TTR
Traduction, terminologie, rédaction
Volume 31, numéro 1, 1er semestre 2018 Traduire la banlieue : problématiques, enjeux, perspectives Translating the Banlieue: Issues, Challenges, Perspectives Sous la direction de Ilaria Vitali
Sommaire (13 articles)
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Présentation : la banlieue française au prisme de la traduction littéraire
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Traduction et éditorialisation des récits sur la banlieue : paratexte iconique et transfert culturel
Béatrice Turpin
p. 23–46
RésuméFR :
Une première de couverture est un discours composite qui résulte de multiples choix éditoriaux. Elle doit refléter l’identité de la maison d’édition dont elle est la vitrine ainsi que celle de la collection qui ouvre des pistes de lecture. Elle doit également attirer le lecteur et lui donner une idée du contenu de l’ouvrage. Le présent article étudie l’éditorialisation de quelques récits sur la banlieue représentatifs de la littérature urbaine de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle. L’analyse des publications françaises montre la prégnance d’un point de vue réaliste, avec une couverture qui peut être considérée comme une image arrêtée d’un scénario (souvent reprise d’un film qui a vu le succès du livre). Celle-ci tend par ailleurs à personnaliser l’ouvrage, avec la représentation en plan rapproché d’un narrateur/personnage. Les éditions traduites tendent pour leur part à élargir le champ du regard en contextualisant le cadre historique ou spatial du récit ou, au contraire, effacent celui-ci. Le motif mis en scène, énigmatique, devient symbole ouvert sur de multiples interprétations. L’ouvrage, par là même, sort du cadre de la littérature dite « de banlieue ». Ces deux tendances, emblématiques de choix éditoriaux différents, sont corrélées à l’identité des maisons d’édition et au lectorat de la collection.
EN :
A front cover is a composite discourse that results from multiple editorial choices. It must reflect the identity of the publishing house of which it is the showcase, as well as that of the collection which opens reading tracks. It must also attract readers and give them an idea of the content of the book. This article examines the editorialization of some suburban narratives representative of urban literature of the late 20th and early 21st centuries. The analysis of French publications shows the importance of a realistic point of view, with coverage that can be considered as a fixed image of a scenario (often taken from a film that has seen the success of the book). It also tends to personalize the book, with close-up representations of a narrator/character. Translated editions tend on their part to widen the field of view by contextualizing the historical or spatial environment of the narrative or, on the contrary, erase it. The staged, enigmatic motif becomes a symbol open to multiple interpretations. The book, therefore, is outside the scope of “banlieue” literature. These two trends, emblematic of different editorial choices, are correlated with the identity of the publishing house and the readership of the collection.
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L’oralité dans Allah Superstar : représentations, tensions, traduction
Pierre-Alexis Mével
p. 47–68
RésuméFR :
Cet article se penche sur la manière dont le français des banlieues – une variété linguistique très largement orale – est utilisé à des fins narratives et esthétiques dans le roman de Y. B. Allah Superstar, et suggère des pistes pour sa traduction en anglais. On répondra aux questions suivantes : comment l’oralité est-elle représentée à l’écrit dans le roman? Quels sont les ramifications idéologiques et les enjeux de la traduction de ces caractéristiques orales du discours écrit? Le roman Allah Superstar, de par sa narration inhabituelle, écrit comme s’il était la transcription d’un numéro de stand-up, propose un champ d’études idéal pour la représentation de l’oralité et de sa traduction. Le narrateur utilise de nombreux traits caractéristiques du français dits des banlieues, ce qui soulève des problèmes idéologiques tant l’utilisation d’une variété non standard de manière aussi systématique est inhabituelle à l’écrit, et étire les possibilités de la langue et la subvertit. L’analyse de l’oralité dans le roman de Y. B. permet d’illustrer la tension inhérente à la banlieue et à sa littérature : prise entre la variété standard de la langue et les conventions de l’écrit d’un côté, et la nécessité d’en repousser les limites pour exprimer une forme de différence de l’autre, l’auteur puise dans les ressources linguistiques non standard et en étire les codes et les normes pour donner naissance à un étrangement qui soulève des enjeux importants pour le processus traductionnel. On fournira des pistes pour la manière d’approcher la traduction de cette banlieue, à la fois proche et lointaine, et du roman de Y. B. et de la voix de son narrateur qui oscille entre familiarité et étrangeté.
