[VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement
Volume 8, numéro 2, octobre 2008 La nature des sciences de l’environnement : quels enjeux théoriques, pour quelles pratiques ? Sous la direction de Alain Fréchette, Louis Guay, Frédérick Lemarchand, Laurent Lepage et Alain Létourneau
Sommaire (12 articles)
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La transdisciplinarité considérée en général et en sciences de l’environnement
Alain Létourneau
RésuméFR :
Il s’agit dans ce texte avant tout de clarifier des termes qui reviennent souvent dans les recherches et réflexions dans le domaine des sciences environnementales, et qui sont souvent considérés comme des équivalents. Il s’agit de la multidisciplinarité, de l’interdisciplinarité et de la transdisciplinarité, ce qui suppose de clarifier ce que c’est que de travailler dans une discipline (la « disciplinarité ») et d’avoir dans sa boîte à outils une pluralité de compétences disciplinaires (la « pluridisciplinarité »). Ces propositions de distinctions sont mises en relief en regardant en particulier les problèmes de gouvernance de l’eau
EN :
What we want to do here is clarify a number or important concepts that are sometimes used as equivalents in environmental sciences and practices, but that might require some distinctions and specifications. We specify concepts like multidisciplinarity, interdisciplinarity, transdisciplinarity, but also disciplinarity and pluridisciplinarity. Maybe if we had a more clear conscience of those issues, we would understand each other along the way in collaborative projects. We also show how they shed light on specific issues, for instance water governance issues, and we distinguish these problems from valid questions of interprofessionality.
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L’horizon interdisciplinaire de la sociologie de l’environnement sur le terrain de l’agriculture alternative
René Audet
RésuméFR :
Dans l’optique de mieux comprendre les opportunités offertes par la sociologie de l’environnement dans les études interdisciplinaires, cet article explore les fondements et l’évolution de cette discipline. En prenant à témoin le cas de l’agriculture alternative, il s’agit de faire état de la structuration du champ de la sociologie de l’environnement à travers la répartition de ses approches entre les deux pôles de la socialisation de la problématique environnementale et de la naturalisation de la société. Dans sa plus récente phase de développement, cette sociologie témoigne d’un découplage de cette dualité et de l’horizon interdisciplinaire.
EN :
In order to better understand the opportunities brought by environmental sociology in interdisciplinary studies, this paper explores the foundation and evolution of the discipline. Taking the case of alternative agriculture as an example, it consists of a description of the state of the structuration of the environmental sociology field through the repartition of its approaches between the two tendencies of the socialization of the environmental problematic, and the naturalization of society. In its more recent development phase, environmental sociology shows a decoupling between that duality and the horizon for interdisciplinarity.
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L’évolution de la recherche sur les systèmes coralliens (1960-2007)
Virginie Duvat
RésuméFR :
Cet article analyse l’évolution de la recherche sur les milieux coralliens dans le domaine des sciences de la nature. Les systèmes coralliens ont été un objet scientifique favorable au développement de la pluri et de l’interdisciplinarité. Dans les années 1970, une science récifale a émergé sur des bases terminologiques, méthodologiques et thématiques communes. Les années 1990 ouvrent une nouvelle période dans l’évolution de la recherche, caractérisée par l’essor de la transdisciplinarité.
EN :
This paper presents the evolution of scientific research on coral reef systems in the field of environment sciences. Coral reef systems were a favourable scientific subject for the development of pluri and interdisciplinarity research. In the 1970’s, a coral reef science emerged on common conceptual, methodological and thematical basis. The 1990’s opened a new period in the evolution of coral reef research, characterized by the development of transdisciplinarity.
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Science et démocratie dans la gestion de la nature : des ethno-sociologues pris dans la modélisation d'accompagnement
Marie Charles, Frédérique Chlous-Ducharme, Elsa Faugère et Maurice Wintz
RésuméFR :
Cette contribution présente les analyses croisées de quatre chercheurs en sciences humaines impliqués dans des démarches de modélisation d’accompagnement. Dans le cadre d’un projet de recherche (Institut Français de la Biodiversité) portant sur la transformation des paysages (embroussaillement, boisements spontanés) à la suite de l'abandon des pratiques agricoles et l’émergence de nouvelles attentes sociales sur la valeur environnementale de ces milieux, quatre systèmes multi-agents ont été construits sur chacune des réserves de biosphère françaises concernées. Cette approche s’inscrit dans les « sciences de la complexité » considérant que la gestion des ressources naturelles constitue des systèmes complexes en situation d’incertitude et propose de dépasser le clivage sciences de la nature/ sciences sociales. L’objectif étant de construire une démarche de recherche finalisée et participative.
