Comptes rendus

Fabio Regattin. Le jeu des mots. Réflexions sur la traduction des jeux linguistiques. Bologne, I libri di Emil, 2009, 159 p.[Notice]

  • Daoud Najm

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  • Daoud Najm
    Université McGill

Comme son titre l’indique, l’étude de Fabio Regattin a pour objet le jeu de mots en traduction. Plus spécifiquement, l’auteur poursuit la visée suivante : déterminer la signification du concept de jeu de mots, et ce, en proposant une définition de l’opération traduisante qui, selon lui, permet de communiquer (ou non), ce type de jeu d’une langue source à une langue cible. D’emblée, dans un premier chapitre consacré à la notion de jeu, Regattin affirme que le concept de jeu de mots est des plus difficiles à cerner. Toute tentative de définir le concept est ainsi risquée. Le jeu serait « un cadre de règles bien définies et l’activité qui a lieu à l’intérieur de ce cadre » (p. 12) composé de deux catégories empruntées à la langue anglaise : le game et le play. L’auteur distingue ces deux catégories comme suit : « […] le jeu-gratuité est tout du côté du play, alors que le jeu-structure paraît être partagé entre les deux termes : le game en constituerait la langue, le play la parole, la réalisation individuelle » (p. 13). Ce sont ces deux instances du jeu qui serviront à l’élaboration d’une « théorie unique du jeu de mots – […] qui permettrait […] de mieux comprendre la traduction de ces faits de langage » (p. 15). C’est une synthèse des diverses taxinomies du jeu de mots ainsi qu’une définition plus complète de cet objet qui sont exposées dans le second chapitre. L’auteur isole plusieurs éléments constitutifs du jeu de mots qui, sans être tous présents dans chaque type répertorié – le calembour se différencie de l’à-peu-près qui, à son tour, se distingue de la contrepèterie – permettent d’en dégager une visée générale. Ainsi, Regattin définit son objet comme étant : « un texte aux dimensions variables, qui implique un travail délibéré sur le signifiant et qui peut présenter une ou plusieurs des caractéristiques suivantes : ambiguïté, règle, liberté, divertissement » (p. 38, c’est Regattin qui souligne). D’après l’auteur, une systématisation de cette définition servirait à façonner un outil de travail dans le but d’effectuer une étude comparative des jeux de mots et de leurs traductions à partir de catégories objectives. Pour ce faire, les catégories suivantes sont retenues : les jeux sur le signifiant, les jeux sur le signifiant/signifié et, enfin, les jeux sur le signifié. Consacré à la traduction des jeux de mots, le troisième chapitre s’attache d’abord à expliciter le rôle de l’adaptation dans la traduction. À partir de caractéristiques attribuées par Georges Bastin (1990, 1993, 1998), l’auteur a recours à cette pratique afin de démontrer que le passage entre les langues est toujours possible, n’en déplaise à certains tenants de l’intraduisible. Regattin s’inspire par la suite de la théorie évolutionniste et explique l’importance et le fonctionnement de l’adaptation puisque, selon lui, le texte doit s’ajuster « au système littéraire d’arrivée, cet ajustement ayant pour but la survie du texte » (p. 62). Dans la seconde partie de ce chapitre, principalement à partir d’un état critique des études traductologiques, sont mis en lumière divers théories et concepts qui guident la réflexion sur la traduction des jeux de mots. En présentant les tendances générales des principales approches retenues, Regattin cherche à remédier à deux lacunes : « la séparation entre les approches descriptives et prescriptives et la considération unilatérale du jeu comme play [gratuité] ou comme game » (p. 94). Il formule l’hypothèse selon laquelle : « […] traduire le jeu est en réalité une opération bi- ou, peut-être, tripartite » (ibid.), et introduit une troisième possibilité, celle où le game et le play …

Parties annexes