EN :
This article examines the way in which banlieue French—a largely predominantly spoken linguistic variety—is used narratively and aesthetically in Y. B.’s novel Allah Superstar, and makes suggestions with regards to its English language translation. The article will answer the following questions: How is orality portrayed in writing in the novel? What are the ideological ramifications and what is at stake with the translation of these oral traits within written discourse? Allah Superstar, through its unusual narrative style, written as if it were the transcription of a stand-up comedy show, offers an ideal field of study for the representation of orality and of its translation. The narrator relies on several features of so-called banlieue French. The use of this variety raises ideological issues, since the systematic use of a non-standard variety is unusual in writing, stretches the boundaries of the language and subverts it. The analysis of orality in Y. B.’s novel illustrates the tension inherent in banlieue and its literature: caught between the standard variety of the language and the conventions of writing on the one hand, and the necessity of pushing its boundaries to create a form of difference on the other, the author draws on non-standard linguistic resources and stretches its codes and norms to give rise to an étrangement which raises important issues for the translation process. We will provide ways to apprehend the translation of the banlieue, which is both so close and yet so far, and of Y. B.’s novel and its narrator whose voice equivocates between familiarity and strangeness.
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Le lexique des jeunes des cités dans Kiffe kiffe demain : choix traductifs en arabe, espagnol et néerlandais
Katrien Lievois, Nahed Nadia Noureddine et Hanne Kloots
p. 69–96
RésuméFR :
Dans la mesure où l’emploi de la langue des jeunes des cités est considéré comme un des traits stylistiques essentiels de la littérature de banlieue, l’étude de la traduction des romans beurs s’intéresse nécessairement à cette variété linguistique. Dans cette contribution, nous nous pencherons sur les éléments lexicaux propres à la langue des jeunes des cités dans Kiffe kiffe demain de Faïza Guène en traductions arabe, néerlandaise et espagnole. Concrètement, nous examinons les stratégies appliquées par les traducteurs dans 62 passages où apparaissent 21 mots appartenant à la langue des jeunes des cités. Notre étude montre que même s’il y a une grande variété de stratégies appliquées pour les trois langues en question, la standardisation – remplacement par la langue formelle, neutre ou informelle – est la stratégie la plus représentée dans notre corpus. Étonnamment, l’équivalence sociolinguistique n’est pas un choix traductif fréquent. La non-traduction, relativement courante, se constate uniquement quand il s’agit de mots issus de la langue arabe. Les traducteurs espagnol et arabe ont peu recours aux ajouts, tandis qu’en néerlandais, cette stratégie est fréquemment employée. Enfin, nous avons pu dégager très peu de régularité en ce qui concerne les procédés linguistiques étudiés et les stratégies mises en place pour les traduire.
EN :
The use of the language spoken by young people from French sensitive urban areas is considered a major stylistic feature of banlieue literature. Hence, studying the translation of Beur novels also implies studying this linguistic variety. This case study considers lexical items used by youth from the French banlieue in the novel Kiffe kiffe demain by Faïza Guène in its Arabic, Dutch and Spanish translations. Specifically, the strategies used to translate 62 passages that include 21 words belonging to the youth language of the banlieue will be examined. Our research shows that even though there is a great variety of strategies applied by the translators in the three languages, the general tendency is to standardize these specific lexical items by using either formal, informal or neutral equivalents. Surprisingly, sociolinguistic equivalence is not a common translation choice. Non-translation is a common strategy retained for dealing with almost exclusively the Arabic words. Arabic and Spanish translators do not resort to additions whereas the Dutch translator does. Finally, we did not find much consistency in the linguistic procedures studied and the strategies used to translate them.