La réflexion porte sur la place des sciences sociales dans cette démarche, les rôles que les chercheurs ont joué dans les différents contextes et les difficultés rencontrées, elle se poursuit sur les rapports entre natures et sociétés.
EN :
This paper presents a cross analysis of the experiences of four social scientists involved in a companion modelling approach. As part of a research project of the Institut Français de la Biodiversité, four multi-agent systems and two role-playing games were developed on Biosphere Reserves. The purpose of the project was to explore the effects of natural land cover change from previously open to closed ecosystem structures and in turn, how changes in local landscapes stimulate the emergence of new social expectations and environmental values. This contribution follows earlier work on the study of complex systems, which recognizes the inherent complexity and uncertainty of natural resource management and thus the need to overcome the unproductive cleavage between the social and natural sciences. This paper aims to provide a framework for participatory and policy relevant research. .
The reflection centers first on the place of social siences in the approach, the roles played by the researchers in the different contexts and the difficulties encountered, and continues on the relationship between society and nature.
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Difficultés de la participation en recherche-action : retour d'expériences de modélisation d'accompagnement en appui à l'aménagement du territoire au Sénégal et à la Réunion
William Daré, Sigrid Aubert, Alassane Bah, Aurélie Botta, Ibrahima Diop-Gaye, Christine Fourage, Gilles Lajoie et Grégoire Leclerc
RésuméFR :
Comment aider les institutions et acteurs locaux à investir davantage les processus d’affectation des terres pour aménager leur territoire ? La décentralisation de l’aménagement du territoire engagée à la Réunion et au Sénégal est inachevée. Malgré l’arsenal législatif, les populations locales semblent peu impliquées dans les décisions les concernant en raison notamment de la difficulté à appréhender la complexité des systèmes d’interactions entre dynamiques sociales et environnementales. Le projet Domino vise à accompagner les processus de décision en proposant aux acteurs de construire et d’explorer des scenarii prospectifs d’affectation des terres. Cette expérience de modélisation participative repose sur une dynamique partenariale complexe sur chaque terrain, source de difficultés. Conscients des dérives potentielles, nous discutons la nécessité de construire une démarche qualité de notre recherche-action.
EN :
How can scientists help institutions and local stakeholders be more involved in land use and territorial management processes? Decentralization of land use management is far from complete in Senegal and La Réunion Island. Despite exhaustive legislation, local populations remain little involved in the decisions that affect their land. This is partly due to the difficulties in understanding and managing the complexity of dynamic and interacting social and environmental systems. The Domino project aims at accompanying decision processes by proposing to stakeholders to build and explore scenarios of land use management. This experiment in participatory modelling, done on two contrasting sites, is built on complex partnership dynamics. In this paper we do a comparative analysis of difficulties raised by the involvement of partners in companion modelling. We conclude by discussing the need for quality process in action-research.
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Évaluation de la qualité de la connaissance dans une perspective délibérative
Jeroen van der Sluijs, Jean-Marc Douguet, Martin O’Connor et Jerry Ravetz
RésuméFR :
Cet article propose une vision des démarches d’évaluation de l’adéquation de la connaissance scientifique dans des situations d’incertitude forte et irréductible en recourant à des processus délibératifs élargis. Dans l’optique de la Science Post-Normale, la démarche s’appuie, d’un point de vue épistémologique, sur l’articulation des approches scientifiques et de sciences sociales pour définir la qualité intrinsèque de la connaissance et sa pertinence dans des contextes sociaux, culturels et politiques différents.
Cet article présente un outil de contrôle de la qualité de la connaissance et de « bonnes pratiques » scientifiques (NUSAP). La question de la pertinence de la connaissance, qu’elle soit scientifique ou vernaculaire, s’intègre dans un processus multidimensionnel délibératif, associant divers acteurs, critères, échelles, sites… et portant sur les indicateurs et sur les orientations politiques à travers la Foire Kerbabel™ aux Indicateurs et la Matrice Kerbabel™ de Délibération.
