Comptes rendus

Michel Ballard, dir. Traductologie et enseignement de traduction à l’Université. Arras, Artois Presses Université, 2009, 333 p.[Notice]

  • Matthieu LeBlanc

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  • Matthieu LeBlanc
    Université de Moncton

Comme son titre l’indique, l’ouvrage, constitué de quinze textes réunis par Michel Ballard, porte sur la place de la traductologie à l’université et de sa relation à l’enseignement de la traduction. Y sont présentées, sous forme d’articles, les communications de seize participants au colloque tenu les 15 et 16 février 2007 à l’Université d’Artois dans le cadre des activités de recherche « Textes et Cultures ». La problématique du colloque s’articulait autour de quatre grandes questions : « Pourquoi faire de la traduction à l’université? », « Comment la traduction est-elle enseignée? », « Peut-on optimiser cet enseignement? » et « Quelles sont les finalités du cours de traduction dans l’institution universitaire? ». Rédigés tantôt par des professeurs de traduction, tantôt par des praticiens qui enseignent la traduction, les textes parlent tous du rôle central que joue la traductologie dans les universités françaises, qu’il s’agisse de cours de traduction dite « pédagogique » (ou didactique) ou encore de traduction « professionnelle », selon la dichotomie classique. Alors que certains présentent le résultat de recherches menées dans le domaine, d’autres exposent le fruit de leur expérience en tant que praticiens enseignant la traduction. Devant l’impossibilité de faire la synthèse de tous les textes présentés, nous avons choisi d’en résumer neuf de manière à donner au lecteur un bon aperçu du contenu et de l’orientation de l’ouvrage. Conscient qu’il ne faut certes pas assimiler l’enseignement de la grammaire à l’enseignement de la traduction et que l’opération traduisante est loin d’être une opération strictement linguistique, John Gallagher pose deux questions relatives au lien entre grammaire et traduction : « Comment peut-on enseigner la grammaire aux apprentis traducteurs? » et « Faut-il privilégier un modèle grammatical au détriment des autres? ». Exemples à l’appui, il examine six modèles grammaticaux (ou linguistiques) – grammaire de dépendance, modèle hudsonien, grammaire générative transformationnelle, grammaire fonctionnelle de Halliday, grammaire constructionnelle, pattern grammar – en illustrant, pour chacun, les possibilités d’utilisation pour la traductologie. Corinne Wecksteen propose pour sa part une réflexion sur l’optimisation de l’enseignement de la traduction dans les universités françaises en déplorant d’emblée que, dans la plupart des écoles, cet enseignement ne repose sur aucune base méthodologique, sur aucun cadre structuré. Forte de son expérience à l’Université d’Artois, elle examine de quelle manière l’intégration de la traductologie au cursus a permis d’optimiser son enseignement. Pour ce faire, elle offre de nombreux exemples qui lui ont au fil des années permis de mettre à profit les acquis de la traductologie qui, à son sens, assoit l’enseignement de la traduction. Elle insiste sur le fait que le propre de l’enseignement universitaire – tout comme de la traductologie – est précisément d’amener les étudiants à réfléchir et à développer l’esprit critique, d’où l’importance d’accorder à la traductologie une véritable place au sein des universités. Dans son article, Michel Ballard traite de la traductologie « comme révélateur : en tant que démarche réflexive, personnelle, collective, acceptée ou non par les diverses institutions susceptibles de l’intégrer » (p. 10). Il propose une théorisation traductologique fondée sur l’observation de la réalité de la traduction, soit les travaux des traducteurs, en insistant sur le signe, la syntagmatique, puis la construction de l’énoncé. Il montre que la traductologie révèle somme toute ce qu’est la traduction, à savoir une opération complexe qui dépasse largement la linguistique contrastive. D’où la place de premier choix qu’elle devrait selon lui occuper dans les cursus universitaires. Delphine Chartier propose quant à elle une réflexion sur les tensions qui existent dans les universités françaises entre les deux conceptions de l’activité traduisante, soit la version (ou traduction didactique) et la traduction …