Résumés
Résumé
La présente contribution propose une analyse critique et comparative portant sur la façon de traduire de deux écrivains-traducteurs roumains, Caragiale et Sadoveanu, qui ont traduit en roumain des contes français et les ont publiés autour de 1910, mais depuis des positions traductives différentes et avec des conséquences variées sur la conversation écriture-traduction.
Nous partons dans cette étude des points communs qui rapprochent les deux auteurs : le premier concerne le choix d’un genre bref, le conte, en l’occurrence, le conte merveilleux de Perrault pour Caragiale et le conte de chasse et le conte fantastique de Maupassant pour Sadoveanu. Un autre point commun est un intérêt marqué pour la traduction très libre, sorte d’adaptation « à sa façon », de quelques contes de Perrault, Poe, Twain, dans le cas de Caragiale, renommé dramaturge roumain, mais également conteur vers la fin de sa carrière; pour la traduction littéraire de grands auteurs et de grandes oeuvres, – Maupassant, Tourgueniev, les Psaumes – dans le cas de Sadoveanu, remarquable prosateur et inégalable conteur. L’analyse comparative du texte traduit et de l’original montre que l’écrivain Caragiale, déjà célèbre à l’époque où il traduit Perrault, élabore une poétique de l’imitation qui lui permet un jeu très libre avec le conte-source auquel il imprime son style, allant jusqu’à l’acclimatation, tandis que Sadoveanu, traduisant en début de carrière, est plus proche de l’original, sans réprimer pour autant quelques marques de son écriture en cours de cristallisation.
Dans le cas des deux écrivains, il s’agit de degrés différents de conversation entre l’écriture et la traduction : entre l’écrivain et le traducteur, où l’écrivain domine, si l’on pense à Caragiale; où l’écrivain se trouve toujours en compétition avec le traducteur, si l’on pense à Sadoveanu.
Mots-clés :
- position traductive,
- conte,
- imitation,
- traduction,
- (ré)écriture
Abstract
The present paper attempts to analyse (from both a critical and comparative point of view) the styles that two Romanian writer-translators (Caragiale and Sadoveanu) employed in translating French tales into Romanian around 1910, but with different translation strategies that have a range of consequences on the discussion about writing-translating.
Our analysis starts from what the two writers had in common: the first being the choice of genre, fairy tales. Caragiale chose Perrault’s fairy-tale, and Sadoveanu translated Maupassant’s hunting and fantasy tales. A second common point is a strong interest in translating freely, or creating personal adaptations. Caragiale, a renowned Romanian playwright and storyteller at the end of his career, chose a number of tales by Perrault, Poe, and Twain. Comparatively, Sadoveanu, a remarkable writer of prose and storyteller, preferred the literary translation of great writers and works—Maupassant, Turgenev and the Psalms. Having compared the source texts with the originals, we have noticed that Caragiale, already famous when translating Perrault, employed a poetics of imitation, playing freely with the source text that he imbues with his own unmistakable style, going so far as to domesticate the text. Sadoveanu, on the other hand, a translator then barely at the start of his career stays closer to the original without stifling his own flourishing hallmark.
In the case of both writers, there are various degrees in the conversation between writing and translating: between writer and translator, but in Caragiale’s case, the writer clearly dominates, while in Sadoveanu’s, the translator and writer are inconstant competition.
Keywords:
- translational position,
- tale,
- imitation,
- translation,
- (re)writing
Parties annexes
Parties annexes
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