EN :
Knowledge Quality Assessment is an essential activity in the science-policy and science-society interfaces regarding complex (environmental) problems where decisions will need to be made before conclusive scientific evidence is available while high decision stakes, high systems uncertainties and values in dispute characterize these problems. In the past decennia analytical diagnostic tools have been developed and used such as the NUSAP system, to assess and make explicit internal strength of knowledge claims. In such an enlarged deliberative process, analytic diagnostic tools can facilitate a reflective deliberative discourse (KerbabelTM Deliberation Support Tools). It can improve the knowledge base for decision making by promoting the exchange of information, and in particular by making available key insights from local and ‘lay’ knowledge of relevant topics.
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Méthode anthropo-sociologique introduisant le théâtre forum comme outil d'analyse d'une recherche scientifique pluridisciplinaire
Agathe Euzen et Valérie Bordet
RésuméFR :
Il s’agit dans cet article de proposer une méthode innovante introduisant le Théâtre Forum comme outil pour faire émerger les perceptions que les populations ont de l’environnement. Cette proposition s’appuie sur des travaux de recherche portant sur l’analyse des perceptions de la poussière et de son impact sur la santé à Ouagadougou au Burkina-Faso. Nous analyserons en quoi cette méthode peut trouver sa pertinence dans le cadre d’un projet de recherche pluridisciplinaire. Après une présentation de ce qu’est le Théâtre Forum, nous mettrons en évidence comment une méthodologie socio-anthropologique peut utiliser cet outil, tout en mettant en évidence les intérêts et les limites que nous illustrons par la thématique de la poussière et de ses perceptions par les Ouagalais.
EN :
This article proposes an original socio-anthropological method. It presents a new tool, the Theatre Forum, as a complementary way for the accurate analysis of the population environment perception. The fundamental goals and ways of this very specific theatre are explained. The interests and limits of this original method, developed in a scientific approach, are illustrated in the specific context of the dust effects and health impact in Ouagadougou in Burkina-Faso. We present the pertinence of this method as a new anthropological and sociological approach and the large interest for the pluridisciplinary study.
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Les plantes envahissantes en Polynésie française : un exemple d’approche de la complexité en science de l’environnement
Sébastien Larrue
RésuméFR :
Introduites pour la plupart dès le début du XXème siècle, les plantes envahissantes représentent en Polynésie française un réel défi pour la sauvegarde de la biodiversité. Aujourd’hui se pose un problème de confinement de ces espèces qui colonisent de nombreuses niches écologiques. Cette colonisation n’a rien de surprenant, elle répond simplement au modèle des successions écologiques en milieu insulaire. Mais surtout, la diversité géographique des introductions et leur rythme accéléré au cours des dernières décennies témoignent de l’ouverture de la Polynésie française à la mondialisation. Ainsi, la question des plantes dites envahissantes ne relève pas uniquement des sciences de « la nature » mais implique également les sciences humaines. Les effets des représentations sociales des espèces et des espaces forestiers ainsi que les politiques locales sont des composantes inhérentes à cette thématique. Aussi, le texte que nous proposons montre que la complexité, dans sa définition première, constitue l’épicentre du sujet. Elle pose un problème de méthode et nous renvoie en outre à la place actuelle de la géographie dans les sciences de l’environnement.
EN :
Introduced from the beginning of the 20th century, most invading plants in French Polynesia constitute a real challenge for the biodiversity preservation. Today we are faced with a serious problem, preventing the spread of species which invade, mainly in Tahiti, many ecological niches. Such an invasion is not surprising, it simply fits with the model of ecological successions in an insular environment. But, above all, the geographic diversity of origin of these introductions, accelerating during the last decades, reflects the opening of French Polynesia to globalization and the evolving representation of plants in the Polynesian society.
Thus the question of invading plants does not refer only to “natural sciences”, it concerns also the social sciences. Social representations of species and forest spaces as well as local politics are inherent components of that set of themes. Moreover, the proposed text shows that complexity, in the original sense, is central to the subject. This complexity shows clearly a problem of methodology. It reflects the role played today by geography in the environmental sciences.
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Des objets au croisement des disciplines : les facettes éco-paysagères de Guinée Maritime
Elisabeth Leciak
RésuméFR :
La rencontre entre analyse sociale et diagnostic écologique représente le projet pluridisciplinaire des sciences de l’environnement. Mais les interactions entre nature et culture existent à différents niveaux d’intégration et l’analyse de la co-évolution milieux/sociétés exige de la part des chercheurs l’identification d’échelles fonctionnelles valables au regard des processus écologiques comme des phénomènes sociaux. En Guinée Maritime, notre étude s’est appliquée à des compartiments de l’espace où pratiques locales et fonctionnements écologiques s’intègrent en une entité spatiale hybride de nature et de culture. Permettant le déploiement simultané des méthodes des sciences sociales et des sciences écologiques, ces entités, nommées facettes éco-paysagères, sont décrites comme des écosystèmes mais aussi comme objets de représentations locales et d’enjeux sociaux.