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La réception de Faïza Guène en Suède : la banlieue française en traduction
Mattias Aronsson
p. 97–125
RésuméFR :
L’article traite de la réception de l’oeuvre de Faïza Guène en Suède. Le corpus est composé de comptes rendus écrits par des critiques littéraires et publiés dans la presse entre 2006 (l’année de la première traduction de Guène en suédois) et 2016, ainsi que de comptes rendus rédigés par des blogueurs et publiés sur Internet pendant la même période. Nous examinons les thèmes les plus importants de cette réception ainsi que les références littéraires présentes dans les comptes rendus du corpus. Comme l’objectif du compte rendu d’une oeuvre traduite est de présenter un auteur étranger à un nouveau public, il est intéressant d’étudier les stratégies employées par les critiques : dans quels contextes littéraires et sociaux choisissent-ils d’inscrire Faïza Guène? Quels sont les arguments et références utilisés? Quelles différences y a-t-il entre les comptes rendus publiés dans la presse papier et ceux publiés dans la blogosphère? Les résultats montrent que les thèmes récurrents dans la réception suédoise incluent le succès de Kiffe kiffe demain en France, l’humour présent dans les textes de Guène et le milieu socioculturel dans lequel se déroulent ses récits. Les critiques littéraires discutent souvent du style, des dialogues et des portraits des personnages principaux dans les romans de l’auteure, et les avis sont divisés en ce qui concerne ces aspects de son écriture. Les références à d’autres écrivains associent l’oeuvre de Guène aux genres de la littérature migrante, de la littérature jeunesse et, à un moindre degré, de la littérature prolétarienne. Les opinions des blogueurs ne se distinguent pas de manière significative de celles exprimées dans la presse papier, mais le ton employé dans la blogosphère s’avère parfois plus subjectif que celui que l’on rencontre dans les comptes rendus traditionnels.
EN :
The article examines the reception of Faïza Guène’s works in Sweden. The corpus is made up of reviews written by literary critics and published in the press between 2006 (the year Guène’s first novel was translated into Swedish) and 2016, as well as reviews written by bloggers and published on the Internet during the same period. The most important themes in this reception are examined, as are the literary references used in the articles. Since reviews of a translated work aim to introduce a foreign author to a new audience, it is interesting to examine the strategies of the reviewers: is Faïza Guène associated with a particular literary or social context? What arguments and references are used? What differences can be observed between reviews published in the printed press and those published in the blogosphere? The results show that the most common themes in the Swedish reception include the success of Kiffe kiffe demain in France, the humour in Guène’s texts, and the sociocultural settings of her novels. The reviewers often discuss the style, the dialogues, and the portraits of the main literary characters in the author’s novels—and there are mixed opinions regarding these aspects of her writing. The references made to other writers associate Guène’s work with literary genres such as migrant literature, young adult fiction and, to a lesser extent, proletarian literature. Bloggers’ opinions do not differ in any significant way from those expressed in the printed press, but the tone used in the blogosphere is sometimes more subjective than that of traditional literary reviews.
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La traduction intersémiotique dans les dictionnaires du français argotique
Evangelos Kourdis
p. 127–148
RésuméFR :
Cet article porte sur l’utilisation de l’illustration en tant que traduction intersémiotique dans les dictionnaires du français argotique. Bien que la présence de l’illustration puisse connoter l’insuffisance de la traduction intralinguale sur laquelle les dictionnaires argotiques du français s’appuient, nous allons voir que l’illustration devient un dispositif de médiation intraculturelle pour le lecteur francophone. Nous examinerons aussi les différents types d’illustration utilisés par les rédacteurs de dictionnaires. Le rôle de l’illustration dans les dictionnaires du français argotique étudiés semble être celui de fournir une orientation sémantique pour le traitement des lexèmes argotiques et leur consolidation dans la mémoire collective culturelle. De même, les diverses formes des illustrations montrent leur valorisation dans la communication intralinguale.
EN :
This article deals with the use of illustration as intersemiotic translation in dictionaries of French slang. Even though the presence of illustration may suggest a lack of intralingual translation on which slang dictionaries are built, it shows as we shall see, that illustration becomes an intracultural mediation’ mechanism for the French reader. The different types of illustration used by dictionaries’ writers are also examined. In the dictionaries of French slang that were analysed, it seems that illustration aims at providing a semantic orientation for the treatment of slang lexemes and their consolidation in the collective cultural memory. Similarly, the diverse forms of illustration show how valorise they are in intralingual communication.
