TTR
Traduction, terminologie, rédaction
Volume 31, numéro 2, 2e semestre 2018 Minorité, migration et rencontres interculturelles : du binarisme à la complexité Minority and Migrant Intercultural Encounters: From Binarisms to Complexity Sous la direction de Denise Merkle et Gillian Lane-Mercier
Sommaire (13 articles)
-
Presentation
-
Relire l’histoire de la traduction littéraire au Canada : d’une tradition de traduction à des amorces de traditions imprévisibles
Gillian Lane-Mercier
p. 17–42
RésuméFR :
À partir de la définition de deux collaborations à visée interculturelle prototypiques des sociétés démocratiques multilingues et multiculturelles contemporaines, l’une fondée sur le consensus, l’autre sur le compromis, cet article propose une analyse des enjeux soulevés par cette double conception de la participation citoyenne. Plus spécifiquement, le premier objectif consiste à examiner le rôle de la traduction littéraire dès lors susceptible de servir deux projets de société qui prônent, respectivement, l’assimilation culturelle, fondée sur la banalisation des rapports de domination au nom de l’égalité, et l’intégration, fondée sur la nécessité de donner droit de cité aux inégalités afin d’assurer la visibilité et la vitalité, sinon la survie des communautés minoritaires. Nous nous penchons à titre d’exemple sur le rôle de la traduction littéraire dans l’évolution des rapports difficiles entre la majorité francophone et la minorité anglophone du Québec depuis 1976, en particulier dans la revitalisation culturelle de celle-ci au cours des vingt dernières années. Aussi le deuxième objectif consiste-t-il à remettre en question une certaine lecture de l’histoire de ces rapports qui, postulant l’émergence d’une tradition de traduction où domine le consensuel, repose moins sur des faits que sur des perceptions, discours et idées reçues transformés en évidences. La relecture proposée fait ressortir les compromis réels que ces « évidences » escamotent, ainsi que le rôle de la traduction littéraire comme solution de compromis dans le processus de revitalisation en situation minoritaire. Pour ce faire, et en admettant que la traduction littéraire relève d’une dialectique du fait empirique et du construit discursif, nous recourons à la bibliométrie qui permet ainsi d’établir une articulation qui manque encore entre l’histoire de la traduction, axée sur les faits empiriques, et la traductologie, axée sur les discours.
EN :
This article analyses the issues raised by the definition of two prototypical intercultural collaborations, one grounded in consensus and the other in compromise, which have fostered competing conceptions of participatory citizenship in contemporary multilingual and multicultural democratic societies. Specifically, the first objective is to examine the role of literary translation, henceforth called upon to serve two social contracts that advocate, respectively, cultural assimilation based on the trivialization of power relations in the name of equality, and cultural integration based on the importance of acknowledging inequalities to ensure the visibility, vitality and, at times, survival of minority communities. We take as an example the role of literary translation in the evolution of the difficult relations between Québec’s Francophone majority and Anglophone minority since 1976, more particularly in the cultural revitalization the latter has experienced over the past twenty-odd years. Thus, the second objective is to call into question a well-oiled reading of the history of these power relations that, by positing the emergence of a tradition of translation predicated on consensus, is founded less on fact than on perceptions, ambient discourses and received ideas construed as truths. The rereading proposed here exposes the real compromises which these “truths” erase, as well as the role of literary translation as concession in the cultural revitalization of the Anglophone communities. Bibliometrics provides us with a heuristic tool to attain these objectives, with the additional benefit of creating a much needed link between the history of translation, which focuses on empirical facts, and translation studies, which focuses primarily on discursive constructs.
-
Translating Indigeneity at the University of Alberta
Anne Malena et Julie Tarif
p. 43–64
RésuméEN :
Over the last few years there has been an attempt to redress the asymmetrical relations between Canada’s First Nations, Métis, and Inuit people, and the non-Indigenous people in Canada. Post-secondary education plays a prominent role in this endeavour and many institutions across Canada are currently working on innovative ways to make their environment more inclusive, or what is called “Indigenizing” the academy. This study focuses on how the University of Alberta (Edmonton) is meeting this challenge and argues that a form of activist translation needs to be an important part of this endeavour in order to redress damages caused by colonialism.