EN :
The meeting between social analysis and ecological diagnosis is an important issue for environmental sciences. Nevertheless interactions between nature and culture exist at various levels of integration and, to describe ecosystems/societies co-evolution, researches are first required to identify valid functional scales corresponding to ecological processes and social phenomena as well. In Coastal Guinea, our study concerned spatial entities where local uses and practices of land are integrated with ecological functions in a concrete entity, a hybrid of nature and culture. Allowing the simultaneous deployment of the methods of social sciences and ecological sciences, these patches of landscape are described like ecosystems but also like objects of local representations and social stakes.
Section courante
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Le développement durable appelle-t-il davantage de démocratie ? Quand le développement durable rencontre la gouvernance
Yannick Rumpala
RésuméFR :
Telle qu’elle est le plus souvent conçue, la thématique du « développement durable » renvoie à un large ensemble de changements profonds à réaliser dans toutes les sphères de la société. Pour cette raison, elle s’inscrit logiquement dans une tonalité de mobilisation générale. Elle débouche fréquemment sur un appel à des procédures rénovées dans l’organisation de la vie collective, de façon à favoriser toutes les coopérations utiles. Autour des questions de « développement durable » et de gouvernance s’est ainsi formée une problématique commune sur les procédures à mettre en place pour pouvoir rapprocher, ou au moins faire réfléchir et discuter, des acteurs aux intérêts potentiellement divergents. D’une certaine manière, le « développement durable » tend, de façon plus ou moins explicite, à être pris comme une incitation à repenser la question de la pratique de la démocratie et des institutions à partir desquelles elle est censée fonctionner. C’est même une forme d’équation qui tend presque à être posée entre « développement durable » et démocratie, avec une relation de dépendance entre les deux termes. Un tel postulat incite à se demander plus précisément dans quelle mesure l’objectif de « développement durable » peut pousser ou contribuer à un travail de redéfinition du fonctionnement démocratique, à la fois dans ses principes et dans ses pratiques. Quelle forme d’avancée démocratique est dessinée ? Quels présupposés sont ainsi articulés ? Quelles propositions arrivent dans les discussions ? Sur quels dispositifs ces propositions tendent-elles à déboucher ? Quelles pratiques prennent forme et dans quelle mesure viennent-elles en prolongement de ce qui s’apparente à un programme de gouvernement renouvelé ? C’est à ces questions que cette contribution propose de répondre, notamment dans un cadre français et européen.
EN :
As it is most often conceived, the theme of "sustainable development" refers to a wide range of changes to be carried out in all spheres of society. For this reason, it is logically in line with a tone of general mobilization. It frequently leads to a call for renewed procedures in the organization of community life, in order to encourage all the cooperation that could be useful. A common problem on the procedures to be put in place to reconcile, or at least make them think and discuss, actors with potentially divergent interests has thus formed around the issues of sustainable development and governance. In a sense, "sustainable development" is, more or less explicitly, to be taken as an incentive to rethink the question of the practical experience of democracy and of the institutions from which it is supposed to operate. It is even a form of equation that tends to be almost raised between "sustainable development" and democracy, with a relationship of dependency between the two terms. Such an assumption is an invitation to ask more precisely to what extent the goal of "sustainable development" may lead or contribute to a redefinition of democracy, both in its principles and in its practices. What kind of progress towards democracy is drawn? What assumptions are articulated? What proposals arrive in the discussions? To what devices do these proposals tend to lead? What kind of practices is taking shape and to what extent do they come as a continuation of what seems to be a renewed programme of government? This contribution tries to answer these questions, principally in the European and French context.