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Literary Ethnography and Translation in Rachid Djaïdani’s Boumkoeur
Matt Reeck
p. 149–170
RésuméEN :
Rachid Djaïdani’s Boumkoeur (1999) exposes the inheritance of colonial anthropological thinking that dominates the reception and production of French minority literature of the banlieue. By using the ethnographic document as a textual template, Djaïdani situates his narrator, Yaz, in the space of negotiation in which colonial ethnographers and their native informants interacted in the field. Describing the French banlieue as a postcolonial ethnographic field, Djaïdani shows how Yaz as a narrator-ethnographer participates in tasks of cultural and linguistic translation. The novel directs the reader’s attention away from the production of an authentic representation of cultural difference. Instead, the novel suggests a new form of literary translation capable of abiding by translation ethics that aim to render in the target language meaningful signs of the complex cultural history of “minor” texts (Deleuze and Guattari, 1987 [1980]; Venuti, 1996) in the source language. The novel serves as an experimental literary ethnography, conceived as a new form of translation, in which the translator is an ethnographer, and the act of translation is one of linguistic and cultural translation. In this new form of translation, the translator is present in the text as an active agent. This presence makes palpable the fraught negotiations out of which any translation is born; moreover, the translator is invested with the functions of the author, adding a new literary element to the act of translation.
FR :
Boumkoeur (1999), le premier roman de Rachid Djaïdani, dévoile l’héritage de la pensée de l’anthropologie coloniale qui conditionne encore la réception et la production de la littérature minoritaire française de la banlieue. En utilisant le document ethnographique comme modèle textuel, Boumkoeur place son narrateur, Yaz, dans un espace de négociation où les ethnographes coloniaux et leurs native informants interagissent sur le terrain. Décrivant la banlieue française comme un terrain ethnographique, Djaïdani montre comment Yaz, en tant que narrateur-ethnographe, prend part à des tâches de traduction culturelle et linguistique. Le roman détourne l’attention du lecteur de la production d’une représentation authentique de la différence culturelle. Échappant à l’attente stéréotypée, il suggère une nouvelle forme de traduction littéraire se conformant à une éthique de traduction qui vise à rendre clairs, dans la langue cible, des signes essentiels de la complexité de l’histoire culturelle de textes « mineurs » (minor mode) (Deleuze and Guattari, 1987 [1980]; Venuti, 1996) dans la langue source. Le roman propose une ethnographie littéraire expérimentale, conçue comme une forme nouvelle de traduction, où le traducteur est ethnographe, et où l’acte de traduction est acte de traduction linguistique et culturelle. Dans cette nouvelle forme de traduction, le traducteur a une présence active dans le texte. Cette présence aide à établir la réalité de la traduction comme acte de négociation; de plus, dans l’ethnographie littéraire, le traducteur est investi des fonctions de l’auteur, ajoutant ainsi un nouvel élément littéraire à l’acte de traduction.
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Toucher les souffles marginaux : réflexions sur quelques reflets de la banlieue parisienne au Japon
Satoshi Udo
p. 171–192
RésuméFR :
Cet article vise à montrer comment les Japonais ont observé la banlieue de France au cours des trente dernières années. Il vise également à examiner comment ils ont « traduit » la banlieue, c’est-à-dire comment ils l’ont rendue compréhensible au-delà de sa surface médiatisée, en recourant à la littérature. La littérature japonaise a découvert de nouvelles valeurs dans la banlieue de Tokyo à travers la traduction des littératures occidentales : la banlieue représente un lieu de promenade inspiré par Tourgueniev et basé sur une nouvelle sensibilité envers la nature, ou encore le lieu où les enfants de la classe moyenne sont entourés de soins familiaux, comme le raconte la littérature anglaise pour enfants. Les traductrices japonaises de la littérature de banlieue française tentent de présenter les souffles des personnes qui y vivent, que les recherches scientifiques ou les médias ne sauraient saisir, mais elles ne peuvent s’empêcher, par ailleurs, d’insérer des notes dans leurs traductions pour aider les lecteurs à comprendre le contexte sociologique des oeuvres. À titre d’exemple, Vers la banlieue (1995) d’Horie Toshiyuki est conçu, selon l’auteur, pour représenter la « position » de la banlieue parisienne, tandis que la traduction du roman Le petit Malik de Mabrouck Rachedi (2008) est réalisée pour transmettre les voix de la banlieue. Rachedi aborde pleinement les conditions socioculturelles de la banlieue dans son ouvrage et cette tendance est accentuée par l’apparat de notes dans la traduction. Horie, en revanche, laisse de côté la situation sociologique en traduisant la banlieue de Paris dans les impressions de paysages procurées par les détours livresques. La banlieue reste ainsi un lieu en devenir, où les promeneurs s’égarent en rêveries, et la traduction est un lieu de partage où le sens est suspendu et remis en question.
