier 2006 à leurs bureaux respectifs sur le site même du barrage de Diama.
-
[15]
Soit 320 237 USD (date du taux de change : le 15 novembre 2006).
-
[16]
Soit 70 293 239 USD (date du taux de change : le 15 novembre 2006).
-
[17]
Soit 39 051 799 USD (date du taux de change : le 15 novembre 2006).
-
[18]
Soit 117 155 399 USD (date du taux de change : le 15 novembre 2006).
-
[19]
Ce projet comprend la construction de la centrale électrique, la mise en place des lignes à haute tension, le renforcement institutionnel de l’OMVS avec la création de la SOGEM (qui a, en effet, la responsabilité de la mise en place du projet) et également la prise en compte de la réduction des impacts négatifs des barrages et l’amélioration des conditions de vie des populations affectées.
-
[20]
Soit 422 712 906,06 USD (date du taux de change : le 15 novembre 2006).
-
[21]
Les principaux bailleurs qui participent au financement de ce projet sont : la France, surtout l’AFD (96,1 millions USD) ; l’Europe (83,3 millions USD) dont 37,1 millions USD par l’Union européenne et 46,2 millions USD par la Banque européenne d’investissement ; l’Allemagne (65,6 millions USD) ; les fonds arabes (50,2 millions USD) dont 21 millions USD par Islamic Development Bank et 29,1millions USD par Arab fund for Economic and social development : FADES ; la Banque mondiale (38,7 millions USD) puis respectivement le Canada, la Banque africaine de développement, la Banque de l’Afrique de l’Ouest et le Nordic Development Fund (Banque mondiale (1997) in Leroy (2006)).
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