Book Reviews / Comptes rendus

Louise Poissant, dir. 50 ans de la Place des Arts. Québec : Presses de l’Université du Québec, 2015, 252 p.[Notice]

  • France Vanlaethem

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  • France Vanlaethem
    École de design, UQÀM

L’ouvrage collectif publié sur Place des Arts sous la direction de Louise Poissant, doyenne de la Faculté des arts de l’UQÀM, est issu de la journée de colloque organisée dans le cadre des festivités marquant le jubilé de ce lieu, sans en être les actes. Le sommaire du livre ne reproduit pas le programme de la rencontre et son contenu élargit et approfondit les propos tenus en novembre 2013. Ceux-ci dépassent de loin les objectifs de l’histoire urbaine, le but étant d’examiner l’impact autant urbanistique qu’artistique et culturel de ce complexe et de l’organisme qui le gère, d’hier à aujourd’hui. Certes, en cherchant à cerner la programmation et la fréquentation de Place des Arts au fil du temps, le sociologue Marcel Fournier constate que ce centre des arts a agi en quelque sorte comme un aimant. Sur ses scènes, il a attiré nombre des initiatives nouvelles qui changèrent la vie culturelle montréalaise, en la renouvelant et la diversifiant, et dans son environnement immédiat bien des nouvelles salles de spectacles qui formeraient l’assise du Quartier des spectacles lancé au début des années 2000. Marie Lavigne, historienne et ancienne directrice générale de Place des Arts, montre la transformation qu’a connu cette institution en regard de sa vocation de diffuseur et/ou producteur sous les pressions du milieu et en fonction des politiques gouvernementales changeantes. L’historien de l’art Raymond Montpetit et l’urbaniste Gérard Baudet proposent chacun un « grand flashback » sur les salles de spectacles qui ouvrirent leurs portes à Montréal avant Place des arts pour le premier et sur celles qui ont transformé les métropoles occidentales depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui pour le second, non sans avoir au préalable rappelé le lien indissociable existant entre villes et équipements culturels depuis l’antiquité. Montpetit met ainsi la table pour une histoire culturelle mettant l’emphase sur les tensions sous-jacentes à l’offre publique de spectacles sur scène apparue à Montréal avec l’inauguration du Theatre Royal en 1824 et que Place des Arts contribuerait à atténuer. Historienne de l’art, Geneviève Richard retrace l’origine de la commande de ce qui, au départ, devait être une simple salle de concert et les modalités de sa conversion en arts center, ainsi que les effets à long terme de la construction de Place des Arts sur la vocation du quartier environnant. Dans ce dossier, comme dans d’autres, le maire Jean Drapeau et le premier ministre Jean Lesage ont volé la vedette à Maurice Duplessis et Camillien Houde. L’idée d’un centre qualifié à l’époque de « civique » s’était concrétisée une première fois, certes en vain, avec l’institution légale d’un organisme pour le construire en 1937 et le dévoilement d’un projet en 1946. Architecte de paysage et urbanologue, Jonathan Cha porte sur les événements un autre regard en étant attentif, d’une part, aux choix qui ont donné sa forme urbaine à Place des Arts, des efforts faits par Drapeau dès 1955 pour doter Montréal d’une salle de concert à l’aménagement de son esplanade à la fin des années 1980, alors que le Musée d’Art contemporain (MAC) était en construction sur le quadrilatère, et, d’autre part, aux représentations qui sous-tendent ces interventions. Ceux-ci raconteraient l’histoire d’une conquête, celle de l’identité montréalaise par le rejet des modèles empruntés, étrangers, au profit d’une redécouverte des spécificités territoriales et architecturales locales. D’ailleurs, plusieurs des auteurs rappellent qu’en 1963, au moment de l’inauguration, Place des Arts était pour bien des citoyens « la place des autres ». Jean-Christian Pleau revient sur cet événement qui frisa la catastrophe à cause d’un conflit syndical aux enjeux culturels (l’Union des artistes contestait l’hégémonie de l’Actors’ Equity), …