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Éduquer et communiquer en matière de changements climatiques : défis et possibilités
Diane Pruneau, Mélanie Demers et Abdellatif Khattabi
RésuméFR :
Les éducateurs et agents de communication en matière de changements climatiques font face à de nombreux défis. Les concepts scientifiques reliés au climat sont souvent mal interprétés. Les citoyens estiment que les changements climatiques auront peu d’impacts sur leur propre vie. Ils perçoivent peu les changements graduels dans leur environnement. Les comportements de surconsommation rapportent pouvoir, plaisir et reconnaissance. Plusieurs personnes, déconnectées du milieu naturel, ont tendance à prendre des décisions émotives et à résoudre rapidement les problèmes environnementaux. À partir des travaux de recherche dans le domaine, des stratégies de communication et d’éducation sont proposées pour favoriser chez les apprenants une meilleure compréhension des changements climatiques, leur communiquer l’urgence d’agir, les motiver à adopter des comportements d’atténuation et les rendre aptes à implanter des mesures d’adaptation.
EN :
Educating and communicating about climate change is challenging. Climate change scientific concepts are often misunderstood. People believe that climate change will have few impacts on their own life. People have difficulty to perceive gradual environmental changes. Overconsumption brings people power, pleasure and recognition. People, disconnected from nature, tend to make emotional decisions and to quickly solve environmental problems. Drawn from research, climate change communication and education strategies are presented for helping learners to better understand climate change, communicating the urgency to act, motivating the adoption of mitigation behaviours and reinforcing people’s skills for implementing adaptations.
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Développement territorial viable, capital social et capital environnemental : quels liens ?
Christiane Gagnon, Jean-Guillaume Simard, Luc-Normand Tellier et Serge Gagnon
RésuméFR :
L’analyse des dynamiques de développement reste en grande partie le fait des sciences économiques. Ce faisant, les sphères spatiale, sociale et environnementale sont le plus souvent occultées au profit de l’étude de la croissance économique. Les interactions entre les composantes sociale et environnementale et leurs impacts sur la dynamique territoriale des communautés locales, au-delà de la pauvreté et de la détérioration environnementale, constituent un nouveau champ de réflexion. Les sciences régionales (Aydalot, 1985 ; Friedman et Weaver, 1979 ; Stöhr, 1981) et la géographie (Desmarais et Richot, 2000; Mohan et Mohan, 2002) s’intéressent d’ailleurs depuis longtemps à une approche territoriale « endogène » ou « par le bas ». De là, le paradigme de développement territorial viable (DTV), combiné à une approche humaniste du DD, constitue un cadre interprétatif pertinent pour mieux comprendre les liens entre le social et l’environnement (Gagnon, 2002; Theys, 2002). Il est ici envisagé comme une transformation sociale, caractérisée par un renouvellement du mode de gouvernance, la recherche de solutions alternatives et l’introduction de critères sociaux et culturels dans la prise de décision. Le cadre théorique s’appuie aussi sur les notions de capital social (Putman, 2001; Portes, 1988) et de capital environnemental (Costanza et al., 1997), un peu moins théorisé. En outre, à l’aide du concept de « connectivité civile », témoin de la présence de capital social dans une communauté, nous questionnons le dynamisme de la communauté en matière de valorisation de l’environnement. Le présent article tente donc d’apporter un éclairage nouveau sur les déterminants du développement territorial, suite à des recherches empiriques réalisées dans quatre territoires microrégionaux québécois (Gagnon et al., 2006).
EN :
The analysis of the dynamics of development belongs, for the most part, to the domain of economics and as a result, the spatial, social and environmental dimensions are often overshadowed by the study of economic growth. However, the interactions between the social and environmental components and their impacts on the territorial dynamics of local communities, over and above those of poverty and environmental degradation, constitute new areas for reflection. Regional studies (Aydalot, 1985; Friedman et Weaver, 1979; Stöhr, 1981) and geography (Desmarais et Richot, 2000; Mohan et Mohan, 2002) have long focused on an “endogenous” or “bottom up” territorial approach to development. The paradigm of viable territorial development (VTD), combined with a humanistic approach to sustainable development (SD), provides a relevant interpretive framework for a better understanding of the links between the social and environmental dimensions of development (Gagnon, 2002; Theys, 2002). The paradigm envisaged here is one of social change characterized by a renewed mode of governance, the search for alternative solutions and the introduction of social and cultural criteria into decision-making. The theoretical framework is also based on the notions of social capital (Putman, 2001; Portes, 1988) and the somewhat less theorized environmental capital (Costanza et al., 1997). In addition, using the concept of community networks as indicator of the presence of social capital in a community, we examine community initiative regarding sustainable development. Following upon empirical research carried out in four “micro regions” of Quebec (FQRSC, Concerted Action 2005-2006), this article attempts to shed new light on the factors which determine territorial development.