FR :
Des efforts sont faits depuis quelques années pour améliorer les relations asymétriques qui existent au Canada entre les Premières Nations, les Métis, les Inuit et le peuple non autochtone. Les institutions post-secondaires jouent un rôle clé dans cette entreprise d’« Indigénisation », et plusieurs d’entre elles s’attachent, par le biais de projets novateurs, à rendre l’environnement universitaire plus inclusif pour les étudiants autochtones. Cette étude s’intéresse aux stratégies utilisées par l’Université de l’Alberta (Edmonton) pour faire face à ce défi et postule qu’il est important de mettre en place une forme de traduction activiste au sein de cette entreprise afin de redresser les torts du colonialisme.
-
Revisiting “Speak White”: A lieu de mémoire Lost and Found in Translation
Carmen Ruschiensky
p. 65–87
RésuméEN :
This article traces the afterlives of Michèle Lalonde’s 1968 poem “Speak White” to explore how translation contributes to constructing, renewing and transforming it as a lieu de mémoire through various transformative processes. The term “translation” here designates a phenomenon that includes but extends beyond the concept of translation as linguistic transfer to encompass different forms of rewriting, adaptation and remediation, foregrounding the generative aspect of the memory site as well as the tension between past and present, between a lieu de départ and its reinscription in a new context. Specifically, it focuses on two English translations of “Speak White” that attempt to reconstruct the poem’s subversive diglossia; Marco Micone’s 1989 poem “Speak What,” as a rewriting that takes the form of serious parody; two adaptations produced during the 2012 Quebec Student Strike, “Speak Red” and “Speak rich en tabarnaque”; and the latest incarnation of “Speak White” in Robert Lepage’s 887, a theatrical production that introduces its own layers of intertemporal, intermedial and interlingual complexity. These recreations of “Speak White” reveal how a lieu de mémoire can be simultaneously anchored or re-anchored in the past while also being renewed or rerouted through translation in the present across languages, cultures, media and time.
FR :
Cet article retrace les après-vies du poème de Michèle Lalonde « Speak White » (1968) afin d’explorer comment la traduction participe à sa construction, son renouvellement et sa transformation en tant que lieu de mémoire à travers des processus transformateurs divers. Le terme « traduction » désigne ici un phénomène qui inclut, mais dépasse le concept de la traduction comme transfert linguistique pour englober des formes diverses de réécriture, d’adaptation et de remédiation, mettant l’accent sur l’aspect génératif du lieu de mémoire ainsi que sur la tension entre le passé et le présent, entre un lieu de départ et sa réinscription dans un nouveau contexte. Précisément, il se concentre sur deux traductions en anglais de « Speak White » qui tentent de reconstruire la diglossie subversive du poème ; « Speak What » de Marco Micone (1989), une réécriture qui prend la forme d’une parodie sérieuse ; deux adaptations produites durant la grève étudiante au Québec en 2012, « Speak Red » et « Speak rich en tabarnaque » ; et l’incarnation la plus récente de « Speak White » dans 887 de Robert Lepage, une production théâtrale qui introduit ses propres niveaux de complexité intertemporelle, intermédiale et interlinguistique. Ces récréations de « Speak White » révèlent comment un lieu de mémoire peut être à la fois ancré ou réancré dans le passé tout en étant également renouvelé ou détourné par la traduction dans le présent à travers les langues, les cultures, les médias et le temps.
-
“Qui sont-je?” Multilingual Entanglements in Üstün Bilgen-Reinart’s Porcelain Moon and Pomegranates: A Woman’s Trek through Turkey
Eva C. Karpinski
p. 89–109
RésuméEN :
Hélène Cixous’s question “Who are I?” sets up the scene of this inquiry into the Turkish-Canadian writer Üstün Bilgen-Reinart’s plural self-translations at the crossroads of different cultures she has traversed during her life trajectory from Turkey to Canada and back to Turkey. I read her hybrid translingual family memoir-travel narrative for evidence of productive potentialities of multilingualism in cross-cultural encounters. Woven into the text are complex multilingual entanglements of her many languages, histories, and geographies, as she passes from Turkish to English and French while immersing herself in the stories told in Dene, the language of the Sayisi Dene in northern Manitoba, and collects Kurdish stories from southeastern Anatolia, translated into Turkish. In 1997, with Ila Bussidor, Üstün Bilgen-Reinart co-authored Night Spirits, an oral history of the forcible relocation and subsequent rebuilding of the Sayisi Dene community. Bilgen-Reinart’s perception of the present-day situation in Turkey, after her thirty-year stay in Canada where she worked as a CBC journalist, is influenced by Indigenous knowledges that she has been exposed to and by her transnational feminist consciousness. Her life writing affords a unique possibility for exploring the intersections of migrant, diasporic, and Indigenous histories through affective theorizing of the wounds of trauma, displacement, and dispossession. Constructing the “I”-witness position vis-à-vis the disastrous social, political, cultural, and ecological consequences of colonialism and globalization, her text explores relational linkages that extend beyond the singular self and create connections between multiple bodies, lives, and their environments. Her practice of drawing complex webs of meaning can be read in terms of decolonial multilingual languaging.