EN :
This article aims to show how the Japanese have observed the suburbs of France for thirty years, and examine how they “translated” the suburbs, that is to say how they made it understandable beyond its reported surface, by resorting to literature. Japanese literature discovered new values in the suburbs of Tokyo brought by the translation of Western literatures: the wood-walk is inspired by Turgenev and based on a new sensitivity towards nature, and the middle-class children are surrounded by care in the family as told in English children’s literature. Currently, Japanese translators of the French suburbs’ literature are trying, on the one hand, to present the breath of people living there that scientific research as media cannot grasp, but they cannot shirk, on the other hand, to use notes to help readers understand the sociological context of the works. Towards the suburbs (1995) of Horie Toshiyuki is conceived, according to the author, to represent the “position” of the Parisian suburbs, while the translation of Le petit Malik by Mabrouck Rachedi (2008) is made to convey the voices of the suburbs. Rachedi fully brings the sociocultural conditions of the suburbs in his book and this trend is accentuated by the annotated translation. Horie, on the other hand, drops the sociological situation by translating the suburbs of Paris into the impressions of landscapes procured by the bookish detours. The suburb thus remains a place in the making, where the walkers are wandering in daydreams, and the translation is a common place where the meaning is suspended and questioned.
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Traduire la banlieue : défis et obstacles
Ilaria Vitali
p. 193–220
RésuméFR :
Dans une étude assez récente, Gisèle Sapiro (2012) mettait l’accent sur les obstacles à la traduction dans le domaine littéraire. En effet, si l’on parle souvent avec enchantement (et parfois de façon naïve) du « dialogue entre les cultures » prôné par la traduction littéraire, on s’intéresse moins aux conditions et aux obstacles que ce dialogue peut poser. La question est pourtant primordiale, surtout lorsqu’on étudie la traduction des romans d’écrivains dits « de banlieue ». De par leur spécificité, ces romans mobilisent des rapports de force d’ordre linguistique, social et culturel. En prenant appui sur une étude de cas constituée par la traduction italienne des romans de Saphia Azzeddine, cet article cherche à sonder les défis et obstacles posés par la traduction, que l’on peut diviser en deux catégories enchevêtrées et interdépendantes : les obstacles internes, liés aux difficultés traductives posées par l’emploi et le détournement de l’argot des cités; les obstacles externes, qui concernent les politiques éditoriales ainsi que les facteurs sociaux et économiques relatifs à la circulation des oeuvres dans le marché contemporain.
EN :
In a recent study, Gisèle Sapiro (2012) emphasised the obstacles to translation in the field of literature. Indeed, if we often speak with delight (and at times a certain naivety) of the “dialogue between cultures” advocabed by literary translation, less attention is paid to the conditions and obstacles that are involved in this dialogue. Yet, this issue is of utmost importance, especially when dealing with the translation of novels written by the so-called “banlieue” writers. By their very specificity, these novels mobilise power relations on the linguistic, social and cultural levels. On the basis of a case study of the Italian translations of Saphia Azzeddine’s novels, this article aims at revealing the challenges and obstacles posed by translation, which can be divided into two intertwined and interdependent categories: internal obstacles, linked to translation difficulties raised by the use and misappropriation of banlieue slang; external obstacles due to editorial policies as well as social and economic factors relating to the circulation of books in the modern-day market.
Comptes rendus
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Geraldine Brodie. The Translator on Stage. Londres et New York, Bloomsbury, 2018, coll. « Literatures, Cultures, Translation », 195 p.
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Anthony Cordingley and Céline Frigau Manning, eds. Collaborative Translation: From the Renaissance to the Digital Age. London, Bloomsbury, 2017, x, 260 p.
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Rudy Loock. La traductologie de corpus. Villeneuve D’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2016, 261 p.
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Gisella M. Vorderobermeier, ed. Remapping Habitus in Translation Studies. Amsterdam/New York, Brill/Rodopi, 2014, 235 pages