FR :
Le « Qui sont je ? » d’Hélène Cixous marque le point de départ de cette étude sur les autotraductions plurielles de Üstün Bilgen-Reinart à la croisée des différentes cultures que l’auteure turco-canadienne a parcourues tout au long de sa vie qui, après l’avoir conduite au Canada, l’a ramenée en Turquie, son pays natal. J’ai lu son récit de voyage et de mémoire familiale translingue et hybride en vue de trouver la preuve des potentialités productives du multilinguisme dans les rencontres interculturelles. Les complexes enchevêtrements multilingues de ses langues, histoires, géographies imprègnent le texte pendant que l’auteure passe du turc à l’anglais et au français, en s’immergeant dans les témoignages en déné – langue des Dénés sayisi du nord du Manitoba –, et recueille des légendes kurdes du sud-est de l’Anatolie, traduites en turc. En collaboration avec Ila Bussidor, Üstün Bilgen-Reinart rédige, en 1997, Night Spirits, ouvrage qui raconte l’histoire orale de la relocalisation forcée suivie de la reconstruction de la communauté dénée. Après trente années passées au Canada, où elle a travaillé comme journaliste à la CBC, Üstün Bilgen-Reinart perçoit la situation actuelle en Turquie à travers les connaissances autochones auxquelles elle a été exposée et son adhésion au féminisme transnational. Son récit de vie offre une possibilité rarement donnée d’explorer les intersections d’histoires migrantes, diasporiques et autochtones à partir de la théorie affective des blessures du traumatisme, du déplacement et de la dépossession. Construisant un « Je »-témoignage (position of eye [I] witness) vis-à-vis des conséquences catastrophiques tant sociales, politiques, culturelles qu’écologiques de la mondialisation, son texte explore les enchaînements relationnels qui dépassent le soi singulier et créent des connexions entre les corps, les vies et leurs environnements. Son texte peut être lue sous l’angle d’une mise en langage décolonisée et multilingue.
-
On Loss and Gain: The Translation of Linguistic Simultaneity in This is How You Lose Her, by Junot Díaz
Karen Lorraine Cresci
p. 111–139
RésuméEN :
Pulitzer-prize winning author Junot Díaz stages culture clashes in his work by dramatizing the linguistic tension between English and Spanish. This strategy, which he calls “linguistic simultaneity” (code-switching), is central in his fiction because it expresses his Latino identity, and it is artistically and politically significant. Translators who wish to recreate his texts for another readership are forced to rethink what translation is and thus to consider new paradigms, since code-switching defies the traditional conception of translation as the transposition from one closed linguistic system to another. Translations into one of the languages that make up the fictional universe of the source text (in this case, Spanish) are especially challenging. Focusing on the extent to which translators transpose the linguistic simultaneity of Díaz’s source texts, this paper explores the possible reader responses to strategies used to maintain or downplay linguistic tension in the target texts. A comparison of two translations into Spanish of Diaz’s short stories “The Sun, The Moon, The Stars” and “Otravida, Otravez” from This is How You Lose Her (2012) will illustrate how linguistic simultaneity is recreated.
FR :
L’auteur Junot Díaz, récompensé par le prix Pulitzer, met en scène dans son oeuvre le choc de cultures en accentuant la tension linguistique entre l’anglais et l’espagnol. Cette stratégie, qu’il nomme « simultanéité linguistique » (alternance codique), y est fondamentale, non seulement parce qu’elle exprime son identité latino-américaine, mais aussi parce qu’elle est artistiquement et politiquement significative. Les traducteurs qui souhaitent recréer ses textes pour un autre lectorat sont contraints de repenser la traduction et ainsi de réfléchir à de nouveaux paradigmes, puisque l’alternance codique défie la conception traditionnelle de la traduction, à savoir la transposition d’un système linguistique fermé à un autre. Les traductions dans une des deux langues qui composent l’univers fictionnel du texte source (ici, l’espagnol) posent un réel défi. En mettant en évidence la latitude avec laquelle les traducteurs transposent la simultanéité linguistique des textes sources de Díaz, le présent article explore les réponses possibles du lecteur aux stratégies retenues pour maintenir ou minimiser la tension linguistique dans les textes cibles. Une comparaison de deux traductions en espagnol des nouvelles de Díaz « The Sun, The Moon, The Stars » et « Otravida, Otravez », tirées de This is How You Lose Her paru en 2012, illustrera les stratégies employées par les traducteurs pour recréer la simultanéité linguistique.
-
Diaspora as a Distinct Site of Translational Activity: The Case of U.S. Immigrant Newspapers, 1917-1941
Brian James Baer et Nike K. Pokorn
p. 141–165
RésuméEN :
This article argues for the study of translation in U.S. immigrant newspapers, a distinct intercultural context largely ignored in Translation Studies research. The article outlines methodological approaches for the study of translation in immigrant periodicals with the aim of identifying the various roles played by translation in diasporic communities. Based on approaches and methods developed in the field of Translation Studies for researching translation in newspapers, the analysis focuses on the (in)visibility of the translations, the direction of translation flows, and the domain of the translated texts. These categories contribute to our understanding of diaspora as a distinct site of translational activity, through which immigrant identities are constructed and relationships between the immigrant community and the dominant culture, between the immigrant community and its native language and culture, and between different generations within the immigrant community, are negotiated. Preliminary research of two immigrant foreign-language newspapers published in the U.S. in the interwar period, the Slovenian Prosveta, and the Russian Novoe Russkoe Slovo, has documented a consistent presence of translations. The results suggest that translation in these two newspapers was deployed to different ends, reflecting the divergent political orientations of the newspapers and the distinct make-up of these immigrant communities. The study also reveals translation to be a tool of government surveillance.
FR :
Le présent article se veut un plaidoyer en faveur de l’étude de la traduction dans les périodiques publiés aux États-Unis par des communautés immigrantes. Ce contexte interculturel particulier constitue un champ de recherche qui demeure négligé en traductologie. L’article présente des approches méthodologiques qui peuvent être utilisées pour mener ce type d’étude et déterminer l’apport de la traduction dans les communautés diasporiques. Basée sur les approches et méthodes développées en traductologie pour étudier la traduction dans la presse en général, l’analyse porte sur l’(in)visibilité des traductions, la direction des flux de traduction et la nature des textes traduits. Ces aspects mettent en lumière le rôle que joue la traduction dans la construction des identités immigrantes et dans la négociation de la relation entre communauté immigrante et culture dominante, entre communauté immigrante et langue et culture maternelles, et enfin entre générations au sein d’une même communauté immigrante. Les résultats préliminaires qui sont présentés ont pour objet deux périodiques publiés aux États-Unis par des immigrants allophones pendant la période de l’entre-deux-guerres, à savoir le journal slovène Prosveta et le journal russe Novoe Russkoe Slovo. L’analyse révèle la présence constante de la traduction dans ces deux journaux et le fait que celle-ci a été utilisée à des fins différentes, en fonction d’orientations politiques distinctes et de la composition des communautés immigrantes concernées. L’étude montre aussi le rôle de la traduction dans la surveillance exercée par le gouvernement.
-
La boîte noire de l’historiographie interculturelle belge. Les allers-retours d’Emma Lambotte entre Liège et Anvers (1895-1950)
Maud Gonne
p. 167–194
RésuméFR :
L’historiographie traditionnelle a eu tendance à réduire la complexité de la nation belge à l’interaction (conflictuelle) entre communautés francophone et néerlandophone (ou flamande). Cette approche binaire a marginalisé la pluralité d’un territoire national diglossique fragmenté en parlers flamands, wallons et germaniques, où seule une élite minoritaire utilisait le français. Dans cette configuration asymétrique, les échanges, déplacements et traductions entre les différentes cultures minoritaires révèlent des dynamiques bien plus complexes que la seule confrontation entre une langue dominante et une langue dominée. En se penchant sur les allers-retours d’Emma Lambotte (1876-1963) – peintre, auteure, traductrice, chroniqueuse, salonnière et activiste wallonne – entre Anvers et Liège, cet article tâche d’entrouvrir la boîte noire de l’historiographie interculturelle belge via l’introduction inédite d’une perspective minoritaire wallonne.
EN :
Traditional historiography has tended to reduce the complexity of the Belgian nation to the (conflictual) interaction between French and Dutch (or Flemish) communities. This binary view, however, systematically marginalized the plurality of a diglossic national territory fragmented into Flemish, Walloon, and German variants, where only a minority elite spoke French. The exchanges, travels and translations between the different minority cultures within this asymmetrical configuration reveal a much more complex dynamics than the mere confrontation between a dominant and a dominated language. Focusing on Emma Lambotte’s (1876-1963) trips between Antwerp and Liège—as a Walloon painter, writer, translator, chronicler, salonnière and activist—this article aims to open the black box of Belgian intercultural historiography by introducing a unique Walloon minority perspective.
-
Promouvoir le transculturel comme « typiquement allemand » ? Retour sur cinquante ans de littérature de la migration et sur sa promotion
Sarah Neelsen
p. 195–217
RésuméFR :
Cet article considère la question du transculturalisme dans la littérature contemporaine de langue allemande, dite « littérature de la migration ». Bien que l’importance de cette littérature se soit accrue dans tous les pays de l’aire germanophone, l’accent est mis ici sur l’Allemagne. L’article donne un aperçu des différentes vagues de migrants qui sont arrivées en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale : les populations d’Europe centrale et orientale, expulsées de leur pays de résidence entre 1944 et 1950, les Gastarbeiter venus sur des contrats de travail temporaires entre 1950 et 1970, les réfugiés politiques durant la guerre froide et les migrants économiques après l’effondrement du bloc soviétique, ainsi que quelques représentants de la mobilité individuelle et librement choisie dans un passé plus récent. Chacune de ces vagues a produit des écrivains qui ont rédigé tout ou partie de leur oeuvre en allemand, le plus souvent sous l’influence d’autres langues avec lesquelles ils avaient été en contact. Ces textes témoignent d’une situation entre les langues vécue très différemment selon les auteurs. Sont évoqués Rafik Shami et Feridun Zaimoğlu, mais aussi Herta Müller, Terézia Mora, Sharon Dodua Otoo et Yoko Tawada. Si cette littérature est largement connue et étudiée dans les pays de langue allemande et dans les départements d’études germaniques des universités, le présent article prend le parti d’interroger la façon dont elle est promue par la politique culturelle, le marché du livre et les historiens de la littérature.
EN :
This article considers the question of transculturalism in contemporary German-language literature called “literature of migration.” Although its importance has increased in all German-speaking countries, the focus here is on Germany. The article gives an overview of the different groups of migrants who arrived in Germany after the Second World War: Central and Eastern European populations expelled from their countries of residence between 1944 and 1950, Gastarbeiters who came on temporary employment contracts between 1950 and 1970, political refugees during the Cold War and economic migrants after the collapse of the Soviet bloc, as well as some representatives of individual and freely chosen mobility in the more recent past. Each of these waves produced writers who wrote all or part of their work in German, often influenced by other languages with which they had been in contact. These texts testify to a situation between languages experienced very differently according to the authors. Rafik Shami and Feridun Zaimoğlu, but also Herta Müller, Terézia Mora, Sharon Dodua Otoo, and Yoko Tawada serve as examples. While this literature is widely known and studied today in German-speaking countries and in post-secondary departments of German Studies, the present article questions the way in which it is promoted by German cultural policy, the book market, and historians of literature.
Comptes rendus
-
Kathryn Batchelor. Translation and Paratexts. London/New York, Routledge, 2018, 202 p.
-
Fruela Fernández and Jonathan Evans, eds. The Routledge Handbook of Translation and Politics. London/New York, Routledge, 2018, 524 p.
-
Jacques Fontanille, Marco Sonzogni and Rovena Troqe, eds. Special Issue: “Traduire : signes, textes, pratiques/Translating: Signs, Texts, Practices.” Signata: Annales des sémiotiques/Annals of Semiotics, 7, 462 p.
-
Yves Gambier and Luc van Doorslaer, eds. Border Crossings. Translation Studies and other disciplines. Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins, 2016, xv, 380 p.